Opéraïsme

De Metapedia
Aller à : navigation, rechercher

L'opéraïsme, transcription de l'italien operaismo (terme formé à partir du mot italien operaio, ouvrier; traduit parfois maladroitement par « ouvriérisme ») est un courant marxiste italien dissident.

Né au début des années 1960 autour des revues Quaderni Rossi (1961) ou Classe Operaia (1964), il rejetait le principe marxiste-léniniste « orthodoxe » de la construction d'un parti communiste « extérieur à la classe ouvrière ». Celle-ci devait atteindre son autonomie par elle-même et son parti naître spontanément dans les « luttes ». Ce courant se caractérisait également par une sacralisation de la violence politique, d'abord en usine, puis dans la rue. La plupart des organisations qui se réclamaient de l'opéraïsme ont passé à la « lutte armée » (terrorisme) entre la fin des années 1960 et les années 1970.


L’un des plus importants courants de la gauche radicale italienne des années 1960-1970

L'Opéraïsme naît vers 1960 dans les revues marxistes « dissidentes » Quaderni rossi et Classe operaia. Selon ses théoriciens, le communisme italien n’a plus d’avenir chez les ouvriers qualifiés et responsables de leur travail. Pour eux, le nouveau « sujet révolutionnaire » est l’ « ouvrier-masse » (operaio-massa), c’est-à-dire les jeunes travailleurs peu formés et non syndiqués, souvent venus des régions rurales du Sud. Contrairement aux maoïstes et aux trotskistes, les opéraïstes n’ont pas pour objectif la fondation d’un parti. Leur stratégie consiste à pousser la « classe ouvrière » à refuser le travail et à émettre des revendications de plus en plus exagérées, jusqu’à ce qu’elles deviennent totalement inacceptables pour l’« Etat capitaliste ». Le processus doit transformer la « classe ouvrière devenue autonome » en armée révolutionnaire, qui finira par créer le « pouvoir ouvrier »[1].

Principaux théoriciens

  • Raniero Panzieri, intellectuel dissident du Parti socialiste
  • Mario Tronti, retourne dès 1966 au parti communiste
  • Alberto Asor Rosa
  • Romano Alquati
  • Toni Negri, fondateur en 1964 de la revue (« Classe ouvrière »), fondateur avec Oreste Scalzone en 1969 de Potere Operaio
  • Nanni Balestrini, qui ne fut pas un théoricien, mais le chantre littéraire du mouvement, notamment à travers son roman Nous voulons tout.

Il faut noter que la plupart de ces fils prodigues du Parti communiste, quelques années plus tard, se retirent du jeu et retournent sagement à la maison-mère, abandonnant les jeunes militants qu’ils ont envoyés en usine. Certains vont s’obstiner et contribuer au développement des réseaux terroristes. L’un des plus célèbres d’entre eux, Antonio « Toni » Negri, finira par désespérer de la classe ouvrière, décidément trop rétive à la révolution prolétarienne, pour s’inventer de nouveaux « sujets révolutionnaires », qu’il appellera « les multitudes » et les « salariés biopolitiques »[2].

Principales organisations

Il faut ici remarquer que les organisations opéraïstes ne sont pour l'essentiel pas été créées par les intellectuels nommés ci-dessus (à l'exception notable de Toni Negri), mais par de jeunes étudiants influencés par leurs thèses. A l'heure de la fondation de Potere Operaio et de Lotta Continua, la plupart des théoriciens ont en effet réintégré sagement le Parti communiste ou, pour quelques uns, le Parti socialiste, où ils sont accueillis comme des repentis ayant fait amende honorable.

  • Potere Operaio, fondée par Toni Negri et Oreste Scalzone en 1969, active jusqu'en 1973.
  • Lotta Continua (1969-1980)
  • Avanguardia Operaia (1968-1978)
  • Autonomia Operaia.

Notes et références

  1. cf « Présentation », in : Adriano Romualdi, La Droite et la crise du nationalisme, rééd. avec nouvelle trad. par Philippe Baillet, prés. par David Rouiller, Fribourg, éd. Sentiers perdus, octobre 2022, 94 p.
  2. Ibidem