Uyoku dantai

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Un gaisensha ou véhicule de propagande d'un groupe nationaliste

Uyoku dantai est le terme japonais qui désigne le mouvement national nippon contemporain. Il est divisé en quatre familles cohérentes : la droite du profit (Riken uyoku), la droite délinquante (Ninkyo uyoku), la droite traditionnelle (Dento uyoku), et la nouvelle droite (Shin uyoku). Très divisé, l'uyoku dantai a une audience difficile à évaluer et les estimations sont très variables selon les sources, allant de 10.000 membres (chiffres University of Sheffield, 2004) à 980 groupuscules avec 120.000 membres (chiffres AMPO, 1992) ou 1.000 groupuscules avec 100.000 membres (chiffres Agence nationale de la police japonaise, 1996).


Riken uyoku

Un gaisensha ou véhicule de propagande d'un groupe nationaliste

Après la défaite et l'occupation du Japon, les services du général MacArthur interdirent 230 groupes nationalistes et nombre de dirigeants nationalistes furent incarcérés dans la prison de Sugamo comme criminels de guerre de classe A. Mais dans le même temps, le Counter-Intelligence Corps du général Charles Willoughby "retourna" un certain nombre de cadres et dirigeants pour en faire des alliés. Ce fut le début de la droite du profit constituée par ceux qui, au nom de l’anti-communisme et de la défense du monde libre, choisirent volontairement de travailler en liaison avec le Département d’État américain et la CIA. C'est à cette époque que Nakasone Yasuhiro, qui fut premier ministre du Japon de 1982 à 1987, fonda l'École du nuage bleu (Seiunjuku); mais il se modéra rapidement et finit par rejoindre les rangs de la droite de gouvernement.

En août 1951, dès le début de la guerre de Corée, toutes les réserves freinant l'action de ces groupes furent levées.

La personnalité emblématique du courant riken uyoku est Yoshio Kodama, un ex-criminels de guerre de classe A, qui fonda le Conseil des groupes patriotiques japonais en 1960 et dont les troupes n’ont cessé d’être actives, jusqu’à nos jours, pour lutter contre tous les adversaires des États-Unis, défendre le traité de coopération et de sécurité Japon-USA, ainsi que pour dénoncer le péril que font courir à l’archipel la Chine, la Russie et la Corée.

Ninkyo uyoku

C’est aussi à Yoshio Kodama que l’on doit l’apparition de la droite délinquante ou « droite yakuza ». À la recherche de gros bras pour ses actions les plus musclées, il fit des alliances avec des gangs de malfrats qui, voyant l’intérêt qu’ils pouvaient en retirer, se politisèrent et s’enkystèrent dans la mouvance. Leur existence, toujours d’actualité, pose un problème majeur à l’ensemble du courant national qu’ils compromettent en acceptant des Coréens dans leurs rangs ainsi que par un certains nombres d’actions maffieuses récurrentes dissimulées sous un masque politique : extorsion de fonds, chantages, etc.

Dento uyoku

La droite traditionnelle, apparue à la fin du XIXe siècle, correspond à la fraction la plus réactionnaire du mouvement national. Elle est divisée en deux tendances : la droite théorique (Riron-ha uyoku) et la droite orientée vers l’action (Kodo uyoku). Si la première est constituée de sociétés savantes, de cercles d’études et de think tanks comme la Grande académie orientale (Daitojuku, fondée en 1939 et toujours active), la seconde est tout entière tournée vers un militantisme de type paramilitaire souvent violent qui transparaît clairement dans le nom des groupes qui la constituent (Corps de protection national, Escouades de défense anti-communiste, etc.).

Idéologie des "vieilles droites"

Tous ces groupes partagent une idéologie similaire centrée sur le culte de l’Empereur et le patriotisme, mais la guerre froide a fait qu’ils ont modéré ce dernier en acceptant l’hégémonie américaine sur leur pays et les traités inégaux signés entre Tokyo et Washington. De plus, leur anti-communisme les a rendus hostiles à toute organisation syndicale et inaptes à toute réflexion géostratégique; ce qui fait qu’ils se sont progressivement éloignés des préoccupations réelles de leurs concitoyens et que leur audience politique est nulle, ou presque, comme le montrent les résultats de leur front électoral le Ishin seito shimpu (Parti de la restauration du vent nouveau) dont les résultats aux législatives furent de 0,077 % en 2001, de 0,18 % en 2004 et de 0,24 % en 2007 ! Situation aggravée par le fait que nombre des groupes de la vieille droite soutiennent, lors des élections, les fractions les plus conservatrices du Parti libéral démocrate et ne votent donc pas pour l'Ishin seito shimpu, tandis que les jeunes japonais nationalistes actifs sur le net (netto uyoku) se reconnaissent eux aussi majoritairement dans l'aile droite du Parti libéral démocrate .

Yoshinori Kobayashi, un célèbre mangaka très proche des thèses des Uyoku dantai, est parfois donné comme un exemple de l'audience de ce milieu; mais cela est contredit par certains cadres nationalistes eux-mêmes qui affirment que ses succès de librairie sont représentatifs d'une montée du conservatisme et non pas du nationalisme dans les masses japonaises. Quant à l'édition de Mein Kampf en manga qui a été réalisée en 2010, elle n'a pas de signification politique, même s'il existe au Japon un microscopique Parti national-socialiste des travailleurs japonais et du bien-être (Kokka Shakaishugi Nippon Rōdōsha-Tō).

Le révisionnisme historique japonais dépasse pour sa part très largement la mouvance nationaliste radicale japonaise stricto sensu. Il en est de même pour la révérence au sanctuaire de Yasukuni.

Shin uyoku

Yukio Mishima et les dirigeants de la Société du bouclier

Son origine remonte aux troubles estudiantins de la fin des années 1950 et des années 1960. Le 19 janvier 1960 fut signé entre les USA et le Japon un traité de coopération mutuelle et de sécurité. Sa négociation et sa signature furent l’objet de très importantes manifestations de la jeunesse et des étudiants encadrés par l’extrême gauche. Celle-ci maintint par la suite comme une revendication récurrente l’exigence de son abrogation, et lors du mai 68 japonais (qui s’étala dans les faits de janvier 1968 à janvier 1969) la lutte contre le traité était toujours un point important du programme du Zangakuren (l’UNEF nippone). De leur côté, les droites traditionnelles avaient suscité la Ligue des étudiants japonais (Nichigakudo), une sorte de GUD à la japonaise, qui affrontait quasi-militairement les gauchistes, tandis que le Conseil des groupes patriotiques japonais mobilisait en faveur du traité. Ce positionnement ne satisfaisait pas, loin s'en faut, tous les étudiants nationalistes. Certains d’entre eux, regroupés autour du périodique Ronsho, entendaient faire entendre la voix des jeunes patriotes opposés au traité et à l’impérialisme américain. En 1968, ils reçurent l’appui de l’écrivain Yukio Mishima sous la direction duquel ils formèrent la Société du bouclier (Tatenokai). Ses membres, qui n’hésitaient pas à participer aux débats qu’organisaient l’extrême gauche dans les universités, furent immédiatement dénoncés par les droites traditionnelles et de profit comme des « traîtres et des vendus au communisme. » Cependant, le groupe prospéra et, le 25 novembre 1970, il tenta d’inciter une partie de la garnison de Tokyo à se soulever pour rétablir l’Empereur dans la plénitude de ses droits. Le coup d’État militaire ayant échoué, les deux principaux dirigeants de la Tatenokai se suicidèrent de manière traditionnelle par éventration.

La Société du bouclier

Les partisans de Mishima ne cessèrent pas le combat et, en 1972, ils fondèrent la Société du premier mercredi (Issuikai), doublée, à partir de 1981, par un groupe activiste, le Front uni des volontaires (Toitsu sensen giyugun) qui, dans le cadre d’une politique de troisième voie, monta de nombreuses actions de commando pour s’en prendre à des objectifs soviétiques et étasuniens (ambassades, consulats, siège d’agence de presse, etc.).

Si l’action du Front uni des volontaires a décru avec le temps, celle d’Issuikai n’a jamais cessé et son actuel dirigeant, Kimura Mitsuhiro, qui n’a jamais renoncé à la pratique des débats avec les groupes d’extrême gauche initiée par la Société du bouclier, est fréquemment interviewé par tous les grands médias japonais.

Idéologie de la "nouvelle droite"

Intérieur du siège d'Issuikai. Autel à Mishima.

Défendant des thèses assez proches de celle des nationalistes révolutionnaires européens (comme eux, par exemple, il ne cache pas son admiration pour le Baath de Saddam Hussein), Kimura Mitsuhiro n’hésite pas à déclarer : « Nos seuls ennemis sont l’ambition hégémonique américaine et les politiciens qui soutiennent les Etats-Unis. Les problèmes récurrents que nous avons avec la Chine ou la Corée sont dus à des manœuvres des USA. Je suis un nationaliste japonais, et, de ce fait, je me dois de respecter tous les autres nationalistes, y compris les Chinois ou les Coréens. (…) Les Américains nous parlent de démocratie en Asie, mais que font-ils dans le même temps en Irak ou au Kossovo ? »

Dans le même temps, au sein d’Issuikai, le militantisme est un engagement qui dépasse la politique et qui s’apparente à une voie de réalisation martiale: c’est l’uyoku ronin do (la voie du militant nationaliste) que décrit Ninagawa Masahiro, un militant de cette société : « Notre combat n’est pas réellement idéologique, il est surtout émotion et passion. Un samouraï n’agit pas de manière logique; deux valeurs conditionnent sa vie : être fidèle et se préparer à bien mourir. Le patriotisme est pour nous passion et émotion. C’est pour cela que les militants de gauche ne peuvent pas nous comprendre et nous prennent pour des fous. »

L'exemplarité de la violence

Les uyoku considèrent qu'ils se sacrifient volontairement pour le Japon et, adoptant le slogan Issatu Tasyo (Une mort, de nombreuses vies), ils considèrent que leur mort dans une activité politique peut se justifier si elle permet de sauver le peuple japonais d'un péril. Ce même slogan justifiant le terrorisme et l'assassinat politique, les uyoku ont longtemps pratiqué une "violence exemplaire".

Son illustration la plus connue est la tentative de coup d'État de Yukio Mishima suivie de son suicide, mais d'autres cas ont marqué l'opinion :

Le 12 octobre 1960, Inejiro Asanuma, leader du Parti socialiste japonais, fut assassiné à coups de sabre[1] lors d'une réunion publique par le jeune nationaliste Otoya Yamaguchi, militant du groupe patriotique et anticommuniste Parti patriotique du grand Japon (Dai-nippon aikokuto). Yamaguchi se suicida dans sa cellule un mois plus tard (il écrivit sur le mur de sa cellule avant de se pendre: "Sept vies pour ma patrie. Dix mille ans pour son impériale majesté, l'Empereur !").

Le 3 mai 1987, le journaliste Tomohiro Kojiri, reporter pour le quotidien de gauche Asahi Shimbun, tomba sous les balles d'un tireur jamais identifié. Son assassinat fut revendiqué par l'organisation nationaliste Corps de la revanche sanglante (Sekihōtai).

Hitoshi Motoshima, maire d'Osaka de 1979 à 1995, échappa miraculeusement le 18 janvier 1990 à une tentative d'assassinat commanditée par l'organisation nationaliste L'école des penseurs sains (Seikijuku). Il avait déclaré que l'empereur Hirohito était responsable de la deuxième guerre mondiale.

Entre 2002 et 2003, l'Armée des volontaires pour punir les traîtres (Kenkoku Giyugun Kokuzoku Seibatsutai) lança une campagne d'attentats contre les intérêts nord-coréens, la secte Aoum, et le Syndicat des enseignants du Japon (cible traditionnelle des Uyoku dantai). L'arrestation de son chef, l'homme d'affaires Ichiro Murakami, un proche du politicien conservateur Shingo Nishimura, mit fin aux actions du groupe.

Anecdote

L'homme politique conservateur Shintarō Ishihara, actuel gouverneur de la région de Tokyo, célèbre pour ses saillies nationalistes et révisionnistes, a été un proche ami de l'écrivain Yukio Mishima.

Lien interne

Bibliographie

  • Rinaldo Massi et Dario Zanchi, Tenchù!, coll. Sannô-kai, Padoue, Edizioni di Ar, 1995, 240 p.