Dietsland

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Le Dietsland est une conception politique qui vise à réunir dans un même État les peuples flamands, sur la base d'une identité ethnique et linguistique[1].

Histoire

Origines

Les peuples flamands

Les peuples aïeux des Thiois s’installent progressivement sur les terres qui sont leurs aujourd’hui mais qui font alors partie de l’Empire romain: timidement et pacifiquement à partir de la fin du IIIe siècle, puis en force et en conquérant durant les Grandes Invasions (les historiens allemands parlent de Völkerwanderung, de « migration des peuples » ) du Ve siècle, migrations de masse qui vont définitivement submerger l’Empire romain et donner naissance à des royaumes barbares, puis à l’Empire franc carolingien, ancêtres-embryons des États ouest-européens actuels.

Au Moyen Âge, ces peuples font partie du Saint-Empire romain germanique, et l’identité flamande se cristallise autour de la Bataille de Courtrai le 11 juillet 1302, lorsque les Flamands révoltés et qui exigent la reconnaissance de leur autonomie communale écrasent l’armée française de Philippe IV le Bel. Tournée vers la mer du Nord (via son réseau fluvial), la Thoigne est une région industrielle (textile) dès le Moyen-Âge, mais au XVIe siècle, Provinces Unies (Pays-Bas actuels) et Pays-Bas espagnols (Belgique) se séparent autour de la fracture religieuse (les Pays-Bas sont calvinistes – même si aujourd’hui en raison de la sécularisation et de la déchristianisation, les catholiques font jeu égal avec eux – et la Flandre fortement catholique). En 1815, un Royaume Uni des Pays-Bas, regroupant Pays-Bas, Belgique et Luxembourg actuels, voit le jour, un Etat tampon face à la France. Il dure jusqu’en 1830.

La prise de conscience identitaire flamande

Mais en 1830, une révolution éclate en Belgique. L’indépendance du royaume de Belgique est alors proclamée et le nouvel État est dirigé par la bourgeoisie urbaine francophone (notamment à Bruxelles et à Liège), libérale et laïcisée, nostalgique de l’épopée révolutionnaire et napoléonienne, méprisante envers les classes populaires, paysannes et ouvrières, néerlandophones, qui constituent la majorité de la population du royaume. Tout d’abord État monolingue français, organisé administrativement sur le modèle français, État qui se pense comme avant-poste de la francité, chic de l’égoïsme intellectuel et idéologique bourgeois, la Belgique s’ouvre timidement et progressivement en direction de la majorité flamande au cours des décennies suivantes: la Constitution belge n’est traduite en néerlandais qu’en 1898.

Ces changements politiques s’accompagnent d’autres changements structurels, économiques et sociologiques en Belgique, entre 1850 et le début de XXe siècle. Dans ce contexte, des écrivains et hommes politiques affirment peu à peu une identité flamande distincte de cette Belgique officielle, le « flamingantisme » ou Mouvement flamand: parmi eux les écrivains Hendrik Conscience, Albrecht Rodenbach et Guido Gezelle, les prêtres catholiques nationalistes Hugo Verriest et Cyriel Verschaeve, le politicien socialiste August Vermeylen, ou encore Frans van Cauwelaert, professeur de psychologie, avocat et politicien. Le Pr. Pieter Geijl, synthétise ces revendications culturelles en un projet politique: la Grande Néerlande, justifiée par l’histoire, l’ethnologie et la linguistique, projet qui est mis en avant des deux côtés de la frontière par l’ANV (Algemeen-Nederlands Verbond ou Ligue générale néerlandaise). Le pasteur néerlandais Jan Derk Domela Nieuwenhuis Nyegaard va encore plus loin et développe un mouvement pan-thiois, projet politique qui vise à étendre le territoire thiois jusqu’en Allemagne du Nord, de Dunkerque à Königsberg.

L'affirmation identitaire

Tout ce bouillonnement culturel et idéologique est cimenté par la symbolique de la couleur orange, symbole du calvinisme néerlandais (très fort marqueur identitaire thiois), que l’on retrouve y compris jusqu’au nom du fleuve Orange en Afrique du Sud. Le drapeau de la Grande Néerlande, ou Prinsenvlag (le « drapeau du prince », celui du Prince Guillaume Ier d’OrangeNassau, à bandes horizontales orange, blanche et bleue, drapeau qu’arborait le Dr. Jan van Riebeeck lorsqu’il débarqua dans la Baie de la Table et fonda la ville du Cap en 1652) servit d’ailleurs de trame à la construction d’un drapeau national sud-africain en 1928 et reste encore aujourd’hui celui de nombreux nationalistes afrikaners, fidèle à leur héritage ethnique néerlandais. La Première Guerre mondiale (dans laquelle les PaysBas sont neutres), notamment la Bataille de l’Yser, en octobre 1914, marque un tournant et l’après-guerre cristallise le Mouvement flamand, le transformant de combat culturel et identitaire en combat proprement politique, porté par les anciens combattants flamands: ainsi le Frontbeweging (ou « Mouvement du Front ») puis Frontpartij (ou « Parti du front »), réclament des changements politiques de fond dans le Royaume et une plus grande place pour les Néerlandophones. Le Mouvement flamand organise le Pèlerinage annuel de l’Yser (à Dixmude, sur les lieux même du champ de bataille), un pèlerinage hostile à la guerre, cette grande boucherie de 1914-18, qui deviendra avec le temps lieu de rassemblement pour de nombreux nationalistes européens.

Le Mouvement flamand n’est pas idéologiquement homogène. En son sein émergent dès lors et rapidement plusieurs tendances idéologiques différentes (avec des degrés de dissociation avec la Belgique francophone), des tendances fédéralistes, confédéralistes, séparatistes et républicaines… Émerge alors également la Révolution nationale thioise, qui milite pour la création du Dietsland ethnique, en synthétisant (et en créant ainsi un corpus idéologique cohérent) les thématiques largement mises en avant par les intellectuels des décennies précédentes, mais que la Première Guerre mondiale avait laissées en suspens. Même s’ils sont issus de la même matrice idéologique, la même Weltanschauung, ces courants et tendances sont rivaux et parfois clairement antagonistes. De par le poids du vécu historique, la Révolution nationale thioise s’incarne logiquement plus largement en Flandre belge qu’aux Pays-Bas. Mais pas seulement. En effet, autour de Dunkerque et son hinterland paysan, la Flandre française – appelée par les Flamands Westhoek (« coin de l’ouest ») – est longtemps restée néerlandophone. Alors seulement âgé de vingt ans, le futur abbé Jean-Marie Gantois (né dans une famille francisée mais qui a appris de lui-même le néerlandais, comme une forme de retour aux sources) fonde le Vlaamsch Verbond van Frankrijk (« Ligue flamande de France ») pour donner corps aux revendications flamandes en France. Il évolue radicalement en 1937 vers le nationalisme thiois et fonde la revue Le Lion de Flandre, qui affirme son attachement à la Révolution nationale thioise et à la germanité autour de la formule « Francs, Flamands, Frisons sont des prénoms, Germain est le nom de famille ».

La révolution nationale thioise

Mais la Révolution nationale thioise et sa vitalité culturelle et idéologique ne s’arrêtent pas aux frontières européennes. Ainsi, dans les années 20 et 30, les jeunes Afrikaners (ces frères de sang des Néerlandais) membres de la Génération des Alphas (nés entre 1890 et 1914) qui suivent des études universitaires en Europe – Pays-Bas et/ou Allemagne – reviennent en Afrique du Sud imprégnés de cet idéal identitaire, qu’ils mettront en place après 1948, au travers de la politique de développement séparé des races. C’est notamment le cas de Pieter Johannes Meyer, qui termine en 1934 son cursus lui permettant de soutenir sa thèse et de devenir docteur en philosophie. Meyer, inventeur du concept de « socialisme ethnique » afrikaner, deviendra ensuite Président du Broederbond et de la SABC (la BBC sud-africaine) et son importante production idéologique fera de lui l’un des « quatre majeurs », les quatre idéologues principaux du développement séparé, aux côtés du Dr. Verwoerd (Néerlandais de naissance, professeur de sociologie, puis Premier ministre entre 1958 et 1966), du Pr. Nicolaas Johannes Diederichs (professeur de philosophie politique, puis ministre et enfin Président de la République) et du Pr. Geoffrey Cronjé, professeur de sociologie.

Piet Meyer donne ainsi une définition en afrikaans de l’identité, ethnique et culturelle: bloed, bodem, taal, kultuur, tradisie, geloof en roeping (« Sang, sol, langue, culture, tradition, croyance et vocation »), une définition synthétique qui résume bien l’esprit de la Révolution nationale thioise. Le parallèle historique est en effet saisissant entre l’oppression culturelle (acculturation) et politique qu’exerce la minorité francophone de Belgique envers la majorité flamande et l’oppression coloniale britannique subie par les Afrikaners, majoritaires au sein de la population blanche. Durant l’entre-deux guerres, les partis politiques nationalistes thiois sont nombreux et occupent un large espace politique des deux côtés de la frontière : le NSB (Nationaal-Socialistische Beweging) fondé et dirigé depuis 1931 par Anton Mussert, le ZF (Zwart Front) fondé en 1934 par Arnold Meijer et la NU (Nederlandsche Unie) à partir de juillet 1940 sont très actifs aux Pays-Bas. En Flandre, le Verdinaso national-solidariste thiois (Verbond der Dietsche Nationaal-Solidariste de Joris Van Severen) et le VNV (Vlaamsch Nationaal Verbond de Staf de Clercq, qui publie depuis 1936 un quotidien très populaire, Volk en Staat, « Peuple et État ») jouent un rôle équivalent en Flandre. Portant tous fièrement l’uniforme, ils sont parfois rivaux, parfois ils collaborent entre eux, mais tous réclament la création du Dietsland, autour d’un slogan fédérateur, popularisé par le VNV: Nederland Eén! (« Pays-Bas Un!) et un projet d’organisation politique et sociale partagé, autour des valeurs de l’Ordre nouveau: État totalitaire, corporatiste, solidariste et cogestionnaire, centré sur les valeurs spirituelles de l’ethnie et le génie national-racial, antisémitisme et anti-cosmopolitisme. NSB, Verdinaso et VNV utilisent des drapeaux orange, sur lesquels des disques blancs portent les emblèmes bleus de ces partis: Wolfsangel pour le NSB, triangle pour le VNV, symbole solidariste pour le Verdinaso. Orange/blanc/bleu, le Prinsenvlag… L’intégration politique passe aussi (et peut-être même d’abord) par la symbolique unifiée.

La victoire militaire allemande de mai-juin 1940 et l’occupation de la Belgique et des Pays-Bas soulèvent un immense espoir au sein du mouvement nationaliste thiois, qui pense trouver l’occasion de réaliser son projet politique, aux côtés du grand frère germanique, même si Joris Van Severen – martyr de la cause thioise – est fusillé par les Français en mai 1940, à l’âge de 45 ans: les militants du Verdinaso se rallient alors en masse au VNV. Mais les Allemands, qui ont installé un Commandement Général à Bruxelles, compétent jusque dans le Nord-Pas de Calais, se méfient de la volonté de créer un Dietsland indépendant et préfèrent s’appuyer en Flandre sur le mouvement rival DeVlag (la « Communauté de travail germano-flamande » dont l’acronyme néerlandais, « de vlag », signifie « le drapeau »), un mouvement favorable au rattachement pur et simple de la Flandre au Grand Reich germanique. Aussi, à l’appel de leurs chefs et pour contourner ces velléités de rattachement et affirmer la place future d’un Dietsland indépendant et égal aux autres nations au sein de l’Europe nouvelle en construction, les nationalistes thiois s’engagent directement, massivement et avec enthousiasme dans la Grande Armée européenne des années 40, les divisions Waffen-SS qui combattent le bolchevisme sur le Front de l’Est. Dans l’esprit de ces jeunes idéalistes, la fraternité d’armes et la camaraderie au combat constituent la seule source de légitimité dans le processus d’affirmation idéologique.

Le mythe européen et le nationalisme européen, qui dépassent et transcendent les « petits » nationalismes nationaux/chauvins rivaux, permettent également aux Flamands de combattre aux côtés des Wallons rexistes de Léon Degrelle, alors qu’en Belgique même ils se sont longtemps affrontés, tout comme les Alsaciens-Lorrains de la Das Reich aux côtés des Français de la Charlemagne. Même si les parcours individuels peuvent se croiser, les militants de DeVlag, quant à eux, s’engagent plutôt dans une autre branche de la SS, l’Algemeene SS-Vlaanderen, et finissent dans un corps de sécurité, le DeVlag Veiligheidkorps, qui lutte en Flandre même, comme auxiliaire local, aux côtés de la Gestapo et du Sipo, contre les ennemis idéologiques et raciaux du IIIe Reich.

Après la Deuxième guerre mondiale

Après la guerre, se retrouvant dans le camp des vaincus, les militants de la Révolution nationale thioise deviendront des réprouvés, des proscrits, impitoyablement poursuivis par la justice de démocraties revenues (revanchardes) dans les fourgons des armées alliées. Les premiers combats de leurs successeurs directs viseront d’ailleurs leur réhabilitation et leur réintégration dans le jeu politique local: c’est le cas en particulier de la Volksunie (ou « Union du peuple ») en Flandre, qui présente un projet nationaliste démocratique matrice d’un large spectre politique, allant de la Droite radicale (après de nombreux épisodes de scissions et recompositions, le Vlaams Belang et la N-VA actuels en sont eux aussi issus) aux socialistes flamands. Des groupes plus activistes voient eux aussi le jour, comme le VMO fondé en 1949 comme groupe de sécurité par d’anciens membres du VNV et le WNP en 1979 en Flandre, tous deux aux atours paramilitaires; mais également le Voorpost (« avant-poste ») une organisation culturelle et métapolitique thioise aux Pays-Bas, en Flandre et en Afrique du Sud, fondée en 1976, et dont le drapeau orange porte une rune de vie noire. Plusieurs politiciens flamands du Vlaams Belang sont (ou seraient) d’ailleurs membres du Voorpost.

Largement tabou aux Pays-Bas depuis 1945 et la défaite du courant de la Révolution nationale thioise, le projet de création du Dietsland semble y retrouver une certaine popularité: il a ainsi officiellement été remis en avant depuis 2008 par Geert Wilders, le Président du PVV, le nationaliste Parti pour la liberté.

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. Dans les langues germaniques occidentales modernes, le terme theudisk se retrouve dans Deutsch (« Allemand » en allemand), Duits (« Allemand » en néerlandais), Diets (« Thiois » en néerlandais) ou Dutch (« Néerlandais » en anglais). Le mot est rendu en français par « Thiois ». Il désigne donc les ethnies (Bataves, Francs, Frisons) ancêtres des Néerlandais et Flamands actuels. Leur pays, le « Dietsland », est la Thoigne.