République slovaque (1939-1945)

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La République slovaque (Slovenská republika) était un Etat national slovaque indépendant qui a existé entre 1939 et 1945.

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La République slovaque était alliée à l'Allemagne durant la Deuxième guerre mondiale. Elle occupait le territoire que représente la Slovaquie actuelle, à l'exception de quelques districts repris par la Hongrie.

Sa création a été réalisée en 1939, en parallèle à la création du Protectorat de Bohème-Moravie par l'Allemagne. La République indépendante est proclamée le 14 mars 1939. Son Président était le prélat et homme politique Jozef Tiso. L'invasion soviétique de la Slovaquie le 4 avril 1945 met un terme à son existence.

Histoire

Genèse du nationalisme slovaque

La Slovaquie a longtemps constitué une partie du Royaume de Hongrie. Après la chute de Buda en 1541 aux mains des Ottomans, et l'occupation de la Hongrie jusqu'à la fin du xviie siècle, Presbourg devient la capitale et la ville de couronnement de la couronne de Hongrie. La Hongrie rejoint l'Empire Habsbourg en 1699.

Les débuts d'un éveil identitaire se manifestent sous Joseph II, notamment après l'abolition du servage en 1785. La magyarisation des domaines religieux, administratifs et judiciaires dans le royaume de Hongrie engendre par riposte un engouement en Haute-Hongrie pour la langue slovaque attesté par une première codification en 1787.

Au xviiie siècle, sous l'influence du panslavisme, un nationalisme slovaque voit le jour. En 1847, une version codifiée du slovaque par Ľudovít Štúr est acceptée par catholiques et luthériens (une version codifiée par Anton Bernolák au xviiie siècle n'étant accepté que par les catholiques, les protestants utilisant jusqu'alors une version slovaquisée du tchèque - ces concepts panslaves continuent à être soutenus par certains intellectuels, tels que Ján Kollár et Pavel Jozef Šafárik même après 1847).

À la suite du Printemps des peuples de 1848, pendant lequel les Slovaques se rangent au côté des Autrichiens contre les Hongrois, le nationalisme slovaque continue à se développer, avec la création de l'association culturelle Matica slovenská en 1863, le Musée national slovaque, et le Parti national slovaque en 1871. Néanmoins, peu après la création de la Double Monarchie en 1867, qui confirme le maintien de la Slovaquie sous contrôle hongrois, ces institutions sont fermées.


En 1906, le Parti populaire slovaque est créé. Le père Andrej Hlinka en devient le président en 1913 et le restera jusqu'à son décès en 1938. En 1907, une Ligue slovaque est fondée par des exilés à Cleveland aux USA.

À la suite du traité de Saint-Germain-en-Laye de 1919 mettant fin à la Première Guerre mondiale, la Slovaquie, la Bohême et la Moravie (et jusqu'en 1938 la Ruthénie) sont réunies pour donner naissance à un Etat artificiel, la Tchécoslovaquie. Une autonomie avait été promise aux Slovaques par Masaryk en juin 1918 (déclaration de Pittsburgh) mais elle restera lettre morte.

Les élections de 1923 marquent l'ascension du Parti populaire slovaque, qui revendique alors un statut d'autonomie pour la Slovaquie. Il devient le premier parti en Slovaquie, qui représente un tiers de la population de la Tchécoslovaquie. Aux côtés de Andrej Hlinka, Mgr Jozef Tiso en devient l'idéologue et le principal tribun.

Pour apaiser les tensions, le gouvernement tchécoslovaque nomme en 1927 Mgr Tiso au poste de ministre de la Santé et des Sports jusqu'en 1929.

L'autonomie

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Les 29 et 30 septembre 1938, les accords de Munich prévoient le rattachement à l'Allemagne des régions habitées majoritairement par les Allemands et la cession d'une partie de la Silésie tchécoslovaque à la Pologne. Le président tchécoslovaque Beneš démissionne le 5 octobre. Le 30 novembre 1938, l'Assemblée nationale et le Sénat élisent Emil Hácha président de la deuxième république tchécoslovaque. La Slovaquie proclame alors son autonomie dans le cadre de la Tchécoslovaquie. Le 19 novembre 1938, l'assemblée nationale tchécoslovaque cède et accorde l'autonomie à la Slovaquie et à la Ruthénie subcarpatique. Mgr Jozef Tiso, en tant que président du Parti populaire slovaque, première force politique du pays, devient, le 7 octobre 1938, président du gouvernement autonome slovaque, fonction qu'il occupe jusqu'au 9 mars 1939.

La Hongrie de l'amiral Horthy, qui n'avait jamais totalement accepté la division de son territoire imposée par le traité de Trianon, fait alors pression auprès de l'Allemagne et de l'Italie (la France et le Royaume-Uni se désintéressant de la question) pour récupérer « ses » Sudètes (partie de la plaine du Danube au sud de la Slovaquie où, aujourd'hui encore, vit une minorité magyare, majoritaire dans ces communes). C'est l'arbitrage de Vienne, conséquence de l'annexe première des accords de Munich qui, en novembre 1938 cause la perte du tiers du territoire de la Slovaquie au profit de la Hongrie.

À la fin de l'année 1938, tous les partis politiques slovaques (à l'exception des communistes et des sociaux-démocrates) se rangent sous la bannière du Parti de Tiso qui prend désormais pour nom celui de Parti populaire slovaque de Hlinka-Parti de l'unité nationale slovaque (Hlinkova slovenská ľudová strana - Strana slovenskej národnej jednoty, HSĽS-SSNJ). En janvier 1939, tous les partis politiques sont interdits à l'exception du HSĽS-SSNJ qui devient ainsi le parti unique des nationaux slovaques, du Deustche Partei (Parti allemand) représentant la minorité allemande de Slovaquie et du Magyar Párt (Parti hongrois) représentant la minorité hongroise de Slovaquie.

L'indépendance

Le 9 mars 1939, les autorités tchécoslovaques limogent Mgr Tiso de son poste de président du gouvernement autonome slovaque. Perdant patience, Adolf Hitler convoque Tiso à Berlin, le 13 mars et le somme de déclarer l’indépendance « avec la rapidité de l’éclair » sinon la Slovaquie sera partagée entre la Hongrie et la Pologne.

Mgr Tiso contacte alors Emil Hácha, le président tchécoslovaque et Karol Sidor, le nouveau président du gouvernement autonome slovaque, pour obtenir leur accord. L’assemblée slovaque (slovenský snem) est convoquée le 14 mars et l’indépendance de la République slovaque proclamée le jour même. Le 15 mars, les armées allemandes occupent la Bohême-Moravie.

Jozef Tiso devient le 1er Président le 26 Octobre 1939, élu à l’unanimité par le Parlement pour un mandat de 7 ans. La République slovaque , au contraire du Protectorat de Bohême-Moravie, bénéficie d’une véritable indépendance.

Le Parti populaire slovaque est rebaptisé Parti populaire slovaque de Hlinka. Le Parti est traversé par deux courants principaux. Le premier est celui représenté par Mgr Tiso, de tendance nationale-catholique, catholique sociale, corporatiste et conservatrice. La deuxième est représentée par l'organisation de la Garde de Hlinka, une organisation paramilitaire, fondée en octobre 1938. Elle fait partie intégrante du Parti mais ses chefs, comme Vojtech Tuka et Sano Mach, prônent des transformations révolutionnaires, s'inspirant du national-socialisme allemand. Ils réclament aussi un engagement plus actif de la République aux côtés du Troisième Reich. Mgr Tiso tient à préserver l'unité du Parti dans le tout nouvel État indépendant. Pour cette raison, le 16 mars 1939, il nomme Vojtech Tuka, qui a succédé à Karol Sidor à la tête de la Garde de Hlinka, et qui est en même temps le principal leader de la tendance radicale du Parti, au poste de ministre de l'Intérieur. Le 2 novembre 1939, Tiso le nomme Premier ministre.

Les tensions perdureront pourtant dans le gouvernement entre les deux tendances du Parti. Les radicaux, qui souhaitent une véritable révolution nationaliste et un engagement plus actif aux côtés de l'Axe, tentent même un coup d'État en janvier 1941, qui échoue, affaiblissant leur position. En revanche, ils obtiennent un alignement sur l'Axe : le 24 novembre 1940 la Slovaquie a adhéré au Pacte tripartite, le 25 novembre 1941 elle adhère au Pacte anti-Komintern et, le 12 décembre 1941 elle déclare la guerre aux États-Unis et à la Grande Bretagne. Le petit pays envoie aussi 50'000 volontaires, soit deux divisions, sur le Front de l'Est.

Population et vie sociale

85 % des 2 650 000 habitants de la nouvelle république sont Slovaques, les 15 % restant étant constitué de Hongrois, de Juifs, d'Allemands et de Roms. 50 % de la population vivent de l'agriculture. La capitale, Bratislava compte plus de 120 000 habitants.

Cette première république slovaque promeut l'enseignement et la culture slovaques : une académie des sciences slovaque est fondée en 1942, de nombreuses universités et lycées sont créés, la littérature et la culture slovaque se développent en lieu et place du cosmopolitisme et du panslavisme de l'État tchécoslovaque fondé sur le droit du sol.

Alors que la plus grande partie de l'Europe est en pleine guerre, la République slovaque est relativement prospère et stable. Son agriculture est en pleine croissance et permet d'importantes exportations. Cette situation assure à Mgr Tiso une grande popularité dans le pays.

La fin de l'indépendance

En avril 1945, l'Armée rouge envahit la Slovaquie. Le 4 avril, Bratislava tombe et la République indépendante disparaît.

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