Les chevaliers Porte-Glaive
Les chevaliers Porte-Glaive (= Fratres miliciae Christi de Livonia, Ritterschaft Christi von Livland) sont un ordre militaire séculier organisé en 1202 par Théodoric von Treyden et Albert von Buxthoeveden, évêque de Riga. Ce sont entre ses mains que les premiers d'entre eux font leurs vœux, en 1204. Il leur ordonne de porter pour habit une robe de serge blanche avec la chape ou manteau noir, sur lequel il y a du côté de l'épaule gauche une épée rouge croisée de noir, et sur l'estomac deux pareilles épées passées en sautoir.
Leur ordre est confirmé par Innocent III, qui leur donne pour règle celle des hospitaliers du Temple, et les envoie en Livonie pour défendre les prédicateurs de l'Evangile contre les infidèles. L'évêque de Riga, à qui ils sont subordonnés, leur abandonne le tiers des conquêtes qu'ils pourraient faire. Il est composé de moines guerriers venus de l'Empire pour christianiser les populations baltes. Après des succès durant les premières décennies du XIIIe siècle, et notamment la conquête de la Livonie et de la Courlande, les frères sont nommés chevaliers de Livonie. Ces derniers ont vaincu sous leur second Grand Maître, Foulques Schenk von Winterfeld, en 1236, durant la bataille de Schaulen contre les Samogitiens (Žemaičiai ou Žemaitē), un sous-groupe des Lituaniens. Hermann von Salza parvient à obtenir le rattachement des chevaliers Porte-Glaive survivants à son Ordre l'année suivante. Ils restent toutefois un peu à part de l'OT. Les Porte-Glaive abandonnèrent leur signe distinctif : deux épées croisées sur leur manteau blanc, pour la croix pattée noire.
Les chevaliers Porte-Glaive et quelques chevaliers teutoniques prennent ensuite l'Esthonie aux Russes et aux Danois, et Hermann von Balk s'y installe en souverain, ainsi qu'en Livonie. Les Estoniens sont évangélisés.
Avec le soutien du pape et de l'empereur du Saint-Empire romain germanique, avec l'appui des chevaliers Porte-Glaive, les chevaliers teutoniques tentent de prendre Novgorod et d'autres territoires russes. Les deux armées se rencontrent, le 5 avril 1242, au lieu-dit La pierre du corbeau, sur la glace du lac Peïpous près de Pskov. Les combats se déchaînent. L'affrontement est rude, les mêlées sanglantes sont atroces. Le prince Alexandre Nevski commande des armées russo-mongoles très nombreuses. 400 chevaliers, dont une vingtaine de l’Ordre teutonique, généralement âgés, meurent souvent noyés du fait du poids de leurs armures. Cette bataille met une limite à l'expansion des Germains à l'est de l'Europe. Dorpat, ville russe, reste aux mains des Teutoniques. Néanmoins, comme l'écrit Sylvain Gouguenheim : L'expansion de l'Ordre reste bloquée sur les frontières du monde orthodoxe.
Les chevaliers Porte-glaive restent sous la dépendance des chevaliers teutoniques jusqu'en 1525, époque à laquelle Walter von Plettenberg rachète à Albert de Brandebourg le duché de Livonie et reconstitue l'ordre.
Sources
- Histoire de l'Ordre teutonique, Volume 1, Wilhelm Eugen Joseph Wal (Baron von), Veuve Valade, 1784.
- Sylvain Gouguenheim, Les Chevaliers teutoniques, Tallandier, Paris, 2007.
- Henry Bogdan, Les Chevaliers teutoniques, Perrin, 1995
- Alain Demurger, Chevaliers du Christ : Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, XIe-XVIe siècle, Seuil, 2002.
- Kristjan Toomaspoeg, Les Chevaliers teutoniques, Flammarion, 2001.
- Danielle Buschinger, Les Chevaliers teutoniques, Ellipses Marketing 04/06/2007.