Mardaïtes

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Le terme Mardaïte est un nom attribué par l’historien grec Téophannes à un ensemble de tribus chrétiennes mercenaires de l’empire byzantin établies depuis les montagnes de l’Amanus (au Nord d’Antioche, actuellement à la frontière entre la Syrie et la Turquie) jusqu’à la Galilée. L’origine du terme mardaïte est obscure. Il pourrait provenir du mot syriaque ‘marudaayee’ signifiant guerrier rebelle et qui a donné ‘marada’ en arabe, ou bien du persan ‘mardaaneh’ qui signifie viril.

L'origine des Mardaïtes

L’origine ethnique de ce peuple mardaïte est elle aussi obscure. L’hypothèse la plus probable est qu’il s’agisse d’une subdivision d’un ensemble de tribus plus vaste appelé les Mardes.

Les Mardes sont un peuple guerrier de l’antiquité mieux connu qui vivait dans les montagnes bordant les rives sud de la Mer Caspienne : les monts Elbourz, actuellement au Nord de l’Iran. Les Mardes sont très probablement eux-mêmes descendants du fameux ensemble de tribus installés dans les steppes d’Asie Centrale ayant migré vers le Sud, du Caucase au Nord de l’Inde, mieux connu sous le nom d’Aryens. Les Mardes vivant donc au Sud de la Mer Caspienne auraient donc entamé peu avant l’an 0 une migration vers l’Ouest en suivant la chaîne montagneuse du Taurus (Nord-Ouest de l’Iran, Arménie, Anatolie) pour arriver dans les montagnes de l’Amanus qui constituent le débouché de cette chaîne du Taurus dans la méditerranée (voir carte). Au terme de ce long périple (peut-être vers 200 ap JC), certains Mardes s’installèrent provisoirement dans l’Amanus (montagne au Nord d’Antioche), et ce sont eux qui furent appelés Mardaïtes par les Byzantins. Ils avaient pour ville principale ‘Gargumaa’, d’où leur nom araméen de ‘Gargumaayee’ également mentionné dans les textes historiques. En effet, au cours de leur migration vers l’Ouest, les Mardes avaient progressivement adopté comme langue l’araméen au fur et à mesure de leur christianisation, si bien que le terme Mardaïtes désigne probablement les Mardes qui se sont christianisés et qui ont adopté la langue et la culture araméenne.

Une fois établis dans l’Amanus, les Mardaïtes servirent comme mercenaires dans l’armée byzantine, réputés pour leurs vertus guerrières. Par la suite, quelques siècles plus tard, quelques Mardaïtes furent disséminés plus à l’Ouest vers l’Europe, notamment à Chypre, en Macédoine et en Albanie, où ils gardèrent pendant un certain temps leur langue et leur culture araméenne avant de s’assimiler aux populations locales. Mais il semble que vers les VIème et VIIème siècle ap. J.-C., le gros des Mardaïtes, resté jusque là dans l’Amanus, bifurqua plein Sud et entama une migration vers les montagnes libanaises.

Les Mardaïtes au Liban

A partir de l’an 600 environ, les Mardaïtes vont apporter à l’histoire du Liban une contribution essentielle et qui estlongtemps restée méconnue. A l’avènement de la conquête arabe, les Byzantins cherchant à défendre la chrétienté menacée vont accompagner la migration des Mardaïtes vers le Sud et renforcer leur installation dans la montagne libanaise pour en faire une forteresse imprenable qui tiendra tête aux arabes durant des siècles. C’est en masse que les Mardaïtes arrivèrent au Liban. Certains historiens avancent le chiffre de 50.000 guerriers, ce qui est exceptionnel pour l’époque. (C’était l’équivalent de la population de toute une ville comme Rome en ce temps là, et peut-être l’égal de toute la population phénicienne de la côte libanaise.) Toute la physionomie du Liban en fut probablement modifiée. Jusque-là le pays était constitué d’une multitude de cités-Etats indépendantes centrés sur la côte. Il en résultera désormais une nation compacte organisée autour de la montagne.

Dès leur installation au Liban, les Mardaïtes constituèrent un Etat s’étendant d’Antioche au Nord de la Syrie aux portes de Jérusalem au Sud avec pour capitale la ville de Baskinta (aujourd’hui dans les hauteurs du Kesrewan) et pour centre névralgique la montagne libanaise. Cet Etat gêna considérablement la progression des arabes qui durent arrêter leur conquête de l’Empire Byzantin pour protéger leurs arrières dont la capitale même de leur Empire : Damas, qui sera plusieurs fois menacée par les Mardaïtes.

En l'an 680, l’empereur byzantin Justinien II conclut avec le calife arabe un accord comme quoi il disperserait les Mardaïtes en échange d’un gros butin. L’effet fut désastreux. Justinien II envoya au Liban, dans la ville de Kobb Elias (située dans la Békaa) ses agents afin d’assassiner par ruse et par malice le prince Yohanna, chef régional des Mardaïtes. C’est alors que la confusion s’empara de ceux-ci. Les textes rapportent que 5.000 voire 10.000 d’entre eux auraient été exilés de force en Anatolie. Les Arabes profitèrent de cette brèche ouverte pour s’établir sur la côte libanaise et dans la Békaa. Mais les Mardaïtes ne tardèrent pas à se ressaisir. Se plaçant sous la protection spirituelle de Saint Jean Maroun, premier patriarche de l’église maronite, ils infligent en 695 à Amioun une cuisante défaite à l’empereur byzantin venu les anéantir à la tête d’une puissante armée, et entament des contre-attaques qui repoussent les arabes installés aux abords du Mont-Liban.

Des Mardaïtes aux Maronites

Dans la société maronite, les Mardaïtes vont très probablement constituer la masse des paysans-soldats. Il y a continuité entre la hiérarchie temporelle des Mardaïtes au moment de leur entrée au Liban et celle des maronites, et qu’ensuite la plupart des chroniqueurs, jusqu’aux Croisades, mentionnent que les maronites sont un peuple essentiellement composé de paysans montagnards rompus à l’art de la guerre. Des historiens arabes mentionnent d’ailleurs la présence continue de maronites en Syrie au moins jusqu’au Xème siècle, sans parler d’une migration intense vers le Liban, alors que la grande majorité des historiens s’accordent pour affirmer aussi une présence prédominante des maronites dans la montagne libanaise dès le VIIème siècle, avec une organisation quasi-étatique.

Pour toutes ces raisons, on peut conclure que les Mardaïtes, peuple de souche indo-européenne, constituent une partie importante du substrat ethnique des maronites du Liban à l’heure actuelle. Dans les régions de haute montagne où les maronites n’ont presque pas connu de métissage avec d’autres peuples, on peut même affirmer que les Mardaïtes sont la source essentielle et peut-être même unique du peuplement local. Des études génétiques en cours sur ces populations semblent confirmer cette conclusion, mais les résultats sont encore trop peu fournis pour qu’on puisse les exploiter.