Helvétisme

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L' helvétisme, dans son sens politique mais aussi littéraire, est une doctrine de défense et de promotion de l'identité suisse.

Son principal théoricien a été Gonzague de Reynold (1880-1970).

Même si la Suisse n'a jamais été un Etat-nation, sa cohésion repose sur des mythes fondateurs profondément enracinés (ici: le serment du Grütli, 1291)

Actuellement, cette doctrine est revendiquée par le mouvement Résistance helvétique.

Terminologie

De manière générale, le terme d’helvétisme désigne un comportement, une idée, une tournure ou une expression typiques de la Suisse. Le terme est ainsi employé en linguistique, pour désigner les tournures particulières en langues française et allemande en usage en Suisse.

Une doctrine de l'identité suisse

Le terme a d'abord désigné un courant littéraire suisse du xviiie siècle, qui se donnait pour objectif la redécouverte de l'histoire commune aux différents cantons suisses, ainsi que la promotion des arts et lettres comme moyen de renforcer la cohésion dans la Confédération.

Ce courant s'est incarné dans la Société helvétique, fondée en 1761 et dissoute en 1848.

Genèse de l'helvétisme

À l'aube de la Première Guerre mondiale, des intellectuels suisses, dont Gonzague de Reynold, Carl Spitteler, Robert de Traz et Alexis François, se montrent inquiets des tensions qu'ils voient se développer entre Suisse. En effet, l'opinion publique en Suisse allemande est alors particulièrement favorable à la politique allemande, tandis que les Suisses romands se sentent beaucoup d'affinités avec la France. Ces intellectuels ressentent donc le besoin de réaffirmer, et de redéfinir, l'identité suisse.

Le bâlois Carl Spitteler (1845-1924) est le premier Suisse à avoir reçu le prix Nobel de littérature. Il est l'un des principaux animateurs de l'helvétisme en Suisse alémanique.

En 1914, ils fondent la Nouvelle Société helvétique, avec pour objectif de fortifier le sentiment et l'unité nationales et de préparer la Suisse de l'avenir.

Une doctrine historique pour la Suisse

Les nouveaux helvétistes vont entreprendre un travail qui aboutit à un corpus doctrinal, qui justifie la cohésion fédérale, tout en intégrant, dans le respect des particularités, toutes les composantes cantonales, d'une manière organique. En effet, la Suisse n'est pas un Etat-nation, mais une union de communautés soudées par un serment.

Suivant cette conception, l'existence de la Suisse est à placer dans la continuité pluriséculaire de l'alliance jurée entre des communautés d'hommes libres. Elle rejette l'idée d'un peuple suisse unique, pour revendiquer la fidélité entre des peuples différents, mais unis. La Suisse, point de rencontre entre le christianisme, les peuples latins et les peuples germaniques, incarne ainsi une survivance du Saint-Empire romain germanique.

Dans ses travaux historiques, Gonzague de Reynold s'efforce d'extraire la Suisse de l'historiographie officielle du cadre dessiné par les radicaux et les canons libéralo-démocratiques, qui laissent une place centrale aux radicaux et les font percevoir comme les héritiers authentiques des valeurs ancestrales de l'Helvétie.

Gonzague de Reynold distingue trois grandes périodes dans l'histoire de la Suisse: la période héroïque, la période patricienne et la période démocratique.

L'helvétisme se place ainsi en opposition totale face aux deux visions dominantes de l'histoire suisse. Il refuse d'une part la vision bourgeoise libérale-radicale, suivant laquelle la Suisse serait née en fait de la Constitution de 1848, imposée par les Radicaux, suite à la guerre du Sonderbund[1] D'autre part, l'helvétisme rejette aussi fondamentalement l'historiographie marxiste, pour qui la Suisse serait un produit artificiel des « élites économiques » qui auraient uniquement voulu élargir leur marché au début du XIXème siècle.

Une doctrine identitaire et fédéraliste

Gonzague de Reynold s'inspire des penseurs de l'école contre-révolutionnaire, comme Joseph de Maistre, de la doctrine sociale de l’Église, du personnalisme, de Maurice Barrès et de Charles Maurras, sans en être une simple copie ou adaptation.

Sa doctrine politique s'articule autour de l'idée d'un pouvoir autoritaire et d'un corporatisme inspiré de la doctrine sociale de l'Église. Il cherche à souder le christianisme et la pratique politique. Son état idéal est chrétien, structuré sous la forme d'un État corporatiste placé sous la conduite d'un chef disposant d'une autorité incontestée, un « Landaman »[2]. Il figure parmi les premiers partisans de l'écologie, qui prend place dans le discours politique dans les années 1960. Conservatisme et fédéralisme restent ses caractéristiques politiques principales. Partisan de l'autorité, il se méfie en revanche de tout « étatisme », où il voit une tendance totalitaire et matérialiste, négatrice de la personne. Il défend le primat du spirituel et un principe politique cohérent avec celui-ci : la subsidiarité, qui se traduit par le respect de la souveraineté des cantons et le refus de tout centralisme excessif.

Notes et références

  1. Le Sonderbund est une alliance conclue en 1845 entre une partie des cantons conservateurs, pour défendre leurs intérêts face à la montée en puissance des Radicaux, arrivés au pouvoir dans la majorité des cantons. Les tensions aboutissent à un conflit armé, en novembre 1847, qui voit la victoire de l'armée confédérale sur les troupes du Sonderbund. L'année suivante est proclamée la première Constitution fédérale, qui met un terme au système confédéral et donne à la Suisse moderne la structure étatique qui perdure jusqu'à aujourd'hui.
  2. Le terme de Landamman est typiquement suisse. Il remonte au Haut Moyen-âge et désigne dans les premiers cantons suisses un juge élu par la communauté et, en même temps, la plus haute fonction exécutive, élue par une Landsgemeinde (assemblée populaire au vote à main levée). Le terme de landamann est repris par la République helvétique (1798-1803), imposée par les révolutionnaires français, pour désigner le chef de l'État, mais uniquement à partir de 1801. Sous le régime dit de l'Acte de Médiation (1803-1813), sa fonction est maintenue, mais ses attributions sont réduites. Après la Médiation, la fonction de chef de l'Etat disparaît des institutions suisses. Les projets de constitution de 1832/1833 prévoient cependant de donner le titre de Landamman au président de la Diète et du Conseil fédéral. Aujourd'hui, le titre de Landammann est toujours utilisé pour désigner le chef de l'exécutif dans les cantons d'Argovie, Appenzell Rhodes-Extérieures, Appenzell Rhodes-Intérieures, Glaris, Nidwald, Obwald, Schwytz, Soleure, Uri et Zoug.