Giambattista Vico

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Giambattista Vico ou Giovan Battista Vico, né le 23 juin 1668 à Naples et décédé le 23 janvier 1744 dans la même ville, est un philosophe, historien et juriste napolitain[1].

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Biographie

Giambattista Vico est né à Naples en 1668 dans une famille originaire des Abruzzes, de condition sociale modeste. Initié dès l'adolescence à l'étude de la grammaire et, plus tard, de la métaphysique, il est contraint par la volonté de son père d'étudier le droit à l'université de Naples. Diplômé in utroque iure, il se passionne immédiatement pour les dilemmes philosophiques que pose l'étude du droit.

De 1689 à 1695, il travaille comme précepteur des enfants du marquis Domenico Rocca, où il a l'occasion d'approfondir sa connaissance des philosophes antiques, des présocratiques à Lucrèce, qui l'impressionne. Parmi les différents thèmes qu'il a abordés dans son œuvre philosophique, la philosophie de l'histoire, qu'il appelait "l'histoire expliquée par les idées", est d'une grande importance. Il conçoit la philosophie d'un peuple en analysant son histoire. L'utilisation de la philologie à cette fin était primordiale. Selon Vico, chaque peuple possède ses propres caractéristiques en raison du processus historique qu'il a traversé.

En 1699, il est recruté par concours à l'Université de Naples comme professeur de rhétorique. Son activité intellectuelle se traduit essentiellement par la publication des discours inauguraux qu'il prononce solennellement à chaque rentrée universitaire, parmi lesquels, en 1709, son premier ouvrage sur la théorie des sciences, le De nostri Temporis Studiorum ratione (La méthode des études de notre temps). À partir de 1723, il entreprend la publication de plusieurs versions, toutes plutôt mal accueillies de son œuvre majeure, La Science Nouvelle et de son autobiographie, publiée à Venise en 1728. Il a des ennuis d'argent et est malade. Il quitte son poste de professeur en 1742 mais son fils Gennaro lui succède.

De 1735 à sa mort, il est historiographe auprès du roi philosophe et philanthrope Charles III (Roi d’Espagne, de Naples, de Sicile, et de Jérusalem). En 1743, il achève une nouvelle version de La Science Nouvelle, et meurt le 22 janvier 1744. Son ouvrage est publié à Naples en juillet de la même année. Il est inhumé en l'église des Oratoriens de Naples.

Précurseur de la philosophie de l'histoire

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Vico est le premier à critiquer le rationalisme cartésien sans tomber dans l'erreur empiriste de Locke : verum ipsum factum, il est possible de connaître par les causes. Bien que cette pensée soit présente dans d'autres philosophies telles que la philosophie occasionnaliste et le volontarisme scolastique de Scot, Vico la comprend différemment. Dans la Scienza Nuova, Vico affirme que la vérité ne peut être connue que par celui qui en est la cause première. Sur le plan rationnel, nous pouvons reconnaître les vérités, mais pas les connaître pleinement. Le Cogito cartésien n'est pas suffisant pour nous connaître nous-mêmes. La conscience de l'existence ne présuppose pas la connaissance. En fait, nous ne nous créons pas nous-mêmes, nous sommes l'effet d'une cause et, en tant que tels, nous ne pouvons pas nous connaître pleinement. En terminant la critique de Vico à l'égard de Descartes, on peut dire que ce dernier a, pour Vico, attribué à tort la connaissance des effets au principe de vérité, qui ne procède pourtant que de Dieu, puisqu'il est cause incausée.

La philologie est le principal outil utilisé par Vico pour étudier la façon dont un peuple aborde la vie. Les différences structurelles entre des langues ayant des racines communes, comme le français et l'italien, témoignent également d'une différence de mentalité. Aujourd'hui, les universitaires s'accordent généralement sur cette affirmation, qui a été identifiée pour la première fois par Vico lui-même.

L'histoire de toute civilisation humaine est limitée à des étapes spécifiques, au cours desquelles la conception de l'État et de Dieu change. Tout au long des 19ème et 20ème siècles, ces théories ont été accréditées. La décadence de cette vision mesurant le progrès d'une civilisation par une norme générale a été abandonnée à des fins politiques. Elle a été considérée par les anthropologues comme une vision "eurocentrique" et, dans notre siècle, "suprématiste blanche". Vico interprète le changement de civilisation en trois étapes : l'âge des dieux, l'âge des héros et l'âge des hommes. Ces trois étapes peuvent également être identifiées dans l'histoire de l'individu avec les trois stades de l'enfance, de l'adolescence et de l'âge adulte. L'âge des dieux est caractérisé par la sentimentalité, l'homme ne comprend pas le monde et confie sa vie à une série de divinités trouvées dans les forces de la nature. Dans l'âge des héros, un groupe s'impose aux autres et la caste aristocratique est née. L'homme suit l'exemple des figures mythiques pour mener une vie morale. Au siècle de l'homme, l'homme utilise le raisonnement pour se réaliser et vivre en civilisation avec sa communauté.

L'apport de Vico à la philosophie européenne est immense : avec lui, on commence à regarder l'histoire non seulement comme un exemple, mais aussi comme une réponse à certaines questions.

Influence

Vico a notamment influencé Jules Michelet, Benedetto Croce, Giovanni Gentile, Georges Sorel, Isaiah Berlin et Hayden White.

On le considère également comme le précurseur d'Oswald Spengler[2].

Oeuvres

Traductions françaises

  • De l'antique sagesse de l'Italie, trad. de Jules Michelet, présentation et notes par Bruno Pinchard, Paris, Garnier-Flammarion, 1993.
  • La Science Nouvelle (La Scienza Nuova), Traduction intégrale d'après l'édition de 1744 par Ariel Doubine, Présentation par Benedetto Croce, Introduction, notes et index par Fausto Nicolini, Paris, Nagel, 1953
  • La Science Nouvelle, Principes d'une science nouvelle relative à la nature commune des nations, 1744, traduit de l'italien et présenté par Alain Pons, Paris, Fayard, 2001
  • La Science Nouvelle (1725), Gallimard, Tel, 1993.
  • Vie de Giambattista Vico écrite par lui-même, trad. de Jules Michelet, revue, corrigée et présentée par Davide Luglio, Paris, Allia, 2004, 190 p.
  • Giambattista Vico / Origine de la poésie et du droit (traduction du De constantia jurisprudentis), traduit par C.Henri et A. Henry, introduction par Jean-Louis Schefer, Paris, Café Clima, 1983. Nouvelle édition, Paris, Allia, 2019.
  • Sentiments d’un désespéré, présentation et traduction par Alain Pons, in Poésie, n° 27, Paris, 1983.
  • Giambattista Vico / Vici Vindiciae, traduit du latin par D. Luglio et B. Perigot, présentation et notes par D. Luglio, Paris, Allia, 2004.

Bibliographie

  • Eugène Bouvy, De Vico Cartesii adversario, thèse à la Sorbonne, Paris 1889
  • J. Chaix-Ruy, La Formation de la pensée philosophique de G.-B. Vico, Arno Press, 1979 (PUF, 1943.
  • Arthur Child, Making and knowing in Hobbes, Vico and Dewey, University of California Publications in Philosophy, vol. 16, n° 13, 1953
  • Ariel Doubine, La Méthode de Vico, Thèse d'État, lettres, Paris, 1954
  • Alain Pons, Nature et Histoire chez Vico, Les Études philosophiques, n° 1, janvier-mars 1961
  • Nicola Badaloni, L'Idée et le fait dans la théorie de Vico, Les Études philosophiques, n° 3-4, juillet-décembre 1968
  • Denis Collin, Giambattista Vico et l'histoire, SCEREN CNDP-CRDP Philosophie en cours, 2010
  • Michel Paoli, Les Principes de la Philosophie de Giambattista Vico. Exposés more geometrico, « Chroniques italiennes », XXVII (1991), p. 43-52.
  • Pinchard, B, La Raison dédoublée, Paris, Aubier, 1992.
  • Présence de Vico, sous la direction de Riccardo Pineri, Montpellier, Université Paul-Valéry, 1994.
  • Paolo Cristofolini, Vico et l'histoire, PUF, 1995
  • G. B. Vico et la naissance de l’anthropologie philosophique, in L’art du comprendre, avril 1998.
  • P. Girard, Le Vocabulaire de Vico, Paris, Ellipses, 2001.
  • Recherches sur la pensée de Vico, textes réunis par Pierre Girard et Olivier Remaud, Paris, Ellipses, 2003.
  • D. Luglio, La Science nouvelle ou l’extase de l’ordre. Connaissance, rhétorique et science dans l’œuvre de G.B.Vico, Paris, PUF, 2003.
  • Vico, la science du monde civil et le sublime. Autour de la traduction de la Science nouvelle par Alain Pons, textes réunis par Alain Pons et Baldine Saint Girons, Université de Paris X-Nanterre, 2004.
  • O. Remaud, les Archives de l’humanité. Essai sur la philosophie de Vico, Paris, Seuil, 2004.
  • La « Scienza nuova » de Giambattista Vico], Noesis, n° 8, 2006
  • Pierre Girard, Giambattista Vico. Rationalité et politique. Une lecture de la « Scienza nuova », Paris, PUPS, 2008
  • Alain Pons, Vie et mort des nations. Lecture de la Science nouvelle de Giambattista Vico, L'Esprit de la Cité, Gallimard, 2015

Notes et références

  1. Le royaume de Naples est alors un Etat indépendant.
  2. Carlos Wefers Verástegui, « Vico, der Vorläufer Spenglers », Blauenarzisse.de, 29.10.2015.