Jörg Lanz von Liebenfels

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Jörg Lanz von Liebenfels, de son vrai nom Adolf-Joseph Lanz, né le 19 juillet 1874 dans l'Empire d'Autriche-Hongrie et décédé le 22 avril 1954 à Vienne en Autriche, était un théoricien ésotériste et racialiste autrichien. On le rattache au courant de l'ariosophie.

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Il a publié à Vienne, de 1905 à 1917, la revue Ostara.

Le psychologue autrichien Wilfried Daimd (1923-2016), auteur d'une biographie de Liebenfels[1], a répandu la thèse qu'il aurait « l'homme qui a apporté ses idées à Hitler ». Les recherches plus récentes ont réfuté cette théorie. L'analyse des documents démontre en effet que l'influence de Liebenfels sur Dietrich Eckart a été bien moindre que ne l'a prétendu Daimd, et que celle exercée sur Adolf Hitler a été quasi nulle. Il n'a d'ailleurs joué absolument aucun rôle dans le développement du mouvement national-socialiste et est resté dans l'anonymat le plus complet sous le Troisième Reich.

Biographie

Jeunesse et origines

Adolf Lanz est né dans une famille catholique viennoise. Il grandit dans le quartier de Penzing. Ses parents, Johann Lanz et Katharina Lanz (née Hoffenreich) sont tous deux enseignants[2]. Son grand-père maternel, d'origine juive, s'était converti au catholicisme en 1842.

Lanz commence à s'intéresser à l'ésotérisme et aux ordres religieux dès ses années de lycée. À peine obtenu son baccalauréat en 1893, il prend la décision d'entrer dans l'Ordre des Cisterciens.

Moine cistercien

En 1893, Lanz entre au monastère cistercien de Wienerwald comme novice, sous le nom de Frère Georg. La même année, il fait la connaissance de Guido von List à Gars am Kamp, dont il va devenir l'un des premiers disciples[3].

Au cours de son noviciat, il étudie en profondeur l'histoire de son pays, celle de l'ordre monastique auquel il appartient et celle de son couvent en particulier.

À partir de 1894, il se met à rédiger des articles concernant ses recherches. Ils sont publiés dans des revues scientifiques reconnues. En parallèle à ces études d'histoire et d'histoire de l'art, il se met à étudier l'astrologie, l'occultisme, le mythe du Graal, les courants néopaïens. Il prend connaissance des écrits de l'occultiste Guido von List et du pangermaniste Georg von Schönere.

En 1898, Lanz est ordonné prêtre. Mais à peine un an plus tard, il est prié de quitter l'ordre. Les motifs de cette décision ne sont pas établis avec certitude et ont donné lieu aux hypothèses les plus diverses.

C'est à ce moment qu'il change son prénom Georg en Jörg, et qu'il se met à prétendre que son père aurait été un « baron Johann Lancz de Liebenfels ».

Débuts dans la vie publique

Les premières années du retour de Liebenfels à la vie séculière sont mal connues. Il change son nom en Lanz-Liebenfels. Il adoptera en 1910 celui de Lanz von Liebenfels. L'existence d'une famille nobiliaire du nom de Lantz (ou Lanz) von Liebenfels est attestée en Souabe, ainsi qu'au château de Liebenfels en Thurgovie (Suisse), mais il est peu vraisemblable qu'il y ait un réel lien de parenté entre elle et Jörg Lanz von Liebenfels.

A partir de la même période, Liebenfels se présent avec un titre de docteur, dont l'authenticité est restée fortement contestée.

Le soutien postérieur de Guido von List lui permettra de faire admettre sa nouvelle identité non seulement auprès du public, mais aussi auprès du registre de la population de Vienne.

Entre 1902 et 1905 il publie régulièrement des articles dans Das freie Wort, une revue anticléricale et « anti-jésuitique » éditée à Francfort. Il rédige ensuite de nombreux articles consacrés à l'anthropologie, l'archéologie, la préhistoire, la protohistoire, ou l'histoire de l'Eglise. Il publie certains de ces articles dans la revue pangermaniste Der Hammer de Theodor Fritsch.

Il expliquera plus tard avoir eu une « illumination » en 1894, lorsque des travaux de rénovation du cloître du monastère avaient mis à jour une pierre tombale. Sur celle-ci figurait un chevalier, en train de mettre à terre un singe. Selon lui, le chevalier était un templier, un seigneur blond, représentant le principe du Bien, combattant les races inférieures et le principe du Mal[4]. Au-delà de cette vision, on sait qu'il se penche sur les travaux de recherche protohistoriques et anthropologiques qui paraissent alors, notamment Origines Ariacae de Karl Penka (1883), Die Heimat der Indogermanen de Matthäus Much (1902) et Die Germanen de Ludwig Wilser (1904).

La théozoologie

Les articles publiés au cours de cette première période Lanz jusque-là par Lanz rejoignent en grande partie les corpus doctrinaux qui se structurent à ce moment-là, sur la base des découvertes anthropologiques et protohistoriques, ainsi que sur les recherches consacrées aux Indo-Européens. Les thèses racialistes, pangermanistes, antichrétiennes et eugénistes sont largement diffusées dans le mouvement völkisch en plein développement. Les écrits de Lanz n'ont à ce moment-là donc rien d'excentrique.

En revanche, entre 1903 et 1904, Liebenfels publie une série d'articles sous le titre Anthropozoon biblicum, où il tente de développer ce qu'il baptise la « théozoologie ». En s'appuyant sur les auteurs antiques mais aussi sur l'Ancien Testament, les évangiles apocryphes et sur les gnostiques, il affirme que les civilisations antiques auraient toutes pratiquées des cérémonies centrées autour de relations sodomites avec des animaux. Celles-ci proviendraient, selon lui, d'une chute des dieux suite à des relations sexuelles zoophiliques. Le péché originel devrait donc être interprété comme une chute des races divines. Les accouplements avec des animaux auraient ainsi donné naissance aux races inférieures. Lanz reformule et synthétise ces thèses dans sa Theozoologie oder die Kunde von den Sodoms-Äfflingen und dem Götter-Elektron qui paraît en 1905. Le livre développe la thèse d'un luttre entre les hommes-dieux, les theozoa, avec les anthropozoa. Les premiers auraient été doués de télépathie et d'énergie lkectrique, facultés qu'ils auraient perdues en conséqence de leurs mélanges avec les seconds. Adam aurait été le premier des Anthropozoa, Jésus-Christ l'un des derniers.

Le Nouvel ordre templier

Le soir de Noël 1900, il fonde avec ses frères Herwig et Fridolin un nouvel ordre templier, ou Ordo Novi Templi (ONT), une fraternité devant rester secrète. Ses buts sont la défense de la beauté et de la race arienne. Son existence sera dévoilée en 1907 dans Ostara. Ses rites et sa structure sont inspirés des Cisterciens.

En 1907 Lanz achète le château en ruines de Werfenstein, en Haute-Autriche. Il en fait le centre de son Ordre, qui ateindra près de 400 membres en 1938. Il sera alors dissout par les autorités nationales-socialistes.

La revue Ostara

Ce qui rendit Lanz célèbre est la revue Ostara, qu'il lance en 1905. La revue se veut une tribune de l'ariosophie. Différents auterus contribuent aux premières livraisons. Toutefois, dès 1908, Lanz semble être devenu le seul et unique rédacteur.

89 numéros paraissent jusqu'en 1917. Quelques numéros sortiront plus tard, mais sans que la continuité de la revue soit reprise.

Lanz prétendra que sa revue aurait eu un tirage de 100'000 exemplaires, ce qui semble exagéré. En revanche, il est certain que la revue tire à plusieurs milliers d'exemplaires et que, dans les années d'avant-guerre, elle est diffusée en kiosques et largement lue dans les milieux étudiants.

Retour vers l'astrologie

En 1915, Lanz se tourne vers l'astrologie et d'autres formes de divination, comme celle de Nostradamus. Il s'intéresse beaucoup aux écrits d'Otto Pöllner, qui tentait alors de développer une astrologie moderne pouvant prévoir la destinée des peuples et des Etats, et à ceux d'Ernst Tiede, qui essaye alors d'établir des correspondances entre l'horoscope des grands hommes et les événements historiques et militaires.

Dernières années

Lors de l'effondrement de la monarchie austro-hongroise, Lanz quitte Vienne pour la Hongrie. Lors de la dictature communiste de Béla Kun, il participe à la résistance, même si le rôle qu'il y a joué n'est pas clairement établi.

Il travaille ensuite dans une agence de presse nationale-chrétienne à Budapest. De 1925 à 1933, avec Herbert Reichstein, il se fait le principal éditeur de la littérature ariosophique.

En 1933, il quitte la Hongrie pour la Suisse, à Lucerne.

Il décède en 1954, demandant avant sa mort à recevoir les sacrements catholiques.

« L'homme qui a apporté ses idées à Hitler » ?

Le psychologue autrichien Wilfried Daimd (1923-2016) a répandu l'idée, dans un livre paru en 1958, que Lanz aurait « l'homme qui a apporté ses idées à Hitler ». Il est vrai que dès le milieu des années 1920, Lanz s'est lui-même prévalu d'une grande influence sur Adolf Hitler et le national-socialisme. Cette thèse a d'ailleurs été très appréciée par l'historiographie marxiste.

Pourtant, la thèse de Daimd ne résiste pas à une étude approfondie. Les recherches plus récentes ont réfuté cette théorie. L'analyse des documents démontre en effet que l'influence de Liebenfels sur Dietrich Eckart a été bien moindre que ne l'a prétendu Daimd, et que celle exercée sur Adolf Hitler a été quasi nulle. On peut citer les recherches de l'historien Roman Töppel, qui a effectué en 2016 un travail de comparaison entre Mein Kampf et les numéros d' Ostara. Il en déduit que les points de divergence sont bien plus nombreux que ceux de convergence[5].

Il est établi qu'Adolf Hitler, dans sa période viennoise (1907–1913), avait effectivement connaissance de la revue et en a lu plusieurs numéros, tout comme Dietrich Eckart. Toutefois, il est aujourd'hui établi que l'influence d'Ostara sur les futurs dirigeants du mouvement national-socialiste a été particulièrement exagérée. Dans les années 1920, Lanz s'est certes lui-même prévalu d'une grande influence sur Adolf Hitler, se donnant même un rôle de précurseur du national-socialisme. Mais il fut seul à le croire. Dans Mein Kampf, Hitler raille les ésotéristes et les sociétés secrètes comme celle qu'avait fondée Lanz. De même, plusieurs publications de la NSDAP, comme deux brochures de Hermann Rehwaldt, ont critiqué sévèrement et de manière récurrente Lanz et les autres occultistes. Sous le Troisième Reich, Lanz ne joua non seulement aucun rôle, mais certaines de ses publications seront interdites[6].

Publications

  • Katholizismus wider Jesuitismus (le catholicisme contre le jésuitisme. Frankfurt 1903
  • Die Theozoologie oder die Kunde von den Sodoms-Äfflingen und dem Götter-Elektron. Wien/Leipzig/Budapest 1905
  • Der Taxilschwindel. Ein welthistorischer Ulk. Frankfurt 1905
  • Ostara, (89 numéros), Rodaun/Mödling 1905–1917 (38 livraisons publiées par Neuauflage, Vienne, 1926–1931)
  • Rasse und Weib und seine Vorliebe für den Mann der minderen Artung. In: Ostara 21. 1908
  • Die Gefahren des Frauenrechts und die Notwendigkeit der mannesrechtlichen Herrenmoral. In: Ostara. 1909
  • Die Rassenwirtschaftliche Lösung des sexuellen Problems. In: Ostara. 1910
  • Charakterbeurteilung nach der Schädelform. In: Ostara. 1910
  • Das Geschlechts- und Liebesleben der Blonden und Dunklen. In: Ostara. 1910
  • Die Komik der Frauenrechtlerei, eine heitere Chronik der Weiberwirtschaft. In: Ostara 44. 1911
  • Einführung in die Sexualphysik. In: Ostara. 1911
  • Die Blonden als Schöpfer der Sprachen. In: Ostara. 1911
  • Moses als Darwinist. In: Ostara. 1911
  • Kallipädie oder die Kunst der bewussten Kinderzeugung. In: Ostara. 1911
  • Nackt- und Rassenkultur im Kampfe gegen Mucker- und Tschandalakultur. In: Ostara 66. 1913
  • Weltende und Weltwende. Lorch 1923
  • Grundriss der ariosophischen Geheimlehre. Oestrich 1925
  • Das Buch der Psalmen teutsch. Das Gebetbuch der Ariosophen, Rassenmystiker und Antisemiten. 1926
  • Bibliomystikon oder die Geheimbibel der Eingeweihten. (10 Bände.) Pforzheim u. a. 1929–1934
  • Praktisch-empirisches Handbuch der ariosophischen Astrologie. (4 Bände.) Düsseldorf 1926–1934

Bibliographie

  • Wilfried Daimd, Der Mann, der Hitler die Ideen gab. Jörg Lanz von Liebenfels, Isar, Munich, 1958[7].
  • Ekkehard Hieronymus, Lanz von Liebenfels. Eine Bibliographie, Toppenstedt, 1991, 260 p.
  • Ekkehard Hieronymus, « Jörg Lanz von Liebenfels », in: Puschner, Uwe; Schmitz, Walter; Ulbricht, Justus H. (éd.), Handbuch zur "Völkischen Bewegung" 1871-1918.
  • Hermann Rehwaldt, Rassenkunde und Rassenwahn – Okkultes Gift gegen Volkserhaltung, Verlag Deutsche Revolution, Düsseldorf, 1936.
  • Brigitte Hamann, La Vienne d'Hitler. Les années d'apprentissage d'un dictateur. Traduit de l'allemand par Jean-Marie Argelès, Éditions des Syrtes, Genève, 2001.
  • « Jörg Lanz von Liebenfels et la théozoologie », in: Nicholas Goodrick-Clarke, Les racines occultistes du nazisme, Camion blanc éd., 2010 [trad. de l'éd. or. en anglais Ney York University Press, 1992], 508 p., p. 165-188.

Notes et références

  1. voir en Bibliographie.
  2. Nicholas Goodrick-Clarke, Op. cit.
  3. Ibidem
  4. « Lanz, Josef (Klostername Georg; nannte sich „Lanz von Liebenfels“) », in: Neue Deutsche Biographie, 13, 1982, p. 626.
  5. Roman Töppel, « Volk und Rasse. Hitlers Quellen auf der Spur », in: Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, 64, Heft 1 (2016), p. 1–35.
  6. Brigitte Hamann, Hitlers Wien, Piper, Munich, 1997, p. 318.
  7. Le sérieux de cet ouvrage est actuellement contesté.