Interrègne
Concept créé par Giorgio Locchi, sous son appellation latine d'interregnum, et employé également par Armin Mohler[1]. Temps historique succédant à la fin d'une civilisation et précédant la naissance possible d'une nouvelle civilisation.
Nous vivons actuellement un interrègne, ce moment historique tragique où tout s'effondre, mais où tout peut, comme le Phénix, renaître de ses cendres : la nuit, la « minuit du monde » évoquée par le poète Hölderlin, coincée entre le crépuscule et l'aube. L'interrègne est le temps de la régénérescence entre le chaos et l'après-chaos, le moment de la tragédie, où tout redevient de nouveau possible. Les peuples européens vivent actuellement les années décisives de l'interrègne. Métamorphique, la civilisation européenne a globalement connu trois âges distincts: l'Antiquité, puis la période médiévale qui s'est construite sur ses décombres, et à partir du XVIe siècle un troisième âge d'expansion, celui de la « modernité », qui se termine après le terrible déclin amorcé avec la Première guerre mondiale. Aujourd'hui, colonisée de l'intérieur par des peuples allogènes, notre civilisation est menacée de mort définitive au cours des premières décennies du troisième millénaire. L'interrègne que nous vivons est donc actuellement la période la plus cruciale et la plus décisive depuis l'union des Cités grecques contre les Perses et les guerres puniques.
Ou bien, les Européens s'unissent, se défendent, expulsent les colonisateurs, se libèrent de la tutelle américano-occidentale, se régénèrent biologiquement et moralement, et de ce fait retrouveront une souveraineté globale ; ou bien leur civilisation disparaîtra définitivement.
Jamais l'enjeu n'a été aussi fort : l'interrègne accouchera du Quatrième Âge de la civilisation européenne ou de sa mort pure et simple. Tout se jouera dans les années décisives qui commencent. Et l'accouchement, s'il a lieu, se fera dans la douleur, dans ce sang et ces larmes qui sont le carburant de l'histoire. Le XXIème siècle sera, pour notre civilisation, celui d'une prestation sans filet de secours[2].
Articles connexes
Notes et références
- ↑ En janvier 1994, Armin Mohler signe la première d'une série de chronique qu'il va publier toutes les deux semaine dans l'hebdomadaire libéral-conservateur Junge Freiheit, sous le nom de Notizen aus dem Interregnum. Mais les positions tranchées de Mohler, qui refuse toute concession aux tenants du politiquement correct et à son principal inquisiteur de l'époque, Jürgen Habermas, effraient le rédacteur en chef de la JF, Dieter Stein, et donnent naissance à un conflit. Stein va jusqu'à « encadrer » un article de Mohler entre une présentation et une « Réponse à Armin Mohler » d'une journaliste extérieure à la rédaction, sans même le prévenir. Mohler décide donc de mettre un terme à cette collaboration après 13 articles. L'incident marque aussi une rupture, à l'intérieur de la rédaction de la JF, entre la tendance libérale-conservatrice et la tendance que Mohler appelait la « Droite de caractère » (Entscheidende Rechte). Les Notizen aus dem Interregnum seront éditées en receuil bien plus tard, par les éditions Antaios (Notizen aus dem Interregnum, Éditions Antaios, 2013, 96 p.). Le petit ouvrage contient une postface de Götz Kubitschek, « Streit im Interregnum », qui présente en détail la rupture entre l'hebdomadaire et Mohler.
- ↑ Guillaume Faye, Pourquoi nous combattons. Manifeste de la résistance européenne, L’Æncre, 2001, p. 187-188.