Ernst Rüdiger Starhemberg
Le prince Ernst Rüdiger Starhemberg, né le 10 mai 1899 à Eferding et mort le 15 mars 1956 à Schruns au Vorarlberg, est un homme politique autrichien de l'entre-deux-guerres.
Partisan d'une rénovation autrichienne et de l'édification d'un Ordre nouveau, commandant général de la Heimwehr, il entre au gouvernement de Dollfuss en mai 1934, puis participe à celui de Schuschnigg. Nationaliste autrichien, hostile au national-socialisme et opposé à l'Anschluss, il adopte une position ambiguë face à l'Allemagne. Au début de la Seconde guerre mondiale, il quitte le pays pour se mettre au service des adversaires de l'Axe.
Sommaire
Biographie
Ernst Rüdiger von Starhemberg naît dans une famille aristocratique, qui descend du comte Ernst Rüdiger von Starhemberg, le défenseur de la ville de Vienne devant les Turcs en 1683.
Après un bref cursus universitaire, il devient officier dans la cavalerie. Il prend part à la Première guerre mondiale et combat ensuite en Haute Silésie dans un corps franc.
En 1923, il participe à la tentative de putsch d'Adolf Hitler à Munich.
Il s'occupe ensuite de la gestion des biens de sa famille, essentiellement des exploitations viticoles.
La Heimwehr
Ernst Rüdiger Starhemberg joue un grand rôle dans le mouvement de la Heimwehr (« Défense du foyer »), une organisation patriotique, catholique et conservatrice, implantée principalement dans les régions rurales. Il y prend une influence croissante et crée sa propre unité, qu'il baptise Bataillon Starhemberg.
En 1930, il devient le Commandant fédéral de toute la Heimwehr, qui s'illustre en constituant des unités de volontaires pour la défense des frontières en Carinthie, ainsi que par la lutte contre les menées communistes.
En septembre 1931, il devient le chef incontesté de toutes les unités de la Heimwehr.
Vice-chancelier
Il apporte son soutien à Engelbert Dollfuss dès son accession au pouvoir en mai 1932.
En mai 1934, Dollfuss le nomme vice-chancelier. Il devient aussi le président du Front patriotique, le parti unique dans lequel Dollfuss a fait fusionner le Parti social-chrétien, les différents mouvements nationaux et la Heimwehr, qui en devient le service d'ordre, sous le nom de Frontmiliz.
Après l'assassinat de Dolfuss le 25 juillet 1934, il conserve sa fonction de vice-chancelier dans le nouveau gouvernement formé par Kurt Schuschnigg. Durant cette période, il lutte activement contre le mouvement national-socialiste autrichien qui réclame le rattachement de l'Autriche à la grande Allemagne.
Il est toutefois écarté du gouvernement le 14 mai 1936 par Kurt Schuschnigg. Le 10 octobre 1936, Kurt Schuschnigg dissout toutes les organisations armées du pays, y compris la Heimwehr et la Frontmiliz. Les anciens membres sont appelés à constituer une nouvelle organisation paramilitaire, unique et légale, sous contrôle de la Bundesheer et sous le commandement de Ludwig Hülgerth (1875-1939). Rüdiger demande alors à ses partisans de quitter le gouvernement. Le 3 novembre, Kurt Schuschnigg exclut tous les anciens dirigeants de la Heimwehr du gouvernement et nomme Hülgerth vice-chancelier. Le nouveau gouvernement montre son intention de se réconcilier avec les nationaux-socialistes en incluant pour la première fois plusieurs ministres favorables à l'Allemagne.
L'Anschluss et la Deuxième guerre mondiale
Après l'Anschluss (12 mars 1938), Rüdiger écrit à Adolf Hitler pour solliciter le droit de reconstituer la Heimwehr, affirmant regretter d'avoir combattu le national-socialisme en Autriche et rendant Kurt Schuschnigg responsable de la politique qu'il avait menée lors de sa participation au gouvernement. Il lance aussi un appel aux anciens membres de la Heimwehr, leur demandant d'apporter leur soutien au Reich.
Cependant, la « conversion » de Rüdiger ne convainc guère la NSDAP, dont les sections autrichiennes ne sont pas prêtes à oublier leurs martyrs.
Rüdiger vend alors ses vignobles à ses régisseurs.
En 1940, il s'engage dans les forces aériennes britanniques et dans celles des « Forces françaises libres », qu'il quitte après que l'URSS et les Alliés se sont coalisés. Il s'exile ensuite en Amérique latine, d'abord au Chili, puis en Argentine.
Après-guerre
Par l'intermédiaire de son avocat Ludwig Draxler, Ernst Rüdiger entame en 1947 une procédure pour rentrer en possession des biens qui lui avaient été confisqués par le gouvernement national-socialiste, ainsi que de ceux qu'il avait été forcé de vendre après la chute du gouvernement Schuschnigg. En décembre 1951, la Cour fédérale administrative lui donne raison. L'affaire devient alors politique : considéré comme un traître à la patrie par les nationalistes, il l'est aussi par le SPÖ (Parti socialiste autrichien) et le KPÖ (Parti communiste). Ces deux partis lancent alors une campagne pour exiger la nationalisation de ses biens. Après plusieurs décisions et recours, l'affaire aboutit devant la Cour constitutionnelle, qui ordonne la restitution pleine et entière de ses biens au lésé le 1er juillet 1954.
Ayant pu obtenir un nouveau passeport autrichien, Ernst Rüdiger Starhemberg retrouve son pays natal en décembre 1955. Il séjourne d'abord en Carinthie, où il rend visite aux membres de sa famille. Il commence ensuite une cure thermale à Schruns. Là, au cours d'une promenade, il remarque qu'il est suivi et photographié par Georg Auer, un rédacteur du journal communiste Volksstimme. Il se jette alors sur le journaliste qu'il frappe à coups de canne. Il entre dans une telle fureur qu'il subit une crise cardiaque, dont il ne se relève pas.
Publications
- Nachrichtenblatt des Bundesführers des österreichischen Heimatschutzes , Vienne, Vaterländischer Pressverein, 1933, 20 p.
- Über Leistungen. Aufgaben und Zukunft des Heimatschutzes, Vienne, Heimatschutz (éd.), 1934, 14 p.
- Österreichs Weg, Vienne, Heimatschutz (éd.), 1934, 13 p.
- Die Reden des Vizekanzlers E. R. Starhemberg, Vienne, Manz, 1935, 127 p.
- Between Hitler and Mussolini, Harper, New York, 1942; trad. en suédois en 1942 et en portugais en 1943.
- Memoiren, préface de Heinrich Drimmel, Amalthea-Verlag, Vienne/Munich, 1971; rééd. sous le titre Die Erinnerungen, 1991, 344 p.