Charles-Louis de Haller

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Karl Ludwig von Haller, parfois francisé en Charles-Louis de Haller, né le 1er août 1768 à Berne et mort le 20 mai 1854 à Soleure, est un homme politique, juriste, économiste et philosophe suisse.

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Penseur contre-révolutionnaire, surnommé parfois le « Bonald helvétique », ses thèses sont proches de celles de Joseph de Maistre et de Juan Donoso Cortés. Ses œuvres ont reçu un grand écho après la période napoléonienne : en effet, c'est son ouvrage principal, Restauration der Staatswissenschaft, qui a donné son nom à la période dite de la Restauration.

Biographie

Haller est né le 1er août 1768 à Berne. Il est le petit-fils du célèbre Albrecht von Haller et descendant d’une vieille famille patricienne, son père ayant été, entre autres, bailli de Nyon. Après la mort de ce dernier, il est obligé d’interrompre ses études et de devenir fonctionnaire.

En 1790, il fait un voyage à Paris. Il est d'abord séduit par les idées révolutionnaires, mais la réflexion et l’expérience l’en détournent progressivement.

Il poursuit sa carrière dans l'administration bernoise, où il avance rapidement : dès 1792, il est chargé de missions diplomatiques, à Genève, à Ulm, en Italie du Nord, où il rencontre Bonaparte, à Paris en 1797 où il fréquente Talleyrand et Mme de Staël, à Rastatt pour obtenir l’appui de la Prusse et de l’Autriche contre la France.

En avril 1798, il fonde un journal bihedomadaire, Helvetische Annalen (« Les Annales helvétiques »), où il dénonce la République Helvétique, le régime unitaire imposé à la Suisse par l'occupation française. La publication est interdite dès novembre 1798.

Au service de la Contre-révolution européenne

Haller doit s’exiler en Allemagne. Il publie de nombreux pamphlets, tout en travaillant pour l'administration autrichienne.

En 1806, il est rappelé à Berne car, avec l’Acte de Médiation, la situation en Suisse s’est stabilisée. Il y enseigne la science politique. Il devient en même temps censeur et vice-recteur de l'académie de Berne. Il siège au Grand Conseil de ville à partir de 1810 puis au Petit Conseil à partir de 1811. Il est en outre élu membre du Grand Conseil de la république de Berne à la faveur de la Restauration en 1814. Il quitte cependant l'enseignement en 1817.

En 1816, il publie le premier volume (sur six, jusqu’en 1834, 3000 pages) de sa Restauration de la science politique, en allemand et en français car il est bilingue. Aussitôt, les lecteurs se divisent en contempteurs acharnés et en partisans enthousiastes. Le livre devient célèbre dans les milieux conservateurs et dans les milieux romantiques allemands. Il va influencer le futur Frédéric Guillaume IV de Prusse, en Autriche les gens autour de Metternich et les romantiques, le vicomte de Bonald en France, Silvio Pellico en Italie.

En 1821, dans une Lettre à sa famille, il annonce sa conversion au catholicisme, provoquant un débat européen. À Berne, il est privé de toutes ses fonctions. Installé à Paris, il travaille pour le ministère des Affaires étrangères en tant que « spécialiste de la Suisse » et publie énormément. À la suite de la Révolution de 1830, il quitte la France et s’installe à Soleure.

Son Histoire de la révolution de l’Église (1836), dans laquelle il montre que la Révolution plonge ses racines dans la Réforme, connaît un énorme succès mais la victoire des radicaux sur le Sonderbund en 1847 lui portera, moralement, un coup fatal.

Haï par les libéraux jusqu'au delà de la mort

Après la victoire électorale des radicaux­-libéraux à Soleure en 1856, ces derniers ordonnent de détruire la tombe de Haller au cimetière Sainte-Catherine.

Un contre-révolutionnaire helvétique

La pensée de Haller se veut la démonstration de l'erreur historique que représente la Révolution et une légitimation intellectuelle de l'Ancien Régime.

Dans son œuvre-maîtresse Restauration der Staatswissenschaft, Haller réfute la doctrine de Rousseau selon laquelle le contrat social procède de la loi naturelle en développant sa propre théorie de la formation de l'État. Si Rousseau prend pour point de départ une société divisée en individus, les relations sociales pour Haller trouvent leur origine dans la domination naturelle du fort sur le faible, qui recherche sa protection et le sert. L'État est alors une somme de relations de pouvoir ordonnées – mari et femme, maître et serviteurs, roi et sujets... – et régulées par des contrats privés. L'autorité de l'État s'appuie sur l'Église et le pouvoir du souverain se trouve circonscrit entre, en haut, la volonté divine et, en bas, les droits du sujet ; système politique qu'Haller appelle l'État patrimonial.

Publications

  • Restauration der Staats-Wissenschaft oder Theorie des natürlich-geselligen Zustands der Chimäre des künstlich-bürgerlichen entgegengesezt, 6 volumes, 1816-1834; trad. fr. sous le titre Restauration de la science politique, ou Théorie de l'état social naturel opposée à la fiction d'un état civil factice, Lyon, Rusand, 1825, 526 p.
  • Über die Constitution der Spanischen Cortes, 1820.
  • Freymaurerey und ihr Einfluss auf die Schweiz, Schaffhouse, Hurter, 1840.
  • Frammassoneria e sua influenza sulla Svizzera, Lucerne, 1847.

Bibliographie

  • E. Reinhard, Karl Ludwig von Haller, 1933
  • C. Pfister, Die Publizistik Karl Ludwig von Hallers in der Frühzeit, 1975.
  • R. Roggen, "Restauration" – Kampfruf und Schimpfwort, 1999.
  • F.W. Bautz, Biogr.-Bibliograph. Kirchenlex., 17, 2000, 587-614.