Georges Suarez
Biographie
Ancien combattant de 1914-18, Georges Suarez était juriste de formation. Il devint correspondant de l’Agence Havas à Vienne. Collaborateur d’une quantité de journaux, écrivain prolixe de biographies et de monographies diverses, il était membre de l’Action française de Charles Maurras, tout en travaillant avec André Tardieu, républicain de gauche, au quotidien Le Temps.
En 1934, ses orientations deviennent germanophiles et pacifistes. Il ne veut plus d’une guerre européenne, parce que, ancien combattant, il connaît l’horreur d’un conflit moderne, parce qu’une conflagration supplémentaire ne résoudrait rien, parce que l’Allemagne tente, à son avis, une expérience originale et prometteuse de rénovation politique, qu’il serait sot de contrecarrer.
Infatigable, il multiplie les initiatives pour éviter toute guerre et pour façonner des recettes capables de faire advenir en France une société nouvelle, débarrassée des reliquats de son passé « bourgeois » et républicain. Il fréquente Bertrand de Jouvenel au « Cercle du grand pavois » et Fernand de Brinon à l’Association France-Allemagne.
En 1935, avec Drieu, Marion et Pucheu, il critique l’incapacité du gouvernement et du régime à faire face à la crise économique et prêche pour une rénovation technocratique et « synarchiste », qui mettra un terme au capitalisme, inaugurant un règne d’efficacité et de bon sens. Suarez devint aussi l’un des critiques les plus acerbes des corruptions de la Troisième République. Cela amène bon nombre d’exposants de ce groupe à adhérer au nouveau parti de Jacques Doriot, le Parti populaire français.
Toute cette agitation l’amène bien sûr dans le sillage de la collaboration après la défaite française de 1940. Ses articles de Libération »(un journal de l’époque qui n’avait évidemment rien à voir avec le quotidien actuel) et d’ Aujourd’hui le perdront : non pas tant ceux qui demeuraient dans le sillage de son technocratisme et de son synarchisme, dont des exposants tels Lefranc, Albertini ou de Jouvenel continueront à œuvrer après-guerre, mais sa critique virulente des corruptions de la Troisième République.
Ses positions radicales induisent Vichy à commencer le fameux procès de Riom, destiné à punir les politiciens de la « Troisième » qui étaient restés en France, à les accuser de la défaite de 1940.
Condamné à mort en 1945, Suarez sera fusillé le 9 novembre. Après deux salves du peloton d’exécution, il était encore vivant : il faudra encore deux coups de grâce pour achever ce journaliste hors du commun.
Œuvres
- (et Joseph Kessel), Le Onze mai, Paris, Éditions NRF, 1924.
- (et Joseph Kessel), Au camp des vaincus, ou la Critique du 11 mai, Paris, Éd. NRF, 1924.
- (et Joseph Kessel), Chez M. Paul Faure et M. Charles Maurras, [?], 1926.
- De Poincaré à Poincaré, Paris, [?], 1928.
- Peu d'hommes, trop d'idées ! Et Un entretien avec Charles Maurras par J. Kessel, Paris, De France, 1928 [rééd. Déterna, 2000].
- Une nuit chez Cromwell. Précédé d'un important récit historique de Raymond Poincaré, Paris, Éditions de France, 1930
- La Belgique Vivante, préf. André Tardieu, [?], Éditions Rex, [1932].
- La vie orgueilleuse de Clémenceau. T.1 Clémenceau. Dans la mêlée, Paris, J. Tallandier, 1932.
- La vie orgueilleuse de Clémenceau. T.2 Clémenceau. Dans l’action, Paris, J. Tallandier, 1932.
- Les Hommes malades de la paix, Paris, Grasset, 1933.
- Profils de rechange, Paris, Excelsior, 1933.
- La Grande peur du 6 février au Palais-Bourbon, Paris, Grasset, 1934.
- Les Heures héroïques du Cartel, Paris, Grasset, 1934.
- Soixante années d'histoire française. Clemenceau, Paris, Éditions de France, 1934.
- Pour un parti central, Paris, Denoël et Steele, 1936.
- Nos seigneurs et maîtres, Paris, Éditions de France, 1937.
- Briand : sa vie, son œuvre, avec son journal et de nombreux documents inédits, 6. vol. Paris, Plon, 1938-1952.
- Les Accords franco-britanniques économiques et financiers. L’Empire français et la guerre, Paris, Odef, 1940.
- « Préface » à Pierre Dehillotte, Gestapo : l'organisation, les chefs, les agents, l'action de la Gestapo à l'étranger, Paris, Payot, 1940.
- Le maréchal Pétain, Paris, Plon, 1940 [rééd. Déterna, 1999].
- Pétain ou la démocratie ? Il faut choisir, Paris, Grasset, 1941.
- (et Guy Laborde), Agonie de la paix (1935-1939), Paris, Plon, 1942.
- Espagne, pont de l'Europe, Paris, Éditions France-Empire, 1944.