Bernard Faÿ

De Metapedia
Aller à : navigation, rechercher

Bernard Faÿ, né le 3 avril 1893 et mort le 31 décembre 1978, est un historien, un auteur et un homme politique français.

Il a joué un rôle important dans la lutte contre la franc-maçonnerie, notamment sous le gouvernement de l'État français.

Biographie

Les Premières Années

Bernard Faÿ est né à Paris le 3 avril 1893, à deux pas de la place de la Concorde, au dessus de l'étude notariale de son père,11 rue St Florentin. Cinquième d'une famille de sept enfants, à l'âge de sept ans il est atteint de la poliomyélite et doit rester à la maison jusqu'à quatorze ans, instruit par un précepteur M. Paysant, sa mère et ses frères. Il passe son baccalauréat au lycée Condorcet, puis une licence de lettres classiques à la Sorbonne. Il obtient l'agrégation en 1914 à la veille de la déclaration de guerre.

Ses frères partent pour le front, l'un officier de cavalerie dans l'armée de Champagne, un autre officier de marine en Méditerranée, un autre officier d'artillerie dans l'Est, l'aîné aviateur sera mitraillé sur la Somme le 18 mai 1918. Le benjamin accompagne des convois maritimes en Orient.

Réformé définitif en raison de son handicap, Bernard Faÿ s'engage comme volontaire dans le service des ambulances militaires. Il est affecté à l'administration parisienne de la Croix-Rouge, puis à l'hôpital belge de Calais, enfin sur le front de Verdun pour seconder un chirurgien expérimenté, le Dr. Bouvier. Il reçoit la Croix de Guerre en 1917, ainsi que la Croix Léopold II de Belgique.

Après la guerre il obtient une bourse universitaire " Victor Chapman " en 1919 et part pour l'Amérique, d'abord " Graduate Student " à Harvard University, diplômé " Master of Arts " en 1920, puis chargé de cours à l'université de Columbia et à celle de l'Iowa de 1920 à 1923.

Il est nommé en 1923 professeur de littérature à l'université de Clermont-Ferrand. Il continue à faire de nombreux séjours aux Etats-Unis où il donne des conférences en français ou en anglais, dans les universités de Northwestern, Chicago, Buffalo, Pasadena, Kenyon, et pour l'Alliance Française. Il parcourt l'Europe : Angleterre, Belgique, Hollande, Allemagne, Hongrie, Espagne, Italie, Scandinavie. Il est élu membre d'honneur de l'American Antiquarium Society, du Phi Bèta Cappa, et reçoit le prix Thérouane de l' Académie Française et la médaille Jusserand de l'American Historical Association. En 1917 il reçoit le prix Saint Louis décerné par la Presse Monarchique et Catholique.

La Vie Littéraire

Sa thèse de doctorat l'Esprit Révolutionnaire en France et aux Etats-Unis à la fin du 18ème siècle est publiée en 1924 par les éditions Champion et traduite en anglais par les éditions Harcourt Brace à New York. Dès lors il ne cessera de publier. Ses portraits d'écrivains, parus dans la revue Les Nouvelles Littéraires, sont publiés aux éditions Kra/Le Sagittaire sous le titre " Panorama de la Littérature Contemporaine " et traduits en anglais par les éditions Little Brown à Boston sous le titre Since Victor Hugo. Parmi ses œuvres les plus lues Benjamin Franklin Bourgeois d' Amérique, Georges Washington Gentilhomme, Roosevelt et son Amérique, La Franc-Maçonnerie et la Révolution intellectuelle du 18°siècle, L'Homme mesure de l'Histoire. Il traduit également des auteurs américains, Sherwood Anderson, et l'Autobiographie d'Alice Tocklas écrite par Gertrude Stein.

Il écrit aussi pour de nombreux journaux français et américains : Le Correspondant, Le Figaro, New-York Times, Saturday Review, La Revue de Paris, etc... Lors d'un reportage sur la guerre d'Espagne il rencontre l'ambassadeur de France à Madrid, le Maréchal Pétain.

A trente-neuf ans il est nommé titulaire de la chaire de Civilisation Américaine au Collège de France. Ses cours rencontrent un réel succès, il est l'un des plus brillants universitaires de son époque.

Figure du tout-Paris de l'entre-deux-guerres, il côtoie écrivains, musiciens et artistes* , Raymond Radiguet, Erik Satie, Francis Poulenc, Marc Allégret, Valéry Larbaud, Philippe Soupault, André Gide, Marcel Proust, Jean Cocteau, Tristan Tzara, Eugène Chiriaeff, Paul Morand, et bien d'autres comme il le racontera dans " Les Précieux ". Son amie la sculptrice Antoinette Champetier de Ribes n'est jamais loin. Il partage les idées monarchistes de L' Action française, mais ne s'impliquera jamais en politique. Quand il n'est pas en voyage, il reçoit chez lui rue Saint Guillaume, professeurs, artistes, écrivains, journalistes, intellectuels européens ou d'outre-Atlantique.

La Bibliothèque Nationale

En 1939, quand éclate la seconde guerre mondiale, il a quarante cinq ans et reprend du service à la Croix Rouge. Lorsque les Allemands occupent la France, la population n'a d'autre alternative que de supporter leur présence, à moins de s'exiler comme le fait alors l'administrateur de la Bibliothèque Nationale de l'époque, embarqué sur le "Massilia" avec un groupe de députés. Le maréchal Pétain demande à Bernard Faÿ de le remplacer, ce qui apparaît à cet universitaire poliomyélitique comme le meilleur " front " pour défendre son pays. Il accepte le poste d'Administrateur Général de la Bibliothèque Nationale, sans en ignorer les pièges.

Certains officiers allemands cultivés envisageant d'emblée d'emporter à Berlin tous les trésors de la Bibliothèque Nationale, il fallut jouer adroitement pour pour les en dissuader. Pendant toute la guerre Bernard Faÿ défend pied à pied le patrimoine qui lui a été confié. Il profite de ses frtéquentes relations avec Vichy pour fournir à la Résistance des informations de première utilité et intègre le réseau Mithridate. A la Libération il ne quitte pas son poste, de crainte que la BN ne soit pillée. Pas un livre, pas une médaille, pas une estampe, pas un manuscrit n'a disparu - contrairement à beaucoup d'œuvres du Louvre. Il a réussi à préserver non seulement l'intégralité du contenu de la Bibliothèque Nationale et de la Mazarine, mais également, cachées à Paris ou en province, de nombreuses bibliothèques publiques ou privées, celles du Sénat, de la Marine, du Ministère de la Guerre, des Montmorency-Luxembourg, Rothschild, Fürstenberg, Foch, Poincaré, les bibliothèques de la Société de Géographie, de Chartres, de Lorient.

La Franc-Maçonnerie

Le Maréchal Pétain considérant la Franc-Maçonnerie comme un état dans l’Etat, une organisation internationale en lien avec les loges allemandes, avait ordonné la fermeture de toutes les loges de France, et le classement de leurs archives par une équipe de la Bibliothèque Nationale. Pendant près de trois ans des lois contre le secret maçonnique furent appliquées, l'identité de certains dignitaires maçons - inscrite dans leurs annuaires - révélée par le Journal Officiel, et certaines de leurs archives rendues publiques par la revue " Documents Maçonniques ". En 1942, Pierre Laval lui-même franc-maçon, revenu au pouvoir comme premier ministre, restreignait Bernard Faÿ dans sa responsabilité au sein du service des sociétés secrètes, lequel d'ailleurs ne représentait qu'une activité secondaire dans l'administration de cette grosse maison qu'est la Bibliothèque Nationale et laissa les loges se reconstituer. Bernard Faÿ devint leur bouc-émissaire. Il reçut des menaces de mort, l'une signée " le sacrificateur rituel : Vous avez voulu anéantir la Franc-Maçonnerie en la dévoilant à la curiosité sacrilège des profanes, vos jours sont comptés! ".

Le jour de la Libération des policiers font irruption dans son bureau de la rue de Richelieu, sans mandat administratif pour le mettre en prison. A Fresnes, à la Santé, puis à Drancy, (cf :*extrait du journal de Sacha Guitry) il subit les interrogatoires d’un inspecteur de police, M. Le Poittevin, dont les insinuations sur sa prétendue collaboration avec la Gestapo, son prétendu rôle dans la déportation de francs-maçons - bien qu'il n'y ait pas eu de déportations pour motif de franc-maçonnerie - et son prétendu antisémitisme, visent à le faire condamner à mort. Il répond point par point, mais son sort est scellé d‘avance. Lors du procès des sociétés secrètes devant les tribunaux d’exception, en décembre 1946, son avocat Maître Chresteil tentera en vain de présenter de nombreux témoignages en sa faveur, et de démontrer que les accusations relèvent de la vengeance passionnelle sans s’appuyer sur des faits concrets. Dans l’atmosphère de règlements de comptes de la Libération, une foule assiste au procès, militants communistes, journalistes à scandale, résistants de la dernière heure. Bernard Faÿ échappe de justesse à la peine de mort, mais est condamné aux travaux forcés à perpétuité, à la confiscation de tous ses biens et à « l’indignité nationale », qualificatif infâmant, récemment créé par le Général De Gaulle. Ces tribunaux d'exception disparaissent rapidement, sans laisser la possibilité de faire appel.

Bernard Faÿ est incarcéré pour travaux forcés à perpétuité au bagne de Saint Martin de Ré, puis au pénitencier de Fontevraud. Plusieurs recours en grâce sont bloqués bien que le président Vincent Auriol et son entourage soient favorables à sa libération. Au bout de sept ans de prison, désespérant de recouvrer sa liberté par la voie légale et même de sauver sa vie car il est gravement malade, poliomyélitique, il a en prison contracté la maladie du bronze. Ses reins sont atteints gravement, et c'est à la faveur d’un séjour de soins à l’hôpital d’Angers qu'il réussit à s’évader. Il se réfugie en Suisse, à Fribourg, en espérant la « grâce médicale » du président Coty (signée du Garde des Sceaux d’alors François Mitterrand ), ainsi que la restitution de ce qui reste de ses biens - dont beaucoup ont été vendus par l'administration des Domaines - et l’annulation de « l’indignité nationale ».

De retour chez lui en 1957, il poursuit son travail d’historien.

Les Dernières Années

De son amère détention, Bernard Faÿ rapporte deux essais d'une grande élévation spirituelle : " La Réalité intérieure "et " De la Prison de ce Monde ". Au cours de ses vingt dernières années, il produit de nombreux ouvrages historiques de référence, largement diffusés, dont certains en relation avec Jean François Chiappe, avec Pierre Gaxotte, avec André Castelot . Les éditions académiques Perrin publient: " la Grande Révolution ", " Louis XVI ou la fin d'un monde ", " Naissance d'un monstre, l'Opinion Publique", " L' Aventure Coloniale ", "Les Précieux ", " La guerre des trois fous, Hitler, Staline, Roosevelt ", " Beaumarchais ou les fredaines de Figaro " , " Jean-Jacques Rousseau ou le rêve de la vie ", " Rivarol et la Révolution ". Catholique traditionnel, il publie aussi : " L'Ecole de l'Imprécation " et " l'Eglise de Judas ", où il exprime son désaccord avec le Concile Vatican II.

A quatre-vingt cinq ans, entouré des siens , il s'éteint à Tours le 31 décembre 1978.

Ouvrages et publications

Histoire et histoire littéraire

  • 1925 : Bibliographie critique des ouvrages français relatifs aux États-Unis (1770-1800), Paris, Librairie Ancienne Edouard Champion
  • 1925 : L'esprit révolutionnaire en France et aux États-Unis à la fin du XVIIIe s. , Paris, Librairie Ancienne Edouard Champion, prix Thérouanne de l'Académie française
  • 1925 : Panorama de la littérature contemporaine, Paris, Editions du Sagittaire
  • 1926 : L’Empire américain et sa démocratie en 1926, Paris, article dans Le Correspondant, tome 267, n° 1526.
  • 1927 : Faites vos jeux, Paris, Grasset.
  • 1928 : Vue cavalière de la littérature américaine contemporaine, article dans la Revue hebdomadaire, 12 et 19 mai 1928.
  • 1929 : Benjamin Franklin, bourgeois d'Amérique, Paris, Calmann-Levy, 315 pages, prix Marcelin Guérin de l'Académie française en 1932.
  • 1931 : Benjamin Franklin, citoyen du monde, Paris, Calmann-Levy, 288 pages.
  • 1930 : Essai sur la poésie, in : Revue européenne, août-septembre 1930.
  • 1932 : George Washington, gentilhomme, Paris, Bernard Grasset, 300 pages.
  • 1933 : Roosevelt et son Amérique, Paris, Librairie Plon, 287 pages.
  • 1935 : La Franc-maçonnerie et la révolution intellectuelle du XVIIIe, Paris, Edition de Cluny, 286 pages.
  • 1937 : Les forces de l'Espagne : voyage à Salamanque, Paris, S.G.I.E.
  • 1939 : Civilisation américaine, Paris, Editions du Sagittaire, 299 pages.
  • 1939 : L’Homme, mesure de l'histoire. La recherche du temps, Paris, Labergerie
  • 1943 : L’Agonie de l'Empereur (récit historique), Paris, Éditions Fernand Sorlot, 91 pages.
  • 1952 : De la prison de ce monde, journal, prières et pensées (1944-1952), Éditions du Sapin Vert, 187 pages, rééd. Paris, Plon, 1974.
  • 1954 : Pensées, Maximes et Apophtegmes choisis par M. Elphège du Croquet de l'Esq, Paris, Éditions du Conquistador, 92 pages
  • 1959 : La grande révolution, Paris, Librairie Académique Perrin, 476 pages.
  • 1961 : L’École de l'imprécation ou Les Prophètes catholiques du dernier siècle (1850-1950), Vitte
  • 1961 : Louis XVI ou la fin d'un monde, Paris, Librairie Académique Perrin, 378 pages.
  • 1962 : L'aventure coloniale, Paris, Librairie Académique Perrin, 602 pages.
  • 1965 : Naissance d'un monstre, l'opinion publique, Paris, Librairie Académique Perrin, 443 pages.
  • 1966 : Les Précieux, Paris, Librairie Académique Perrin, 307 pages.
  • 1969 : La Guerre des trois fous, Hitler, Staline, Roosevelt, Paris, Librairie Académique Perrin, 443 pages.
  • 1970 : L’Église de Judas ?, Paris, Plon.
  • 1970 : Beaumarchais ou les Fredaines de Figaro, Librairie Académique Perrin, 415 pages.
  • 1974 : Jean-Jacques Rousseau ou le Rêve de la vie, Paris, Librairie Académique Perrin, 395 pages.
  • 1978 : Rivarol et la Révolution, Paris, Librairie Académique Perrin, 290 pages.

Préfaces

  • Le duc de Montmorency-Luxembourg, premier baron chrétien de France, fondateur du Grand Orient : sa vie et ses archives de Paul Filleul
Interview 
  • C'est très probablement lui qui organise le long interview de Henry-Haye, ambassadeur de Vichy auprès des États-Unis, édité chez Plon en 1972, sous le titre La grande éclipse franco-américaine.

Sous Pseudonyme

Bernard Faÿ a utilisé le nom de plume d’Elphège du Croquet de l’Esq pour signer un ouvrage :

  • Pensées, maximes et apophtegmes choisis des moralistes français et étrangers à l’usage de la jeunesse studieuse (1954) paru chez Du conquistador en 1957. La préface est signée de son vrai nom.

Traductions

  • 1933 : co-traduction et préface de Gertrude Stein, Américains d'Amérique, histoire d'une famille américaine
  • 1934 : traduction de Gertrude Stein, Autobiographie d'Alice Toklas; réédité en 1965 par les éditions d'art Lucien Mazenod et constituant le 49ème volume de la collection "Les écrivains célèbres" (tirage de 7000 exemplaires - arch. pers.).

Bibliographie

  • Antoine Compagnon, Le cas Bernard Faÿ : du Collège de France à l'indignité nationale, Paris, Gallimard, coll. « La Suite des temps », 2009, 224+12 p.
  • Philippe Baillet, « Entre Gertrude Sein et Philippe Pétain : Bernard Faÿ par-delà les clichés », in : Philippe Baillet, Le parti de la vie : clercs et guerriers d'Europe et d'Asie, Saint-Genis: Akribeia, 2015, 241 p., p. 117-1131.


  • Philippe Blanchon, Gertrude Stein, Gallimard, collection Folio biographies, 2020.

Liens externes

  • Site de l'Association « Les amis de Bernard Faÿ Historien » (Recueil des archives et publications de Bernard Faÿ) : [1]