Vladimir Dimitrijevic

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Vladimir Dimitrijević, né à Skopje en Yougoslavie le 28 mars 1934 et mort à Armes en France le 28 juin 2011, est un libraire et éditeur serbe, qui a fondé en 1966 les Éditions de L'Âge d'Homme à Lausanne (Suisse).

Vladimir Dimitrijevic

Biographie

Vladimir Dimitrijevic est né en 1934 à Skopje, en Macédoine. La Macédoine est pour lui un carrefour, un pays de rencontre de civilisations, de peuples et de religions différentes. La famille de sa mère est Serbe, mais a vécu durant des générations à Constantinople. C’est dans les années vingt qu’elle s’établira à Skopje. Mais comme Dimitrijevic le rappelle régulièrement, il n’est qu’à moitié Slave : la famille de son père est d’ascendance valaque. Les Valaque forment une ancienne population montagnarde d’origine pré-slave. Leur langue aurait été latinisée par la suite et serait proche du rhéto-romanche. Les Valaques ont joué par ailleurs un rôle de premier plan dans le réveil national serbe contre le pouvoir ottoman . Le père de Dimitrijevic est horloger. Son fils est confronté très tôt au travail manuel et artisanal, car toute la famille collabore d’une manière ou d’une autre au métier du père. En 1939, le déménagement de Skopje à Belgrade est ressenti par le futur éditeur comme une chute du paradis. Mais c’est surtout l’invasion allemande de 1941, qui débute par le bombardement de Belgrade, qui marque profondément Dimitrijevic. La famille est attachée au nationalisme serbe, dont est issue la résistance contre l’occupant.

La guerre se termine avec la prise du pouvoir par les communistes de Tito. Ceux-ci, qui au début de la guerre ne combattaient pas les Allemands, se mettent à persécuter les nationalistes serbes. Le père est jeté plusieurs fois en prison. Malgré ses études brillantes, Vladimir est durement traité par ses professeurs qui voient en lui le fils d’un « ennemi du peuple ». Son père finira par le convaincre que, s’il veut un avenir, il doit s’exiler.

En 1954, c’est ce qu’il fait. Après un périple rocambolesque, il finit par s’établir en Suisse. Après avoir vécu un certain temps d’expédients et s’être attelé à l’apprentissage du français, un compatriote le fait admettre à l’école de commerce de Neuchâtel. Il entre par la suite à la Faculté des Lettres de Neuchâtel, tout en travaillant au noir. En 1958, le jeune passionné de lecture trouve un emploi dans la librairie Delachaux & Niestlé. Il ne quittera plus le monde du livre.

En 1962, il quitte Neuchâtel pour Lausanne, où il travaille comme libraire chez Payot. En 1966, il crée sa propre maison d’édition, L'Âge d'homme, avec le soutien de Dominique de Roux. Son entreprise sera l’unique maison d’édition romande de renommée internationale, ouvrant des librairies à Lausanne, Genève, Paris, Moscou et Belgrade. En trente ans, son entreprise va dépasser les trente mille titres publiés.

Vladimir Dimitrijevic décède lors d’un accident de la circulation au volant de « son inséparable camionnette », comme l’écrivit son ami éditeur Bernard de Fallois, le 28 juin 2011. Sa maison d'édition est reprise par sa fille, Andonia.

Un « passeur » plutôt qu'un éditeur

Vladimir Dimitrijevic a souvent déclaré qu'il n'avait jamais eu l’intention d'exercer le métier d'éditeur. S’il l'est devenu, c’est parce que, lorsqu'il était « libraire-lecteur », il était stupéfait de constater que beaucoup de livres qui l'intéressaient n’étaient plus réédités, ou alors qu'ils étaient tombés dans l’oubli, ou qu'ils n’avaient jamais été traduits en français. Pour lui, le travail de l’éditeur est une passion de libraire, celle du libraire qui voit que quelque chose manque. Dans son autobiographie et les entretiens qu'il livre au public, il fait plusieurs fois remonter l'origine de sa passion à son adolescence à Belgrade. Avec d’autres jeunes gens, il avait formé un groupe qui lisait et traduisait les œuvres de la littérature anglaise et américaine. Cette passion littéraire était alors une manière de s'évader du totalitarisme communiste[1].

Sa première idée, en lançant une maison d’édition, était de faire connaître la littérature d’Europe de l’Est en Europe occidentale. Il contribue ainsi à rapprocher les cultures européennes. A partir de ses traductions des auteurs slaves, il veut assumer le rôle d'intermédiaire entre les époques et entre les littératures, sans pour autant les niveler. Cette mission éditoriale, il la place sur le plan civilisationnel. Dimitrijevic est parfaitement conscient de la chute de tension et de l'état de crise de la civilisation occidentale. C'est dans cette optique qu'il considère que le rôle de l’éditeur est celui d'un « passeur », qui choisit les auteurs et les œuvres à transmettre, de sorte à pouvoir contribuer à apporter des réponses à la crise civilisationnelle.

Influence

Vladimir Dimitrijevic a influencé :

Œuvres

  • Personne déplacée. Entretiens avec Jean-Louis Kuffer, P.-M. Favre, Lausanne - Paris, 1986.
  • À la rencontre de Georges Haldas. Essais et témoignages, publié à l'occasion du 70e anniversaire de Georges Haldas, ce volume a été préparé par les soins de François Debluë et Jean Vuilleumier, en collaboration avec Vladimir Dimitrijević, L'Âge d'Homme, Lausanne, 1987.
  • Yougoslavie. La stratégie de l'aveuglement, Institut serbe de Lausanne / l'Âge d'Homme, Lausanne - Paris, 1992. Extraits de : L'Idiot international, juillet 1992.
  • La vie est un ballon rond, Éditions de Fallois, Paris, 1998. Rééd. La Table ronde, Paris, 2006. (ISBN 978-2710328728)
  • Béni soit l’exil ! Propos d'un éditeur engagé. Entretiens avec Gérard Conio, Éditions des Syrtes / L'Âge d'homme, 2017. (ISBN 9782940523535)

Bibliographie

  • DURAND Pascal et HABRAND Tanguy, Histoire de l’édition en Belgique. XVème - XXIème siècle, Postface d’Yves Winkin, Les impressions nouvelles, Bruxelles, 2018.

Liens externes

Notes et références

  1. Dimitrijevic, Vladimir et Kuffer, Jean-Louis, Personne déplacée. Entretiens avec Jean-Louis Kuffer, P.-M. Favre, Lausanne - Paris, 1986 ; L’Âge d’Homme, 2008 [1986], p. 91-97.