Comités Faire front

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Les Comités Faire front étaient une structure nationaliste qui a existé de l'automne 1973 à celui de 1974. Constituée à l'origine pour rassembler les anciens cadres et militants du mouvement Ordre nouveau, elle a débouché sur la création du Parti des forces nouvelles.

Le conflit avec Jean-Marie Le Pen

Jean-Marie Le Pen exigeait qu'O.N. se fonde au sein du Front national, tandis qu'O.N. soutenait qu'il n'avait pas de raison de renoncer à son existence propre vu son poids écrasant dans la base du FN. La dissolution d'Ordre nouveau, le 28 juin 1973, met apparemment fin à la querelle. Mais des frictions apparaissent.

Selon d'anciens dirigeants d'O.N. qui faisaient alors partie de la direction du F.N., les vexations se seraient multipliées : les courriers envoyés à des personnalités afin de monter un « Comité Libertés » pour réagir à la dissolution d'O.N. n'arrivent pas à leurs destinataires, ils ne voient pas un centime de la souscription censée leur venir en aide, n'ont plus accès aux fichiers, mis sous clé, on leur coupe même le téléphone… Les ex-O.N. s'organisent en dehors du FN pour lancer un journal intitulé Faire face (mais comme une association de handicapés moteurs utilisait déjà ce titre il faudra le remplacer par Faire front), en quoi Le Pen est fondé à voir une insubordination caractérisée.

Divorce avec le Front national

Le président du FN laisse pourrir la situation tout l'été. Il abat ses cartes à la rentrée : fort des 2/3 des sièges au Comité directeur qu'O.N. lui avait imprudemment concédés à la fondation du Front, il limoge François Brigneau et Alain Robert, respectivement vice-président et secrétaire général, leur rappelle qu'ils avaient d'avance signé une lettre de démission (pour dégager la responsabilité du FN en cas de pépin affectant O.N.), refuse la tenue d'un congrès extraordinaire que réclame la tendance O.N., et nomme au secrétariat général Dominique Chaboche, connu pour sa virulente hostilité à O.N.

Le 25 septembre 1973 au soir a lieu l'assemblée générale des adhérents FN de la région parisienne. Y participent environ 200 personnes, dont évidemment une très grande majorité d'ex-O.N. Le hasard a voulu que l'après-midi même Le Monde ait publié une tribune libre signée de Jack Marchal exposant la position d'O.N. et de Faire front sur l'immigration. Dans son discours introductif, le président du FN la cite élogieusement. Un jeune d'O.N. se dresse en hurlant « récupération ! », déclenchant une infernale bronca. Le Pen et ses amis s'enfuient en emportant le micro. C'est la rupture.

Le mouvement Faire front

Les ex-O.N. se replient sur une structure informelle appelée « Comités Faire front », du nom de leur mensuel, basée dans un petit local à Vincennes. Son périmètre correspond en gros à celui qu'avait O.N., si ce n'est qu'un des dirigeants, Alain Renault, reste au FN, ainsi qu'un jeune responsable de secteur, Franck Timmermans. En sens inverse, Roland Gaucher et Jean-Claude Jacquard passent du FN à Faire front.

Toutefois, Faire front perd dans l'aventure nombre de quinquagénaires et retraités qui avaient autrefois adhéré à O.N. faute de mieux mais se sentent mieux au FN. En revanche, le Front de la jeunesse connaît alors un fort développement tandis que le GUD, après un passage à vide à la rentrée, redevient surpuissant. Globalement, le centre de gravité du mouvement se décale vers une jeunesse créative mais peu disciplinée (c'est dans ce contexte qu'apparaît le « journal différent » Alternative).

Après avoir voulu se réclamer de la légitimité du Front national, ce qui ne leur procurera que des procès gagnés par Le Pen, les Comités faire front tentent de faire valoir leur surface militante en organisant, courant décembre 1973 et janvier 1974, une quarantaine de meetings locaux, mais ceux-ci seront quasiment tous interdits. Le mouvement se retrouve financièrement saigné à blanc, et politiquement dans l'impasse.

La campagne Giscard

Le 2 avril 1974, le décès inopiné de Georges Pompidou ouvre une élection présidentielle où Jacques Chaban-Delmas apparaît initialement comme ayant les meilleures chances de l'emporter. L'ensemble des droites d'opposition soutient Valéry Giscard d'Estaing, dont on attend qu'il règle son compte au gaullisme historique. La candidature Le Pen est ignorée, occultée qu'elle est par celle de Jean Royer qui reçoit l'appui des associations catholiques traditionalistes et pétainistes.

Riche en argent mais pauvre en militants, l'appareil giscardien, contrôlé par d'ex-nationalistes comme Hubert Bassot ou Alain Madelin, fait appel à Faire front pour fournir des centaines de colleurs d'affiches et membres de service d'ordre, généreusement payés. Faire front encaisse un fort pourcentage (on parle de 50%) de leurs rétributions, et parvient même à prélever sa dîme sur les sommes destinées à d'authentiques militants giscardiens. Faire front tire de l'opération un bénéfice d'au moins un demi-million de francs.

Nantis de ce pécule, les comités Faire front se convertissent à la fin de l'été en Comité d'initiative pour la création d'un parti nationaliste (CICPN), qui donnera naissance au mois de novembre 1974 au Parti des forces nouvelles.