Sigrid Hunke

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Sigrid Hunke, née le 26 avril 1913 à Kiel et décédée le 15 juin 1999 à Hambourg, est une orientaliste, historienne des religions et islamologue allemande, proche de la Nouvelle droite.

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Elle s'est rendue célèbre par son ouvrage Le soleil d'Allah illumine l'Occident, où elle avance la thèse d'un monde occidental particulièrement redevable à l'Orient islamique.

Elle a aussi dirigé le mouvement des Unitariens allemands.

Biographie

Formation

Sigrid Hunke est née en 1913 à Kiel, dans la famille d’un libraire. Après son baccalauréat, elle cherche d'abord à suivre une formation musicale. Elle réalise quel­ques compositions et écrit quelques nouvelles et romans. Mais elle se réoriente rapidement pour l'université. Elle étudie dans sa ville natale, puis à Fribourg et à Berlin, les religions comparées, la philosophie et la psychologie, la philologie germanique et l’histoire, et se passionne pour l'essai scientifique. Ses maîtres furent notamment Hermann Mandel, Martin Heidegger, Ludwig Ferdinand Clauss et Nicolai Hartmann.

L'ouvrage le plus connu de Sigrid Hunke, paru en 1960 en édition française

Elle adhère à la NSDAP le 1er mai 1937. Elle entre en 1938 à la direction de la Nationalsozialistischen Studentenbunde (NSDStB) et travaille à son service des relations publiques à Berlin. En 1940, elle passe sa thèse de phi­losophie avec Eduard Spranger. Elle suit à la Humboldt-Université de Berlin les cours de Ludwig Ferdinand Clauss et soutient une thèse sous sa direction en 1941, consacrée à l'influence de « modèles étrangers » sur l'homme allemand.

À partir de 1940-1941, sa sœur Waltraud et elle participent aux travaux de l'Ahnenerbe et donne des articles à sa revue Germanien. Heinrich Himmler la met en contact avec le grand mufti de Jérusalem, Al-Husseini.

Elle épouse le futur diplo­mate de la RFA, Peter H. Schulze, à qui elle donnera trois enfants : un fils, qui deviendra professeur d’histoire contemporaine, et deux fil­les, l’une enseignante, l’autre médecin.

Le premier ouvrage qui la rend célèbre est Am Anfang waren Mann und Frau [À l’origine, il y avait l’homme et la femme], une psychologie des relations entre les sexes, un livre qui a été lu dans les commissions du Bundestag, quand il s’a­gissait de codifier les articles assurant l’égalité en droit de l’homme et de la femme. Elle résume sa thèse principale par : « dans le mythe germanique, les deux versions confondues, il y a­vait à l’origine l’Homme et la Femme, non pas comme deux prin­cipes opposés, mais comme les deux facettes d’une unité, facettes qui ont émergé en même temps et pourvues toutes deux également par les dieux d’esprit, d’âme et de force vitale ».

Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident

En 1960, elle publie Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident. Sa thèse principale est que l'Occident a subi une cassure historique qui, partant de la fin de l’Antiquité, poursuit sa trace plusieurs siècles durant en Europe. Cette cassure aurait été introduite par l’autorité sans pareille de l’Église catholique qui interdit alors aux Européens toute liberté de recherches expérimentales. L'héritage des savants grecs concernant l’astronomie, la géométrie, l’arithmétique, seront recueillies précieusement par les savants arabes, à qui la protection éclairée des califes arabes aurait permis de sauvegarder une grande part de la culture antique des Grecs. En conservant cette culture, en particulier après l'incendie de la bibliothèque d’Alexandrie par des Chrétiens, les Arabes auraient alors eu matière pour développer prodigieusement les intuitions des savants grecs[1].

Le livre est traduit en sept langues. Sigrid Hunke est alors admise au Conseil supérieur des affaires islamiques au Caire. En 1974, elle est nom­mée membre d’honneur du Conseil Supérieur des Questions Islamiques, ce qui constitue une marque de déférence exceptionnelle, du fait qu'elle soit à la fois une femme, une étrangère et de surcroît non-musulmane.

Un engagement pour l'Europe des peuples originels

Animée par une violente hostilité envers le judéo-christianisme, qu’elle accusait d’avoir empoisonné l’Occident, elle a vu dans l’Islam son antithèse absolue, alliant énergie martiale et raffinement civilisationnel. Pourtant, Sigrid Hunke a toujours défendu l'idée d'un réenracinement reli­gieux dans ce qu'elle appelle la vraie religion de l’Europe, un paganisme. Ses recherches l'amenèrent à réfléchir sur les origines les plus lointaines des cultures et des peuples de la Ter­re, à reconnaître leurs spécificités et à les respecter.

Dans son ouvrage Das Reich und das werdende Europa [Le Reich et l’Europe en devenir], paru en 1965, elle écrit : « … seule une Europe mé­ri­te nos efforts, sera durable et témoignera d’une vitalité culturelle : celle qui héritera des meilleures traditions, puisées dans la force mo­ra­le la plus originelle et la plus spécifique, force toute entière con­te­nue dans l’idée d’Empire et dans le principe de la chevalerie ; cet hé­rita­ge essentiel devra être transposé dans la nouvelle construction po­­litique… ».

Dès 1974, elle appartient au comité de patronage de Nouvelle École. Elle contribue à la revue de la Nouvelle droite allemande Elemente. A partir de 1986, elle participe aux travaux du Thule Seminar de Cassel, dirigé par Pierre Krebs.

La com­mu­nauté des « Unitariens »

Sigrid Hunke adhère dans les années 1950 à la « Com­mu­nauté religieuse des Unitariens allemands » (Deutschen Unitarier Religionsgemeinschaft, DUR). Elle en devient la vice-présidente en 1971 et exerce cette fonction jusqu'en 1983. Elle devient ensuite présidente d'honneur de la communauté. Elle quitte ensuite ce groupe pour adhérer au Bund Deutscher Unitarier – Religionsgemeinschaft europäischen Geistes (BDU), née d'une scission de la DUR de 1989. La BDU publie la revue Glauben und Wirken.

En se référant à Wilhelm Hauer et à Friedrich Schöll, elle a transmis ce qui, à ses yeux, était « l’autre religion de l’Europe », la vraie religion de l’Eu­ro­pe, celle qui allait permettre au divin « de revenir dans sa réalité ». Dans de nombreux écrits et discours, elle a explicité cette pensée et cette religiosité unitariennes, elle a montré son en­racinement profond dans la philosophie et la théologie de l’an­ti­qui­té, du moyen âge et de l'époque contemporaine. Elle a ex­pli­qué la profondeur et l’ampleur de cette vision unitaire de Dieu et du monde.

Publications

Sigrid Hunke a reçu plusieurs prix et distinctions honorifiques pour ses travaux, dont la Kant-Plakette en 1981 et le « Prix Schiller du Peu­ple allemand » en 1985.

En allemand

  • Schulungsbrief ,Rassenseelenkunde, 1935
  • Herkunft und Wirkung fremder Vorbilder auf den deutschen Menschen, Berlin, 1941, 173 p. [Mémoire de philosophie dactylographié]
  • Am Anfang waren Mann und Frau : Vorbilder und Wandlungen der Geschlechterbeziehungen, Hamm, Grote, 1955, 312 p.
  • Allahs Sonne über dem Abendland : Unser arabisches Erbe, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1960, 375 p.
  • Das Reich ist tot : es lebe Europa. Eine europäische Ethik, Hanovre, Pfeiffer, 1965, 192 p.
  • Europas andere Religion – Die Überwindung der religiösen Krise, Düsseldorf et Vienne, Econ Verlag, 1969, 558 p. ; rééd. Grabert éd., 1997, sous le titre de Europas eigene Religion; rééd. poche Bastei-Lübbe, 1981, sous titre : Europas eigene Religion – Der Glaube der Ketzer .
  • Das Ende des Zwiespalts : Zur Diagnose und Therapie einer kranken Gesellschaft, Bergisch Gladbach, Lübbe, 1971, 245 p.
  • Das Nach-kommunistische Manifest : der dialektische Unitarismus als Alternative, Stuttgart, H. Seewald, 1974, 240 p.
  • Kamele auf dem Kaisermantel : Deutsch-arabische Begegnungen seit Karl dem Großen, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1976, 191 p.
  • Glauben und Wissen. Die Einheit europäischer Religion und Naturwissenschaft, Dusseldorf, 1979, 306 p.
  • Europas eigene Religion : Der Glaube der Ketzer, Bergisch Gladbach, Bastei Lübbe, 1983, 432 p.
  • Tod, was ist dein Sinn ?, Pfullingen, Neske, 1986, 164 p.
  • Von Untergang des Abendlandes zum Aufgang Europas – Bewußtseinswandel und Zukunftsperspektiven, Rosenheim, Horizonte-Verlag, 1989, 335 p.
  • Allah ist ganz anders : Enthüllung von 1001 Vorurteilen über die Araber, Bad König, Goldmann Verlag, 1990, 142 p.

Traductions françaises

  • La Vraie religion de l'Europe : La foi des « hérétiques », Paris, Livre-club du Labyrinthe, 1985, 286 p.
  • Le Soleil d'Allah brille sur l'Occident : Notre héritage arabe, trad. Solange et Georges de Lalène, Paris, 1963, 405 p.; rééd. Albin Michel, 1997, 416 p.

Liens externes

Notes et références

  1. Cette thèse, motivée par un antichristianisme outrancier, a été vigoureusement remise en question depuis, notamment par Sylvain Gougenheim, Aristote au Mont-Saint-Michel : Les racines grecques de l’Europe chrétienne, Seuil, 2008.; voir par exemple : « La question posée par Sigrid Hunke n’était pas neuve : on s’intéressait depuis le XIXe siècle aux rapports entre l’islam et le savoir grec. L’actualité a rendu ce thème plus sensible. Ce qui fut longtemps un objet d’étude pour historiens ou philosophes a quitté les rayonnages où s’empoussièrent les livres érudits pour se diffuser auprès du grand public, par le biais d’un nombre croissant d’articles de journaux et de magazines, ou de conférences. On s’est avisé récemment, à l’échelle de l’Union Européenne, que les manuels scolaires ne rendaient pas justice au rôle décisif tenu par l’islam dans l’éveil de l’Occident. Ainsi, en 2002, le Conseil de l’Europe a publié un long rapport de M. de Puig, commandé à la suite des attentats contre les deux tours du World Trade Center de New York le 11 septembre 2001. Analysant l’évolution des relations entre l’Europe et le monde musulman, l’auteur appelle à une révision des manuels d’histoire jugés coupables de donner une vision caricaturale de l’islam. Les institutions politiques se sont approprié un débat à l’origine scientifique, et l’histoire est appelée à être écrite en fonction des décisions d’assemblées élues, ce qui l’expose à se voir sans cesse remaniée, non en raison de nouveaux résultats, mais au fil des changements de majorité…. Curieux sort pour une discipline qui s’efforce d’être une science et dont la marge de manœuvre risque d’être politiquement — voire juridiquement — limitée.[...] La thèse de la dette européenne s’insère dans un discours plus général, inséparable d’une certaine conception de l’histoire des civilisations. En parallèle avec l’affirmation de l’infériorité civilisationnelle de l’Europe chrétienne médiévale, se développe en effet une argumentation mettant en cause l’Europe actuelle. L’orientalisme condescendant qui la caractériserait, héritier de la colonisation du XIXe siècle, l’empêcherait de reconnaître sa dette envers les autres civilisations. Cet orientalisme plongerait ses racines jusque dans le passé médiéval d’une Europe qui n’a pas compris l’islam, n’en a jamais reconnu la valeur mais l’a, au contraire, calomnié et agressé en permanence. Avec un curieux manque de logique, on se pose moins la question de la réciproque. Quelle image s’est fait l’islam de l’Europe : fut-elle positive ou amicale ? » (« L'amie d'Himmler et le “soleil d'Allah” - L’héritage de Sigrid Hunke », annexe à l'ouvrage).