Piotr Stolypine
Piotr Arkadievitch Stolypine, né à Dresde le 2 avril 1862 (14 avril 1862 dans le calendrier grégorien) et mort à Kiev le 5 septembre 1911 (18 septembre 1911 dans le calendrier grégorien), était un homme politique russe. Il a été Premier ministre de Russie du 8 juillet 1906 (21 juillet 1906 dans le calendrier grégorien) au 5 septembre 1911 (18 septembre 1911 dans le calendrier grégorien), date à laquelle il est assassiné.
Biographie
Après les troubles de 1905 et devant toutes les menaces qui s’accumulent, le Tzar Nicolas II accepte enfin de nommer Premier ministre un conservateur, certes, mais bien décidé à mettre en œuvre une importante réforme agraire visant à faire émerger une classe de petits propriétaires : Piotr Stolypine. Celui-ci, homme politique lucide qui a compris que la plus grande faiblesse du régime est sans doute son incapacité à faire naître une véritable classe moyenne, elle-même source d’une authentique société civile, entre, d’une part, une haute aristocratie très cultivée, qui vit dans un luxe et un raffinement sans pareil, et, d’autre part, des dizaines de millions de moujiks primitifs et quelques millions d’ouvriers surexploités[1].
Mais parce que les ennemis du régime savent qui est Stolypine, lequel a été nommé le 8 juillet 1906, ils sont bien décidés à lui faire la peau. Dès le mois d’août suivant, le dirigeant conservateur échappe à un très grave attentat contre sa datcha, qui fait vingt-sept victimes et de nombreux blessés, parmi lesquels une de ses filles et son jeune fils. Une répression sévère s’abat sur les « S.-R. » [2] et les premiers bolcheviks.
Cependant Stolypine, qui avait coutume de se déplacer sans gardes du corps (il faut se rappeler qu’à cette époque de nombreux dirigeants politiques, aussi bien des régimes autoritaires que des démocraties parlementaires, étaient beaucoup moins protégés que nos dirigeants actuels), n’échappera pas à un autre attentat : le 1er septembre 1911 à Kiev, alors qu’il assiste à une représentation donnée à l'opéra en présence de Nicolas II et de la tsarine, il est atteint par deux balles tirées par un jeune militant « S.-R. », sans attache paysanne, lui, puisqu’il s’agit d’un certain Dmitri Bogrov, né Mordekhai Herschkovitch Bogrov. Grièvement blessé, Stolypine succombe quatre jours plus tard, tandis que Bogrov est pendu dès le 11 septembre suivant[3].
Postérité
Alexandre Soljenitsyne affirme que si la Russie avait adopté le programme de réforme agraire de Stolypine, une paysannerie indépendante aurait vu le jour et la nation aurait été épargnée par le bolchevisme.
Notes et références
- ↑ Philippe Baillet, « Les Juifs en Russie et la fin tragique des Romanov », in : Écrits à l'écart de toute meute, Sentiers perdus, Fribourg, 2024, 322 p., p. 195-213.
- ↑ On désigne le plus souvent par cette abréviation les membres du Parti socialiste-révolutionnaire, fondé en 1900, qui soutient des jacqueries et commet des attentats contre des personnalités du pouvoir. Ces socialistes-révolutionnaires se distinguent des futurs bolcheviks, alors réunis dans le bien mal nommé Parti social-démocrate, par leur implantation essentiellement rurale et par une certaine dimension anarchiste. Se désignant eux-mêmes par les initiales « S.-R. » et ainsi appelés par les historiens de la fin de la Russie tsariste, ils se veulent en effet les héritiers plus ou moins fidèles d’un groupe terroriste de la seconde moitié du XIXe siècle, la Volonté du peuple (Narodnaïa volia).
- ↑ Philippe Baillet, art. cit.