Palais des sports

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Affiche annonçant le meeting
Le 9 mars 1971, le mouvement Ordre nouveau, créé en 1969 (et dissous le 28 juin 1973), tint un important meeting au Palais des sports de la Porte de Versailles, à Paris. Outre un retentissant écho médiatique en raison de violents affrontements avec des groupuscules gauchistes, elle fut aussi un rassemblement politique marquant : depuis l'après-guerre, c'est la première grande réunion publique du courant de l'extrême-droite française.

Ce ne sera toutefois que lors du deuxième congrès de l'organisation Ordre nouveau des 10 et 11 juin 1972 que sera décidée une stratégie de conquête du pouvoir, avec un double-objectif :

  • participer aux élections législatives de 1973 au sein d'une structure plus large, nommée « Front national » (créé le 5 octobre 1972), mais tout en poursuivant son agitation dans les rues et les universités,
  • s'associer à des nationalistes européens (Phalangistes espagnols, NPD allemand et Mouvement social italien de Giorgio Almirante).

Le mensuel Pour un Ordre Nouveau fit le compte-rendu du meeting au Palais des sports, reproduit ci-dessous, dans son numéro supplément de juin 1972.



Texte à l'appui



POURQUOI LE PALAIS DES SPORTS ?



Notre meeting à la Mutualité [ tenu le 13 mai 1970 à Paris ] avait lancé notre mouvement, créé une surprise, marqué un réveil ; il nous manquait une confirmation. On pouvait craindre que ce succès ne soit qu'un feu de paille, c'est pourquoi il nous fallait démontrer qu'en dehors d'un coup de théâtre, notre mouvement était capable de sérieux et que nous avions vraiment la volonté de faire un parti politique. Il nous fallait pour cela donner des gages : continuité, sérieux dans l'action, absence d'activisme et de folklore ; et surtout, donner une image de marque acceptable non seulement pour des jeunes épris d'action, mais des personnes d'âges plus mûrs ayant une position sociale établie. Il nous fallait donc séduire et non effrayer, abandonner l'image de marque « activistes excités » qui nous collait à la peau. Pour atteindre ce but, la stratégie du mouvement était connue depuis le début:

  • Nous devions faire preuve d'absence de sectarisme, de référence au passé,
  • Nous voulions créer un parti de masse, abandonnant ainsi les vieilles habitudes de notre milieu qui, jusqu'à présent, avait le culte des petites chapelles groupant quelques dizaines d'« initiés » dans une cave sombre. Cela impliquait pour nous de pratiquer une politique de large ouverture. Accueillant les militants venant d'horizons très divers, cette politique, qui visait à faire de notre mouvement le parti de tous les nationalistes, devait se doubler d'une stricte rigidité intérieure. De plus, notre action politique devait être empreinte de la plus stricte légalité. Nous voulions un parti officiel, dont les responsables étaient connus de tous, capable de participer à toutes les luttes politiques, syndicales, électorales. Plus que jamais, il fallait appliquer notre mot d'ordre : présent partout !

C'est pourquoi depuis la Mutualité nous avions cherché à organiser, à structurer notre parti pour en faire un outil efficace. Parallèlement à ce travail interne, il nous fallait organiser de nouvelles « opérations promotion », frapper de grands coups dans l'opinion, la publicité ainsi acquise devant nous faire progresser à grands bonds, gagnant ainsi plusieurs années de travail à chaque fois. Nous devions également développer les différentes courroies de transmission que nous avions créées, nous permettant ainsi une action adaptée aux différents milieux socio-professionnels (GUD, ULP, UGT, par exemple). Priorité étant également donnée à l'implantation dans les secteurs, travail long et épuisant, mais nécessaire, car il était vital pour nous de montrer notre présence dans les quartiers. Cette ligne politique a toujours été suivie avec les aléas inévitables que cela comportait. En fonction de ce programme, nous devions, après la Mutualité, refaire une nouvelle « opération promotion » et donner à nos partisans la preuve de notre présence.

Si le succès à la Mutualité pouvait être attribué à la surprise, celui du Palais des Sports devait être une confirmation. Cette nouvelle opération devait avoir obligatoirement une plus grande ampleur que celle de la Mutualité et marquer par-là le développement de notre mouvement.

Une opération de ce style devait être légale et devait donc correspondre obligatoirement à un meeting, un meeting plus grand que celui de la Mutualité. C'était pour nous l'obligation de faire un Palais des Sports.

La ligne politique du mouvement nous imposait de participer à toutes les luttes. Nous avions été présents aux élections du 12e arrondissement, à celles de Bordeaux. Nous devions l'être aux municipales d'autant que le Palais des Sports n'est accordé qu'en période électorale aux partis politiques. Ceci est une des nombreuses raisons pour lesquelles nous avons présenté des listes dans tout Paris.

Faire un Palais des Sports représentait pour nous une opération grandiose, jamais réalisée par des nationalistes depuis des dizaines d'années. Cela représentait un pari énorme, dont dépendait l'avenir du mouvement. Il nous fallait donc tout mettre en œuvre, axer toute l'année sur ce meeting qui nous plaçait à l'échelon d'un véritable parti. C'est pourquoi nous avons dû, depuis le début de l'année :

  • Acquérir un local officiel, base nécessaire pour une opération de grande envergure.
  • Affermir les secteurs par des meetings qui nous permettaient de rôder nos équipes (collages, organisation de stands, S.O., orateurs), de savoir combien coûtait une réunion, et de tester la force de notre impact dans les quartiers.

Le succès des meetings de secteurs nous a permis d'acquérir la certitude qu'avec une bonne campagne, nous étions capables de remplir la salle du Palais des Sports. Notre succès était donc assuré. Nous pouvions, dès lors, envisager de croiser le fer.

Il restait à résoudre le problème financier ; pendant un trimestre, nous avons essayé d'équilibrer les budgets de nos secteurs. Nous avions mis sur pied une opération-promotion 71 mais qui n'a pu être menée à terme car elle a été démarrée trop tard (cette opération a néanmoins été un succès).

Quels inconvénients présentaient pour nous ce meeting ?

D'abord, nous avions le problème financier. Ce meeting allait coûter cher, d'autant que nous avions à financer les élections municipales. Cet argent pouvait évidemment être employé ailleurs (structure, journal), mais l'argent engagé dans le Palais des Sports n'aurait pas été trouvé pour une autre action. L'opération Palais des Sports était suffisamment attractive par elle-même.

Un autre risque, pour nous, était celui de l'interdiction du meeting ; et à ce moment, tout l'effort tant financier que militant serait tombé à l'eau. Nous n'avions alors pas d'opération de rechange. De plus, cette interdiction aurait fait sombrer l'opération électorale.

Autre danger : tomber dans une provocation, soit lors du meeting dans la salle (bras levé, délire verbal), soit à l'intérieur, avec des bagarres, si notre S.O. n'avait pas été bien tenu en main. Nous pouvions également « faire le bide », c'est à dire une salle vide, pas d'opposition chez nos adversaires.

Nous faire écraser par les gauchistes.

Malgré ces risques, nous avons décidé de tenir ce meeting.

Nous nous sentions capables de remplir la salle, d'encaisser le choc des gauchistes, d'éviter l'interdiction en restant dans la légalité. Nous avions acquis une discipline suffisante pendant un an.

De plus, dans l'opinion, le mouvement s'était fait oublier. Il était temps de frapper un grand coup. Nous ne pouvions plus nous permettre d'hésiter. Le moment était bon. Nous devions prouver que notre travail était efficace. Il nous fallait faire le Palais des Sports et affronter nos adversaires sur le terrain choisi par nous.

Nous avons retenu la salle depuis le 28 décembre, effectué les démarches nécessaires pour obtenir l'autorisation voulue (obtenue au dernier moment, soit 19 jours auparavant). Nous avons interdit toute autre opération, donnant ainsi priorité au Palais des Sports. Nous avons fait le maximum sur le plan propagande.

Aucun meeting n'a été aussi bien préparé :

  • 15.000 affiches géantes,
  • 200.000 tracts et autant d'autocollants,
  • 15.000 invitations.

Soit 400.000 francs (nouveaux francs), que nous croyons bien investis, la seule location de la salle coûtant 100.000 francs.

La préparation du Palais des Sports s'est donc faite en 15 jours, et a demandé un travail énorme à nos militants. Toutes les nuits nos équipes de colleurs fournissaient un travail colossal, par des froids sibériens (–10 °C certaines nuits, la colle gelait sur les balais). Tous les jours, partout dans Paris, s'effectuaient des distributions de tracts, nos autocollants tapissaient la ville.

La réaction ne se fit pas attendre. Partout l'opposition bougeait, partout on parlait de nous. Les gauchistes se déchaînaient. Cette opération était évidemment prévue, attendue, mais non souhaitée. Pour nous le problème était le suivant. L'agitation gauchiste était une arme à double tranchant. Elle était bonne pour nous en ce sens qu'elle contribuait à faire annoncer le meeting en plus de notre propagande, sensibilisant l'opinion et la presse qui attendaient l'affrontement. Notre impact publicitaire gagnait. L'annonce de la présence des gauchistes incitait les durs à nous rejoindre, sentant que la partie allait être sérieuse.

Elle présentait les inconvénients suivants :

  • les risques de troubles rendaient incertains l'autorisation de notre meeting et surtout l'accord du directeur de la salle.
  • De plus, le but du meeting était pour nous de parler, de nous exprimer, de nous définir, de proposer un programme pour les élections, de réunir 10.000 Parisiens qui nous auraient rejoints, mais que les risques d'affrontements risquaient de décourager de venir : on ne peut demander à tous nos partisans d'affronter des pavés pour assister à notre meeting.


Qu'aurait été un meeting sans gauchistes ?


Le SO qui affronta les gauchos

Quant à l'assistance, nous assurions une salle comble, ce qui aurait eu un grand retentissement dans l'opinion. L'ambiance dans la salle, chauffée par nos partisans, aurait été bonne. Un meeting avec la présence des gauchistes ? C'était alors l'affrontement. Nous l'attendions depuis longtemps, il devait se produire; mais ici, nous étions dans notre droit; nous avions choisi notre terrain; pour nous, c'était l'occasion de tenir un vieux pari, d'affronter tous nos adversaires, de les casser et de les obliger à nous reconnaître comme une force existante.

C'était également le moment de juger la valeur de nos effectifs, de nos partisans. C'était l'occasion de faire du 9 mars une date, une victoire. C'était, pour nous, montrer que nous n'étions pas un rassemblement électoral de farfelus, mais un mouvement solide, décidé, prêt à accepter le combat. Finalement, un affrontement nous amenait dix fois plus de publicité, attirait sur nous l'opinion nationale et internationale et obligeait les gens à choisir pour ou contre nous. C'est dans cet état d'esprit, cette ambiance, que nous sommes arrivés au 9 mars.

Le directeur de la salle, terrorisé, nous demanda d'assister à une table ronde avec les autorités afin que les mesures de sécurité soient prises normalement, comme cela se fait à chaque meeting, le rôle des autorités étaient de faire respecter l'ordre. Ainsi en serait-il d'un meeting gauchiste menacé d'une attaque, ainsi en est-il de toute manifestation.

La police se chargeait du maintien de l'ordre dans la rue, ce qui se passait dans la salle ne la regardant pas, étant du ressort des organisateurs. Comme d'habitude !

Ce faisant, notre S.O. devait se cantonner dans l'enceinte du Palais. Nous y avons monté la garde dès la veille au soir, afin d'éviter un nouveau coup comme l'attentat à l'explosif contre le St-Lambert de notre premier meeting ou de nous garder d'une attaque éclair.

Jamais, durant la nuit et la journée, un seul de nos militants ne s'est montré hors de l'enceinte du Palais, conformément aux demandes des autorités, voulant respecter la légalité.

Nous avons équipé notre S.O. du matériel défensif indispensable, à cause des appels au meurtre proférés par la gauche depuis 15 jours. On n'affronte pas, en effet, les terroristes qui ont fait leurs preuves rue du Renard (attaque-éclair), à Convention, Abbesses, Nanterre, les mains nues. Alors nous savions que nos adversaires allaient venir équipés de cocktails Molotov, barres de fer, casqués. Si nous refusons la violence offensive, conformément à la ligne politique définie au congrès, nous acceptons fermement la violence défensive, surtout quand il s'agit de mener un combat pour défendre notre liberté d'expression et il n'existe pas de demi-mesures en ce domaine. Il nous fallait tenir à tout prix.

C'est pourquoi nous avons puissamment équipé notre S.O.. d'un matériel de défense statique (bouclier, longues perches métalliques). Nous avons réparti les 500 membres de notre S.0. en 5 équipes :

  • 3 dans le hall
  • 1 dans les installations du Palais
  • 1 dans la salle pour défendre la tribune.

Notre intention était de rester dans le Palais, mais, dès 19h30, nous constations à notre grand étonnement l'absence générale de forces de police sur place et aux alentours, ainsi qu'un début de concentration de gauchistes aux portes mêmes du Palais des Sports. Le problème pour nous était de rendre l'accès à la salle possible à nos invités, accès que les gauchistes tentaient d'empêcher.

A ce moment, nous contactons les autorités qui nous annoncent leur intention de ne pas intervenir, sauf si le Palais était investi par les gauchistes, c'est à dire qu'ils avaient l'intention de laisser se produire d'une part la concentration gauchiste, d'autre part les affrontements, se moquant éperdument que l'accès du Palais soit libre ou pas.

La police nous laissait donc seuls face aux gauchistes, ne comptant intervenir qu'après le choc. Il s'agissait d'un piège que nous devions déjouer sur-le-champ en forçant la police à intervenir pour dégager les abords du Palais. Pourquoi ce piège de la part de la police ? Parce que la police, ne remplissant pas son rôle, refusait de protéger le meeting. Parce que la police, après l'affaire Deshaye, après l'affaire Guhot, était déconsidérée et avait besoin de redorer son blason. Marcelin [préfet de police de Paris] espérait l'affrontement entre extrémistes, pour choquer la presse, sa police n'intervenant que pour rétablir l'ordre menacé par les extrémistes, en tapant à droite et à gauche, selon le vieux principe du balancier. Il s'agissait donc d'un abandon de fonction et d'une manœuvre politique qui devait donner le beau rôle à la police qui apparaissait comme le "redresseur de torts".

C'était hors de question pour nous, car il y aurait eu alors de nombreux morts, pas de meeting, des poursuites judiciaires, et peut-être une dissolution du mouvement (pour montrer la fermeté du pouvoir quelques jours avant les élections).

C'est pourquoi le groupe n°1 de notre S.O. prit place dehors, sur le parvis du Palais des Sports, avec comme ordre formel de ne pas dépasser le trottoir y attenant, et de servir de paravent afin de protéger l'entrée de la salle à nos sympathisants qui commençaient à arriver. Enhardis par l'absence des forces de police, les gauchistes se groupaient en face du Palais, lançaient des pierres, bouteilles, boulons et fusées sur notre S.O. Leur nombre croissait, nous n'avions pas alors affaire au gros des forces, mais aux Spontex ou Anars.

Face à nous, calmement, ils dépavaient comme en mai, la rue avec des pioches.

La situation ne pouvait plus en rester là. Le problème se posait à nous alors : soit laisser les gauchistes s'amasser, s'organiser et nous bombarder. Soit les disperser avant de reprendre notre position.

Nous avons attendu un quart d'heure, impassibles sous les pavés, pensant que la police ferait son métier, auquel cas nous serions rentrés immédiatement dans l'enceinte du Palais. Mais la situation devenait intenable. Trois des nôtres étaient déjà touchés, les spectateurs ne pouvaient approcher, nous étions obligés de charger.

Nous le fîmes en deux fois, en ordre, avec discipline, avec comme unique souci de disperser les provocateurs afin que la place retrouve son calme. Mais la situation se pourrissait.

A 8h40, plus de mille gauchistes, dont plusieurs dizaines étaient casqués, nous faisaient face. L'excitation était croissante. Nous avons alors fait sortir le groupe n°2 en renfort sur le parvis afin de refaire une troisième charge, plus dangereuse, mais indispensable. A ce moment un gauchiste fait exposer une grenade offensive parmi ses camarades en voulant la lancer.

Les premiers cocktails se mirent à pleuvoir, l'un d'entre eux s'écrase sur le casque d'un militant mais ne prend heureusement pas feu. C'est à nouveau la charge, le corps à corps. Nous dispersons à nouveau les gauchistes quand éclatent de nouveaux cocktails qui explosent, cette fois, à nos pieds. De partout arrivent les gauchistes. Nous voyons alors apparaître le cortège organisé des 4.000 gauchistes, casqués, armés face à nous. Nous faisons sortir le groupe n°4 pour tenir le choc qui devient inévitable. Plusieurs de nos amis sont sur les toits afin de défendre l'accès à la salle. C'est à ce moment-là qu'alertée par l'explosion de la grenade gauchiste, se rendant compte de la gravité des heurts, de la violence des combats qui se déroulaient depuis trois quarts d'heure, la police intervient : c'est le choc brutal, une vague de feu qui s'abat sur la place.

Nous restons sur nos positions et essayons de faire rentrer les spectateurs dans la salle. Il est 8h45. C'est l'émeute partout. Les métros sont occupés par les gauchistes, les rues sont barrées, les bus bloqués. Malgré cela, plus de 4.000 personnes rentrent au Palais, sous la pluie des projectiles, et rejoignent les milliers de nos amis qui s'y trouvaient déjà.

Dehors les bagarres continuent, mais les gauchistes reviennent vite à la charge par les petites rues menant au Palais. La police s'immobilise alors en un cordon mais laisse les gauchistes s'approcher et nous bombarder de pavés.

La situation redevient la même qu'à 20h45, alors que le meeting commence et que la police regarde en spectateur, s'étant contentée de disperser le cortège gauchiste, mais les laissant nous harceler jusqu'à la fin du meeting.

Jamais nous n'aurons assez de mots pour louer le calme et la discipline de notre S.O. resté pendant des heures impassibles sous la pluie de pavés gauchistes, chargeant chaque fois que cela s'avérait nécessaire pour dégager les entrées du Palais des Sports.

Grâce à eux, nous avons gagné. Nous avons tenu le Palais. Nous avons déjoué le piège du régime en obligeant la police à intervenir. Nous avons réuni 5.000 partisans qui, malgré les risques, n'ont pas hésité à nous rejoindre.

Pendant ce temps-là, depuis le début de l'après-midi, dans la salle, nous préparions les décorations. Chaque secteur avait amené une banderole. Une immense croix celtique était disposée devant la tribune; des stands d'adhésion et de renseignements étaient mis en place partout, une centaine de militantes étaient présentes pour percevoir les entrées, placer les gens, vendre notre documentation.

Le meeting


L'ambiance dans la salle était totalement différente de celle de la Mutualité, la clientèle aussi. Les gens venus n'étaient plus les classiques habitués qui hantent nos milieux. Le Monde lui-même reconnaissait que le public était de condition modeste, résolu et déterminé, de tous âges, mais avec une forte majorité de gens de 30 ans, ce qui est très intéressant car les meetings nationalistes ont toujours été jusqu'à présent composés de deux catégories de gens : soit de très jeunes gens inorganisés, l'aspect folklorique, soit de personnes âgées, nostalgiques. Là, pour la première fois, nous avions un autre public, des gens venus non pour s'amuser, mais pour travailler, décidés à poursuivre ou à reprendre le combat ; ce sont ces gens-là qui ont toujours fait défaut à nos mouvements, ce sont eux qui seront les assises de notre parti. Ce sont ces gens-là qui sont un peu notre victoire du 9 mars.

L'ambiance était très chaude et si le besoin s'en était fait sentir, la salle tout entière se serait portée au combat, unanime aux côtés de nos camarades du S.O. L'intérêt de cette salle devait se concrétiser par de nombreuses adhésions (plus de 200) le soir même et la semaine suivante, sans compter les contacts renoués. Cela se vit également à la quête de la sortie (sortie sans incidents).

Les discours, quant à eux, furent actuels, sans références au passé. Les erreurs de la Mutualité ne furent donc répétées. Pour nous, le pari était gagné; certes, 10.000 Parisiens n'étaient pas présents, mais ils étaient 5.000, dans des conditions jamais vues pour un meeting. De plus, nombreuses sont les personnes qui n'ont pu atteindre le Palais. En effet le plus gros des bagarres se produisit entre 20h00 et 21h00, heure d'arrivée des spectateurs. Cela nous prouve que, dans des conditions normales, nous aurions fait salle comble.

Du reste, la presse et les gauchistes s'accordèrent à reconnaître que 5.000 personnes présentes à notre meeting, ce soir-là, c'est 5.000 assurées de venir à n'importe lequel de nos meetings, quelles qu'en soient les conditions.