Pierre Mac Orlan

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Pierre Mac Orlan est le nom de plume de Pierre Dumarchey, écrivain français né le 26 février 1882 à Péronne et mort le 27 juin 1970 à Saint-Cyr-sur-Morin.

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Biographie[1]

Né en 1882, mort en 1970, Pierre Mac Orlan, à défaut d’être l’un des plus connus parmi les écrivains français du XXe siècle, fait partie de ceux qui sont encore beaucoup lus et commentés. La plupart de ses romans maritimes — cette partie de son œuvre qui a rencontré le plus de succès — sont régulièrement réédités dans des collections de poche, tandis que l’œuvre et l’écrivain continuent de faire l’objet de thèses et de colloques. Rien pourtant, au départ, ne laissait présager ce destin posthume favorable pour celui qui était et demeure un “cas” : « À la différence de nombre de ses confrères, il n’appartient ni à une famille fortunée, ni à un grand corps de l’État, ni à l’élite méritante de l’École normale supérieure. Pas d’études universitaires. Aucun engagement politique, pas plus du côté de l’influente Action française que des marxistes. Et il ne se rattache bien entendu à aucun mouvement littéraire de son temps »[2]. Mac Orlan est encore un “cas” par tout le soin qu’il mit à brouiller les pistes sur des pans entiers de son existence, à s’entourer de mystères et à porter des masques. Mais on va voir sans tarder qu’il avait de bonnes raisons, et quelques moins bonnes aussi, pour cela.

Une enfance et une adolescence chaotique

Pierre Dumarchey — tel est son vrai patronyme — naît à Péronne, en Picardie, le 6 février 1882. Des deux côtés de ses ancêtres, originaires de Lille, Douai, Arras ou encore Boulogne-sur-Mer, c’est un homme du Nord. Son père a été employé des Che- mins de fer du Nord. Sous-lieutenant de réserve, il réintégrera l’armée et finira capitaine au terme d’une carrière militaire plutôt terne. On ne sait pas grand-chose du père de Mac Orlan, puisqu’il détruisit ses archives et ses papiers personnels au tout début du XXe siècle. Quant à la mère, c’est encore plus lacunaire : on sait qu’elle naquit Berthe Artus en 1861 et qu’elle mourut à Paris, dans le IIIe arrondissement, en 1892, à l’âge de trente ans. Probablement séparée de son mari, elle succomba peut-être à la maladie, ou bien mourut de mort violente ou bien encore, venue dans la capitale depuis son Nord natal, se retrouva dans un grand dénuement et fut contrainte de se livrer à la prostitution.

Le fait est que, toute sa vie durant, Mac Orlan garda un silence à peu près total sur ses parents, comme s’il avait eu à cacher un drame affreux ou quelque chose de honteux. À la fin de sa vie, il brûla dans le jardin de sa maison briarde une grande partie de sa correspondance et toutes ses archives personnelles. Cette chape de l’oubli et du silence posée sur la sphère privée fut rendue plus opaque encore par les aléas de la grande histoire publique : tous les registres de l’état civil de la ville de Péronne disparurent dans le bombardement qui détruisit l’hôtel de ville en 1916. Un an avant sa mort, l’écrivain déclarait encore à une jeune admiratrice toute sa détestation de sa propre famille : « Mac-Or-Lan, c’est le nom que je me suis fait. Ce nom m’appartient ; je ne veux pas être l’héritier d’un tas de connauds qui s’appelaient Dumarchey. [...] Mon nom légal n’est pas sur ma tombe »[3].

Pierre Dumarchey et son frère Jean, né le 3 août 1887, sont confiés, après la mort de leur mère, à leur oncle et tuteur Louis Hippolyte Ferrand, homme austère et cultivé. Cet agrégé d’histoire vient d’être nommé inspecteur d’Académie à Orléans. Très certainement incontrôlables et déboussolés, les deux chenapans s’entendent très mal avec cet oncle, dont la férule leur est insupportable. Mais Mac Orlan, qui n’était pas ingrat, reconnaîtra beaucoup plus tard, en 1947, toute sa dette envers cet oncle, qui l’ouvrit précocement à la littérature. Encore plus rebelle, son frère cadet Jean quitte le domicile de son tuteur orléanais à l’âge de neuf ans seulement, sans que l’on sache où il poursuivit son éducation. Il s’engagera en 1909 dans la Légion étrangère, pour mourir vingt ans plus tard, à l’âge de quarante-deux ans seulement, d’une hémorragie cérébrale, après une vie apparemment aventureuse (on sait qu’il servit durant deux ans au Tonkin), non sans avoir fourni de nombreux renseignements à son frère écrivain sur certaines unités militaires, renseignements que Mac Orlan saura très bien mettre à profit pour plusieurs ouvrages. En fonction de ce qui précède, on ne sera pas étonné d’apprendre que Mac Orlan, au terme d’une vie longue et pourtant riche en voyages et rencontres dans des milieux très divers, en France et à l’étranger, ne fut pas tenté de sacrifier, comme tant d’auteurs, à l’écriture rituelle de ses mémoires. Quand on parcourt ses œuvres complètes, parues de 1969 à 1971, et dont il eut le bonheur de voir sortir des presses les premiers volumes, on s’aperçoit qu’il fit plusieurs remarques à ce sujet dans des textes divers et variés (courts essais, articles de revues, critiques de livres, esquisses et portraits, préfaces), qu’il réunit d’ailleurs sous le titre parlant de Masques sur mesure. Et l’on peut lire en ouverture du recueil de ses chroniques parues entre 1952 et 1956 dans le Mercure de France ces lignes énigmatiques : « Je n’écrirai donc pas de mémoires, parce que ce projet séduisant aurait dû me préoccuper chaque fois qu’une de mes apparences humaines disparut de la circulation, sans fleurs ni couronnes ni discours »[4].

La "riche misère" des années à Montmartre

Sous le contrôle de son oncle, le jeune Pierre Dumarchey intègre le lycée d’Orléans, où il prend goût aux poètes latins. Dans l’ensemble, cependant, il s’ennuie ferme et se plie très mal à la discipline encore napoléonienne de l’établissement. Heureusement, il découvre avec enthousiasme le rugby et prend conscience, de manière encore très floue, de ses aspirations artistiques. Il envoie même quelques poèmes au chansonnier Aristide Bruant (1851-1925), l’un des créateurs de la chanson populaire réaliste. Lui-même originaire du Loiret, Bruant répondra au jeune homme par une carte postale aimable que l’écrivain conservera longtemps.

Mais, constatant que son neveu ne manifeste aucune inclination profonde pour la poursuite d’études supérieures, son tuteur croit bien faire en l’orientant vers une plus modeste carrière d’instituteur. C’est ainsi que le jeune Dumarchey sera élève-maître de première année à l’École normale d’instituteurs de Rouen en 1898-1899. L’expérience tourne court très rapidement, le jeune homme étant persuadé que sa vraie vocation est de devenir peintre et qu’il lui faut, pour cela, “monter” à Paris et, plus précisément, à Montmartre. Après un autre bref séjour à Rouen où il gagne misérablement sa vie comme « teneur de copie » pour le journal local le Petit Rouennais, le jeune homme arrive sur la Butte en décembre 1899. Il ignore évidemment que celle-ci sera pour lui le cadre de dix années de misère — dix années qui, après ce qu’il a déjà enduré, imprimeront en lui une véritable angoisse devant le manque d’argent, au point que ce trait de caractère expliquera plus tard en partie les choix, ou plutôt les absences de choix et le prudent désengagement politique de l’écrivain Mac Orlan, lequel n’était pourtant pas un lâche. Quand il s’installa sur la Butte, « Montmartre apparaissait [...] comme un quartier aux contrastes marqués où les groupes de pèlerins, venus se recueillir au Sacré-Cœur sous la direction de leurs curés, devaient louvoyer entre les établissements louches de Pigalle et les troquets à peine moins inconvenants de la place du Tertre. Au sein même de la communauté des peintres, poètes et écrivains, on distinguait les Mont- martrois ‘pour le plaisir’ des Montmartrois ‘par obligation’. »[5] Arrivé sans le sou ou presque[6], Dumarchey intègre le groupe des seconds, où il fréquente très vite la bohème artistique des élèves-peintres ou “rapins”, et toute une faune de marginaux vivant de certaines formes de délinquance. Il s’agit souvent de ceux que l’on appelle alors « les apaches », qui seront décrits par Francis Carco, et que l’on nomme encore « les barbeaux » : ce sont de petits souteneurs.

Bien qu’attiré par les quartiers chauds, les communautés d’artistes et la bohème (auxquels viendra s’ajouter l’observation attentive de la vie interlope des ports), Mac Orlan dira ensuite que c’était leur pittoresque social qui l’intéressait avant tout, car il était désireux d’y puiser une forme d’inspiration et d’engranger toutes sortes d’informations. On n’est pas obligé de le croire sur parole. Mais le fait est qu’il décrivit scrupuleusement ces milieux, avec souvent une étonnante abondance de détails, tel un entomologiste, sans pour autant en faire l’apologie. Jeune dessinateur et peintre sans commandes, il est parolier pour des chansonniers ou parvient, mais très rarement, à placer quelques dessins dans des publications humoristiques. Il écrira même, faute de vivre de sa peinture ou de ses dessins, une quinzaine de courts romans érotiques ou “licencieux” entre 1900 et 1914, qui paraissent presque mièvres en comparaison de la pornographie actuelle et qu’il signe de divers pseudonymes, à l’exception de deux d’entre eux, signés de son vrai nom pour se venger, confiera Mac Orlan très longtemps après au critique Pascal Pia, de son oncle.

Mais il y a de la richesse immatérielle au milieu de cette misère : elle est constituée par toute une série de rencontres que fait le jeune homme. Il séjourne à l’hôtel du Mont-Cenis, qui abrita aussi Erik Satie, Amedeo Modigliani, le poète Max Jacob et l’écrivain Francis Carco. Il fait la connaissance de Pablo Picasso et, au cabaret du Lapin agile, de Guillaume Apollinaire, dont l’amitié lui vaudra ensuite « de figurer sur la liste des littérateurs et des artistes loués par le manifeste-synthèse L’Antitradition futuriste du mouvement d’avant-garde de Marinetti le 29 juin 1913 »[7]. Et c’est encore au Lapin agile qu’il rencontre sa future femme, la fille du patron, qu’il épousera cette même année 1913, après l’avoir courtisée depuis 1906.

Au milieu de connaissances ou amis généralement plus âgés que lui et moins désargentés, le jeune Dumarchey ne s’en laisse pas compter. Au contraire, il ne tarde pas à assembler les premières pièces de son personnage de composition, qui imposera peu à peu une silhouette très caractéristique, à nulle autre pareille, affirmant d’emblée « une forte personnalité : coiffé d’une casquette ronde, flanqué d’un basset d’Artois, il entonne volontiers des chansons de marins ou de légionnaires »[8].

Le pseudonyme, le personnage, la guerre

C’est dès 1905 que le pseudonyme définitif de Mac Orlan est choisi. Selon B. Baritaud, si l’écrivain « n’a jamais expliqué clairement l’origine de son pseudonyme, on interprète généralement celui-ci comme Pierre d’Orléans, le Mac irlandais ayant le sens de ‘fils de’ »[9]. Mais rien n’est jamais simple avec l’auteur du Quai des brumes et de La Bandera, qui ira jusqu’à revendiquer, peut-être en affabulant, une ascendance proprement celtique du côté maternel : « Mon nom, Mac Orlan, vient du nom Mac Artus de ma grand’mère »[10]. Bientôt, le personnage sera campé, avec sa tenue vestimentaire qui traduit une grande anglophilie[11], et résistera aussi bien que le pseudonyme au passage du temps : inévitable casquette des Highlands, à pompon et vissée sur la tête, épais pullover ou chandail en laine, vareuse de marin, et, avant la Seconde Guerre mondiale, des knickerbockers, ces culottes bouffantes maintenues au niveau des genoux et très à la mode durant le premier tiers du XXe siècle. Mac Orlan y tenait tellement qu’on le voit ainsi habillé même au Maroc espagnol, sur une photo le montrant, en juin 1935, sur le tournage de [[La Bandera (film) |La Bandera]], dont il va bientôt être question.

Il effectue son service militaire à Châlons-sur-Marne. Au total, il fera trois ans de service dans l’infanterie alpine comme mitrailleur, auxquels s’ajouteront les quatre ans et demi de service, au front ou à l’arrière, de la Grande Guerre. S’il n’aime pas la guerre — on ne trouve pas la moindre exaltation de celle-ci dans son œuvre —, Mac Orlan aime en revanche la vie militaire, l’atmosphère de la caserne et du régiment. Il apprécie en particulier l’esprit de camaraderie et de corps, le sens communautaire qui règnent parmi les simples soldats, notamment de l’infanterie. Ce sont ces derniers qu’il aime profondément. Il ne cherchera jamais à s’élever dans la hiérarchie militaire : il juge le monde des officiers trop bourgeois et ennuyeux. En 1906-1907, il subvient à ses besoins grâce à un type de travail qui existait encore à l’époque mais qui a quasiment disparu aujourd’hui : il est tout à la fois le secrétaire et le dessinateur d’une femme de lettres belge fortunée, Marguerite Coppin, avec laquelle il fait un long séjour en Italie, notamment à Naples (ville qui le marque beaucoup), Palerme et Florence. En 1912 paraît le premier vrai roman de Mac Orlan, au titre, La Maison du retour écœurant, et au contenu largement autobiographiques, avec une maison familiale dont l’accès est interdit au héros, contraint de repartir et de revenir sans cesse, le tout étant raconté sur un mode plutôt burlesque.

Quand la guerre éclate, Mac Orlan, mobilisé, part le 1er août 1914 rejoindre son unité, le 69e RI. Ironie de l’histoire ou du destin, il est blessé le 14 septembre 1916 devant Péronne, sa ville natale qui est aussi une ville de garnison. Touché par des éclats d’obus, il est décoré de la croix de guerre. D’abord réformé temporaire, il est hospitalisé à Ouistreham, puis réformé définitivement le 18 décembre 1917.

Le premier après-guerre et la fin de la "dèche"

Son premier roman maritime, Le Chant de l’équipage, paraît en 1918. Mais ce n’est pas encore avec ses livres que Mac Orlan réussit à gagner sa vie. Nommé correspondant de guerre en Alsace et en Allemagne pour un journal important, le quotidien l’Intransigeant, classé plutôt à droite et qui tire à 400 000 exemplaires en moyenne, il s’essaie avec bonheur à un genre nouveau pour lui, le reportage, de novembre 1918 à avril 1919, dans une Allemagne vaincue et humiliée, en pleine effervescence politique. Dans les années suivantes, il fera d’autres reportages pour le même journal, notamment en Angleterre et en Italie. C’est ainsi qu’il interviewe Mussolini à Rome en 1925. De 1921 à 1924, Mac Orlan tient une chronique littéraire à la Petite Gironde. Ces collaborations, et d’autre encore, commencent à lui permettre d’envisager un train de vie sans commune mesure avec les années de dèche profonde connues à Montmartre. En 1927, il s’installe dans la Brie, à environ 70 km de Paris, à Saint-Cyr-sur-Morin, dans une ancienne ferme, qu’il fera rénover et agrandir peu à peu. À la fin de la vie du propriétaire, ce sera une belle maison de campagne, de quinze pièces, que l’on peut aujourd’hui visiter et voir dans l’état où Mac Orlan l’a laissée.

1927 est aussi l’année de parution d’un roman maritime, Le Quai des brumes, pour lequel l’auteur, paradoxalement, a beaucoup puisé dans ses souvenirs des années montmartroises. Car ce roman, rendu célèbre par l’adaptation au cinéma qu’en fit Marcel Carné en 1938, avec une distribution prestigieuse (Jean Gabin et Michèle Morgan dans les rôles titres, Pierre Brasseur et Michel Simon dans les seconds rôles, et Le Vigan dans un petit rôle), et qui assura la notoriété définitive de Mac Orlan, est un cas typique d’illustration de la célèbre maxime d’Oscar Wilde : « La vie imite l’art bien plus que l’art n’imite la vie. » Le Quai des brumes du côté du roman, c’est en effet « la mer à Montmartre ». Tout commence par une connaissance montmartroise de Mac Orlan, Maurice Asselin, qui était en relation avec un certain Fournier, lequel possédait un pied-à-terre sur la Butte, encombré de harpons, de lances et autres armes exotiques. On le disait capitaine au long cours, ancien commandant d’un cargo des Messageries maritimes, et il passait pour avoir fait de longs séjours à Madagascar. La vérité, que l’on apprit plus tard, était bien plus prosaïque : ledit Fournier était en réalité un riche agriculteur tourangeau, un gentleman-farmer qui jouait au navigateur-aventurier !

L’inspiration vint aussi, indirectement, des peintres de l’école de Pont-Aven, qui, lorsqu’ils revenaient de la côte bretonne, « affectaient d’entretenir un folklore marin »[12]. L’un d’eux avait même fondé en 1912 l’Union maritime (sic) de la Butte Montmartre : « Pour être admis au club, il suffisait d’avoir vu la mer une fois dans sa vie et de s’être plié aux rites d’admission : d’abord absorber un verre d’eau salée, puis chiquer pendant le repas en se montrant capable de ne pas manquer le crachoir depuis une certaine distance »[13]. Pour sa part, Carné choisira de situer le film dans le décor du Havre. Mais l’inspiration profonde de l’œuvre peut être résumée par ces beaux vers de Max Jacob : « Paris, la mer qui pense apporte / Ce soir au coin de ta porte / O tavernier du quai des brumes / Sa gerbe d’écume. »

Le Quai des brumes sera suivi en 1931 par La Bandera'', nouveau roman de Mac Orlan qui sera adapté au cinéma par Julien Duvivier en 1935, avec Jean Gabin dans le rôle titre. L’histoire, sur laquelle on ne s’attardera pas car elle est bien connue, est celle d’un assassin, Gilieth, qui a commis un crime à Rouen et qui s’enfuit à Barcelone, se cachant dans le quartier des souteneurs des prostituées et des voyous. Pour survivre, il finit par s’engager dans le Tercio, qui recrute pour le Maroc. Il sert donc ensuite dans une bandera, une compagnie de cette arme. Après toutes sortes de vicissitudes, Gilieth se révélera un soldat exemplaire et mourra en héros, non sans avoir côtoyé comme son double en la personne d’un policier lancé à ses trousses mais fasciné par lui.

Jusqu’en 1939-40, Mac Orlan exploite habilement deux filons relevant de l’édition et de la presse, qui lui permettent d’asseoir solidement sa situation matérielle, même s’il restera jusqu’au bout ou presque un grand inquiet ayant peur de manquer. Il confiera au soir de sa vie à Cl. Brelet : « L’indépendance absolue ! J’ai travaillé toute ma vie pour être le plus indépendant possible. L’indépendance, c’est ce que j’ai tout le temps recherché. Tout le reste, je m’en fous »[14]. Il y a d’abord la vogue des ouvrages pour bibliophiles, richement illustrés, dans le cadre desquels il collabore avec ses nombreux amis peintres et dessinateurs. Il y a ensuite la mode des écrivains-reporters (il suffit de songer à Joseph Kessel). Non content de suivre en 1934 quelques étapes du Tour de France pour le compte du Figaro, tel un précurseur d’Antoine Blondin, Mac Orlan intensifie sa collaboration à des journaux, effectuant durant cette période de nombreux reportages en Afrique du Nord et plus particulièrement en Tunisie. Il est cependant très significatif que pendant ces années où de très nombreux écrivains et artistes choisissent clairement leur camp, Mac Orlan, toujours prudent comme un serpent, se contente de signer, au milieu de 850 autres noms, le texte, rédigé par Henri Massis, du « Manifeste des intellectuels français pour la défense de l’Occident et de la paix en Europe », qui est publié dans le Temps du 4 octobre 1935.

Le "fantastique social" et la méthode Mac Orlan

Mais à partir de la fin des années 1920, c’est dans un genre précis, le roman d’aventures, que Mac Orlan va exceller véritablement. La plupart du temps, il s’agit du roman maritime (histoires de corsaires et de pirates, recherche d’une île au trésor dans le sillage de Robert Louis Stevenson), plus rarement de l’aventure criminelle avec pour cadre le quartier chaud d’une grande ville et sa faune, ou encore de l’aventure militaire, généralement située dans un décor colonial et exotique.

Pour Mac Orlan, le terme “aventure” est proprement inexplicable : c’est « un mot qui se dérobe dès qu’on tente de l’expliquer et de fait c’est le mot le plus émouvant et le plus substantiel de la condition des hommes »[15]. Le bon auteur de livres d’aventures doit, certes, avoir beaucoup d’imagination, mais celle-ci n’est rien si elle n’est pas « au service d’une érudition profonde et discrète »[16]. De ce point de vue, les romans d’aventures de Mac Orlan, y compris ceux qui sont plutôt destinés aux adolescents, trahissent une vaste culture, que ne doit pas occulter la façade du personnage râleur, aux mots crus empruntés au langage du soldat et avec, dans l’âge mûr, une tête de vieux bouledogue. La véritable aventure, pour Mac Orlan, la seule même à ne pas décevoir, est l’aventure imaginaire. C’est dans un bref essai de quelques dizaines de pages paru en 1929, le Petit Manuel du parfait aventurier, que l’écrivain a distingué entre deux grandes catégories, celle des aventuriers actifs et celle des aventuriers passifs. Dans ce texte où se mêlent souvent cynisme et humour noir, et dont on ne sait pas très bien s’il doit être lu au premier ou au second degré, l’auteur écrit : « L’aventurier passif n’existe qu’à la condition de vivre en parasite sur les exploits de l’aventurier actif. [...] L’aventurier passif se nourrit de cadavres. Dans le silence de son cabinet fermé à tous les vents, il dépèce les corps des gentilshommes de fortune accrochés aux gibets de Charlestown et du quai des Exécutions, à Londres. [...] Le capitaine Kid pouvait courir la grande course à travers la mer Océane, puisque Marcel Schwob, deux cents ans plus tard, devait fixer impérissablement sa silhouette, déjà effacée par les embruns et l’indifférence des saisons »[17]. En somme, les plus intrépides parmi les hommes d’action n’existeraient que pour procurer à certains sédentaires « une infinité de petites joies, délicates et variées, dont l’ensemble donne au banquet de la vie une chaleur digne d’être appréciée »[18].

Quant à la méthode qui est au fondement du « fantastique social » propre à l’œuvre de Mac Orlan, pour reprendre une expression employée à son sujet de son vivant et qu’il cautionna, c’est celle de l’“homme-éponge” qui « disait faire provision d’images, de sensations, d’atmosphères, puis presser l’éponge et écrire un livre »[19]. Le fantastique social préexiste dans les accessoires et le décor de la vie quotidienne. Tout est une question, pour le faire apparaître, d’éclairage du décor. En homme typiquement du Nord, foncièrement romantique et fermé aux clartés géométriques méditerranéennes, Mac Orlan est sensible à tout ce qui est mystérieux, brumeux, poreux dans ce que nous appelons, sans trop y prendre garde, sous l’effet de la convention et de l’habitude, la “réalité”. Il voit celle-ci comme percée de nombreuses fentes et interstices par où passent des forces étranges et des peurs ataviques. L’homme lui-même lui semble indéfinissable : « Un homme n’est qu’une longue suite d’hypothèses et de nuances. Toute l’humanité meurt inconnue : les siècles comme les hommes »[20]. En 1940, après l’exode, Mac Orlan peut regagner rapidement sa maison de Saint-Cyr-sur-Morin. Il ne s’engage pas franchement en faveur de la Révolution nationale, mais tient une chronique littéraire, jusqu’en 1943 seulement, dans un journal particulièrement marqué. Il s’agit en effet des Nouveaux Temps, le quotidien collaborationniste du soir fondé par Jean Luchaire le 1er novembre 1940 et dirigé par lui jusqu’à la mi-août 1944. C’est que l’écrivain, malgré son attirance pour les « classes dangereuses » et sa fréquentation assidue de celles-ci, reste fondamentalement un homme d’ordre, et non de destruction. Selon plusieurs spécialistes de son œuvre, Mac Orlan serait même allé jusqu’à donner un article, mais un seul, de critique littéraire à l’hebdomadaire de la Milice, Combats, qui avait pour rédacteur en chef Henry Charbonneau. L’article aurait paru dans le numéro 6 du 12 juin 1943. La Collaboration est aussi la période durant laquelle paraît, en 1941, le meilleur roman maritime de Mac Orlan, L’Ancre de miséricorde, véritable chef-d’œuvre où il se montre capable de camper brillamment une atmosphère et un décor en quelques pages seulement. Ce roman pour adolescents est en fait assez tragique : ayant pour cadre la ville de Brest en 1777, il conte l’histoire d’un adolescent désireux de s’embarquer et découvrant que l’ami de son père, qu’il admirait, n’est en réalité qu’un pirate de la pire espèce voué à la potence.

La Bretagne et les couleurs de la vie

À l’instar de Céline, lui aussi très sensible à toutes les atmosphères celto-nordiques et qui semble avoir apprécié l’œuvre de Mac Orlan (lequel compta aussi parmi ses lecteurs fidèles le situationniste Guy Debord, admirateur confortable car jamais impécunieux des « classes dangereuses »)[21], l’auteur du Quai des brumes, peintre contrarié, venu à la littérature assez tard et par défaut, préférait de beaucoup les images — et ce qui va avec : l’émotion et le lyrisme — aux “idées”. Selon Mac Orlan, les couleurs sont très supérieures aux mots : « Il n’est pas possible — écrit-il après la Seconde Guerre mondiale — d’imaginer une société humaine plus désolante qu’une société sans images, saturée d’idées philosophiques »[22].

En dehors de l’Angleterre, l’écrivain, très ancré dans le domaine celtique, trouva dans la Bretagne sa terre d’élection et dans Brest, où il comptait de nombreux amis, sa ville préférée. Elle lui inspira plusieurs de ses chansons, écrites dans le style réaliste et populaire de Bruant, toujours mélancoliques et dans lesquelles le passé fait retour et alimente la nostalgie. L’une des plus belles, Fanny de Laninon, fut interprétée après 1945 par la comédienne et chanteuse Germaine Montero ainsi que par Juliette Gréco. Le texte de cette chanson est en quelque sorte plus vrai que nature puisque de nombreux Brestois et Bretons, « ignorant qui en est l’auteur, croient qu’il appartient au folklore local »[23]. Chantre des images du passé « qui revient toujours dans le bruit de la mer, comme un noyé distingué mais insistant »[24], Mac Orlan avait remarqué que « les Bretons changent de personnalité le soir. Ils deviennent alors bons conducteurs des forces mystérieuses de l’ombre, quand le Finistère plonge du nez dans les abîmes de la nuit, comme la proue d’un navire dans une mer de légende »[25].

Du maître du fantastique social, il reste une œuvre abondante (on compte vingt-cinq volumes pour les œuvres complètes), certes inégale, avec des écrits strictement “alimentaires”, mais aussi quelques vrais bijoux au charme et à l’éclat absolument intacts. Une œuvre qui s’est exercée dans les genres les plus divers : roman, poésie, chanson, essai, reportage, critique littéraire, critique d’art. Une œuvre dont le style « s’apparente parfois à celui des enlumineurs », mais qui « est le plus souvent identifiable, ce qui est la marque, rare, des écrivains authentiques »[26].

Œuvres

Romans et nouvelles

  • Les Pattes en l'air, Société d'éditions littéraires et artistiques, Librairie Ollendorff, Paris, 1911
  • La Maison du retour écœurant, Bibliothèque humoristique, Paris, 1912
  • Le Rire jaune, Albert Méricant, Paris, 1914
  • Les Contes de la pipe en terre, L'édition moderne, Librairie Ambert, Paris, 1914
  • Les Bourreurs de crâne, La Renaissance du livre, Paris, 1917
  • U-713 ou les Gentilshommes d'infortune, Société littéraire de France, Paris, 1917
  • Le Chant de l'équipage, L'Édition française illustrée, Paris, 1918
  • Les Mystères de la morgue ou les fiancés du IVe arrondissement (coécrit avec Francis Carco), La Renaissance du livre, Paris, 1918
  • Bob bataillonnaire, ed. Albin Michel, Paris, 1919 (réédité sous le titre Le Bataillonnaire en 1931)
  • La Clique du Café Brebis, histoire d'un centre de rééducation intellectuelle, La Renaissance du livre, Paris, 1919
  • Chronique des jours désespérés, Émile-Paul frères, Paris, 1919
  • Le Nègre Léonard et maître Jean Mullin, Éditions de la Banderole, Paris (tirage limité), Paris, 1920 / Gallimard, Paris, 1920
  • À bord de L'Étoile Matutine, Georges Crès, Paris, 1920
  • La Bête conquérante, L'Édition française illustrée, Paris, 1920
  • La Cavalière Elsa, Gallimard, Paris, 1921 (prix La Renaissance 1922, présidé par Colette)
  • Malice, Georges Crès, Paris, 1923
  • La Vénus internationale, Gallimard, 1923
  • À l'hôpital Marie-Madeleine, Le Sagittaire, Paris, 1924
  • Marguerite de la nuit, Émile-Paul frères, Paris, 1925; Arthème Fayard, Paris, 1935
  • Les Clients du Bon Chien jaune, Les Arts et le livre, Paris, 1926
  • Sous la lumière froide, Émile-Paul, Paris, 1926
  • Les Feux du Batavia, À la Cité des Livres, Collection "L'Alphabet des Lettres", 1926; Editions Lumière, Collection "La Flèche d'Or", 1944, Illustrations de René Guiette; Editions Cartouche, Collection "La Petite Cartouche", 2009.
  • Le Quai des brumes, Gallimard, Paris, 1927
  • La Danse macabre, Editions Simon Kra, Paris, 1927, Illustrations (20) de Yan B Dyl, pochoirs de Daniel Jacomet, tirage limité à 325 exemplaires numérotés.
  • Dinah Miami, Éditions Larousse, Paris, 1928
  • Les Vrais Mémoires de Fanny Hill, Éditions M.P. Trémois, Paris, Paris, 1929 (édition définitive sous le titre de Les dés pipés ou Les aventures de Miss Fanny Hill en 1952)
  • La Tradition de minuit, Émile-Paul frères, Paris, 1930
  • La Bandera, Gallimard, Paris, 1931
  • Quartier réservé, Gallimard, Paris, 1932
  • La Croix, l'ancre et la grenade, Devambez, Paris, 1932
  • Filles d'amour et ports d'Europe, Éditions de France, Paris, 1932 (première version de ce qui devient Mademoiselle Bambù en 1966)
  • La Nuit de Zeebrugge, Librairie des Champs-Élysées, coll. Le Masque, Série « Aventures et légendes de la mer » n° 8, Paris, 1934 (republié sous le titre Le Bal du Pont du Nord en 1946)
  • Le Tueur n° 2, Librairie des Champs-Élysées, coll. Police-Sélection, Paris, 1935. Cet ouvrage a fait l'objet d'une adaptation radiophonique dans l'émission Les Maîtres du mystère
  • Le Camp Domineau, Gallimard, Paris, 1937
  • Le Carrefour des trois couteaux, Librairie des Champs-Élysées, coll. Le Masque, Paris, 1940
  • L'Ancre de miséricorde, Émile-Paul frères, Paris, 1941
  • Plaisirs à l'ombre d'un Clocher, Editions Prisma, 1943, en feuillets mobiles sous chemise cartonnée, 25 pages. Illustrations de L. Caillaud. Plaquette éditée à l'occasion d'une journée au village de la chanson : Courgent, dans les Yvelines, le 15 août 1943. Tirage limité.
  • Picardie, Émile-Paul, Paris, 1943 Réédité sous le nom Babet de Picardie, chez Le Livre Contemporain, 1958, dans la collection "Visages de l'Aventure. De Villon à Saint-Exupéry" dirigée par Pierre Mac Orlan, avec jaquette.
  • Attelages militaires, Collection "Les Equipages", Compagnie française des Arts graphiques, Paris, 1944, Tirage limité à 1.550 exemplaires numérotés, Illustrations de Edmond Lajoux.
  • Père Barbançon, Éditions de L'Arc-en-Ciel, Paris, 1948 (intégré par la suite à Filles d'amour et ports d'Europe)
  • Pig, le Petit Cochon savant, 1956, Editions Bias, Illustrations de J.-M. Rabec. Imprimerie Fournier Frères, Paris.
  • Mademoiselle Bambù, Le Livre de poche n° 1720, 1966 (version définitive de Filles d'amour et ports d'Europe et Père Barbançon)

Essais, mémoires, reportages

  • Petit manuel du parfait aventurier, La Sirène, Paris, 1920
  • Le Livre de la Guerre de Cent ans, Texte de Pierre Mac Orlan, Illustrations de Gus Bofa, La Renaissance du Livre, Paris, 1921. Tirage limité à 401 exemplaires numérotés.
  • L'Inflation sentimentale, Texte de Pierre Mac Orlan et Aquarelles de Chas Laborde, 21 gravures à l'eau-forte, La Renaissance du Livre, Paris, 1923, tirage limité à 140 exemplaires numérotés.
  • Les Pirates de l'avenue du rhum, Le Sagittaire, Paris, 1925
  • Brest, Éditions Émile-Paul, Paris, 1926 (repris dans le recueil Villes publié en 1929)
  • Aux Lumières de Paris, Editions Georges Crès & Cie, Paris, 1925. Avec Illustrations de Jules Pascin.
  • Boutiques de la Foire, Paris,1926, Editions Marcel Seheur, avec des lithographies de Lucien Boucher.
  • Les Jeux du demi-jour, Essai, Editions de la Nouvelle Revue Françoise (NRF), Paris, 1927, avec un Portrait de l'auteur par Chas Laborde gravé sur bois par Georges Aubert, édition limitée à 770 exemplaires numérotés.
  • La Seine, Pierre Laffite, Paris, 1927
  • Rue des Charrettes, Éditions Émile Hazan, Paris, 1927 (repris sous le titre Rouen dans le recueil Villes publié en 1929)
  • Rue Saint-Vincent, Éditions du Capitole, Paris, 1928 (repris sous le titre Montmartre dans le recueil Villes publié l'année suivante)
  • Rues et visages de Londres, Librairie J.Terquem, 1928 Tirage limité à 121 exemplaires numérotés, avec Illustrations de Chas Laborde (repris sous le titre Londres dans le recueil Villes publié l'année suivante)
  • Rhénanie, Éditions Émile-Paul, Paris, 1928 (repris sous le titre Villes rhénanes dans le recueil Villes publié l'année suivante)
  • Villes, Gallimard, Paris, 1929
  • Sélections sur Ondes courtes, Les Editions des Cahiers libres, Paris, 1929, tirage limité à 730 exemplaires numérotés.
  • Nuit aux bouges, Flammarion, Paris, 1929 (illustrations d'André Dignimont)
  • Les Valets d'Ombre, Essai, Editions de la Belle Page, Collection "Rara Avis", 1930, 26p, Plaquette tirée à 96 exemplaires.
  • Légionnaires, La Légion étrangère espagnole, La Légion étrangère française, Éditions du Capitole, Paris, 1930
  • Le Bataillon de la mauvaise chance. Un civil chez les joyeux, Éditions de France, Paris, 1933
  • Hambourg, Éditions Alpina, Paris, 1933 (repris dans la version définitive du recueil Villes publié en 1966)
  • Rues secrètes, Gallimard, Paris, 1934
  • Verdun, Nouvelles éditions latines, Paris, 1935
  • Propos d'infanterie, Fernand Sorlot, Paris, 1936
  • 25 Dessins du vieux Paris, par Anne-Marie Fontaine, Texte de Pierre Mac Orlan, publié aux frais de l'Auteur, Paris, sans date (vers 1936), 25 reproductions de dessins et 8 pages de texte, tirage limité à trente (30) exemplaires numérotés.
  • Masques sur mesure, Gallimard, Paris, 1937
  • Les Démons Gardiens, Aux dépens des Amis de l'Artiste, Paris,1937, avec des Eaux-Fortes de Chas Laborde, tirage limité à 271 exemplaires numérotés provenant des presses à bras de Roger Lacourière, Imprimeur-Editeur, Graveur, 120 pages.
  • Dans les tranchées, Les Œuvres libres, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1939
  • Lautrec peintre de la lumière froide, Paris, Floury, collection Anciens et modernes, 1941, 179 p.
  • Entre-Temps gris, Editions Jean-Gabriel Daragnès, Paris, 1943, en Feuilles, couverture illustrée d'un bois de Daragnès, dans emboîtage,tirage limité à 45 exemplaires numérotés.
  • Parades abolies, Impressions foraines de Pierre Mac Orlan, Aquarelles de Roger Wild, Editions A.& P. Jarach, Paris, 1945. Tirage limité à 282 exemplaires numérotés.
  • Montmartre, Éditions Armand de Chabassol, Bruxelles, 1946
  • Les Bandes. Essais sur l'éducation sentimentale, Éditions de la belle page, Paris, 1947
  • L'Écharpe de suie, La Couronne, Paris, 1947
  • La Couronne de Paris, Texte de Pierre Mac Orlan, Illustrations d'André Jacquemin, édité par l'Union bibliophilique de France, 1947, avec 13 eaux-fortes originales et dessins gravés sur bois du dit A.Jacquemin, dans les éditions postérieures, cette œuvre est souvent accompagné de Les Bandes, Parades abolies, Montmartre.
  • O Paris, Texte de Pierre Mac Orlan, Aquarelles (15) de Maryand, Paris, 1948, sur les Presses de Roger Lescaret.
  • Paris, Encyclopédie Alpina illustrée, 1948, 40 planches de photographies, 3 pages d'introduction.
  • Eloge de Gus Bofa, Editions Manuel Bruker, Paris, 1949.
  • Le Diable dans la Rue, avec des illustrations de Chas Laborde, Editions Littéraires de France,sans date (vers 1950), in "Le Diable à Paris", Fantaisie réaliste en douze Tableaux.
  • Paul Elsas, Essai sur Paul Elsas, Les Presses Littéraires de France, Paris, 1952, tirage limité.
  • Surprenants Visages de Paris, aux Editions Vialey, Paris, 1952, avec des aquarelles (10 ) et des dessins (4) de Gaston Barret.
  • La Chanson des Portes, Editions Pierre Gaudin, Paris, 1952, en feuillets (6), édition limitée à 80 exemplaires réservés " aux Amis de Camille Renault" et 100 exemplaires hors-commerce.
  • La Lanterne sourde, Gallimard, Paris, 1953
  • André Planson, avec une Biographie, une Bibliographie et une Documentation complète sur le Peintre et son Œuvre, Editions Pierre Cailler, Genève, 1954, n°32 de la Collection Peintres & Sculpteurs d'hier et d'aujourd'hui.
  • Le Mémorial du petit jour, Gallimard, Paris, 1955
  • Costumes de la Marine française 1678 1808, Paris, G. Delluc, 1955, Illustrations (15 Aquarelles) de Max Bertrand, Tirage limité à 1.550 exemplaires numérotés réservés aux " Amis de la Société anonyme de Gérance et d'Armement et de la Compagnie des Bateaux à vapeur du Nord ".
  • Eloge de Daragnès, Editions Manuel Bruker, Paris, 1956, édition limitée à 200 exemplaires.
  • Les Visiteurs de Gavarni, in Gavarni / Images de Gavarni, texte inédit de Pierre Mac Orlan, publié par l'Association des anciens élèves d'H.E.C. pour la Nuit H.E.C.-1955, tirage limité à 1.200 exemplaires numérotés, couverture cartonnée gaufrée, décor médaillon au monogramme de Gavarni, œuvres de Gavarni reproduites en photogravures, sous emboîtage, peu courant.
  • Le Gros Rouge, Mémoires d'un Passant inutile. 1920-1928, un volume de la Collection "Les Fermiers Généraux", (1956-1957), Editions du Cap, Monte-Carlo, 1957. Avec des Illustrations de Georges Pascin. Edition hors-commerce tirée à l'intention exclusive des sociétaires des "Fermiers généraux".
  • La Pension Mary Stuart, suivi de Docks, Les Feux du Batavia, Lithographies de Simon Goldberg, Société des Bibliophiles "Hippocrate et ses Amis", Paris, 1958, tirage limité.
  • Vlaminck, Imprimerie nationale / André Sauret, Paris, 1958, 42 planches imprimées par Mourlot dont 5 lithographies originales de Vlaminck dont 1 en couleur en double page.
  • La Petite cloche de Sorbonne, Gallimard, Paris, 1959
  • Jack Chambrin, Prix Fénéon 1954, Éditions Galerie J.-C. de Chaudin, Paris, 1959. (Catalogue d'exposition, préface).
  • Masques sur mesure II (Œuvres Complètes, volume XXIV, Le Cercle du bibliophile, Genève, 1970 (réunit les principaux essais consacrés à la peinture)
  • Masques sur mesure III (Œuvres Complètes, volume XXV), Le Cercle du bibliophile, Genève, 1970 (contient un choix de préfaces et de portraits)
  • Sous la croix blanche, Le Cercle du bibliophile, Genève, 1971 (texte écrit en 1946 et non publié à l'époque. Recueilli dans les Œuvres Complètes avec Picardie)

Poésie et chansons

  • Chansons pour accordéon, Gallimard, Paris, 1953
  • Poésies documentaires complètes, Gallimard, Paris, 1954
  • Mémoires en chansons, Gallimard, Paris, 1962

Littérature érotique

  • Le Masochisme en Amérique, La Librairie d'amateurs, Paris, 1905 (anonyme. Réédité avec Pierre Dumarchey comme nom d'auteur aux éditions Jean Fort en 1910)
  • Le Journal d'une Masseuse, sous le pseudonyme La Vrille, R.Dorn, éditeur, Paris, 1906, réédité chez Jean Fort, Paris, 1923
  • Maison de Flagellations Traité sur les Méthodes employées par les Flagellomanes par le Dr Fowler (pseudonyme de Pierre Mac Orlan) Illustré de croquis et de photographies d'après nature Editions E. Török, Paris-Pragues (sic), 1907, 64pp.
  • Femmes du monde et sang bleu, Première partie : Georges, hors commerce, « Pour les amis d'Isidore Liseux », Paris, 1908 (sous le pseudonyme de Chevalier de X)
  • La Comtesse au fouet, belle et terrible (l'homme-chien), roman d'une héroïne de Sacher-Masoch, Jean Fort, Paris, 1908 (sous le nom de Pierre Dumarchey) ; rééd. Héliot Presse, Toulouse, 1990
  • Georges, sous le nom de Le Chevalier de X..., Collection Femmes du monde & Sang bleu, Hors commerce, tiré à un très petit nombre pour les Amis d'Isidore Liseux, 1908. Un des livres clandestins les plus difficiles à trouver, le stock ayant été détruit en 1913.
  • Les Grandes flagellées de l'histoire, Jean Fort, Paris, 1909 (sous le nom de Pierre Dumarchey)
  • Lise fessée, Jean Fort, Paris, 1910 (sous le nom de Pierre Dumarchey)
  • Les Aventures amoureuses de Mademoiselle de Sommerange ou Les Aventures libertines d'une Demoiselle de Qualité sous la Terreur, « Sweetgra's, Québec » (en réalité : Jean Fort, Paris), 1910 (sous le pseudonyme de Pierre du Bourdel) ; rééd. La Musardine, coll. « Lectures amoureuses de Jean-Jacques Pauvert », Paris, 2000
  • Mademoiselle de Mustelle et ses amies. Roman pervers d'une fillette élégante et vicieuse, Jean Fort, Paris, 1913 (sous le pseudonyme de Pierre du Bourdel) ; rééd. La Musardine, Paris, 1999
  • Quinze ans, Roman sur la Discipline familiale suivi de quelques Lettres sur les Châtiments corporels dans l'Education des jeunes Filles et de Sonia ou la belle Etudiante, Illustrations de Louis Malteste, chez Jean Fort, Paris, 1913, Collection "Les Orties blanches" (sous le pseudonyme Sadie Blackeyes), réédition Dominique Leroy, 1978, sans illustrations.
  • Petite dactylo, suivi de Les Belles clientes de M. Brozen et de Le Maître d'école, avec un choix de lettres concernant les faits curieux touchant la flagellation des misses et des femmes, Jean Fort, coll. « Les Orties blanches », avec 32 illustrations de G. Smit, Paris, 1914 (sous le pseudonyme de Sadie Blackeyes) ; rééd. Collection des Orties blanches, 1933; La Musardine, Paris, 2005
  • Baby Douce Fille, Jean Fort, Paris, 1919 (sous le pseudonyme de Sadie Blackeyes)
  • Petites cousines, À la folie du jour, Paris, 1919 (sous le pseudonyme de Sadinet) et réédition "Petites cousines. Souvenirs érotiques d'un homme de qualité touchant les jolies petites cousines...les bonnes à tout faire...les femmes du monde et les belles filles de province", Aux dépens d'un amateur et pour ses amis, édition publiée par Paul Coutinaud, vers 1933, illustrée de dix (10) eaux-fortes de Léon Courbouleix, 111 pages, tirage limité à 270 exemplaires numérotés.
  • L'Instrument des Apothicaires (sous le pseudonyme Claude de Saint-Hieble) Jean Fort, Paris, 1920, 11 vignettes de van Mael, 7 hors-texte, Collection Les Amis du bon vieux Temps.
  • Miss, Souvenirs d'un Pensionnat de correction par une Demoiselle de bonne Famille, Collection des Orties blanches, Paris, sans date (vers 1922), Illustrations de Louis Malteste (sous le pseudonyme Sadie Blackeyes).
  • Abécédaire des Filles et de l'Enfant chéri, Editions de la Fanfare de Montparnasse, 1924, Illustrations de Jules Pascin. (Abécédaire érotique présentant une lettre imagée agrémentée de figures érotiques et en regard des poèmes de Pierre Mac Orlan).Paru anonymement en 1924 et seconde édition en 1935,aussi anonymement.
  • La Semaine secrète de Vénus, P. Cotinaud, Paris, 1926 (anonyme)
  • Les Contemporaines galantes, Paris,1931, attribué à Pierre Mac Orlan, 10 aquarelles et 10 culs-de-lampe attribués à André Dignimont, 64 pp., en feuilles sous couverture imprimée, tirage limité à 212 exemplaires numérotés.

Publications posthumes

  • Le Mystère de la malle n°1 (quatre reportages de 1924 à 1934), U.G.E., coll. 10/18, Paris, 1984
  • Manon la souricière (contes et nouvelles non recueillis dans les Œuvres complètes), Gallimard, Paris, 1986
  • Capitaine Alcindor, (contes et nouvelles non recueillis dans les Œuvres complètes), Gallimard, Paris, 1988
  • Les Compagnons de l'Aventure, Editions du Rocher, 1997, Préface de Francis Lacassin.
  • Visiteurs de Minuit, Nrf-Gallimard, Paris, 1997, Préface de Francis Lacassin.
  • Domaine de l'ombre (articles consacrés au « fantastique social » non recueillis dans Masques sur Mesure), Éditions Phébus, Paris, 2000
  • Images abolies (recueil d'articles et de préfaces non réédités), Michel de Maule, Paris, 2005
  • Écrits sur la photographie (recueil d'études et d'articles sur la photographie), Textuel, coll. « L'écriture photographique », 2011

Notes et références

  1. Cette biographie est reprise de : Axel Courlande, « Ombres et lumières de Pierre Mac Orlan », in : Rivarol, N°3543, 30.11.2022, p. 12-13.
  2. Bernard Baritaud, Mac Orlan, Pardès, coll. Qui suis-je ?, Grez-sur-Loing, 2015, p. 7.
  3. Cité par Claudine Brelet, Au seuil du Grand Voyage. Entretiens inédits avec Pierre Mac Orlan, Éditions de Paris — Max Chaleil, Paris, 2013, p. 79. Le cœur de cet ouvrage, qui rassemble aussi différents hommages à l’écrivain, est constitué de plusieurs entretiens recueillis en 1969 et 1970 par une future anthropologue, auteur notamment d’ouvrages savants sur les médecines traditionnelles, mais fascinée, à l’époque, par le vieux maître du « fantastique social ». On s’étonne quand même un peu qu’elle ait attendu plus de quatre décennies pour rendre publiques ses conversations avec l’écrivain.
  4. Pierre Mac Orlan, La Petite Cloche de Sorbonne — Le Mémorial du petit jour, in : Œuvres complètes, Gallimard et Cercle du Bibliophile, Paris-Genève, 1971, p. 11.
  5. Dominique Le Brun, « Qui était donc Pierre Mac Orlan ? », in : P. Mac Orlan, Romans maritimes, Omnibus, Paris, 2004, p. XVII.
  6. À la veille de sa mort, Mac Orlan évoquera avec beaucoup d’humour ses années de misère, à commencer par sa rencontre avec le peintre Vlaminck : « Quand je suis arrivé à Paris, je n’avais qu’un costume. Quand il a été usé, je n’avais plus rien à me mettre sur le dos. Vlaminck, qui était très grand, m’a donné une veste. Ça m’a fait un pardessus : les coudes m’arrivaient aux poignets ! Et ça a continué avec des trucs dans ce genre-là » (cité par Cl. Brelet, Au seuil du Grand Voyage, op. cit., p. 20).
  7. B. Baritaud, Mac Orlan, op. cit., p. 25.
  8. Ibid., p. 17.
  9. Ibid.
  10. Cité par Cl. Brelet, Au seuil du Grand Voyage, op. cit., p. 19.
  11. « J’ai l’Angleterre dans le sang. C’est le pays où je suis allé en priorité, la première fois en 1901 », confie-t-il au soir de sa vie à Cl. Brelet, op. cit., p. 19.
  12. D. Le Brun, « Qui était donc Pierre Mac Orlan ? », in : P. Mac Orlan, Romans maritimes, op. cit., p. XXVIII.
  13. Ibid.
  14. Cité par CL. Brelet, Au seuil du Grand Voyage, op. cit., p. 24.
  15. P. Mac Orlan, Masques sur mesure III, in : Œuvres complètes, op. cit., p. 346.
  16. Ibid., p. 253.
  17. P. Mac Orlan, Romans maritimes, op. cit., pp. 678-679. Le Petit Manuel du parfait aventurier a été repris dans ce recueil, où il figure pp. 671-700.
  18. Ibid., p. 679.
  19. B. Baritaud, Mac Orlan, op. cit.,p. 53.
  20. P. Mac Orlan, La Petite Cloche de Sorbonne — Le Mémorial du petit jour, op. cit., p. 12.
  21. Les trois hommes partageaient une vive admiration pour le « mauvais garçon » médiéval François Villon.
  22. P. Mac Orlan, La Petite Cloche de Sorbonne — Le Mémorial du petit jour, op. cit., p. 316.
  23. B. Baritaud, Mac Orlan, op. cit., p. 68.
  24. P. Mac Orlan, Villes (1re éd. : 1926), in : Œuvres complètes, op. cit., p. 140.
  25. Ibid., pp. 140-141.
  26. B. Baritaud, Mac Orlan, op. cit., pp. 7-8.