Vu de droite
Par ce titre, il ne s'agit pas pour l'auteur d’être « à droite », mais « d'être de droite ». L'ennemi n’est ni « la gauche » ni « le communisme » ni encore « la subversion », mais bel et bien cette « idéologie égalitaire » dont les formulations, religieuses ou laïques, métaphysiques ou prétendument « scientifiques », n’ont cessé de fleurir depuis deux mille ans, dont les « idées de 1789 » n’ont été qu'une étape et dont l'occidentalisation actuelle du monde est l'inévitable aboutissement.
Citation
« A l’origine, Vu de droite ne se présentait pas vraiment comme un livre de « formation », puisqu’il s’agissait d’un simple recueil de recensions de livres, dont je n’avais pu choisir les sujets qu’en fonction de l’actualité éditoriale. S’il est par la suite apparu comme tel, c’est sans doute en raison d’une certaine unicité de regard, d’une certaine grille d’interprétation, reflet de la structuration idéologique de l’auteur. Le titre, je ne l’ignorais pas lorsque je l’ai choisi, n’était pas dénué d’équivoque. Dès la première page, j’écrivais d’ailleurs : « Pour l’heure, les idées que défend cet ouvrage sont à droite ; elles ne sont pas nécessairement de droite. Je peux même très bien imaginer des situations où elles pourraient être à gauche. Ce ne sont pas les idées qui auraient changé, mais le paysage politique qui aurait évolué. On verra ce qu’il en adviendra avec le temps ». Un quart de siècle plus tard, on a vu en effet ce qu’il en est advenu : le paysage politique s’est totalement modifié.
Lorsque Vu de droite a été réédité, il y a un an, j’aurais donc pu tout aussi bien l’intituler Vu de gauche ou Vu d’ailleurs. Je ne l’ai pas fait pour ne pas perturber le lecteur — et aussi parce qu’il s’agissait précisément d’une réédition —, mais je me suis longuement expliqué, dans une nouvelle préface destinée à mettre le livre en perspective, sur les transformations subies par le paysage politico-intellectuel au cours des dernières décennies. Il serait aisé de montrer que des idées parfaitement identiques ont, au fil du temps, « voyagé » de droite à gauche ou de gauche à droite. Il serait aisé également de montrer que les notions de droite et de gauche n’ont aujourd’hui plus aucune valeur opératoire dans la mesure où tous les grands problèmes actuels créent des fractures « transversales » au sein des différentes familles politiques. L’essentiel demeure mon indifférence complète vis-à-vis de ce genre d’étiquettes. Je pense que c’est une grave erreur de faire de l’examen des étiquettes un préalable au jugement. Plutôt que des idées de droite ou de gauche, il n’y a finalement que deux catégories qui comptent : les idées justes et les idées fausses.
Si j’avais aujourd’hui à réécrire Vu de droite, il est clair que j’y ferais figurer nombre d’auteurs, d’ouvrages, de problématiques qui étaient tout naturellement absents de la première édition, puisqu’ils ne sont apparus que par la suite. Mais un tel travail serait inutile, puisque j’ai eu l’occasion d’aborder la plupart de ces sujets dans les livres, les essais et les articles que j’ai publiés entre-temps. »
Réponse d'A. de Benoist à un entretien au site <felin.identitaire.free.fr> en 2002.