Wilhelm Hauer

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Jakob Wilhelm Hauer prenant la prole lors d'une assemblée du Mouvement de la foi allemande.
L'organe du Mouvement de la foi allemande (n° de novembre 1934).
Jakob Wilhelm Hauer (1881-1962) est un théoricien du néo-paganisme allemand.

Biographie

Issu d’une famille pauvre, Jakob Wilhelm Hauer devint pasteur, puis missionnaire en Inde. Le contact avec la civilisation et la culture de ce pays fut pour lui une révélation, il renonça à évangéliser pour s’en imprégner, s’exila en Grande-Bretagne pour étudier à Oxford, de 1908 à 1915, l’histoire et la philosophie de l’hindouisme et du yoga, et obtint finalement, en 1920, un poste d’enseignant en histoire des religions à Tübingen. Dans le même temps, il fonda un mouvement de jeunesse, le Bund der Köngener (Ligue des Köngener), axé sur le contact avec la nature, la vie communautaire, l’ascèse et la discipline intérieure, et qui proposait une sorte de solidarité interconfessionnelle entre tous ceux qui souhaitaient sauver l’essentiel des messages religieux menacés - à leurs yeux - par la modernité. Dans les réunions qu’organisa cette ligue, se côtoyèrent le mystique juif Martin Buber, le national-bolchevick Karl Otto Paetel, le pédagogue national-socialiste Ernst Krieck, le spécialiste du matriarcat Alfred Baeumler, etc.

En 1922, il publia Werden und Wesen der Anthroposophie. Eine Wertung und eine Kritik, qui est sans doute la critique la plus structurée et la plus complète des thèses de Rudolf Steiner et du Mouvement anthroposophique.

Après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler, afin d’échapper au décret obligeant à la fusion de tous les mouvements de jeunesse dans la Hitler Jugend (Jeunesse hitlérienne), le Bund der Köngener décida de se dissoudre et Hauer fonda à Eisenach, le 30 juillet 1933, avec le vieux militant völkisch Ernst zu Reventlow et le philosophe Ernst Bergmann, le Deutsche Glaubenbewegung avec lequel fusionnèrent la Deutschgläubige Gemeinschaft, le Völkerschaft des Norden (Peuple du Nord), le Rig-Kreis (Cercle du Rig-Veda), la Nordische Glaubensgemeinschaft et la Freidenker Gemeinschaft (Communauté des libres-penseurs).

La définition du credo de ce groupe était suffisamment vague pour inclure des représentants de tendances assez divergentes et dans les faits, même si le mouvement usait abondamment de noms et d’expressions odinistes, il n’avait pratiquement pas de dimension spirituelle et ne faisait quasiment pas référence aux dieux, ou aux mythes, du paganisme nordique. De manière significative, le nom de Wotan ou d’Odin n’apparaît nulle part dans les déclarations ou dans la littérature du mouvement.

L’indépendance de l’association vis-à-vis du régime national-socialiste a été différemment appréciée : Detlev Baumann dans Jakob Wilhelm Hauer, philosophe de la rénovation religieuse avance que « L’association doit faire les concessions d’usage au nouveau parti totalitaire pour pouvoir continuer à exister en toute indépendance. Hauer et ses amis souhaitent surtout que les recherches religieuses demeurent indépendantes, libres de ne pas s’aligner sur les diktats d’un parti et ne pas s’inféoder à la moindre Église »; John Yeowell dans Odinisme et Christianisme sous le III° Reich estime que «Même la sincérité apparente d’Hauer (...) ne peut nous empêcher de penser que la principale - et peut-être la seule - fonction du Mouvement de la foi allemande était de rassembler autant que possible les mécontents völkischo-religieux ou simplement enclins à la spiritualité, égarés qui éprouvaient de la sympathie - ou simplement de l’indifférence - à l’endroit du national-socialisme, et ainsi les utiliser ensuite pour intimider ou tourmenter ceux qui critiquaient le régime ». Le fait que le Mouvement de la foi allemande puisse tenir, en 1935, une importante réunion publique au Palais des Sports de Berlin et qu’il compte parmi ses dirigeants plusieurs anciens députés du NSDAP semble donner raison à Yeowell. Quoi qu’il en soit, même le minimum d’indépendance affiché par le mouvement vis-à-vis du régime ne pouvait que déplaire ... En août 1935, la Gestapo interdit au Mouvement de la foi allemande de tenir des réunions publiques et Hauer dut démissionner de son poste de président en mars 1936 (il se consacra jusqu'à la fin de la guerre à l’Institut des études indiennes de l’Université de Tübingen). De surcroît, des conflits internes entraînèrent l’éclatement de l’association en deux branches rivales le Kampfring deutsches Glaubens (Cercle de combat pour la foi allemande) et le Reichsring der gottglaubigen Deutschen (Cercle Impérial des croyants allemands), qui vivotèrent l’une comme l’autre jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale.

Après 1945, une partie des membres du Mouvement de la foi allemande vont adhérer à la Deutsche Unitarierbund (Ligue des unitariens allemands). Wilhelm Hauer, qui avait été interné en 1945 dans un camp américain et qui ne fut relâché que deux années plus tard, les rejoignit et devint même leur président. Il anima en parallèle l’Arbeitsgemeinschaft für freie Religionsforschung und Philosophie (Société pour une libre recherche en religion et philosophie) qui ne se consacra qu’à des recherches para-universitaires en sciences des religions.

Bibliographie

  • Detlev Baumann, Hauer, philosophe de la rénovation religieuse, Antaios n° 8, 1995.
  • John Yeowell, Odinisme et christianisme sous le III° Reich, Avatar, 2006.
  • Schaul Baumann, Die Deutsche Glaubensbewegung und ihr Gründer Jakob Wilhelm Hauer (1821-1962), Aus dem Hebräischen von Alma Lessing, Religionswissenschaftliche Reihe, Bd. 22, Diagonal Verlag, 2005.
  • Maragarete Dierks, Jakob Wilhelm Hauer 1881-1962, Leben-Werk-Wirkung, Verlag Lambert Schneider, 1986.
  • Ernst Klee, "Jakob Wilhelm Hauer", in Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945, Fischer-Taschenbuch-Verlag, 2005.
  • Ulrich Nanko, Die Deutsche Glaubensbewegung. Eine historische und soziologische Untersuchung, Religionswissenschaftliche Reihe Bd. 4, Diagonal Verlag, 1993.
  • Robert Steuckers, La Révolution conservatrice allemande - Biographies de ses principaux acteurs et textes choisis, tome I, éditions du Lore, 2014, p. 293 à 300.

Lien externe