François Genoud

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François Genoud, né le 26 octobre 1915 à Lausanne et mort le 30 mai 1996 à Pully, est un banquier et un militant suisse. Il a été proche du national-socialisme allemand, ainsi que des mouvements de libération nationale du monde arabe. Il a joué en particulier un rôle important dans le soutien apporté aux luttes algérienne et palestinienne.

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Par ses activités et son implication dans les milieux nationalistes arabes, il a été au centre des réseaux transnationaux, faisant office de pivot entre les mouvements nationalistes européens, les mouvements nationalistes arabes et leurs soutiens en Europe, qu’ils aient été de droite ou de gauche, comme notamment Ilich Ramírez Sánchez (dit Carlos) et Bruno Bréguet.

Biographie

Avant-guerre

Séjour en Allemagne et en Angleterre

François Genoud est le fils d'un commerçant en papiers peints de Lausanne.

En 1932, à 17 ans, il passe une année en Allemagne, à Bonn, dans une famille. C'est au cours de ce séjour qu'il a l'occasion de rencontrer Adolf Hitler en personne chez des amis de sa famille, dans les environs de Bad Godesberg.

En 1933, son père l'envoie faire un stage à Londres dans un commerce de papiers peints et tapisseries, dont les dimensions sont sans commune mesure avec celles du magasin de Lausanne. Il découvre « l’empire maître du monde, avec toutes ses contradictions : le faste merveilleux de ses institutions et l'extrême pauvreté de la population de sa gigantesque métropole ». À la suite de ses expériences, l'Angleterre symbolise désormais à ses yeux un monde finissant, tandis que l'Allemagne celui de demain[1].

Le Front national

De retour en Suisse, il commence à travailler dans le magasin familial. En mars 1934, il adhère au Front national, un mouvement qui milite pour « une Suisse chrétienne, fédéraliste et corporative » et qui se développe dans l'ensemble du pays. Il se lie avec le chef de la section vaudoise du mouvement, un certain Jean Bauverd. Celui-ci est considéré comme l'intellectuel du Front national en Suisse romande. Surtout, il est très ami avec des étudiants arabes à l'université de Lausanne, notamment le Libanais Muhidin Daouk et son frère Khaled, ainsi que le Saoudien Abdallah Nasser. Genoud dira que cette amitié a marqué le départ de ses positions pro-arabes.

Genoud propose la création d'un mouvement de jeunesse au Front National : la « Jeunesse nationale ». Sa proposition est acceptée et il devient le premier chef de la nouvelle organisation. C'est aussi ce qui lui vaut son premier fichage au Ministère public. Le premier juin 1935, il est arrêté et emprisonné pour la première fois, à Genève, à la suite d'une bagarre. Il est désormais dans le collimateur des autorités.

Périple automobile en Asie

Déçu par la timidité du Front national et par les rivalités de clans qui s'y jouent, Genoud se retire de l'action politique. Avec son ami Beauverd, il planifie un immense voyage de découverte de l'Europe centrale, des Balkans, de la Turquie, du monde arabe qui les fascine, de l'Iran, de l’Afghanistan, des Indes. Ils arrivent à obtenir une voiture de la marque tchèque Aero Vodochody, s'engageant à faire de la publicité pour le modèle. Le 13 mai 1936, les deux jeunes aventuriers prennent la route. Elle aurait dû les conduire jusqu'en Chine. Mais après des péripéties survenues en Inde, les amis prennent le chemin du retour. Genoud arrive fin octobre 1936 en Irak, en pleine révolution. Il s'enthousiasme immédiatement. Il reste jusqu'en début décembre à Bagdad, où il fait la connaissance des nouveaux responsables irakiens et, surtout, de nombreux réfugiés palestiniens. Il se familiarise avec l'histoire du Moyen-Orient et avec le combat contre le sionisme. Ses nouveaux amis lui font une confiance telle qu'il participe même à des actions militaires contre les Britanniques[2].

Rejoint par Beauverd, qui était resté en Perse, il passe en Palestine, où les deux Suisses font la connaissance du Grand Mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, qui les prie, en tant qu'« amis du nationalisme arabe et de l'islam », de soutenir la libération des pays du Maghreb.

Le voyage se termine le 25 décembre à Lausanne, après 35 000 kilomètres de route, au siège de la section vaudoise de l'Automobile-Club suisse.

Plus tard, il rencontre et se lie avec Paul Dickopf, un agent de l'Abwehr de Stuttgart, qui deviendra chef de la police criminelle allemande (Office fédéral de police criminelle), en 1965.

Après 1945

Après guerre et par l'intermédiaire de Hans Rechenberg, ancien conseiller de Göring et membre de l'« organisation Gehlen », il contacte les proches des dignitaires du national-socialisme et assiste les familles des condamnés de Nuremberg. Il rachète les droits de publication des propos de Hitler, Goebbels, Martin Bormann, Walther Funk et d'autres personnalités du Troisième Reich.

Un homme de réseau

Il se rend régulièrement au Caire, car son frère s'y est installé en tant qu'architecte d'intérieur. Il y fait la connaissance de Johann von Leers, ancien cadre national-socialiste, converti à l'islam et fervent partisan du nationalisme arabe, qui dirige, dans la capitale égyptienne, l'Institut de recherche sur le sionisme. Toutefois, le courant ne passe pas entre les deux hommes, Genoud considérant von Leers comme un « obsédé antijuif »[3].

Genoud était dès 1936 en relation avec les milieux palestiniens. Mais à partir des années 1950, il va s'impliquer de manière beaucoup plus active pour la cause arabe, en fournissant une partie des capitaux au FLN, qu’il a par ailleurs géré en créant la Banque commerciale arabe à Genève, fin 1957. Le conseil d’administration de la banque réunissait alors plusieurs personnalités des pays arabes : « Nous voulions en faire la première banque arabe basée à l’extérieur. », a-t-il déclaré lors d’un entretien en 1990. Outre son rôle de gestionnaire pour le FLN, François Genoud aurait également favorisé la livraison des armes et apporté un refuge aux membres du FLN, lorsque cela a été nécessaire[4].

Le banquier du FLN algérien et des combattants palestiniens

Il devient le financier des combattants palestiniens et du Front de libération nationale algérien. Dans le cadre de son soutien aux mouvements nationaux marocain et algérien, il participe, en juin 1958, à la création de la Banque commerciale arabe (BCA), ayant pour objectif de financer le commerce entre la Suisse et les pays arabes. Le 18 octobre 1962, en tant que patron et responsable des finances du FLN, Mohamed Khider dépose tous les fonds extérieurs du parti sur un compte ouvert à son nom à la Banque commerciale arabe à Genève. La confiance envers le banquier suisse est telle que sa proposition de créer une petite banque qui servirait d'instrument au FLN dans la conquête de l'indépendance économique du pays est entérinée par le Bureau politique en décembre de la même année. Grâce à des moyens fournis par la BCA, Genoud et le pouvoir algérien créent ainsi à Alger, au début de l'année 1963, la Banque populaire arabe (BPA) dont le Suisse prend la présidence. Le FLN détient cinq sièges au conseil d'administration, les deux autres étant attribués à la BCA et à François Genoud.

En arrière plan, il participe à la phase finale des accords d'Evian en 1962 et également à différentes crises qui secouent le nouveau pouvoir algérien, comme celle qui va opposer le président Ben Bella et son principal adversaire Mohamed Khider qui a pris la contrôle de la BCA/BPA. En effet, Genoud sera également très lié à Ahmed Ben Bella[5].

En 1963, Genoud ajoute à son carnet d'adresse deux noms importants: ceux de l'ingénieur grec Michel Raptis, dit Pablo, vieux trotskiste qui a présidé aux destinées de la Quatrième Internationale et sous la responsabilité duquel le Parti communiste internationaliste (PCI) assure l'impression de Révolution algérienne, l'organe du FLN en France, et Jacques Vergès, duquel Genoud restera désormais très proche[6].

Il fait la connaissance de Georges Habache, secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et Wadie Haddad, « chef logistique des opérations terroristes », qu'il considère comme un ami. Par la suite dans ses entretiens avec Pierre Péan, Genoud se définira comme ayant été chargé des relations publiques de Wadie Haddad en Europe. En novembre 1969, il est présent lors du procès, tenu à Winterthur, des trois auteurs de l’attaque de la compagnie El Al, membres du FPLP. Le procès établit d'ailleurs que, dès 1962, une partie des fonds qu’il gère pour le FLN par le biais de la Banque commerciale arabe à Genève a servi à financer les combats des groupes palestiniens. Mais, malgré les liens évidents de François Genoud avec la cause palestinienne et le FPLP, rien n’indique qu’il ait été concrètement mêlé aux attentats de 1969.

En 1988, il crée la banque Al-Taqwa avec des membres de la communauté des Frères Musulmans, notamment le président et cofondateur d'Al Taqwa, Youssef Nada. Plus tard, la banque engage le Suisse Ahmed Huber, car la société nécessite la présence d'au moins un citoyen Suisse dans son conseil d'administration.

L'ami de Carlos

Au cours de ses activités en soutien à la cause palestinienne, il noue également des contacts avec les organisations terroristes d'extrême gauche, notamment Ilich Ramírez Sánchez, dit Carlos, et la Fraction armée rouge. Dans ce cadre, il s'associe dans les années soixante-dix à Noam Chomsky, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre pour faire acquitter Bruno Bréguet, membre du groupe de Carlos.

Plus tard, avec Jacques Vergès, Genoud organise la défense de Carlos arrêté au Soudan le 15 août 1994 par les services français. Genoud, alors âgé de 79 ans, se rend sur place afin de lui assurer une défense équitable. Il ne cessera de montrer son admiration pour le Vénézuélien. Il lui rend de fréquentes visites à Fresnes, où il a été emprisonné, jusqu’à sa mort, en 1996.

Selon certaines sources, il aurait également financé la défense de Klaus Barbie et d'Adolf Eichmann. Bien plus « homme de réseaux » que militant activiste, tout en ne cachant pas son amitié pour Gaston-Armand Amaudruz, il s'est toujours abstenu de tout rapport avec son mouvement, le Nouvel ordre européen, ses activités ou ses publications[7].

Dépressif depuis la mort de sa seconde épouse en 1991, il choisit la voie de l'euthanasie, par intervention de l'association Exit.

Bibliographie

  • Pierre Péan, L'Extrémiste - François Genoud, de Hitler à Carlos, Fayard, Paris, 1996, 424 p.
  • Karl Laske, Le Banquier noir : François Genoud, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Épreuve des faits », 1996, 375 p.
  • Philippe Baillet, «François Genoud, le FLN et les "Maudits" », in: Philippe Baillet, L'Autre Tiers-mondisme: des origines à l’islamisme radical - Fascistes, nationaux-socialistes, nationalistes-révolutionnaires entre « défense de la race » et « solidarité anti-impérialiste », Saint-Genis-Laval, Akribeia, 2016, 475 p., p.156-160.

Notes et références

  1. Pierre Péan, op. cit.
  2. ibidem
  3. Philippe Baillet, op. cit.
  4. ibidem
  5. ibidem
  6. ibidem
  7. ibidem