Gerhard von Malberg

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Gerhard von Malberg, caricaturé par Eisenstein.

Gerhard von Malberg est né certainement en 1200, au château de Malberg, et décédé le 26 novembre 1246.

Biographie

Gerhard von Malberg succède à Konrad von Thüringen, comme sixième Grand Maître de l'Ordre teutonique. Du temps de cet ancien seigneur rhénan, marié et ayant deux enfants, l'Ordre connaît deux grandes défaites face à des ordres asiatiques : Legnica en 1241 et celle du lac Peïpous en 1242. Alors que le sort de l'Ordre et de l'Empire se jouent à l'est, Malberg se soucie uniquement de la Cilicie et de recevoir des cadeaux du roi d’Arménie. Comme tous les Malberg il est fortement lié avec la Terre Sainte. Son choix n'a pas l’appui du pape Innocent IV, car celui-ci accorde à l'Ordre des terres en Prusse.

Malgré ses succès en Orient Malberg est contraint le 7 juillet 1244, pendant la tenue du chapître général à Montfort à démissionner. Peu après il rejoint les Templiers. Il falsifie le sceau du Grand-Maître de l'Ordre teutonique et contracte d'énormes dettes. Le pape Innocent IV règle ses 500 marcs d’argent de dettes. Gerhard von Malberg ne reste pas Templier et, contrairement aux promesses, il contracte de nouvelles dettes aux nom de l'Ordre. Le pape autorise le nouveau Grand Maître des Teutoniques, Heinrich von Hohenlohe, à punir Gerhard et quelques semaines après on le retrouve mort.

Un seigneur laïc

Le château médiéval de Malberg (Eifel).

La famille de Gerhard von Malberg est une énigme. Von Malberg n’est pas le fils d'un margrave Théodoric von Aere et d’Agnès von Malberg. Car, il n’existe pas de famille von Aere. Par contre, Verein für Luxemburger Geschichte, Literatur und Kunst nous parle d’un Thierri von Ahr et de sa femme, Agnès von Malberg, qui confirment la donation d’un droit d’usage d'un bois, en 1235. Les Ahr-Hochstaden sont une famille bien réelle de la noblesse de Rhénanie et de l’Eifel. Dietrich (= Thierri ) von Ahr (ca 1170-après 1235) et Agnès von Malberg font également des donations au Kloster St. Thomas zu Malbergweich, nous dit la Eiflia illustrata oder geographische und historische Beschreibung der Eifel.

Thierri II von Ahr-Hochstaden, son père, est le fils d’un autre Thierri (ca 1145-1197) et de Luitgarde, fille du comte de Nordgau. Agnès von Marberg, sa mère, est la fille de Rudolf et de Ida von Manderscheid, selon Allgemeine encyclopädie der wissenschaften und künste in alphabetischer folge von genannten schrifts bearbeitet und herausgegeben, de J. S. Ersch et J. G. Gruber. Gehrard prend le nom de Malberg, qui est à la fois celui du château de ses ancêtres maternels et de sa terre. Sa famille est membre de l'Ordre du Temple

Von Malberg ne devient pas ecclésiastique. Il se marie et a deux fils, Otto et Theodoric.


La fascination de l'Orient et de l'or (1217)

A la mort de sa femme, von Malberg part pour la Terre Sainte, où ses compagnons sont chevaliers de l'Ordre des Templiers. Mais lui rejoint l'Ordre teutonique à Acre en 1217 et devient commandeur de la forteresse de Toron de 1227. Sa situation dans le royaume de Jérusalem et ses liens avec les Malberg Templiers font qu’il entre en conflit avec le Grand Maître Hermann von Salza au cours de la sixième croisade. En outre, l'empereur Frédéric II et von Salza sont partisans l'expansion de l'Ordre en Prusse, tandis veut le laisser l’Ordre se maintenir en Terre Sainte. La mort de Salza est une catastrophe pour l’Ordre. En 1240, Malberg devient Grand Maréchal de l'Ordre à Acre, puis, à la mort de Konrad von Thüringen, Grand Maître.

Défaite de Legnica (= Liegnitz) en 1241

Chevaliers teutoniques combattant des troupes mongoles (XIIIe s.).

Après la mort de Gengis-Khan, survenue en 1227, ses fils et de ses petits-fils, s'emparent d'une partie de l'Asie et de l'Europe orientale. En 1240, après avoir ravagé la Pologne, ils paraissaient disposés à se jeter sur la Prusse. Poppo von Osterna a l'occasion de se signaler d'une autre manière. Les chevaliers teutoniques volent au secours de Silésiens et remportent avec eux une victoire sur ces barbares.

Les chevaliers teutoniques ayant jugé prudent, à la vue de ce danger, de concentrer leurs forces sur la Vistule, ce qui les oblige de dégarnir le reste du pays, les Prussiens croient cette occasion favorable pour secouer le joug qui pèse sur eux. Ils essaient de recouvrer leur indépendance. Rien de plus naturel de leur part ; mais, ce qui paraît étrange, c'est de les voir soutenus par Swantopolk, ce même duc de Pomérelie qui, sept ans auparavant (1233), conduisait une croisade en Prusse et poussait le zèle pour le triomphe du christianisme dans cette contrée jusqu'au point de compromettre la sûreté de ses propres Etats. Les chevaliers teutoniques, par leur mépris pour les Slaves et leurs ambitions, l'ont donc singulièrement blessé et alarmé.

Enluminure du XIVe s. représentant la bataille de Legnica en 1241.

Boleslaw, nominalement principal duc de Pologne, se sauve en Hongrie, les Tartares battent les Polonais à leur tour. Ils ne trouverent plus rien qui les empêche de dévaster le royaume. Les chevaliers teutoniques, craignant que cet orage ne vienne fondre sur la Prusse, redoublent d'activité pour mettre leurs forteresses en état. Heureusement, les Tartares prennent la route de l'Empire. Heinrich, surnommé le Pieux, duc de Silésie, jugeant qu'il va les avoir sur les bras, ne néglige aucun des préparatifs nécessaires pour pouvoir les repousser. II demande du secours à tous ses voisins. Celui de tous, qui le seconde le plus puissamment, est Poppo von Osterna, qui accourt avec un grand nombre de chevaliers, et un corps de troupes assez considérable, pour former seul une des cinq divisions de l'armée alliée. C'est la bataille de Legnica.

C'est le déferlement des Mongols en Pologne, la prise de Cracovie et Wroclaw (= Breslau). Les Tartares, trouvant la ville déserte, croient pouvoir emporter le château d'emblée. Repoussés, ils s'avancent à marche forcée sur Liegnitz, où le duc Henri les attend. Ce prince partage son armée en cinq corps.

  • Il donne à Boleslas, un de ses parents, le commandement du premier, qui est composé de croises venus des différentes contrées de l'Europe. Il les fait soutenir par les ouvriers des mines, troupe brave et dévouée.
  • Sulislaw, fils du palatin Vladimir, commande les troupes polonaises formant le second corps.
  • Le troisième est composé de soldats silésiens.
  • Henri garde pour lui le cinquième corps, composé de gentilshommes polonais ét silésiens.

Les Tartares partagent aussi leur armée en cinq colonnes. Autour de Liegnitz s'étend, le long de la Nissa, une vaste plaine que l'on appelle en polonais Dobze Pôle (= le bon champ). C'est là que les deux armées se rangent en bataille. Les croisés et les ouvriers des mines se jettent avec fureur sur les Tartares, qui, ayant fait semblant de fuir, les entourent et en font un grand carnage. Il n'en échappe qu'un très petit nombre.

Les deux autres divisions, que Henri fait avancer, ont d'abord des succès. Les Tartares sont en déroute, lorsque l'un d'eux, Russe renégat, allant devant les rangs des Polonais et des Silésiens, se met à crier d'une voix retentissante : Biegayçie, biegayeiel ! (Fuyez, fuyez !) Les troupes , croyant légèrement que ces paroles viennent d'un de leurs chefs, se retirent en désordre. Le duc Henri, voyant ce mouvement rétrograde, dit à ceux qui l'entourent: Gorzcy sie stalo ! (= Que cela va mal !)

Cependant, après avoir exhorté les braves qu'il commande, il se jette sur les trois divisions des Tartares qu'il a devant lui. Baydar, un des chefs ennemis, accourant avec ses réserves, Henri l'arrête, et les Tartares sont de nouveau mis en fuite.

La bataille de Liegnitz (1241).

Mais la partie n'est pas égale quant au nombre. Les chevaliers teutoniques sont tombés en combattant avec leur bravoure ordinaire. Dans les autres corps on commence à plier. Ceux qui accompagnent le duc Henri le conjurent de se conserver pour des temps plus heureux. Se souvenant que le sang des rois Boleslas coule dans ses veines, il repousse avec mépris ces conseils pusillanimes.

Bientôt il ne voit plus autour de lui que quatre de ses braves, à la tète desquels il répand encore l'effroi parmi les barbares. Son cheval épuisé tombe sous lui ; on se hâte de lui en donner un autre. Entouré de tous côtés, il lève le sabre pour frapper un Tartare, lorsqu'un d'eux le prend au défaut de la cuirasse et lui enfonce sa lance sous le bras, dans le coté droit.

Les Mongols, jetant des cris féroces, emportent son corps derrière leurs lignes. Après lui avoir coupé la tête, ils se partagent son armure et ses vêtements. Cette bataille de Liegnitz, le 15 avril 1241, cause des pertes si grandes que, les barbares ayant coupé une oreille à chaque mort, neuf sacs s'en trouvent remplis. Ils portent en triomphe la tète du duc de Breslaw autour du château de Liegnitz, espérant effrayer la garnison.

La bataille de Liegnitz effraie néanmoins les barbares et l'Europe est sauvée. Les chevaliers teutoniques ne sont pas morts pour rien.

Défaite du lac Peïpous (1242)

Maître des chevaliers teutoniques et un chevalier de l'Ordre des porte-glaives (Braun & Schneider, Histoire du costume).

Les chevaliers Porte-Glaive (= Fratres miliciae Christi de Livonia, Ritterschaft Christi von Livland) sont un ordre militaire séculier organisé en 1202 par Théodoric von Treyden et Albert von Buxthoeveden, évêque de Riga. Ce sont entre ses mains que les premiers d'entre eux font leurs vœux, en 1204. Il leur ordonne de porter pour habit une robe de serge blanche avec la chape ou manteau noir, sur lequel il y a du côté de l'épaule gauche une épée rouge croisée de noir, et sur l'estomac deux pareilles épées passées en sautoir.

Leur ordre est confirmé par Innocent III, qui leur donne pour règle celle des hospitaliers du Temple, et les envoie en Livonie pour défendre les prédicateurs de l'Evangile contre les infidèles. L'évêque de Riga, à qui ils sont subordonnés, leur abandonne le tiers des conquêtes qu'ils pourraient faire. Il est composé de moines guerriers venus de l'Empire pour christianiser les populations baltes. Après des succès durant les premières décennies du XIIIe siècle, et notamment la conquête de la Livonie et de la Courlande, les frères nommés chevaliers de Livonie. Ces derniers ont vaincus sous leur second Grand Maître, Foulques Schenk von Winterfeld, en 1236, durant la bataille de Schaulen contre les Samogitiens (Žemaičiai ou Žemaitē) un sous-groupe des Lituaniens. Hermann von Salza parvient à obtenir le rattachement des chevaliers Porte-Glaive survivants à son Ordre l'année suivante. Ils restent toutefois un peu à part de l'OT. Les Porte-Glaive abandonnèrent leur signe distinctif : deux épées croisées sur leur manteau blanc, pour la croix pattée noire.

Les chevaliers Porte-Glaive et quelques chevaliers teutoniques prennent ensuite l'Esthonie aux Russes et aux Danois, et Hermann von Balk s'y installe en souverain, ainsi qu'en Livonie. Les Estoniens sont évangélisés.

Avec le soutien du pape et de l'empereur du Saint-Empire romain germanique, avec l'appui des chevaliers Porte-Glaive, les chevaliers teutoniques tentent de prendre Novgorod et d'autres territoires russes. Les deux armées se rencontrent, le 5 Avril 1242, au lieu-dit La pierre du corbeau, sur la glace du lac Peïpous près de Pskov. Les combats se déchaînent. L'affrontement est rude, les mêlées sanglantes sont atroces. Le prince Alexandre Nevski commande des armées russo-mongoles très nombreuses. 400 chevaliers, dont une vingtaine de l’Ordre teutonique, généralement âgés, meurent souvent noyés du fait du poids de leurs armures. Cette bataille met une limite à l'expansion des Germains à l'est de l'Europe. Dorpat, ville russe, reste aux mains des Teutoniques. Néanmoins, comme l'écrit Sylvain Gougenheim : L'expansion de l'Ordre reste bloquée sur les frontières du monde orthodoxe.

Timbre russe rendant hommage au prince Alexandre Nevski. La bataille du lac Peïpous (1242) marque une limite à l'expansion germanique à l'est. (This work is not an object of copyright, See Russian Legislation 2006).

Les chevaliers Porte-glaive restent sous la dépendance des chevaliers teutoniques jusqu'en 1525, époque à laquelle Walter von Plettenberg rachète à Albert de Brandebourg le duché de Livonie et reconstitue l'ordre.

Une fin de vie scandaleuse

Malgré ses succès en Orient Malberg est contraint, le 7 juillet 1244, pendant la tenue du chapître général à Montfort à démissionner. Peu après il rejoint les Templiers. Il falsifie le sceau du Grand-Maître de l'Ordre teutonique et contracte d'énormes dettes. Le pape Innocent IV règle ses 500 marcs d’argent de dettes. Gerhard von Malberg ne reste pas Templier et, contrairement aux promesses, il contracte de nouvelles dettes aux nom de l'Ordre. Le pape autorise le nouveau Grand Maître des Teutoniques, Heinrich von Hohenlohe, à punir Gerhard von Malberg et quelques semaines après on le retrouve mort.


Heinrich von Hohenlohe lui succède comme sixième Grand Maître de l'Ordre teutonique.

Bibliographie

  • Histoire de l'Ordre teutonique, Volume 1, Wilhelm Eugen Joseph Wal (Baron von), Veuve Valade, 1784.
  • Sylvain Gouguenheim, Les Chevaliers teutoniques, Tallandier, Paris, 2007.
  • Henry Bogdan, Les Chevaliers teutoniques, Perrin, 1995
  • Alain Demurger, Chevaliers du Christ : Les ordres religieux-militaires au Moyen Âge, XIe-XVIe siècle, Seuil, 2002.
  • Kristjan Toomaspoeg, Les Chevaliers teutoniques, Flammarion, 2001.
  • Danielle Buschinger, Les Chevaliers teutoniques, Ellipses Marketing 04/06/2007.