Henning Eichberg

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Henning Eichberg, né le 1er décembre 1942 à Schweidnitz en Silésie en Allemagne (de nos jours, Świdnica en Pologne) et mort le 22 avril 2017 à Odense au Danemark, est un sociologue allemand, de tendance nationale-révolutionnaire. Il a été l'un des initiateurs de la Nouvelle droite allemande.

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Il a défendu l'idée d'un « néo-nationalisme », conçu comme un « nationalisme de libération » (Befreiungsnationalismus). Il a été le créateur du concept d'ethnopluralisme et a joué un rôle de précurseur dans l'élaboration du concept politique d'identité.

Dans ses publications, il a utilisé les pseudonymes de Jan Fiebig, Ottokar, Hartwig Singer, Thorsten Sievers et Swers.

Au milieu des années 1990, il s'éloigne définitivement des cercles de la Droite intellectuelle. Installé au Danemark, il adhère au Parti socialiste populaire danois (Socialistisk Folkeparti).

Biographie

Originaire de Silésie, une province allemande annexée au lendemain de la seconde guerre mondiale à la Pologne, Eichberg vit sa prime enfance en République Démocratique Allemande (RDA) pour arriver, avec ses parents, à l’âge de sept ans à Hambourg. Très tôt, à peine adolescent, il entre dans la dissidence politique.

Son premier engagement se fait, vers treize ou quatorze ans, dans la Deutsch-Soziale Union[1] d’Otto Strasser, où il milite de 1956 à 1959. En 1961, il passe à la VDNV de Venohr et Schenke.

Le nouveau théoricien du mouvement national-révolutionnaire en Allemagne

Par la suite, il sera un rédacteur régulier de la revue Nation Europa, fondée par Arthur Ehrhardt. Cette collaboration durera de 1961 à 1974. Il collabore aussi au Deutscher Studenten-Anzeiger, à la Deutsche National-Zeitung, au Soldatenzeitung mais aussi, et surtout, à la revue de débats Junges Forum. Il acquiert alors la réputation d’être devenu le principal théoricien du mouvement national-révolutionnaire en RFA.

Cette assiduité militante ne l’empêche nullement de réussir de brillantes études de sociologie, notamment en explorant des thèmes tels que l’histoire de la technique et la sociologie du sport (sujet sur lequel il poursuivra une longue carrière universitaire, en Allemagne comme au Danemark). Sa culture actualisée et non nostalgique fait de lui la figure jeune la plus prometteuse de la petite mouvance néo-droitiste en Allemagne dans les années 1960.

En 1966 il participe à un camp d’été des militants français de Fédération des étudiants nationalistes. Il est impressionné par la détermination révolutionnaire de ces militants français mais aussi par leur volonté de renouer avec les traditions socialistes et syndicalistes de leur pays. Eichberg voit éclore un nouveau socialisme « pour les Européens de demain ». Ces années ont vu naître, chez les nationalistes français et allemands, l’idéal d’une « Nation Europe ».

De l'ANR à la NRAO

En 1972, Eichberg est le premier, avec quelques camarades, à créer un mouvement qui a porté l’étiquette de « nouvelle droite », l’Aktion Neue Rechte. Il en rédige les statuts et en fixe les principes. Le principe premier de l'ANR devait être le « nationalisme de libération » (Befreiungsnationalismus). Ce « nationalisme de libération » devait se déployer dans une Europe et un monde divisés en deux blocs, l’un communiste, l’autre capitaliste. Cette division incapacitante et humiliante postulait la solidarité inconditionnelle avec le combat de toutes les minorités ethniques au sein des Etats, avec tous les peuples privés de leur souveraineté nationale par les superpuissances américaine et soviétique donc avec le peuple allemand, victime de ce duopole.

Il infléchira cette opposition extra-parlementaire non gauchiste vers le corpus doctrinal allemand d’avant-guerre, celui des nationaux-révolutionnaires et des nationaux-bolcheviques. Ce retour à des sources datant de la République de Weimar s’effectuera dans des structures parallèles, comme la Sache des Volkes/NRAO, une organisation qu'il cofonde en 1974.

Eichberg entend clairement poursuivre un but : inciter la gauche politique à prendre davantage en considération la question nationale. Il est, à partir de ce moment, persona grata dans certains cercles de gauche. Il peut publier ses articles dans certains de leurs organes tels Pflasterstrand, das da et Ästhetik & Kommunikation. Il participe au congrès fondateur du mouvement des Verts en 1979 dans le Bade-Wurtemberg. Il cultive alors l’espoir de voir émerger, à partir du mouvement écologique, une « troisième voie », éloignée des fixismes de droite et de gauche. Mais il est rapidement déçu par le conformisme qui s'empare des Verts.

Une nouvelle tribune pour Eichberg : Wir Selbst

Eichberg, en développant le concept d'ethnopluralisme, rejoint Guillaume Faye à l'époque où celui-ci termine la rédaction, en 1981, de son premier livre, Le système à tuer les peuples. Toujours au même moment, entre 1979 et 1981, Eichberg théorise le « nationalisme de libération » (Befreiungsnationalismus), expression politique de son anthropologie pluraliste. Au cours de ces années-là, Eichberg entame une longue collaboration à la revue Wir Selbst, fondée en 1979 par Siegfried Bublies à Coblence, une publication prestigieuse et pionnière en bien des domaines. Eichberg avait déjà publié un ouvrage programmatique, intitulé Nationale Identität. Là aussi, il joue un rôle de pionnier sur le plan du vocabulaire, un inventeur de termes percutants : le vocable « identité » connaîtra, à partir de ce moment, de multiples avatars pour définir toute une mouvance contestatrice des idées dominantes.

Pendant la querelle des missiles en Europe au début des années 1980, quand les Allemands surtout contestent l’installation de missiles américains sur leur sol national, une fraction de la gauche, dont Peter Brandt, le fils de Willy Brandt, s’ouvre à la question nationale et rêve de la réunification, qui ne surviendra qu’après la perestroika de Gorbatchev. Eichberg, dans ce contexte nouveau, demeure toujours soucieux d’opérer des ruptures avec tous les ronrons politiciens ; il suit cette évolution de la gauche dutschkiste de manière plus qu’attentive, en même temps que Bublies. Il parvient à se faire pleinement accepter chez ceux qui, quelques années auparavant, se seraient déclarés ses ennemis : il accorde des entretiens dans plusieurs revues de la gauche intellectuelle allemande, dont Ästhetik und Kommunikation, Pflasterstrand, etc. Ce nouvel infléchissement trouvera son apothéose lors d’un débat avec Klaus Rainer Röhl, qui fut l’époux d’Ulrike Meinhof de la Bande à Baader, et Rudi Dutschke, leader de la contestation étudiante en 1967-68. Le titre du débat était significatif : « National ist revolutionär ».

Passage à gauche

Au cours de cette décennie, Eichberg garde certes ses tribunes dans Wir Selbst mais s’éloigne de plus en plus des droites nationales allemandes, tout en acceptant, dès 1982, des postes de professeur d’université au Danemark. De plus en plus, Eichberg se met à estimer que les droites sont condamnées à la stagnation et à l’implosion. Ses modèles restent certes Lévi-Strauss mais il mobilise aussi Michel Foucault, du moins partiellement, sans sombrer dans le festivisme délirant du philosophe français. Il voit en Foucault le philosophe qui a su prouver que les Lumières du 18ème siècle n’étaient pas libératrices mais au contraire avaient déployé toutes sortes de stratégies pour discipliner les corps d’abord, les peuples ensuite. La rigueur du communisme soviétique et la mise au pas doucereuse des âmes et des corps par le consumérisme américain sont donc des avatars pervers des Lumières, qui dissimulent leurs stratégies derrière un discours lénifiant. C’est là un point de vue partagé, mutatis mutandi, par Guillaume Faye qui, pourtant, n’a jamais trop sollicité Foucault mais plutôt le dionysisme de Michel Maffesoli.

Dans les années 1990, Eichberg franchit le cap et passe dans les rangs de la gauche officielle : il cesse de collaborer à Wir Selbst et adhère au Parti socialiste populaire danois (Socialistisk Folkeparti). Il ne collaborera plus qu’aux revues théoriques de ce parti. Il rédigera aussi une partie de ses programmes[2]. Dans un dernier ouvrage théorique majeur qui, en quelque sorte, récapitule ses thèses en anglais, The People of Democracy (2004), Eichberg rappelle qu’il a toujours été un disciple de Herder, de Grundvigt et de Buber. Son apport à la sociologie universitaire réside essentiellement dans une critique des sports olympiques, trop standardisés à ses yeux et ne tenant pas compte des innombrables particularités ludiques, religieuses et physiques que revêtent les sports nationaux et tribaux chez les peuples non occidentaux et qu’ont revêtu également bien des sports populaires oubliés ou refoulés chez les Européens.

Thèses principales

Après s'être intéressé en profondeur à l’empiriocriticisme, il s'adonne à l’instrumentalisation métapolitique de diverses méthodologies tirées des sciences sociologiques et de leurs applications pratiques, notamment une expérience en Indonésie qui le conduira à développer un thème majeur de sa pensée, celui de l’ethnopluralisme : s’il existe certes un « syndrome occidental », qu’il avait posé comme « supérieur », le conduit à accepter comme phénomènes objectifs les modes de vie et les cultures des peuples non occidentaux. L’option ethnopluraliste était née.

Si Eichberg a eu une influence évidente sur le groupe français autour de la revue Nouvelle École[3], en métapolitisant l’empirisme logique pendant une brève période au début des années 1970, filon que les Français complèteront en sollicitant les œuvres de Louis Rougier et de Louis Vax. Cependant, cette piste restera en jachère, tant en Allemagne qu’en France, et les néolibéraux s’en empareront en la couplant aux idées métapolitiques de Karl Popper, à la différence que, pour Mach, était scientifique ce qui était observable et vérifiable, tandis que pour Popper, est scientifique ce qui est réfutable, position qui relie la forme poppérienne du libéralisme à la fois au criticisme déconstructiviste des gauchismes tirés plus ou moins des thèses de l’École de Francfort, au gendérisme qui réfute même ce qui est physiquement irréfutable, aux critiques des « sociétés fermées » et donc aux stratégies subversives des ONG de Soros (qui rejettent ce qui est vérifiable pour privilégier une praxis constante de « réfutation pour la réfutation »).

Dès la fin des années 1970, Eichberg abandonne lui aussi le filon empiriocriticiste, qu’il avait qualifié d’ « occidental », qu’il considérait comme l’apothéose de la pensée occidentale/européenne et comme l’indice le plus patent de l’identité européenne. Il opte pour une critique sociologique des « habitus » (Bourdieu), des modes vie standardisés de la société de consommation occidentale et américanisée, qui affecte durement la société allemande des années qui ont suivi immédiatement le miracle économique. Cet infléchissement de sa pensée s’effectue en parallèle avec bon nombre de filons classés à gauche, dans le cadre de la pensée contestatrice qui s’impose définitivement dans nos paysages intellectuels européens et nord-américains après les événements de 1968.

Sous l’influence d’une lecture du philosophe et ethnologue français Claude Lévi-Strauss, explorateur des sociétés les plus primitives, notamment en Amazonie, Eichberg théorise l’ethnopluralisme, idée-guide pour laquelle chaque peuple développe une culture propre, qui est un éventail de stratégies vitales disposant de leurs logiques et de leurs raisons propres et qu’il convient de ne pas édulcorer ou éradiquer. Seule la préservation de ces acquis ethnologiques, anthropologiques et historiques permettra de maintenir un monde sainement bigarré, non aligné sur un modèle unique comme celui de l’américanisme.

Publications

  • (sous le pseudonyme de Hartwig Singer): Nationalismus ist Fortschritt. Eine Studie über die jungen fortschrittlichen Nationalisten in Frankreich um die Zeitschrift Europe-Action, numéro spécial Junges Forum, Hamburg, 1/67, 1967
  • Mai 68. Die französischen Nationalisten und die Revolte gegen die Konsumgesellschaft, Sonderausgabe Junges Forum, 1/69, 1969
  • Sozialismus von „rechts“. Ein historischer Abriß, cahier thématique Junges Forum, Hamburg, 2/70, 1970
  • Nationale Identität. Entfremdung und nationale Frage in der Industrie­gesellschaft, Lan­gen-Mül­ler, Munich, 1978
  • National ist revolutionär. Was Rudi Dutschkes Thesen zur nationalen Frage für die Linken bedeuten. In: Das da – avanti, 11: 16–17 – extrait in: Peter Brandt / Herbert Ammon 1981 (Hgg.): Die Linke und die nationale Frage, Rowohlt, Reinbek, 1978
  • Minderheit und Mehrheit, Westermann, Braunsch­weig, 1979
  • (en tant qu'éditeur): Walter und Anna Lindemann – Die proletarische Freidenker-Bewegung. Ge­schichte, Theorie und Praxis, Leipzig-Lindenau 1926, 1980; deuxième édition (= Reihe Arbeiter­kultur. 2), Atalas, Braunsch­weig; 2. Aufl. Lit, Münster 1981; postface : Proletarische Freidenker – Über eine alternative Kulturbewegung, die in der Rechristianisierung der Linken untergegangen ist
  • (avec Dieter Mützelburg et alii) Sport, Bewegung und Ökologie, Stu­diengang Sportwissenschaft der Universität, Bremen, 1984
  • Abkoppelung. Nachdenken über die neue deutsche Frage, Koblenz, Verlag Siegfried Bublies, 1987
  • (avec Poul Engberg) Folkenes Europa (Europa der Völker), Folkeforsk & Nor­disk Folkehøjskole­fore­ning, Odder/DK, 1989
  • Die Geschichte macht Sprünge. Fragen und Fragmente, Verlag Siegfried Bublies, Koblenz, 1996 [rééd. 2023], 223 p.
  • (avec Jørn Møller) Mellemfolkelig idræt. En håndbog om leg og kultur med etniske mindretal (Sport international - Sport transnational. Les relations entre jeux, cultures et minorités ethniques), DGI forskning, Vejle/DK, 1997
  • (éd. avec Signe Abildå et alii) På kryds og tværs i kulturpolitikken (Croisements et échanges dans la politique culturelle), éd. à l'initiative de la commission culturelle du Socialistisk Folkeparti, SP forlag, Århus, 1997
  • (éd. avec Finn Bygballe et Søren Møller) Demokrati og kropslighed (Démocratie et corps humain), Bavnebanke, Gerlev, 1999
  • Volk – wer wo was oder warum nicht? Arbeitsthesen zu einer humanwissenschaftlichen Volkstheorie. In: Volkslust, Hamburg, 1, 6–11, 2004
  • The People of Democracy. Understanding Self-Determination on the Basis of Body and Movement, Klim, Århus, 2004.

Articles parus en français

  • « Mort de l'idée olympique », in : Nouvelle École, no 33, été 1979.
  • « Trois dimensions de tirers - Vers une philosophie des jeux populaires », trad. Guy Jaouen, intervention aux Rencontres internationales des jeux traditionnels, Nantes, 3.-5. octobre 2002.

Bibliographie

Notes et références

  1. A ne pas confondre avec la Deutsche Soziale Union, fondée en 1990.
  2. Malgré son engagement clair et ses contributions à ce parti de gauche, Eichberg continuera à être considéré comme un « suspect » par les « antifascistes » de la gauche radicale allemande, pour laquelle son passage à gauche n'aurait été qu'une tentative d' « infiltration ».
  3. Au début des années 1970, alors qu'il est professeur assistant à l'Université de Stuttgart à l'Institut d'études sociales, Eichberg est le secrétaire général de rédaction de Nouvelle École pour l'Allemagne.