Eddy Marsan : "Entretien"

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L'entretien qui suit a été publié dans Les Nouveaux nationalistes, un livre publié par Christian Bouchet aux Éditions Déterna en 2001.

Sommaire

Marsan Eddy, universitaire, né le 16 septembre 1963 à Tonneins (Lot-et-Garonne). Docteur en philosophie depuis sa soutenance de thèse le 22 janvier 1992 à l'Université de Toulouse le Mirail, il a reçu, en 1994, le prix Georges Bastide de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse, pour ses travaux philosophiques ”, tel est le préambule de la notice qu'Henry Coston a fait paraître sur vous dans la dernière édition de son Dictionnaire de la politique Française. Votre formation initiale peut sembler atypique, pour un nationaliste radical. Dites-nous en un peu plus sur votre parcours ?

Philosophe de formation, spécialisé dans la métaphysique, j'ai fait mes études dans la fac certainement la plus rouge de France, ce qui me valut parfois quelques menus tracas. L'intitulé de ma thèse, soutenue en pleine campagne électorale, deux mois jour pour jour avant ma première élection au Conseil régional d'Aquitaine, était : Etude comparative et critique de l'exigence de système chez Raymond Lulle et René Descartes. Lulle - Lull en catalan - est un philosophe majorquin du XIIIe siècle qui poursuivait l'ambition de convertir au catholicisme l'humanité tout entière grâce au déploiement d'une mécanique rationnelle, l’Ars Magna. Il est mort à Bougie, en Algérie, lapidé par une foule de musulmans, en tentant de mettre en application, sur un terrain hostile, son projet de conquête courtoise. L'enjeu, pour moi, était de mettre au jour l'articulation entre métaphysique initiale et systématique globale conçue comme aboutissement. Le concept de système, y compris en politique, m'a toujours semblé digne du plus grand intérêt.

Je ne sais pas si mon parcours est atypique car, au sein de notre famille d'idées, je connais d'autres philosophes mais, en tout état de cause, j'ai toujours considéré le raisonnement philosophique comme initiateur et la politique comme de la philosophie en acte, à l'échelle de la Cité.

Pour être parfaitement franc, j'ai toujours voulu agir sur le Monde. J'ai toujours refusé de le prendre tel quel et, très vite, j'ai conçu que si la philosophie pouvait me donner les instruments pour mieux appréhender le dessous de ses complexes mécanismes, la politique, quant à elle, telle que je la pratique maintenant, était à même de me fournir le marteau avec lequel je pourrai tenter de façonner la société dans laquelle je vis.

Je conçois donc que mon parcours, d'abord théorique, sur les fondements de la pensée, puis très concret, dans la strate de la politique électoraliste, est parfaitement complémentaire : il m'a permis de me façonner des armes qui, me semble-t-il, nous seront très utiles dans le combat décisif à venir.

Vous êtes, aussi, officier de réserve, dit-on ?

Pendant mon service militaire, après des EOR exécutés à l'Ecole d'application du génie d'Angers, j'ai servi comme aspirant dans un régiment de l'est de la France. Incorporé dans une arme technique, j'ai reçu une formation aux antipodes de mes études théoriques pour devenir, comme tout bon officier du Génie, un spécialiste, en particulier, du maniement des explosifs.

Après mes obligations militaires, j'ai suivi, en qualité d'officier de réserve, quelques préparations et formations et participé à des activités de terrain telles le réputé Swiss Raid Commando.

A trente-sept ans, vous avez fondé l'Alternative nationale. Comment, après votre formation théorique, en êtes-vous arrivé là ?

A l'issue de mes années d'étudiant, aboutissement d'un cheminement purement intellectuel laissant peu de place au militantisme et surtout à la confrontation idéologique avec des camarades de notre famille d'idées, j'ai décidé, après une valse hésitation de plusieurs années, d'entrer concrètement en politique. Ainsi, dans la foulée d'un meeting toulousain de Le Pen, j'ai adhéré au Front national.

Certes, à l'époque déjà, le FN m'apparaissait comme une structure politique strictement d'extrême-droite dans le très mauvais sens du terme : le Front national a toujours été une formation à la remorque de la droite conservatrice, se différenciant uniquement de celle-ci par un programme sécuritaire plus intransigeant et par l'identification de l'immigration en tant que fléau à combattre.

En fait, l'approche nationaliste-révolutionnaire du Jean-Gilles Malliarakis des années quatre-vingts me correspondait bien plus essentiellement. Le tribun tercériste me prenait aussi infiniment plus aux tripes que Le Pen. Pourtant, je considérais que les premiers grands succès du FN, qui imposait le thème de l'immigration dans le débat politique, que son implantation, que la levée de boucliers des lobbies qu'il suscitait, contraignaient le nationaliste identitaire voulant faire œuvre utile à rallier le parti de Le Pen.

L'homme avait su devenir incontournable, les Français l'identifiaient comme l'anti-système, donc comme l'alternative. Toute tentative nationaliste ou identitaire hors du FN devenait donc irrémédiablement vouée à l'échec. J'en avais pleinement conscience et, ne voulant pas perdre mon temps, recherchant l'efficacité, mon choix, froid et désabusé, fut facile. L'aventure groupusculaire, pour ludique qu'elle pouvait m'apparaître, ne me semblait pas efficiente. Je considérais que la dispersion ne servait à rien et que le temps n'était pas encore à l'expression de la radicalité ethniste : il fallait intégrer le FN pour, si cela s'avérait possible, tenter de l'orienter peu à peu vers un national-populisme qui le forcerait à abandonner ses schémas nationaux-ringards - entre autres, sa nostalgie de l'empire colonial ou sa vision réductrice et passéiste de la femme cantonnée dans le rôle de mère de famille - et son optique libérale, coupés des aspirations de notre peuple.

Fidèle à ma volonté pragmatique tournée vers l'entrisme, je suis très vite devenu secrétaire départemental FNJ du Lot-et-Garonne puis, en 1991, responsable FN de ce même département, avant d'être désigné tête de liste du mouvement pour les élections régionales de 1992. J'en suis aujourd'hui à mon deuxième mandat régional. J'ai également été élu conseiller municipal d'Agen en 1995 sur une liste que j'avais constituée.

Force est de reconnaître que mon “entrisme” et celui de bien d'autres éléments nationaux-révolutionnaires au sein du FN ne put empêcher la dérive nationale-conservatrice toujours plus prononcée du parti. Malgré tout, avec un certain recul, je pense que notre présence fut loin d'être inutile. Nous y reviendrons certainement plus avant dans l'entretien.

En décembre 1998, j'ai suivi la fronde mégretiste, non pas en pensant que Mégret allait réussir dans son entreprise - il partait dans les pires conditions, sans réel projet et sans pouvoir espérer un financement officiel -, mais parce que je considérais que le FN ne survivrait pas au choc et qu'il était temps de passer à autre chose.

Au début de la crise, j'ai créé l'Alternative nationale. L'enjeu de cette association, d'abord, fut d'être un relais entre adhérents - surtout aquitains - du FN et le siège national. Lorsque Mégret a effectivement déposé les statuts de son parti, l'Alternative nationale s'est transformée en association nationale dont la vocation était alors de regrouper les adhérents du MNR partisans de l'adoption d'une ligne identitaire européenne sans ambiguïté et d'un discours radical. Nous voulions que le MNR ait une véritable spécificité, qu'il cesse d'apparaître comme un simple clone du FN avec seulement une différence de tête.

Je savais que l'abandon progressif par le FN des schémas identitaires et son acceptation de la société multi-raciale dégageaient un formidable espace politique pour l'expression d'un nationalisme revendiqué. Mégret, stratégiquement, préférait adopter une ligne nationale-conservatrice correspondant au créneau occupé par Pasqua/Villiers. Il négligeait les perspectives de cette opportunité nouvelle.

Malgré mes demandes répétées, Mégret refusant l'idée même d'un débat interne, j'ai commencé à diffuser auprès des cadres du MNR, dès novembre 1999, La Lettre de l'Alternative nationale. Suspendu de mes fonctions au sein du MNR - Secrétaire départemental et membre du Comité national - pour avoir fait ouvertement état de mes prises de position, j'ai été exclu de ce mouvement “pour récidive” et “refus d'appliquer la ligne de rassemblement national et républicain” dès janvier 2000, ce qui m'a permis, depuis, de travailler efficacement à la création d'un pôle de la radicalité.

Pour vous, l'implosion du FN ne semble pas être un drame ?

Nous ne sommes pas maîtres des événements. Mon sentiment est que Le Pen et Mégret ont été manipulés. Je ne pense pas, par exemple, que Pasqua et Villiers se soient alliés juste avant la crise du FN pour se séparer alors que la mécanique du mouvement national était cassée, par hasard. Il est à peu près certain que le coup a été très bien préparé par des lobbies extérieurs.

Ceci dit, je n'aime pas me lamenter. Préférant analyser froidement, je sais que les morceaux ne peuvent pas se recoller entre les frères ennemis. Je fais partie de ceux qui ont œuvré pour cela, mais toute tentative en ce sens s'est révélée impossible. A chaque chose malheur est bon, dit-on : à nous donc, aussi paradoxal que cela puisse paraître, de tirer profit de l'implosion.

Cela faisait plusieurs années que le FN plafonnait à 15 %. Le hiatus entre son électorat - essentiellement populaire - et ses prises de position, destinées à une petite bourgeoisie frileuse et passéiste, n'a cessé de grandir.

Le Pen est un ultra-libéral. Il a toujours dénoncé l'impôt sur les grandes fortunes et, sous l'influence de Jean-Claude Martinez, il prônait la suppression de l'impôt sur le revenu compensée par une hausse conséquente de la TVA, ce qui aurait eu pour conséquence immédiate de pénaliser en priorité les foyers les plus modestes, ceux-là mêmes qui ont toujours le plus voté pour le FN. La vision de la famille défendue par Le Pen n'est pas non plus celle à laquelle se réfèrent généralement les classes populaires. Malgré cela, dans les milieux modestes, on votait FN, presque exclusivement par réflexe anti-immigrés et on essayait d'oublier le positionnement ringardo-bourgeois d'un Le Pen dont on aimait surtout les grands coups de gueule.

Le FN a été utile à une seule chose : il a fait voler en éclats le tabou de l'immigration. Mais c'était essentiel. Il faut le considérer comme le premier étage de la fusée nationaliste-identitaire. Il n'a jamais été une fin en soi et une fraction importante de son électorat votait FN pour marquer sa révolte mais sans souhaiter vraiment porter Le Pen au pouvoir.

Quelles leçons en tirez-vous ?

J'ai toujours été à la fois acteur et observateur et, précisément, mes observations attentives me permettent de tirer des leçons concrètes.

La première, comme je l'ai déjà exprimé, est que l'aventure du FN est déjà terminée. Certes, le parti existe encore, mais le talent de son chef vieillissant ne pourra faire revivre sa grande époque. La réalité est là : qu'il y ait eu ou non complot, le FN a rempli pleinement son rôle et il convient désormais que les militants nationalistes identitaires passent à une nouvelle phase du combat.

Le Front national nous a frayé un chemin et nous devons, comprenant pourquoi il a plafonné électoralement et pour quelles raisons il ne pouvait accéder au pouvoir, créer les conditions de l'émergence décisive du deuxième étage de la fusée nationaliste-identitaire.

Le FN abandonne-t-il peu à peu ses positions anti-immigration ? Il n'intéressait pourtant les Français que pour cela. Il n'a d'ailleurs jamais été identifié politiquement comme autre chose que le parti prônant l'inversion des flux migratoires.

Mis à part cet axe essentiel, seul porteur d'espoir pour les Français qui se reconnaissaient dans le FN, son programme, se trompant de cible et tout orienté vers un mixe monstrueux de deux électorats parfaitement irréductibles - les adeptes de l'ultra-libéralisme et les catholiques plus ou moins traditionnels -, n'intéressait finalement aucune des deux petites populations visées. Les libéraux ont pour héraut Madelin et les nationaux-catholiques ont Villiers comme figure emblématique. Ces deux catégories, marginales, ont par ailleurs toujours été rebutées par le packaging populiste d'une partie du discours lepéniste.

La leçon majeure à tirer est celle-ci : il ne faut pas se tromper de cible électorale. A vouloir faire du marketing politique et à essayer de viser des clientèles trop éloignées de l'image que l'on a toujours donnée et des objectifs que l'on veut atteindre, on se décrédibilise auprès d'une part non négligeable de son propre électorat. Il s'agit donc de savoir à qui l'on s'adresse et de ne pas trahir son vivier naturel. Si l'on veut s'ouvrir sur des électorats qui ne sont pas naturellement les siens, on peut le faire, lorsque l'on devient incontournable, par le biais d'alliances avec d'autres forces plus faibles, mais il ne faut, en la matière, jamais mettre la charrue avant les bœufs.

Ce que nous voulons, essentiellement, c'est que notre territoire français redevienne une terre européenne. L'enjeu, pour des gens comme nous, dépasse de loin l'économique ou le politicien de bas étage. Nous entendons tout mettre en œuvre pour la survie de notre peuple et la sauvegarde de ses spécificités ethniques. Précisément, c'est ce qu'attend qu'on lui propose une part de la population française qui dépasse de très loin l'électorat fluctuant traditionnel du FN.

Si une force politique identitaire radicale s'avère capable, aujourd'hui, d'avancer sous ses couleurs, sans masque et en arrêtant de prendre comme axes programmatiques des schémas nostalgiques contre-productifs, son potentiel est proprement énorme. La route est ouverte.

Quel autre bilan tirez-vous de trente ans du FN ?

Le FN, c'était avant tout une histoire d'hommes, histoire des hommes qui y sont venus, d'horizons les plus divers et avec des objectifs souvent diamétralement opposés.

Ce parti était extraordinaire : c'était une sorte de pot-pourri où chacun pouvait finalement trouver ce qu'il voulait, ou, comme dans une auberge espagnole, ce qu'il apportait. Ainsi, le nostalgique du Troisième Reich se pensait-il dans un vrai parti nazi et voyait dans la DPS la future SA ou SS, alors que le noir antillais ne s'était jamais senti aussi Français que depuis qu'il distribuait des tracts pour le FN. Le Harki pensait refaire bientôt avec Le Pen la guerre d'Algérie pendant que sa fille cherchait le mari FN et alors que le Beur se voyait déjà au Bureau politique.

Et je ne parle pas de tous les branquignoles qui erraient dans les permanences locales : pseudo-mystiques, millénaristes, nymphomanes en chasse, pervers, schizophrènes, mythomanes, cas sociaux irréversibles, rmistes professionnels, ufologues avertis, ivrognes impénitents, sorciers, petits voyous, écrivaillons ratés adeptes de l'alexandrin, paumés de tous ordres qui avaient le don de faire très vite fuir les gens intéressants qui avaient osé passer le seuil d'une permanence départementale le plus souvent transformée en sanctuaire pour rebuts de la société, parasites en mal de vengeance, en attente fébrile d'un hypothétique renversement social.

Maintenant, vous comprenez certainement pourquoi il m'est difficile de dresser un bilan cohérent de trente ans de FN.

Le vrai bilan, on ne peut le dresser qu'en regardant ce que sont devenus ceux que Le Pen se plaisait à appeler “les hommes du Président”. Ce bilan est extrêmement contradictoire, nébuleux et, chaque jour nouveau, comme un peu plus impossible à dresser.

Car il y a les compagnons de route qui sont partis très vite, comprenant, avant même l'émergence électorale, que cela ne pouvait aboutir. C'est par exemple le cas de ceux qui, conservant le journal Militant, ont créé le Parti nationaliste français.

Il y a ceux, arrivés plus tard, qui ne sont venus que pour se servir et parce que les places, au sein du FN, étaient faciles à prendre. Il suffisait d'avoir de l'argent pour se retrouver député européen, ou polytechnicien pour devenir n° 2 bis derrière l'inamovible n° 1. Dans les autres partis, s'il y avait pléthore de hauts diplômés et de notables, ce n'était guère le cas au FN et le nouvel arrivant, haut fonctionnaire ou même de profession libérale, était systématiquement préféré au militant sûr au moment du choix des candidats éligibles. D'ailleurs, au sein du FN, personne n'était formé doctrinalement, car c'était un parti sans vraie idéologie structurante. Ainsi, lorsque j'ai été nommé secrétaire départemental, personne n'a cherché à savoir quelles étaient mes motivations politiques ou les schémas idéologiques auxquels je me référais.

Il y a les militants devenus cadres, puis élus, que l'on retrouve maintenant partout et n'importe où - FN, MNR, DL, RPF, MPF ou non-inscrits lorsque personne ne veut d'eux -. Aucun n'a jamais été formé : c'est là le point le plus noir du bilan à dresser. Aucun n'a été formé car il n'y avait pas de réel programme : le FN n'a jamais été un parti de pouvoir, pas même dans la tête de son Président.

Le bilan ? C'est peut-être que le FN a permis à beaucoup d'incapables cupides et ambitieux de gagner leur vie grâce à la politique et qu'il n'a jamais su faire “bouillonner” les compétences. Bien au contraire, celui qui, localement, obtenait des scores notablement supérieurs à ceux espérés s'attirait la défiance de la hiérarchie et voyait son avancement interne compromis. Il convenait, pour progresser dans l'appareil, curieusement, de ne surtout pas sortir du rang.

Pourtant, le Front national a aussi permis à des hommes qui seront les cadres du mouvement identitaire de demain de s'implanter localement, de se faire connaître. Le FN leur a également donné l'occasion d'acquérir, grâce à la préparation de nombreuses élections, un savoir-faire en campagne qu'ils mettront bientôt en pratique pour l'avènement de nos idées.

Malgré tout, le FN aura donc fait œuvre utile.

Comment envisagez-vous les rapports entre la politique et la religion ?

Au sein de notre famille d'idées, l'influence de la religion sur la politique a été particulièrement néfaste lors de l'aventure du FN. Le Pen semble ne jamais s'être rendu compte à quel point les messes organisées à l'occasion de ses fêtes rebutaient des nouveaux venus, en particulier ceux issus des milieux les plus modestes.

Face à une population largement déchristianisée, Le Pen donnait une image passéiste et laissait à penser qu'il appelait de ses vœux le retour à une société dont ne veut pas la grande majorité des Français.

De surcroît, il perdait sur deux tableaux.

Beaucoup d'électeurs traditionnellement et “naturellement”, sociologiquement, de gauche et laïques, tentés par le discours anti-immigration de Le Pen, ne pouvaient, “culturellement”, rejoindre totalement le FN à cause de son image national-catholique. Le temps, en France, n'est plus à une vision du domaine politique se devant d'être étroitement liée à une conception religieuse de la société. Les Français n'aspirent pas à placer un Franco au pouvoir. C'est un fait.

Beaucoup d'autres, se revendiquant pourtant du catholicisme, lui reprochaient de se servir à des fins d'opportunisme politique du fait religieux et se détournaient résolument de lui. Dans un monde moderne, la sphère du politique et celle des croyances ne peuvent s'interpénétrer avec efficience.

Cette influence éminemment contre-productive de la religion sur le politique se retrouvait au sein de l'embryon de doctrine du FN. Ainsi, Le Pen en venait-il, bien souvent, à insister, pour rallier à lui un électorat strictement catholique dit traditionaliste, bien plus sur des positions intransigeantes peu populaires - reprenant par exemple à son compte le combat anti-avortement -, directement générées par une vision religieuse, plutôt même que sur l'inversion des courants migratoires.

Là encore, nous devons tirer les leçons des erreurs du lepénisme. La religion ne saurait influer directement et de manière apparente sur le discours ou la doctrine politiques. D'ailleurs, pour ce qui nous concerne, le combat se pose comme celui pour la survie de notre peuple et non pas pour son adhésion à quelque religion que ce soit. Pour ma part, je ne saurais confondre politique et prosélytisme religieux.

Enfin, ceux d'entre nous pour qui le combat identitaire passe aussi par une réémergence cultuelle ont toute latitude, hors du strict déploiement politique, pour œuvrer au sein des associations identitaires européennes à vocation méta-politique. Ceci est affaire de conscience individuelle qui relève de la sphère privée.

Quelle Europe voulez-vous ?

Une Europe européenne ! J'entends précisément par là une terre européenne peuplée d'Européens. Tout le reste, finalement, aujourd'hui, me semble bien futile et secondaire. Bien sûr, j'ai une conception politique qui s'applique à l'Europe à venir, mais j'ai avant tout le sens des priorités : avant de penser concrètement à vertébrer notre Europe, il faut d'abord la soustraire à la menace du chaos ethnique.

Et, au risque de choquer beaucoup de nos lecteurs, je dis qu'actuellement, les politiques qui détiennent le pouvoir dans l'Europe fédérale construisent, pour des raisons souvent opposées aux nôtres, cette Europe que j'appelle de mes vœux. Ils fabriquent les structures grâce auxquelles nos idées, bientôt, pourront s'épanouir. Paradoxalement, en France, par exemple, je considère qu'un Bayrou a une conception de l'Europe en convergence avec la nôtre, mise à part, bien sûr, notre vision ethno-centrée. Mais, concrètement, sans le vouloir, des gens comme lui servent notre cause, en participant à la construction concrète d'un cadre dans lequel pourrait bien, dans une ou deux décennies, venir se poser la constitution d'un Empire euro-sibérien.

Dans votre vision de l'Europe, quelle est la place de la France ?

Culturellement, linguistiquement, je suis Français, même si, d'un point de vue strictement ethnique, cela ne me paraît pas vouloir dire grand chose. L'Europe qui se fait, à partir du moment où elle se sera émancipée des Etats-Unis, respectera naturellement les Etats européens. Il ne s'agira plus, comme encore aujourd'hui, au sein du territoire continental, de faire soumettre par des armées européennes un état, une nation ou un peuple, de les mettre à genoux, comme c'est le cas en Serbie, parce qu'ils n'obéissent pas au Nouvel ordre mondial sur lequel règnent les Etats-Unis.

Je compte beaucoup sur une Europe souveraine comprenant la Russie pour, à la fois, remettre les orgueilleux Américains à leur place, et redonner leur fierté aux peuples de notre Europe, dans le respect des nations et des états. Notre communauté de destin est l'Europe et, au sein de celle-ci, les spécificités françaises, aujourd'hui gommées par une américanisation et une mondialisation à outrance, seront de nouveau mises à l'honneur.

L'idée selon laquelle la France pourrait se suffire à elle-même et devrait rejeter une collaboration inter-européenne n'est pas opérante. Par exemple, aujourd'hui, il ne me semble pas que le passage à la monnaie unique soit un drame. Sachons reconnaître que le franc, seul face à la puissance du dollar et à l'artificialité des fluctuations du change, maintenue uniquement pour servir l'économie américaine, ne pouvait plus être opérant. Le franc Bonaparte est bien loin et, avec l'euro, au moins, la France n'aura plus à mendier des dévaluations de notre monnaie qui participaient à nous ridiculiser. Qu'on le veuille ou non, d'ailleurs, la monnaie européenne est déjà là et le processus est irréversible.

L'idée européenne est en marche, elle se concrétise chaque jour un peu plus. Les nostalgiques de l'Empire français, napoléonien ou colonial, en produisant une vision politique tournée vers ces modèles du passé, vivent dans des rêves stériles et ne présentent aux Français aucune perspective : en fin de compte, ils leur proposent de vivre comme les Amishs, hors du réel et à la merci des autres groupes. Nous, nationalistes identitaires, Français et fiers de l'être, mais résolument tournés en direction de l'Europe, sommes les pionniers de la modernité et d'un avenir déjà en cours d'édification.

Et les régions ? Quel régionalisme voulez-vous ?

L'Europe à laquelle j'aspire pour nos peuples est avant tout une Europe identitaire, une Europe des identités. L'Europe ne peut pas être un vulgaire conglomérat au sein duquel des populations sans âme se mélangeraient pour, in fine, former le magma malléable des cibles d'un vaste marché de consommation.

Je disais que les politiciens au pouvoir en Europe, paradoxalement, jouaient notre jeu. Il est ainsi remarquable que, de plus en plus, au sein de l'Europe, les Régions deviennent des interlocuteurs privilégiés et qu'au sein de ces régions administratives, une place toujours plus grande soit faite aux spécificités ethniques et culturelles.

Ainsi, j'ai pu observer, au sein du Conseil Régional d'Aquitaine dont je suis élu, qu'une importante convention pour le Pays Basque avait été signée, rejetée seulement par les élus du Front national (l'élu du MNR était absent). Cette convention permet de dégager des moyens lourds, en particulier pour l'apprentissage de la langue basque et le développement de projets culturels spécifiquement basques. Ce type de projets, qui se développent maintenant partout au sein de l'actuelle Communauté Européenne, va dans le sens de la construction d'une Europe des Identités telle que je la conçois.

Le problème des identités régionales ne se pose ni en terme d'indépendance, ni même d'autonomie, mais de reconnaissance. Trop longtemps, en France, l'État centralisateur s'est évertué à éradiquer toute expression identitaire spécifique. L'enjeu, pour l'État jacobin, était d'uniformiser. Pour ce faire, il s'est évertué à couper toute racine. Avec la construction de notre Europe, les régions doivent retrouver leur dignité. Tout doit être mis en œuvre pour que les particularismes linguistiques et culturels soient redéployés dans toute leur richesse et redeviennent vivants, y compris là où le jacobinisme a fait le plus de dégâts.

Remarquons déjà qu'en France, les territoires où le sentiment identitaire spécifique est le plus fort, comme l'Euzkadi, sont aussi les territoires où les immigrés extra-européens ne parviennent pas à s'implanter. N'importe quel enfant du monde peut devenir Français. Il ne deviendra jamais ni Basque, ni Corse. A nous d'en tirer les conséquences !

Le Parti des forces nouvelles, à une époque où peu de nationaux se sentaient Européens et vivaient dans la proximité d'une expression identitaire régionale, avait lancé l'acronyme Natrope, pour Nouvelle amitié dans les territoires et régions occupés entre les peuples européens. Aujourd'hui, notre vision de l'Europe et de la place des Régions au sein de celle-ci doit s'éclairer à la lumière de ce concept moteur. Plus nous redécouvrirons l'essence de nos spécificités ethnico-culturelles, plus nous serons aptes à reconstruire une Europe riche de ses diversités acceptées et cultivées; plus aussi l'Homo Europaeus aura la capacité de reconquérir décisivement sa terre.

Quelle place donnez-vous au combat culturel ? Comment envisagez-vous celui-ci ?

Notre combat identitaire revêt plusieurs formes. Si je considère que, dans la société française actuelle, la facette politique électoraliste est primordiale, il n'en est pas moins vrai que l'aspect culturel du combat est lui aussi très important. La politique électoraliste doit représenter la vitrine la plus superficielle de notre action. Si notre agir s'arrêtait là, nous devrions bien souvent ne présenter de nous-mêmes et de nos objectifs qu'une vision schématique, caricaturale, faite de rudes expressions à l'emporte-pièce à destination d'un électorat qui vote comme il consomme.

L'approche électorale réclame aussi la mise en œuvre d'une entreprise beaucoup plus vaste visant à crédibiliser l'image du mouvement politique ou de la famille d'idées. Le seul but vers lequel nous devons tendre est la prise du pouvoir pour mettre nos idées en application. Dans ce cadre strict, le combat culturel doit participer à renforcer le crédit du mouvement politique.

Ainsi, le RIF, moyen d'expression privilégié de la révolte de notre jeunesse européenne, doit être un vecteur efficace de recrutement et de sensibilisation de jeunes encore extérieurs à la famille d'idées ou pas encore encadrés. Chacun de nos groupes de base un peu conséquent doit participer à la création d'un groupe de RIF local. Il lui faut ensuite mettre l'ensemble de ses moyens à disposition des jeunes motivés pour se lancer dans cette aventure militante. Un concert de RIF avec dix jeunes Européens encore isolés deux heures auparavant, cela vaut cinq mille tracts boîtés.

Des gens comme Jean-Marc Vivenza, avec l'Œuvre Bruitiste, ont fait, dans le domaine beaucoup plus exigeant de la recherche musicale contemporaine appliquée, un travail remarquable, à l'extrême pointe de la modernité. A nous d'aider par tous moyens des artistes de notre mouvance à mettre au jour l'art post-moderne à usage de l'Européen à venir.

Cette exigence doit prévaloir dans l'ensemble des domaines artistiques. L'approche de l'art de beaucoup trop de nos amis s'est arrêtée au XIXe siècle. Sachons montrer à nos jeunes, mais aussi au grand public, à nos détracteurs et à nos ennemis irréductibles, que les ringards, comme je le pense, y compris en matière de culture, ce sont eux. Sachons privilégier cet art européen en mouvement, cet art brut et violent, qui ne demande qu'à sourdre des ruines et des expressions sclérosées.

Participons à l'édification de nouveaux EUR - ce quartier romain édifié à la fin des années trente et aux bâtiments épurés et à la modernité si frappante encore aujourd'hui - pour l'Européen naissant, dans l'espérance cultivée de l'émergence d'une surhumanité sur notre terre, sur notre sol et dans les esprits des nôtres !

Nous nous devons, dans notre presse, d'effectuer un réel travail de forme allant dans le sens de l'expression sauvage d'une esthétique post-moderne, dans l'esprit renouvelé de ce que put être l'aventure fondatrice exaltante du futurisme italien. Dans ce cadre, il ne faudra pas hésiter à laisser une marge de manœuvre très importante non seulement aux théoriciens de l'esthétique, mais aussi, et bien plus encore, aux artistes en actes, en marche vers le devenir européen, dans un dévoilement viscéral et abstrait de nos schémas identitaires et idéologiques.

L'art sera la violente résonance de notre cri.

Pour ma part, je rêve déjà de nos futurs grands meetings accompagnés de puissants et sauvages mixes technologiques sur-amplifiés annonciateurs d'une civilisation nouvelle.

La promotion d'une image “anti-ringard” est chez vous un thème récurrent. Déjà, dans un article du Figaro daté du 17 février 1998, intitulé Eddy, philosophe branché et dans lequel, entre autres propos provocateurs, vous disiez fréquenter le Queen et l'Enfer à Paris pour leurs “mixes house-techno”, en pleine campagne électorale, le journaliste François Luizet vous décrivait ainsi: “Un look d'enfer commentent les branchés. On pourrait prendre la cicatrice à l'aile du nez pour la trace d'un ancien piercing (…) Démarche souple, légèrement chaloupée, veste à parements de Dirk Bikkembergs, pantalon bien ajusté et mi-bottines glacées signées Jean-Paul Gaultier, chemise et cravate griffées Versace, Eddy gagne sa permanence”. La promotion de l'image branchée que vous donnez de vous-même a-t-elle aussi un rapport avec votre conception du combat culturel ? Ne croyez-vous pas que vous allez trop loin et que vous risquez de rebuter de nombreux militants nationalistes ?

Je vais simplement, comme en toute chose, jusqu'au bout de moi-même : on est radical ou on ne l'est pas ! Plus sérieusement, ma façon d'être, mon apparence, liées à des tenues vestimentaires parfois extravagantes, m'avaient permis, lorsque j'étais un représentant du Front national, de casser l'image. Mon paraître, travaillé, pas très dans l'esprit DPS, atypique, jette un certain trouble, car il ne correspond ni à l'image archétypique du facho ni à celle du politicien. Si mon discours, évitant les poncifs et la moindre allusion passéistes, est d'une radicalité qui va droit au but, il n'en demeure pas moins que mon apparence déconcerte l'interlocuteur.

Il y a un rapport de cause à effet direct entre le travail effectué sur mon image et les scores électoraux que j'ai toujours réalisés pour le FN. Dès que j'ai commencé à être connu comme représentant du Front national, alors que quelques esprits chagrins me reprochaient de véhiculer une image par trop marginale après ma première année de mandat régional, les scores de cette formation sur les circonscriptions électorales où je la représentais ont, en moyenne, doublé en pourcentage et en voix par rapport aux précédents résultats.

Je crois que ce travail, en apparence très superficiel, est un des moyens pour, en préservant la dureté idéale du discours, parvenir à s'extraire du ghetto dans lequel on nous enferme et s'ouvrir sur une frange inexploitée de l'électorat que les idées ne peuvent suffire à convaincre de voter. Jörg Haider, par une réflexion sur l'image en fin de compte assez similaire, a démontré l'efficacité de cette méthode.

Quant aux convaincus, à ceux qui partagent nos convictions, il est clair qu'ils ne vont pas me fuir parce que je m'habille branché, en tout cas pas tant que je conserverai nos idées et que je ne ferai pas de compromis avec le système et, je vous rassure, ce n'est pas sur le point d'arriver.

Enfin, je vais vous faire une confidence: j'adore les habits que je porte, peut-être parce que, chez moi, le travail sur l'image correspond à une tentative de mise en adéquation de l'apparence avec l'essence. J'entends être moi-même et je veux que mon image corresponde au plus près à la complexité et à la réalité essentielle de ma personnalité profonde. Et, certes, cette quête a bien un rapport avec une exigence esthétique, avec ce que l'on peut appeler, pour adhérer à la réalité, une “esthétique de l'existence”.

Même si l'idée de m'inscrire dans une filiation ne me plaît guère, signalons que cette voie a été ouverte par le philosophe José Ortega y Gasset qui, par exemple dans la préface des Méditaciones del Quijote (Méditations du Quichotte), plaidait pour un “perspectivisme” auquel il assignait la tâche de reconquérir notre environnement comme une portion authentique de nous-mêmes. Il s'écriait; “yo soy yo y mi circunstancia” (“je suis moi et ma circonstance”) et demandait qu'on parvienne jusqu'au “nervio divino” (“nerf divin”).

In fine, je peux me définir comme un “perspectiviste actif”, conquérant de mon environnement le plus immédiat. Sur ma personne, la griffe Jean-Paul Gaultier et celle d'autres créateurs sont les expressions les plus apparentes d'une philosophie en acte.

Si vous deviez définir un panthéon idéologique, quel serait-il ?

A mon sens, il y a infiniment mieux à faire qu'à prendre des références qui ne pourront pas, en tout état en cause, nous frayer de piste pour cet avenir que nous devons construire dès maintenant. Et, en vérité, ma priorité, je l'ai déjà exprimé, est ethnique et non idéologique : libérons d'abord l'Europe et ensuite nous ferons de la politique.

Sous la forme de ce qui pourra passer pour une boutade, en philosophe, je répondrai cependant que si j'étais un adepte de l'idéalisme platonicien, en scrupuleux lecteur de La République, je verrais dans deux dirigeants politiques du XXe siècle des modèles incontournables : Ceaucescu en Europe, qui avait la volonté de mettre au jour un homme nouveau en annihilant toute trace tangible du passé pouvant servir de repère - il faisait détruire les vieilles églises pour bâtir à leur place des palais à dimension surhumaine -; et, surtout, celui en qui Platon soi-même aurait certainement pu déceler le philosophe-roi qu'il appelait de ses vœux, parce que ce dirigeant politique considérait l'être humain comme une matière à modeler et qu'il ne s'est jamais soucié des “œufs cassés” : Pol Pot.

Mais, je ne suis pas un idéaliste au sens platonicien strict et, contrairement à Pol Pot, je ne pense pas que la cité platonicienne - règne du Beau, du Vrai et du Bien - puisse voir le jour dans le Monde. D'ailleurs, Ceaucescu et Pol Pot ont fini par être tragiquement rattrapés par le reste de l'humanité. Et, dans l'âme de leurs peuples respectifs, que reste-t-il aujourd'hui de ce qu'ils prenaient pour le Grand Œuvre à accomplir ?

Non, décidément, je ne veux ni ne peux dresser de panthéon idéologique. Ma structure de pensée n'a besoin - ou est-ce une incapacité ? - de se référer à aucun modèle, qu'il puisse être idéal ou concret.

A votre avis, quelles sont les tares de l'extrême-droite ?

En France, les représentations les plus connues et identifiées comme telles de ce que l'on appelle l'extrême-droite sont le Front national et le Mouvement national républicain.

Ces deux formations ennemies correspondent parfaitement au vocable extrême-droite.

En effet, FN et MNR, idéologiquement, se positionnent en pleine connaissance de cause à la droite du RPR. Les deux partis se veulent seulement un peu plus sécuritaires, un peu plus “ famille ” et anti-immigration que leurs concurrents de la droite conservatrice.

D'ailleurs, les sentiments de sympathie d'un certain nombre d'élus et de cadres RPR pour le FN ne se sont jamais démentis. Ces cadres savaient que les idées qu'ils défendent multipliaient leurs chances de s'imposer grâce à une extrême-droite poussant à leur paroxysme les valeurs les plus conservatrices de la droite bourgeoise. Ils avaient aussi compris que cette extrême-droite-là était bien souvent prête à faire l'appoint dans les seconds tours difficiles, sans exigence de la moindre contre-partie politique.

Le FN et le MNR prétendent être un peu plus “anti-pédés”, défendre avec plus d'insistance les valeurs dites familiales. Ils réclament l'abolition de la loi sur l'Interruption volontaire de grossesse. Dans les faits, ils sont à la remorque de Villiers lorsqu'ils manifestent contre le Pacs et à celle de la mère Boutin lorsqu'ils se font les chantres du “droit à la vie”.

En décalage par rapport à ce que leur électorat attend d'eux, refusant l'idée de modernité, les tenants de ces partis n'ont de cesse de répondre aux sirènes passéistes des conservateurs les plus aigris et les plus étriqués. Ils sont à la traîne, toujours dépassés par les événements. Même sur l'Europe et les régions, leurs positions apparaissent comme les plus ringardes parmi les plus ringardes. Ils appartiennent à un passé irrémédiablement révolu et ne peuvent vraiment faire peur à personne. Ils sont archétypiques, comme le MPF, de structures politiques nostalgiques ne pouvant plus s'adresser qu'à un électorat résiduel. Quel désarroi !

Le drame de l'extrême-droite, en France, est qu'elle n'a finalement aucune identité propre.

Quelles solutions envisagez-vous pour y remédier ?

La solution qui s'impose, précisément, est de rompre définitivement avec une démarche d'extrême-droite au sens que nous venons de décrire. Pour ma part, me revendiquant militant identitaire, je ne me perçois pas comme étant d'extrême-droite : je ne suis pas à la traîne de la droite bourgeoise.

Le mouvement identitaire vrai, qui fera du point central de sa doctrine la défense et la promotion des spécificités ethniques de son peuple et abandonnera sur le bord de la route les vieux chevaux de batailles nationaux-conservateurs qui n'intéressent plus qu'une frange marginale de la bourgeoisie la plus frileuse et la plus mentalement sclérosée, aura d'emblée trouvé la solution. C'est ce chemin, aujourd'hui, qu'avec ardeur et enthousiasme, je défriche.

Notre idéologie est-elle actuelle ou n'est-elle que nostalgie ?

Il conviendrait tout d'abord de définir qui nous sommes. Je ne prétends pas parler au nom des autres. Donc, l'idéologie que je prétends développer, et qui n'est pas, comme je l'ai déjà fait remarquer, à strictement parler une idéologie, me semble présente et bien plus que présente.

Le nationalisme identitaire n'a rien de nostalgique puisque aussi bien il entre très exactement en jeu au moment où les peuples européens sont menacés au plus profond d'eux-mêmes, au plus essentiel, en leur plus intime, dans leur capital génétique spécifique, par une tentative d'assimilation à une masse cosmopolite. Plus que présent, le nationalisme identitaire apporte la réponse urgente à un problème pour lequel aucune autre solution que la nôtre n'existe. Il s'inscrit dans une histoire en marche.

Il ne s'agit pas, par son vecteur, de se remémorer un âge d'or au cours duquel l'Homo Europaeus vivait dans un territoire sacré protégé de la foultitude des envahisseurs potentiels, mais de se préparer à livrer un combat décisif pour l'avenir de notre race. C'est cela la présence. Nous devons laisser les nostalgiques et les pleurnichards sur le bas-côté, pour forger une armée de femmes et d'hommes plus que jamais de leur temps, plus que jamais hérauts d'un peuple qui n'accepte plus l'agonie, plus que jamais hérauts d'un peuple qui n'accepte pas de mourir, plus que jamais résolument, activement, tournés vers un avenir qui, pour nous, sera européen, ou ne sera pas.

Que pensez-vous de l'immigration ? Quelles solutions proposeriez-vous ?

Français, mais aussi Européen, je fais une différence fondamentale entre immigrations européenne et extra-européenne sur notre sol. En fait, je ne considère pas l'installation de Français sur quelque territoire européen que ce soit ou d'Européens non français sur le territoire de la France comme de l'immigration : c'est un mouvement de flux naturel entre peuples dont la vocation est de vivre dans une proximité toujours plus essentielle.

Certes, ces mouvements ne doivent pas être systématisés. J'entends par là que nous ne construirons pas l'Europe en initiant des flux de populations dans le but de détruire les identités propres aux territoires et aux régions. Sur le territoire de la France, par exemple, l'apport de populations européennes ne doit pas nous être imposé de l'extérieur.

Mon instinct identitaire s'inscrit à l'exact opposé qui consisterait à vouloir imposer des déplacements massifs de populations et, pourquoi pas, la déportation d'une partie des habitants initiaux de zones déterminées, dans le but de briser tout sentiment identitaire propre à un territoire ou une région dans le but de provoquer par la force une uniformisation européenne.

Pour revenir au sujet de votre question, je précise donc que, de mon point de vue, les flux de populations entre pays européens procèdent d'un mécanisme naturel contre lequel nous ne devons pas lutter. Au contraire, nous devons anticiper, préparer et accompagner ces mouvements. Dans les décennies à venir, il n'est par exemple pas impensable que quelques centaines de milliers d'Européens originaires des pays de l'Est viennent s'installer sur le territoire de la France. A l'exception des tziganes “roumains” ou autres que nous voyons mendier dans les rues de nos villes, les Européens de l'Est pourraient contribuer à la redynamisation d'une France débarrassée des cohortes d'immigrés inassimilables venus en particulier du Maghreb et de l'Afrique noire.

Car le nœud du problème se situe à ce niveau. Comme l'écrit Guillaume Faye, nous ne subissons pas une simple immigration, limitée, mais une colonisation de peuplement. Depuis plusieurs décennies, des peuples ethniquement et culturellement très différents du nôtre s'implantent en masse sur notre territoire. Gagnant en arrogance, ils n'ont jamais abandonné leurs modes de vie et cherchent maintenant à nous les imposer. Si ces populations se sont révélées inassimilables, il est cependant révélateur que l'intégration, aujourd'hui, se fasse en France dans les cités où Africains et Maghrébins sont majoritaires. Mais, dans ces quartiers, c'est le jeune Européen qui adopte le langage et les repères de la sous-culture black-beur ; ce n'est jamais l'inverse.

L'immigration telle que nous la subissons est nécessairement annonciatrice de heurts ethniques graves en France et plus généralement en Europe. Il faut d'ores et déjà nous y préparer. Seul le déploiement de mesures radicales d'inversion rapide et décisive des courants migratoires pourrait encore empêcher le choc violent entre les populations. Il est clair qu'il n'y a pas d'autre chose à faire que renvoyer tous les indésirables chez eux, mais il est tout aussi évident que la classe politique qui se partage les pouvoirs ne le fera surtout pas : pensez qu'en France, on voit des immigrés clandestins, donc illégaux qui, bravant la loi française et ridiculisant nos institutions, manifestent dans la rue pour exiger leur régularisation !

A nous de tout mettre en œuvre pour que cela cesse. Les Français sont dans leur très grande majorité pour l'application de mesures efficaces et radicales. Ils veulent, pour reprendre une expression chère à Pierre Sidos et à l'Œuvre française, redevenir “maîtres chez eux”. Soyons les hérauts de cette majorité de Français dans l'attente de l'apparition d'une nouvelle race de femmes et d'hommes politiques qui ne s'embarrassera plus de l'avis des lobbies et des moralisateurs cosmopolites. Persuadons-les que nous irons jusqu'au bout, sans jamais faire de concession et ils nous porteront au pouvoir pour faire ce que nous devons !

Faites-vous une place particulière à l'islam dans le problème de l'immigration ?

Oui et non.

Que les immigrés extra-européens présents sur notre sol soient musulmans, animistes, athées, protestants ou catholiques ne peut influer sur ma vision de l'immigration imposée à notre peuple. Le problème n'est pas religieux mais ethnique.

Ceux qui pensent que l'immigration est dangereuse seulement en tant qu'elle est le vecteur majeur de l'implantation de l'islam en terre d'Occident se refusent à prendre le fait dans sa globalité. Ils méconnaissent le péril ethnique lié à l'implantation de colonies arabes et africaines en Europe et en viennent très vite à penser que si l'immigration extra-européenne, aussi massive puisse-t-elle être, était un flux de populations christianisées, elle devrait être acceptée ou même attendue. En ce qui me concerne, je ne considère bien sûr pas les immigrés comme des “infidèles” à convertir.

Ceci dit, je ne doute pas que l'islam constitue le ciment capable d'unifier une part importante de la population immigrée ou issue de l'immigration dans un même combat. Comme toute religion universaliste, l'islam veut conquérir la terre entière et ses dignitaires se servent bien évidemment des populations immigrées pour s'implanter durablement sur des territoires nouveaux. L'immigré, de fait, est effectivement la tête de pont d'un islam en phase de conquête de parts de marché, arrachées en particulier aux diverses branches du christianisme. Dans cette optique, les islamistes font tout pour favoriser l'immigration musulmane et tenter d'unifier, sur le terrain conquis, les populations afro-maghrébines. Dans le cadre de violences inter-ethniques, les réseaux islamiques joueront un rôle non négligeable.

Cependant, remarquons que l'islamisation d'une partie de la population immigrée freine les unions maghrébo-européennes en particulier et donc limite le développement du métissage. Remarquons aussi, à l'inverse, que les jeunes filles issues de l'immigration, dans une proportion importante, pour fuir les contraintes d'un islam qui confine la femme à la reproduction et aux tâches ménagères, tentent d'adopter un mode vie à l'européenne et de fonder un foyer avec un Européen de souche ce qui, de notre point de vue, est assurément un phénomène inquiétant.

La place de l'islam dans l'immigration est donc difficile à cerner. Il tend à communautariser la population maghrébine, ce qui a pour effet de générer une ghettoïsation des islamo-maghrébins - on ne se sent bien qu'à l'intérieur du groupe. La frange maghrébine la plus fortement communautarisée est la plus déterminée à en découdre et à s'affronter violemment à la population européenne mais, dans le même temps, elle est la plus repérable, la moins intégrée, la moins mélangée et, par conséquent, certainement celle qu'il sera le plus facile à expulser sans ménagement avec l'assentiment d'une large majorité de Français.

Mais ce phénomène communautariste religieux se heurte au désir d'une partie de la population afro-maghrébine qui, cédant à quelques schémas occidentaux, voulant vivre en apparence à peu près comme le “Français moyen”, est susceptible de fonder des foyers mixtes : cette population, qui a vocation à se répandre, compte tenu des masses auxquelles nous sommes confrontés, représente aujourd'hui, pour la survie de notre identité ethnique, le danger majeur.

Il faut avoir conscience du pouvoir d'unification possible de la religion, mais l'islam n'est finalement qu'une des facettes de l'immigration. Ce que nous vivons, avec une acuité qui n'aura de cesse de s'amplifier, n'est pas une guerre de religion: c'est la tentative de populations fondamentalement différentes des peuples européens de nous déposséder de notre territoire et de nous détruire.

Et les Dom-Tom, comment considérez-vous leurs ressortissants ?

Je n'ai aucune nostalgie colonialiste. Les Dom-Tom sont les résidus de l'Empire colonial. Il n'est pas nécessaire de continuer à associer le sort de ces quelques territoires au destin de la France. Si, pour des raisons évidentes de stratégie liées au pas de lancement de la fusée Ariane, il nous faudra conserver la mainmise effective sur notre base de Kourou en Guyane, je considère que tout doit être mis en œuvre, y compris par une concertation avec les mouvements indépendantistes, pour que ces terres lointaines retrouvent leur liberté.

Pour ce qui est des ressortissants des Dom-Tom, je me sens proche des Européens. Ceux-ci, bien entendu, devront toujours pouvoir réintégrer leur territoire d'origine s'ils le souhaitent et être accueillis dans les meilleures conditions lorsque les départements et territoires concernés cesseront d'être français.

Les USA sont-ils pour vous des concurrents ou des ennemis ?

Les USA imposent un ordre mondial et un prêt-à-penser à vocation universelle. Entre eux et nous, c'est une question de rapport de force. Dans les décennies à venir, en terme de géopolitique, trois grands pôles vont s'affronter, partout dans le monde, et certainement pas seulement économiquement ou culturellement : les Etats-Unis, un pôle asiatique comprenant la Chine et l'Inde, puissances nucléaires et, enfin, l'Europe. L'émergence d'un pôle arabe ou africain crédible est proprement impensable à moyen terme.

Aujourd'hui, les États-Unis ne raisonnent qu'en terme de conservation de la suprématie mondiale. Par le biais de la répression sauvage à laquelle la Serbie et, plus généralement, la Yougoslavie ont été soumises, le pouvoir yankee a déployé toute sa force de persuasion pour que les collabos européens participent à favoriser l'émergence d'un pouvoir musulman au cœur de notre Europe. Ils ont aussi, à cette occasion, œuvré efficacement pour que des forces militaires européennes mettent une nation sœur à genoux. L'enjeu, pour les États-Unis - et le déluge de bombes sur la Serbie n'en est finalement qu'une des manifestations - est d'empêcher la naissance effective, réelle, d'une véritable Europe au sein de laquelle la Russie et les pays de l'est de notre continent apporteraient leur contribution.

De ce point de vue, il nous faut comprendre que nous n'existerons en tant qu'Européens qu'en nous émancipant de la tutelle américaine puis en luttant contre son hégémonie partout dans le Monde. En terme de pouvoir, il m'apparaît que les États-Unis ont parfaitement raison de tenter de nous maintenir sous leur coupe. A nous, Européens, de nous relever, de prendre pleinement conscience de notre identité, du rôle que nous pouvons jouer et de répondre à chacun des coups de cravache des présomptueux yankees par des tirs de roquettes.

Mais, malgré cela, je ne pense pas qu'il faille considérer les États-Unis comme l'ennemi prioritaire. Certes, le système américano-sioniste est bien entendu totalement hostile à l'idée même d'une Europe vraie, souveraine et fière de ses identités, mais notre seul ennemi, aujourd'hui, c'est celui qui envahit notre territoire et menace décisivement jusqu'à l'existence de nos peuples. C'est celui qui veut s'approprier nos terres, qui veut nous imposer sa “culture”, ses traditions, c'est celui qui veut profiter de ce que des dizaines de générations d'Européens, dans la sueur et le sang, ont édifié peu à peu, c'est celui qui veut prendre pour ne laisser que la désolation, le pillard invétéré qui veut faire régresser notre civilisation de mille ans pour devenir le maître. L'ennemi, aujourd'hui, c'est lui et pas l'Américain.

Les États-Unis deviendront nos adversaires privilégiés lorsque l'Europe dont nous sommes les pionniers existera. Je pense qu'alors, nous aurons assez de détermination pour leur faire très vite comprendre que nous ne cèderons plus jamais à aucune de leurs exigences à sens unique, que nous n'avons pour leur modèle que mépris. Alors, face à une Europe une, grande, fière, libre et déterminée, une Europe d'acier, les États-Unis auront le choix : soit ils nous considèreront comme des concurrents et tenteront de maintenir la présence de leur modèle ailleurs dans le monde, contre nos légitimes ambitions, contre la saine volonté de puissance des peuples européens à la dignité recouvrée, mais en évitant toute confrontation de front, soit ils se poseront comme nos ennemis et ils chercheront l'affrontement, y compris militaire, sur des théâtres d'opérations qui pourraient se situer, par exemple, au Moyen-Orient.

Aujourd'hui, on sait que Bush et sa clique souhaitent ardemment réactiver le programme américain de bouclier anti-missiles pour le porter à son terme. Dès lors, on peut être enclin à penser que les États-Unis, en voulant être capables de frapper par l'arme atomique, sans risque de riposte sur leur territoire, donc en annulant les effets du système actuel de dissuasion nucléaire et en contrevenant sciemment aux accords internationaux en la matière, ont décidé de soumettre, y compris par la force la plus brutale, l'ensemble de l'humanité.

Dans ces conditions, même si notre priorité est de récupérer la maîtrise de notre sol, ne doutons pas qu'il faudra très vite considérer les États-Unis comme l'ennemi à combattre. La nation américaine ne sera pas, alors, seulement l'ennemie de l'Europe, mais aussi celle de tout le reste du monde ou presque. L'Europe souveraine ne devra donc pas hésiter, d'ici une décennie, à s'allier, contre l'ennemi commun, non seulement avec le bloc asiatique, mais aussi, à des fins de déstabilisation de l'impérialisme américain, avec ceux que les dirigeants yankees nomment les “ pays parias ”.

Justement, quelles grandes lignes proposeriez-vous pour une politique étrangère nationaliste ?

La France doit activement participer à la construction de notre Europe. Ne soyons cependant pas dupes. Nous avons pu observer la levée de boucliers des dirigeants politiques européens à la botte des Yankees lorsqu'en Autriche, pays souverain et démocratique, les électeurs avaient largement favorisé la mise en place de Jörg Haider. Si, demain, une force identitaire accédait au pouvoir en France, de nombreux bâtons seraient mis dans les roues de notre diplomatie, y compris en Europe.

A cette objection qui s'impose immédiatement, il convient d'opposer plusieurs arguments. Tout d'abord, le combat anti-Haider s'est finalement assez vite calmé. Ensuite, la France que nous récupèrerons conservera un atout majeur qui empêchera d'emblée toute dérive de l'éventuelle montée des tensions contre nous : la dissuasion nucléaire. Enfin, si une nation comme l'Angleterre, qui restera totalement inféodée aux USA probablement encore longtemps, pourrait souhaiter réduire considérablement sa collaboration avec la France - notons que celle-ci nous pose souvent plus de problèmes qu'elle ne nous apporte de satisfactions -, par contre, tous les pays de l'Est européen en attente urgente d'une réalisation européenne à l'échelle continentale, devraient accepter avec enthousiasme les ouvertures diplomatiques que nous pourrions déployer dans le sens de cette nouvelle amitié concrète entre les peuples européens. Avec la Russie, en particulier, la collaboration devra être culturelle, économique, scientifique et militaire. Nous devrons être les artisans d'une renaissance russe. En échange, ce partenariat privilégié fera de la France un acteur majeur et même le metteur en scène de la nouvelle économie européenne. Notre volonté d'ouverture continentale pourrait également trouver un écho immédiatement favorable auprès des nations fières de leur indépendance qui, telles le Danemark, étaient opposées à toute sanction contre l'Autriche.

La mise au jour, en France, d'une politique étrangère audacieuse en direction des partenaires européens serait un formidable moteur pour la construction de cette Europe des Identités, seule chance pour nous d'exister en terme de géopolitique mondiale.

A l'instar de ce que font systématiquement les États-Unis pour les partisans du modèle nord-américain, il ne faudra pas non plus hésiter à mettre tous les moyens possibles à disposition des forces militantes identitaires dans les autres pays européens. C'est au prix de cette solidarité que nos idées pourront, d'ici vingt ans, vertébrer l'Europe nouvelle.

En parallèle de l'axe européen, la nécessité de développer l'axe euro-asiatique s'imposera. Les Asiatiques, devant les Européens, refusent le diktat américain. Il faudra donc coopérer, au moins économiquement, avec l'ensemble du continent asiatique, afin de contribuer à contrecarrer toute ingérence et toute influence des USA sur la politique des nations asiatiques.

Enfin, au Proche et au Moyen-Orient, notre diplomatie devra être particulièrement active afin de réduire la toute-puissance israélienne. Dans la mesure de nos possibilités, il sera de notre devoir d'apporter la logistique, y compris militaire, qui fait cruellement défaut, bien sûr aux Palestiniens, mais aussi aux pays arabes les mieux équipés et qui est fournie à l’entité sioniste par la puissance américaine et, aujourd'hui encore, par l'ensemble de l'Occident.

L'enjeu de la politique étrangère que nous mènerions serait de faire de la France le moteur d'un vaste déploiement faisant de l'Europe, dans la strate de la géopolitique mondiale, la concurrente efficace, crédible, conquérante et incontournable des USA dont la puissance serait amenée à être réduite par notre seule action. Notre politique étrangère devrait constituer, dans cette dynamique, le point de départ de la constitution d'un véritable Empire européen, fier, puissant et sans complexe.

Les notions de droite et de gauche ont-elles pour vous une valeur ? Sont-elles des référents opportuns ?

Une des erreurs les plus graves commises par le FN et le MNR, en terme de marketing politique, est le positionnement “à droite toute”. Se revendiquer d'une “droite nationale” restreint d'emblée la cible électorale et, en tout état de cause, ne correspond pas à la réalité de ce que sont, essentiellement, des hommes comme moi. Le FN et le MNR, par cette revendication partisane, se coupent de facto d'un électorat traditionnel de “ gauche ” pourtant animé de préoccupations identitaires qui montent en puissance.

A l'heure du péril ethnique, les référents de gauche et de droite générés par des idéologies adoucies, échos lointains de la lutte des classes, ne peuvent plus être opérants. Pour nous, militants identitaires, l'enjeu est de mobiliser par-delà les clivages politiciens désuets.

Le choix devra bientôt se faire non entre ces référents traditionnels, mais entre forces cosmopolites, droite et gauche confondues, et forces identitaires, ni de gauche, ni de droite.

Nous n'en sommes plus à la lutte des classes, mais à celle des peuples !

Les mouvements nationalistes radicaux semblent s'être spécialisés tout au long de leur histoire contemporaine dans le rôle des harkis de la droite nationale. Est-ce une stratégie ou le résultat même d'une absence de stratégie ?

Ayant observé le phénomène de l'intérieur du FN, puis du MNR, je sais que les dirigeants et la majeure partie des cadres intermédiaires de la droite nationale considèrent les radicaux comme de la “chair militante”. Si, aujourd'hui, le MNR semble s'ouvrir plus sur les éléments et les groupes nationalistes, c'est uniquement par désarroi. Ce parti n'a plus de militants et voit ses cadres prendre un important recul. L'élément radical, dans cette ambiance délétère, représente la cellule de sang neuf désespérément recherchée par la formation agonisante.

Les discours parfois “durs” de Mégret se heurtent à une stratégie molle d'alignement sur les positions ultra-conservatrices du MPF.

L'inutilité de l'entrisme de nos militants au sein de l'une des formations de la droite nationale n'est plus à démontrer. Mais, à l'époque où le FN était incontournable, sans concurrent et où les radicaux n'avaient guère d'autre choix pour s'exprimer, avec une faible résonance, aucune stratégie viable, efficiente, ne pouvait être mise en place. L'apport, en termes de services d'ordre ou de force militante de pointe, offert par les mouvements nationalistes radicaux au Front national était alors, en une certaine façon, une fatalité.

Aujourd'hui, un vaste espace politique propre, encore vierge, s'ouvre pour une expression identitaire sans concession. Dans ce contexte nouveau, continuer à servir des mouvements nationaux qui, eux, n'ont plus d'avenir, serait une ineptie. Cela constituerait une grave erreur; pire, un péché!

Que pensez-vous de l'opportunité de constituer une organisation radicale en marge du MNR et du FN ?

Cette opportunité est enfin opérante. La manœuvre de Mégret, qui a abouti à la partition du FN, désastreuse pour une droite nationale alors en stagnation et déjà largement sclérosée, marque la fin d'une époque. L'émergence d'une force radicale, en marge d'un FN et d'un MNR se flinguant à vue, est maintenant techniquement possible. L'implosion du FN, en même temps que la prodigieuse montée d'un sentiment identitaire fort et sans concession, nous dégagent un champ politique gigantesque et inexploré, donc inexploité.

La constitution d'une organisation radicale à usage du grand public, plus qu'une simple opportunité, est devenue une nécessité pressante. L'efficacité de notre action passe forcément par là : l'histoire nous attend !

Les Français ne rejettent plus les idées que nous représentons. Ils sont, pour la première fois, largement préparés à l'expression, enfin au grand jour, de notre radicalité. Ils sont même, dans une grande proportion, surtout parmi les jeunes, en attente fébrile et urgente de l'expression identitaire que nous sommes les seuls à pouvoir poser en pleine lumière.

Car Le Pen et Mégret, trop conformistes, trop tributaires du système, trop “bourgeois”, bien trop droitiers, au plus profond d'eux, ne seront jamais les porte-parole, avec la vigueur, la sincérité attendues, de cette radicalité identitaire.

La question ne se pose même pas en terme de choix entre travailler avec les structures nationales-conservatrices ou créer une organisation radicale électoraliste indépendante, car celles-là arrivent au terme de leur existence. La seule question est : comment préparer efficacement les lendemains des élections législatives et présidentielles au sein de cette force nationaliste-identitaire neuve et pleinement revendiquée, dont nous posons ici les fondements ?

L'édition de ce livre d'entretiens est d'ores et déjà la démonstration patente que cette préparation est en marche, que la révolution a déjà été faite dans bien des têtes, que la mécanique est lancée.

Nous avons brûlé nos vaisseaux et plus rien ne pourra nous ramener sur les rivages de la droite nationale. Nous sommes déjà au grand large, partis pour une nouvelle aventure, décisive celle-là. En avant!

La politique occupe une part importante de votre vie. Quand vous cessez d'être un militant, que faites-vous ?

Quatre heures, le matin. Après plusieurs jours d'intense activité militante, après le meeting de ce vendredi soir, la veillée dans notre permanence agenaise, avec quelques camarades de combat, je rentre chez moi. Mais, presque au bout de l'épuisement pourtant, comme d'habitude, je ne peux pas encore trouver le sommeil. Alors, je prends une douche et lance sur le magnétoscope la cassette du Mépris de Jean-Luc Godard. En ces instants, j'aime la façon dont le metteur en scène coupe le dire et dont il brise la forme. Puis, au petit matin, je fais la tournée d'inspection de mes aquariums, je redispose quelques verres dans une des vitrines de ma vaste collection consacrée à la bière, je sors pour assister au réveil des poissons dans le vaste bassin à lotus avant, si c'est la saison, d'aller arroser mes plans de cucurbitacées dont je suis aussi collectionneur.

Homme tranquille ? Peut-être pas tout à fait. J'ai décidé de prendre le train de sept heures quatorze pour Paris, comme ça. Une fois là-bas, après avoir dormi quatre heures dans le compartiment SNCF, j'irai me balader le long du canal Saint-Martin, je passerai devant l'hôtel du Nord avant d'aller boire une ou deux bières avec les derniers Titis de Ménilmontant.

Ensuite, toujours fidèle à ma réputation, je changerai de genre pour, dans un tourbillon frénétique et assourdissant de couleurs, de formes et de sons, faire la tournée des boîtes et des lieux de vie les plus excessifs de la capitale, en commençant par le before du Gibus pour terminer par l'after des Folie's ou de l'Enfer, juste sous le parvis de la gare Montparnasse, avant, vidé, totalement épuisé, de reprendre le train pour Agen. Le cycle va pouvoir reprendre. Bien plus tard, j'écrirai certainement quelques pages.