George Orwell

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George Orwell est le nom de plume d’Eric Arthur Blair, né le 25 juin 1903 à Motihari en Inde pendant la période du Raj britannique et mort le 21 janvier 1950 à Londres au Royaume-Uni, écrivain, essayiste et journaliste britannique.

Biographie

Enfance et jeunesse

Le milieu familial dans lequel est né Eric Blair, le 25 juin 1903, à Motihari, une petite cité du nord-est de l’Inde, plusieurs décennies avant de devenir George Orwell, est celui de la petite bourgeoisie coloniale. L’histoire de sa famille est celle d’un long déclin social. La fortune amassée par son arrière-grand-père paternel grâce à ses plantations en Jamaïque avait fondu au fil des générations. Richard, le père d’Orwell, n’avait pu décrocher le moindre diplôme, et s’était engagé au service de l’Empire. Comme le faisaient de nombreuses familles de coloniaux, Richard Blair envoya femme et enfants en Angleterre pour assurer la bonne éduction d’Eric et de sa sœur. En fait, contrairement à ce que raconte George Orwell, qui pratiquait une lecture assez misérabiliste de son enfance, les Blair vivent dans un certain confort. Eric a une passion pour les animaux et entretient une véritable ménagerie qui mêlait lapins, chats, chiens et cochons d’Inde. L’élève est sérieux et imaginatif. Il dira plus tard : « J’avais de l’enfant solitaire cette habitude d’inventer des histoires et de converser avec des personnes imaginaires. » Il va intégrer, à l’âge de huit ans, une école de préparation à l’entrée des collèges les plus prestigieux.

Le fils du fonctionnaire colonial va se trouver mêlé aux rejetons de la haute bourgeoisie, de l’aristocratie et de la petite bourgeoisie, à laquelle il appartient lui-même. Il racontera plus tard (toujours sa lecture misérabiliste, pas forcément vraie; en fait sa famille vivait dans un solide confort. On est loin de l’enfance pauvre, comme il se plut à le suggérer) : « Leur loi faisait de moi un proscrit. Je n’avais pas d’argent, j’étais faible, j’étais laid, j’étais impopulaire, j’avais un rhume chronique, j’étais lâche, je sentais mauvais ».

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale sera pour Eric l’occasion de sa première publication dans un journal. Il s’agit d’un poème patriotique, qui débute par ce vers : « Réveillez-vous ! Jeunes gens d’Angleterre ! » Eric est âgé de 12 ans. Il lit beaucoup : Swift, Dickens, Kipling, Shakespeare, Poe, Wells. A l’âge de quatorze ans, il est reçu à Eton, un collège des plus prestigieux, sommet de l’excellence britannique. Thomas Renaud, auteur d'un Qui suis-je ? consacré en 2022 à l'écrivain anglais, décrit ainsi Eric Blair : « L’étudiant privilégié qu’il est alors cache sous un certain je m’en-foutisme une intelligence vive, une grande habileté dans les sports officiels de l’époque tel l’aviron, et une réelle capacité de travail ». Il va découvrir un nouveau professeur de français, à peine plus âgé que lui, qui n’est autre qu’Aldous Huxley,le futur auteur du Meilleur des Mondes, qui lui apportera « le goût des mots, de leur signification et de leur usage précis ». Eric se retrouvera en bas de tableau au classement de l’école. Son insolence agace plusieurs de ses professeurs. D’autres perçoivent une intelligence débridée chez ce personnage curieux de grand adolescent qui, s’intéressant à tout, paraissait ne s’intéresser à rien. Il n’intégrera pas, certes, Oxford, mais part du collège avec un sérieux bagage. Il va passer les examens de ce qu’on appelait alors le Bureau indien.

Officier de police coloniale

Affecté en Birmanie où règne une ambiance politique lourde de menaces, où la présence britannique demeure cependant excessivement légère, il se retrouve officier de police coloniale, livré à lui-même, dans un poste notoirement difficile. Il n’y fut maintenu que trois mois... Blair profite cependant de ses affectations pour apprendre les langues. Il confessera avoir « appris sept langues étrangères, dont deux langues mortes ». Il souffre de son isolement, du manque de conversation et du faible niveau intellectuel des fonctionnaires avec les- quels il doit vivre au quotidien. Blair reste en marge de ses semblables, refusant de se plier aux usages les plus sommaires et snobant volontiers le club. La condescendance des coloniaux et leur prétention à faire le bien des populations locales le rebutent. A partir de 1926, un dégoût de plus en plus violent le submerge. Qu’est-il devenu ? Combien de temps acceptera-t-il de tenir un rôle aussi minable ? Il va démissionner après cinq ans de service, écrivant : « Je ne pouvais plus être au service d’un impérialisme car j’en étais venu à le considérer essentiellement comme une entreprise de racket ». Un texte paru dans un modeste journal français, Le Progrès civique, nous livre cette analyse extrêmement intéressante d’Orwell, qui permet d’expliquer son anti-impérialisme : « Les Anglais ont construit des routes et des canaux. Ils ont construit des hôpitaux, ouvert des écoles et assuré l’ordre national et la sécurité. Mais, le contact avec les Européens crée des besoins, inconnus jusque-là, de produits manufacturés. Et les Birmans sont ainsi, peu à peu, transplantés dans une nouvelle ère de capitalisme industriel sans pouvoir devenir eux-mêmes des capitalistes ». Il dénonce en fait le pouvoir dissolvant de l’argent pour les sociétés traditionnelles qui n’ont aucune arme pour y résister.

Écrivain

Le retour de Birmanie fut douloureux. La mère du futur Orwell est horrifiée par son aspect hirsute et sa désinvolture. Son père est scandalisé par son choix d’une vie de bohème. Il deviendra écrivain. C’est sa décision. Il va mettre ses pas dans ceux de London qui, en 1902, avait choisi de s’immerger dans les taudis de Londres, pour en tirer Le Peuple de l’abîme. Il va poursuivre son exploration de la misère humaine, des mille et une nuances de la pauvreté. Le premier article de Blair journaliste va paraître dans un journal français, Monde, du communiste Henri Barbusse, suivi d’un article dans la presse anglaise. Il va poursuivre les expérimentations, tentant sans succès, en 1931, de se faire arrêter, la nuit de Noël, pour passer la nuit en prison ! Son premier livre, paru en Angleterre le 9 janvier 1933, écrit sous le pseudonyme de George Orwell, rencontre un certain succès. Seul Je suis partout lui consacre, en France, une chronique sous la plume de la critique Gabriela Melera. Un livre qu’elle juge « fort curieux ». La traduction française du livre qui prend provisoirement le titre de La Vache enragée, puis Dans la dèche à Paris et à Londres, aura droit à des recensions dans Le Figaro, Gringoire, L’Œuvre et Le Monde. Mais le succès limité du livre ne permet pas à Orwell de vivre de sa plume. Il reprend l’enseignement, puis deviendra libraire. Il va rejoindre l’Independant Labour Party, groupuscule marxiste mais non communiste auquel il restera longtemps fidèle. Deux nouveaux romans, dont La Fille du pasteur où il s’attaque à un certain puritanisme protestant, ne rencontreront qu’un médiocre succès. Il vivote. Quelle était la position d’Orwell vis-à-vis de la religion ? Son anticatholicisme était assez affirmé, en revanche, il témoigna à de nombreuses reprises de son attachement aux traditions de l’Eglise anglicane. Il fut, en fait, un anglican anti-puritain, scandalisé par l’hypocrisie victorienne et l’affranchissement de toute rigueur morale lorsqu’il s’agissait de ramasser les richesses. A propos du christianisme, il dira : « Sa disparition a laissé un vide », évoquant « tout ce qu’on a perdu avec le déclin du christianisme ».

La guerre d'Espagne

Orwell suit de près la situation en Espagne. La guerre civile va éclater. Georges Orwell va quitter Londres et rejoindre les volontaires du Independant Labour Party pour se battre aux côtés des Républicains. Il reprochera plus tard la légèreté guerrière de certains intellectuels communistes. Il rejoint, non les brigades internationales, d’inspiration communiste, mais le POUM de sensibilité anarchiste. Il sera très vite confronté à la réalité du communisme. Le gouvernement républicain et les agents soviétiques, appuyés sur leurs alliés communistes, ont décidé de désarmer anarchistes et milices dissidentes. C’est la guerre civile dans la guerre civile. Les yeux d’Orwell sont définitivement dessillés, il a compris jusqu’où étaient prêts à aller les staliniens. Les membres du POUM sont désormais considérés comme des hors-la-loi et traqués par les communistes. Après plusieurs jours d’errance clandestine, Orwell parvient à passer la frontière.

Horrifié par le totalitarisme en actes qu’il a pu voir de près, il est décidé à témoigner. Il découvre alors une gauche britannique « qui préfère occulter la vérité lorsqu’elle ne va pas dans le sens de son idéologie et qui, derrière son amour affiché pour la liberté, adore pratiquer l’excommunication, la mise à l’index et la proscription ». La vérité doit être tue, modifiée ou effacée si nécessaire. Il va très vite devenir hautement suspect aux yeux de la gauche britannique et du Parti communiste. Il aggrave son cas lorsqu’il assimile pêle-mêle régulation des naissances, végétarisme et féminisme, et l’industrialisme dans lequel les socialistes d’alors plongent leurs espoirs, emboîtant le pas au modèle soviétique. Une campagne violente est déclenchée contre lui sous l’influence du Parti communiste britannique.

La Seconde Guerre mondiale

Mais la guerre européenne ne va pas tarder à se déclencher. Pacifiste résolu, patriote affirmé, il se félicitera des accords de Munich. A l’été 1941, il acceptera de se lancer dans une étonnante entreprise : devenir producteur d’émissions culturelles à destination des colonies du Sud-Est asiatique. 1944 est l’année de l’écriture de La Ferme des animaux, qui sera son plus grand succès d’édition. Le 1er septembre 1944, en plein soulèvement de Varsovie (les Soviétiques laissent faire les Allemands) il s’en prend violemment à la gauche anglaise dans des termes qui méritent d’être soulignés : « N’oubliez pas que la malhonnêteté et la couardise se paient toujours. Ne croyez pas que vous pourrez, des années durant, vous comporter en lèche-bottes et en propagandistes du régime soviétique ou de tout autre régime, puis retrouver du jour au lendemain votre honnêteté intellectuelle ». Sa conclusion : « Putain un jour, putain toujours ».

En cette fin 1944, il considère, comme Bernanos au même moment, que la victoire alliée est une duperie pour l’avenir : « Nous avons apparemment gagné la guerre et perdu la paix », écrit-il. Envoyé en France comme correspondant de guerre, il s’interroge sur la justice des vainqueurs. N’est-elle pas la vengeance d’anciens vaincus ? Doit-on être rassuré du nouvel ordre mondial qui pointe sur les ruines du totalitarisme hitlérien ? Orwell poursuit sa critique du progrès, de cette concentration technique qui offre à l’homme un pouvoir sans précédent, qu’aucun perfectionnement moral ne vient contrebalancer. Son anticommunisme se renforce encore. Il évoque « cent mille cas de viols à Vienne », commis par la soldatesque soviétique. « Il ne faut donc pas en parler, même si ces viols ont eu lieu ». L’aveuglement se poursuit, ainsi que ce vieux « péché d’à peu près tous les gens de gauche à partir de 1933, qui ont voulu être antifascistes sans être antitotalitaires ».

L'immense succès de La Ferme des animaux

La Ferme des animaux sera un immense succès. L’ouvrage sera vendu à plus de neuf millions d’exemplaires, entre 1945 et 1973, devenant une arme d’influence dans les mains de la CIA pour contrer l’imaginaire soviétique, même si tous les totalitarismes y sont dénoncés. Dans ce livre extraordinaire, Orwell parvient à démonter le mécanisme totalitaire à l’échelle d’une simple cour de ferme, où les animaux ont pris le pouvoir, chassant le fermier. Le grand principe affiché à l’entrée de la ferme est : « Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres ». Bien entendu, les lendemains qui chantent, l’égalité promise à tous, le bonheur universel, tournent court... Les cochons, qui ont pris le pouvoir, tiennent les autres animaux sous leur joug, s’engraissant allègrement, vivant dans le luxe, alors que les autres dépérissent.

1984

En 1947, Orwell va s’atteler à la rédaction de 1984. Le héros du roman, Winston Smith, travaille au ministère de la Vérité, où il réécrit tous les jours d’anciens articles parus dans le Times. Une citation devenue célèbre résume bien cette colossale entreprise de falsification, qui résonne particulièrement, note judicieusement Thomas Renaud dans son ouvrage, en pleine offensive de la cancel culture :

« Qui contrôle le passé contrôle le présent ; qui contrôle le présent contrôle le futur ».

La possibilité même d’une résistance individuelle est annihilée si chacun est dépossédé de sa langue et de sa mémoire.

L’état de santé d’Orwell va se dégrader rapidement. Il trouve encore l’énergie pour commettre quelques insolences qui scandalisent les belles âmes de gauche. Il manifestera son opposition aux tentatives des milieux de gauche de faire interdire Oswald Mosley, leader avant-guerre de la British Union of fascists, qui prépare son retour sur la scène politique. Il affirmera aussi au sujet de Sartre : « Je pense que Sartre est une baudruche et je vais lui régler proprement son compte ». Il n’en aura, hélas, pas le temps. Orwell meurt dans sa chambre d’hôpital le 21 janvier 1950. Il n’a que 46 ans[1].

Oeuvres

Bibliographie

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Notes et références

  1. Cette section biographique est en grande partie reprise de : Robert Spieler, « Ombres et lumières de George Orwell », in : Rivarol, N°3529, 27.7.2022-30.8.2022, p. 17.