Louis Pauwels

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Louis Pauwels est un journaliste et écrivain français, né à Paris en 1920 et mort à Suresnes en 1997.

Jacques Bergier et Louis Pauwels

Il fonde avec Jacques Bergier la revue Planète, consacrée à la science, à la philosophie et à l'ésotérisme, qu'il dirige pendant six ans. En 1960, il écrit avec Jacques Bergier Le Matin des magiciens. En 1978, il crée le Figaro Magazine, qu’il dirige jusqu'en 1993.

Biographie

Né à Gand, en Belgique, mais élevé en France par Gustave Bouju, son beau-père tailleur du fait du remariage de sa mère française. Un soir d’automne, à la sortie de l’école elle dit à son fils qui venait d’avoir sept ans que son père, le Gustave Bouju dont elle était la femme, n’était pas son vrai père ; que son père était un bourgeois belge, du nom de Pauwels, d’une riche famille gantoise et qu’elle avait naguère épousé. Le déracinement, la trop grande différence sociale avaient rapidement conduit cette union au naufrage. « Longtemps, dire mon nom que j’appris si tard dans l’épouvante fut un tourment. Je déclarais mon identité avec un sentiment de gêne et d’étrangeté. Ce jour-là, tenant ma mère par la main, je fus déraciné et replanté de biais.» Il se retrouvait ainsi, et définitivement, entre deux, entre deux milieux, entre deux cultures, «un hybride, comme il le dira, familial et social».C’est à cette fracture initiale, que l’on doit cette quête d’unité qu’il ne pouvait trouver qu’en Dieu, ce cheminement étrange et erratique qui le mena de la discipline sévère de Gurdjieff au tardif refuge dans un catholicisme qu’il adapta à son usage. C’est aussi ce qui aiguisa son ambition et son désir de parvenir. Parvenir n’est pas le mot juste car il n’eut jamais rien d’un parvenu mais distant, élégant, s’habillant avec recherche, aimant les belles étoffes et les parfums, dandy peut-être jusque dans ce qu’il cultivait à merveille, le plaisir aristocratique de déplaire. Il voulut s’établir, illustrer son nom, ce nom qu’il s’était si difficilement approprié.

Les débuts

À la Libération, il participe à la fondation de « Travail et Culture » en 1946 (proche du PCF, destinée à la culture des masses, dont il est le secrétaire), puis entre dans les groupes Gurdjieff en 1948 pour quinze mois, à l’issue desquels il devient rédacteur en chef de Combat en 1949 et éditorialiste au quotidien Paris-Presse . Il dirigera (entre autres) la Bibliothèque Mondiale (précurseur du « Livre de Poche »), Carrefour, le mensuel féminin Marie Claire, et la revue Arts et Culture en 1952. Il publie pendant cette période plusieurs romans, dont le très remarqué L’amour monstre, qui sont considérés comme des romans d’avant-garde, malgré leur style plutôt classique. L’amour monstre reçut des voix au Prix Goncourt 1955 et est cité par Serge Gainsbourg dans sa célèbre chanson « Initials B.B. ». C’est entre 1946 et 1955 que Louis Pauwels publia l’essentiel et le meilleur de son œuvre romanesque.

Le Matin des magiciens

Avec Jacques Bergier (rencontré en 1954 alors qu’il était directeur littéraire de La Bibliothèque Mondiale), il écrivit en 1960 Le Matin des magiciens, considérable succès de librairie – deux millions d’exemplaires vendus.

Le 25 novembre 1960, il interviewe Maurice Papon, préfet de police de Paris, faisant un portrait de lui en tant que « philosophe humaniste » ; Papon vient de publier L’ère des responsabilitésn.

En 1961, il interviewe l’écrivain Louis Ferdinand Céline.

Toujours avec Bergier (ainsi que François Richaudeau), il fonde en octobre 1961 la revue bimestrielle Planète (environ 150 pages, format carré, 17 x 17 cm) qui paraîtra jusqu’en mai 1968 (elle sera relancée la même année sous le titre Le Nouveau Planète; 64 numéros au total entre les deux éditions). Diverses études hors-série plus fouillées seront publiées dans une collection par auteurs appelée « Encyclopédie Planète » (chaque volume comptant environ 250 pages – une trentaine de volumes) et les 17 « Anthologies Planètes » déléguées à Jacques Sternberg regrouperont de courts textes d’auteurs sur un sujet donné.

Le Matin des magiciens et son prolongement périodique, la revue Planète, valent à Louis Pauwels la célébrité et créent un engouement en France pour le paranormal, les civilisations disparues et les mystères de la science.

Ses lecteurs y découvrent, pour la première fois en France, une sorte de compilation des grandes théories de l’homme occidental revisitées à la lumière de la spiritualité orientale. Le projet, précisé par les auteurs en introduction, est le suivant: «Le fantastique à nos yeux n’est pas l’imaginaire. Mais une imagination puissamment appliquée à l’étude de la réalité découvre que la frontière est très mince entre le merveilleux et le positif.» Un salmigondis de paranormal, d’extraterrestres et de philosophie tout à fait dans la lignée de l’enseignement du grand gourou de l’époque, le philosophe russe Gurdjieff (auquel Pauwels avait consacré un ouvrage en 1954). La publication du livre coïncide avec le renouveau de la science-fiction américaine. C’est d’ailleurs Louis Pauwels qui a introduit Lovecraft en France, dans la collection « Lumière interdite » dont il eut la charge chez Denoël.

L'aventure de la revue Planète

Le succès de la revue Planète et du concept de Réalisme fantastique est tel que Louis Pauwels peut développer un petit groupe de presse, les Éditions Retz, qui publie deux autres revues, Plexus, magazine érotique, et Pénéla, magazine féminin, tous deux sur le même format carré et à dos carré que Planète, dont la promotion est assurée par le slogan « La première revue de bibliothèque ». Planète connaît une douzaine d’éditions en langue étrangère et suscite des débats de 1961 à 1970, les uns ne voyant dans la revue qu’une imposture intellectuelle et scientifique, les autres (dont Henri Laborit) appréciant son anticonformisme et son apport à une société française alors en pleine mutation. La polémique est aujourd’hui largement éteinte et Planète est considérée par certains comme une revue de haute tenue, dont les approximations dans l’information, les délires ésotériques ou ufologiques, les apologies de la drogue étaient en partie compensés par un rédactionnel et une iconographie en phase sur son temps.

Elle contribua également à faire mieux connaître du grand public des auteurs comme Borges, Keyes, Clarke, Sheckley et Brown.

Du JDD au « Fig Mag »

Louis Pauwels arrête Planète au début des années 1970, lassé de répéter une formule qui était de toute façon tombée dans le domaine public, aussi bien dans la forme (la revue de même format Janus) que dans le contenu (la série des livres L’aventure Mysterieuse des Éditions J’ai lu). Il se concentre alors sur une nouvelle revue, Question de, orientée uniquement sur la spiritualité. Parallèlement il rédige de nombreux articles pour Le Journal du dimanche en 1975–1976.

En 1977, il dirige les services culturels du Figaro, où il établit les bases du Figaro Magazine, hebdomadaire dont il assume la direction jusqu’en 1993.

« Nous ne faisons pas un news magazine qui doit suivre l’actualité. Nous travaillons au-dessus d’elle, nous sommes les vigiles du temps. Notre magazine est un objet d’art.» Il est, de fait, l’artisan du succès foudroyant de l'hebdomadaire, qui s'ouvre rapidement aux plumes du GRECE.

Lancé en 1977, le titre s’impose vite comme un des succès des années 80. Le combat de Louis Pauwels et de ses collaborateurs se vend à 400 000 exemplaires après dix semaines, et flirte régulièrement avec le million d’exemplaires par la suite. La victoire de Mitterrand, en 1981, dope dans l’effroi et l’adversité son patron et ses fidèles troupes: Marianne déguisée en fatma, l’Afrique du Sud blanchie par Michel Droit, les éditos d’Alain Griotteray… jusqu’à l’affaire du «sida mental», point d’orgue de son durcissement idéologique et début de l’effritement des ventes (-20% depuis 1986).

Il se charriait lui-même, s’amusant d’être devenu « l’idole des bourgeois ». Mais il savait aussi le malentendu qui l’opposait à son public : « L’ironie de ma position, écrivit-il peu de temps avant sa mort, c’est que j’étais souvent au Figaro en opposition avec les gens qui m’approuvaient. Leurs raisons n’étaient pas les miennes. Ils pensaient à tort que je défendais leurs privilèges. J’ étais frappé de leur manque d’intérêt pour la culture. Ils n’en acceptaient et n’en retenaient que ce qui les confortait dans leur statut de bourgeois.»

Membre fondateur de la Fondation Marcel et Monique Odier de Psycho-Physique à Genève en 1992 avec Gabriel Veraldi et Rémy Chauvin, il fut aussi la même année le 1er parrain de Nouvelles, l’École du journalisme à Nice, école privée non reconnue par la profession.

Le retournement

Revenu à la foi catholique, il a pris ses distances avec sa période Planète.

Alain de Benoist lui dédia ainsi son livre Comment peut-on être païen ? en 1981 (éd. Albin Michel), peu avant sa conversion de novembre 1982 à Acapulco, provoquée par un accident que Louis Pauwels jugeait incompréhensible. De cette chute, ce corps brisé et bientôt ficelé sur un brancard furent les signes d’une conversion : « J’eus sourdement et peu à peu la conviction d’avoir à me relever dans un tout autre état intérieur.»

Vie familiale

Louis Pauwels fut marié en première noces à Suzanne. Ils eurent une fille, Marie-Claire, journaliste qui obtint le Prix Roger-Nimier en 2003 pour Fille à papa, une biographie de son père ; et un fils, François, patron pêcheur à Trouville, restaurateur à Paris. Il épousa en secondes noces l’actrice Élina Labourdette, avec qui il adopta une fille, Zoé.

Positions

La jeunesse atteinte du « sida mental »

Le 6 décembre 1986, devant le spectacle des lycéens et étudiants qui manifestent contre le projet de loi Devaquet, Louis Pauwels publie un éditorial, « Le Monome des zombies », dans le Figaro Magazine. Son constat amère sur l'état de la jeunesse française, qu'il compare à un « sida mental », car on est alors en pleine psychose au sujet du sida, fera hurler les bien-pensants :

« Il y a cependant de l'authentique dans ce qui pousse étudiants et lycéens à manifester. On ne s'est pas assez avisé de la dégradation de notre environnement culturel dans les années 1980. Ces jeunes avaient entre 8 et 14 ans en 1981. Ce sont les enfants du rock débile, les écoliers de la vulgarité pédagogique, les béats de Coluche et Renaud nourris de soupe infra idéologique cuite au show-biz, ahuris par les saturnales de "touche pas à mon pote", et, somme toute, les produits de la culture Lang. Ils ont reçu une imprégnation morale qui leur fait prendre le bas pour le haut. Rien ne leur paraît meilleur que n'être rien, mais tous ensemble, pour n'aller nulle part. Leur rêve est un monde indifférencié où végéter tièdement. Ils sont ivres d'une générosité au degré zéro, qui ressemble à de l'amour mais se retourne contre tout exemple ou projet d'ordre. L’ensemble des mesures que prend la société pour ne pas achever de se dissoudre : sélection, promotion de l'effort personnel et de la responsabilité individuelle, code de la nationalité, lutte contre la drogue, etc., les hérisse. Ce retour au réel leur est scandale. Ils ont peur de manquer de mœurs avachies. Voilà tout leur sentiment révolutionnaire. C'est une jeunesse atteinte d'un sida mental. Elle a perdu ses immunités naturelles ; tous les virus décomposants l'atteignent. Nous nous demandons ce qui se passe dans leurs têtes. Rien, mais ce rien les dévore. Il aura suffi de cinq ans pour fabriquer dans le mou une telle génération. Serait-ce toute la jeunesse ? Certainement pas. N'ayant pas à courtiser les minus, osons dire que c'est la lie avec quoi le socialisme fait son vinaigre. »


Citations

« La chrétienté ne fut religieuse que dans l’Église. Respect aux Églises de la méditation, de la prière, de la philosophie, de l’art, de l’ordre. Mais l’Église s’écroule, et le chrétien originel resurgit, ennemi de tout. Que fut l’histoire de l’Église ? Un effort sublime pour contenir et raisonner la folie chrétienne. Une alchimie pour transmuter le poison chrétien en un aliment de vie religieuse et de vertus civilisatrices. C’est clair pour moi : le rôle historique du sacerdoce fut d’assurer officiellement la garde du christianisme, mais pour l’empêcher de redescendre dans la rue avec des bombes anti-société et anti-culture. C’est pourquoi l’Église, doctrine et corps d’une science d’empire, fut la civilisation. Mais quoi ! l’Église meurt. Le troisième millénaire s’ouvre sur cette disparition considérable. C’est alors que le christianisme primitif s’échappe des nefs sous lesquelles l’Église le cachait. Et il nous reparaît tel qu’en lui-même : incompatible avec la civilisation, avec toute civilisation. Un cardinal désespéré [= Jean Daniélou] m’a dit : « Si nous séparons l’Évangile de l’Église, celui-ci devient fou ». Il ne pouvait pas dire : redevient fou. Il n’en pensait pas moins. Avant lui, Joseph de Maistre avait écrit : « L’Évangile hors de l’Église est un poison ». »

Ouvrages

Le Matin des magiciens
  • Saint quelqu'un, Paris, Le Seuil, 1946.
  • Les Voies de petite communication, illustrations de Robert Lapoujade, préface de François Mauriac, Le Seuil, 1949.
  • Paris des rêves, Lausanne, Éd. Clairefontaine, 1950.
  • Le Château du dessous, Paris, Gallimard, 1952.
  • L'Amour monstre, Paris, Le Seuil, 1955.
  • Monsieur Gurdjieff : documents, témoignages, textes et commentaires sur une société initiatique contemporaine, Paris, Seuil, 1954.
  • (avec Jacques Bergier), Le Matin des magiciens : introduction au réalisme fantastique, Paris, Gallimard, 1960.
  • (avec Jacques Bergier), L'Homme éternel, Paris, Gallimard, 1970.
  • (avec Q. Pol), La Roulette du Bon Dieu : incroyables mais vraies, 200 histoires, Paris, Hachette, 1971.
  • Président Faust. textes et poèmes originaux du film de Louis Pauwels et Jean Kerchbron, Paris, Albin Michel, 1974.
  • Blumroch l'admirable, ou Le déjeuner du surhomme, Paris, Gallimard, 1976.
  • (avec G. Breton), Histoires fantastiques, Paris, Albin Michel, 6 tomes publiés entre 1977 et 1983.
  • Catalogue de l'exposition Dali, Bruxelles, Éd. de la Connaissance, 1956.
  • Les Passions selon Dali, Paris, Denoël, 1968.
  • (avec L. Havas), Les Derniers Jours de la monogamie, Éd. Mercure de France 1969.
  • Lettre ouverte aux gens heureux et qui ont bien raison de l'être, Paris, éd. Albin Michel, 1971.
  • La Confession impardonnable, Éd. Mercure de France, 1972.
  • Louange du tabac, Éd. Trinckvel, 1972.
  • Ce que je crois, Paris, Grasset, 1974.
  • (direction), L'Arche de Noé et les naïfs, Éditions Max Fournt, 1977.
  • (avec G. Breton), Nouvelles histoires magiques, Paris, Albin Michel, 1978.
  • Comment devient-on ce que l'on est ?, Paris, Stock, 1978.
  • L'Apprentissage de la sérénité, Paris, Retz, 1978.
  • Le droit de parler, Paris, Albin Michel, 1981.
  • La liberté guide mes pas : chroniques, 1981-1983, Paris, Albin Michel, 1984.
  • Dali m'a dit, Paris, Carrère, 1989.
  • Dix ans de silence : poésies, Paris, Grasset, 1989.
  • Les Orphelins, Paris, Éditions de Fallois, 1994.
  • Les Dernières Chaînes, Monaco, Éditions du Rocher, 1997.
  • Un jour, je me souviendrai de tout, Monaco, Éditions du Rocher, 2005.

Bibliographie

Cité dans

  • COLLECTIF, Raskar Kapac momifie Hergé pour l’éternité, Raskar Kapac hors série, n°5, printemps 2023, p. 22.

Prix

  • Prix Albert Olivier en 1974
  • Prix René de Chateaubriand en 1978 pour L'Apprentissage de la sérénité.
  • Prix Saint-Marc de la ville de Venise en 1981
  • Grand prix du Roman de la ville de Paris en 1995 pour Les orphelins.
  • Le prix Louis Pauwels est créé en sa mémoire en 1997.