Larry Thorne

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Lauri Allan Törni, plus connu sous le nom de Larry Thorne, né le 28 mai 1919 et mort au combat le 18 octobre 1965, était un officier finlandais.

Larry Thorne en uniforme de la Waffen-SS, puis en uniforme américain.

Connu comme un combattant exceptionnel, anticommuniste convaincu, il a servi successivement dans l'armée finlandaise (1938-1941) , dans la Waffen-SS (1941-1944), puis dans l'armée américaine (1954-1965).

Biographie

Il nait à Vyborg, ville à l’époque finlandaise (aujourd’hui russe). Son père est officier de marine. En 1938, il est appelé pour le service militaire et suit les cours d’officier de réserve pendant la guerre d’hiver de 1940.

A l'âge de 16 ans, il sert déjà au sein de la Suojeluskunta, la « Garde Blanche », milice qui a affronté les « Gardes rouges » durant la Guerre civile finlandaise. Celle-ci est terminée depuis longtemps mais la milice existe toujours.

Seconde Guerre mondiale

Au début de la guerre il est affecté aux troupes de réserve de l'armée de terre finlandaise mais pendant la bataille du lac Ladoga il est envoyé au front. Il prend part à l’élimination des troupes de l'armée rouge encerclées à Lemetti selon la tactique du motti utilisée par le général Hagglund.

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Ses actions d’éclat pendant ces combats sont rapidement remarquées par ses supérieurs et il est envoyé suivre l’école d’officiers dont il sort sous-lieutenant.

En 1941, il part pour l'Allemagne où il s'engage dans la Waffen-SS. Il obtient le grade d'Untersturmführer dans le bataillon de volontaires finlandais de la Waffen-SS dont Rolf Nevanlinna était le parrain. Il revient en Finlande au commencement de la guerre de Continuation.

La réputation de Lauri Törni vient des succès remportés pendant la guerre de Continuation. En 1943 il est nommé à la tête d’une unité de la Sissi, unité d’infanterie légère chargée de la reconnaissance, du sabotage et de la guérilla. Surnommée Détachement Törni et spécialisée dans les opérations loin derrière les lignes ennemies, cette unité était admirée d’un côté du front et crainte de l’autre. Le futur président finlandais Mauno Koivisto participa aux côtés de Törni à la bataille d'Ilomantsi du 26 juillet au 13 août 1944.

Le détachement Törni infligea de telles pertes aux unités russes qu’il fut le seul officier finlandais sur la tête duquel l’armée soviétique place une récompense de trois millions de marks finlandais.

Il est promu capitaine en 1944 et décoré le 9 juillet 1944 de la croix de Mannerheim.

Törni n’accepte pas les termes de l’armistice de Moscou avec l’URSS qui oblige les Finlandais à prendre les armes contre les Allemands dans la guerre de Laponie. Rendu à la vie civile il est recruté en 1945 par un mouvement de résistance pro-allemand qui craignait l'occupation de la Finlande par les Soviétiques. Il suit des cours de sabotage en Allemagne, combat avec le grade d’Hauptsturmführer et se rend aux troupes britanniques dans les derniers jours de la guerre.

De retour en Finlande, il est arrêté par la police politique Valpo sous influence communiste. Les Soviétiques veulent le juger à Moscou pour crimes de guerre. Il est condamné à six ans de prison pour trahison pour avoir rejoint l’armée allemande. Il est gracié en 1948 par le président Paasikivi.

Armée américaine

En 1949, accompagné de son supérieur pendant la guerre Holger Pitkänen, Törni se rend en Suède où ils trouvent la protection de la baronne Von Essen qui recueille de nombreux officiers finlandais en fuite. Pitkänen est arrêté et renvoyé en Finlande. Törni s’embarque comme marin suédois et sous un faux nom sur le SS Bolivia en partance pour Caracas. Arrivé à destination il rencontre un autre de ses chefs en exil, le colonel Matti Aarnio.

En 1950, il s’embarque sur un cargo suédois à destination des États–Unis. Au large de l’Alabama, il saute par-dessus bord et rejoint la côte à la nage. Arrivé à New York, il travaille comme manœuvre dans le bâtiment. En 1953, il reçoit un permis de séjour grâce à un acte du Congrès présenté par le cabinet d’avocats de la firme de William Joseph Donovan, ancien patron de l’Office of Strategic Services.

En 1954, Törni s’engage dans l’armée américaine sous le pseudonyme de Larry Thorne dans le cadre du « Lodge Act » (Public Law 957) promue par le sénateur républicain du Massachusetts Henry Cabot Lodge, Jr., qui permettait à des étrangers d'obtenir la citoyenneté américaine après cinq ans de service dans l'armée de terre des États-Unis. Il y est remarqué par un groupe d’officiers finno-américains connu sous le nom de « Marttinen's Men ». Plusieurs de ces officiers ont été recrutés par les Forces spéciales à leur création.

Il reçoit la formation des forces spéciales (cours de survie et de guérilla) et est nommé sous-lieutenant en 1957. En 1960 il est promu capitaine. De 1958 à 1962 il sert au 10th Special Forces Group en Allemagne de l’Ouest.

En 1963, il rejoint le détachement A-734 des Special Forces au Sud-Vietnam. En novembre, il combat dans le delta du Mékong et est décoré à deux reprises.

En 1965 il est affecté aux opérations de la base avancée de Kham Duc du Military Assistance Command, Vietnam – Studies and Observations Group (MACV/SOG) qui se prépare à envoyer des équipes de reconnaissance clandestines au-delà de la frontière sur la piste Ho Chi Minh au Laos (opérations Shining Brass). Le 18 octobre 1965, il embarque dans un des hélicoptères Sikorsky H-34 de la première mission Shining Brass. Dans une météo très mauvaise, les deux hélicoptères transportant l'équipe de reconnaissance parviennent à la déposer sur son objectif et repartir, tandis que le troisième appareil avec Thorne reste à proximité au cas où l'équipe rencontrerait un problème. Après avoir reçu un message radio de l'équipe au sol indiquant que tout va bien, Thorne rend compte à la base qu'il prend le chemin du retour. C'est le dernier message qui sera reçu de Thorne. Son appareil disparaît et les recherches seront infructueuses.

Thorne est nommé major à titre posthume. Ses restes seront découverts en 1999 et identifiés officiellement en 2003. Son appareil s'était écrasé à 25 km de Danang dans une zone montagneuse. Thorne est inhumé au cimetière national d’Arlington, section 60, tombe 8136, le 26 juin 2003.

Documents

Le « Rambo finlandais » de l’« anticommunisme absolu »

Entretien avec Paul-Louis Beaujour, auteur du livre Larry Thorne terreur des Rouges

  • Comment avez-vous découvert le personnage de Larry Thorne ?
PLB : Larry Thorne (né Lauri Torni) est un personnage légendaire sur lequel on tombe forcément un jour ou l’autre lorsqu’on s’intéresse un tant soit peu à la IIe Guerre mondiale, et plus particulièrement au rôle que la Finlande y a joué.
Il me paraissait étonnant qu’aucune biographie de celui qui a inspiré le best seller de Robin Moore « Les Bérets verts » et le film (culte, osons le mot) de John Wayne du même nom, n’exista en langue française. Je compris mieux la raison de cette carence lorsque j’appris que Thorne avait effectué deux « stages » parmi les Waffen-SS (en juin 1941 et en janvier 1945) dont il n’avait pas conservé un souvenir franchement déplaisant et qui s’avérèrent par la suite bien utiles. Le SS-Hauptsturmführer Larry Thorne était donc un héros (au moins aux yeux des Finlandais) mais aussi un « maudit » ! Il n’en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité et rendre enfin hommage au « Rambo finlandais », à l’« anticommuniste absolu ».
  • Larry Thorne a servi sous trois uniformes : celui de l’armée finlandaise, de la Waffen SS et de l’US Army… Vous le décrivez comme la « terreur des Rouges » : est-ce sa seule motivation ou n’aurait-il pas aussi été un peu (beaucoup ?) mercenaire ?
PLB: Si vous entendez le mot « mercenaire » dans le sens wikipediastique : « recruté et payé par un État, une entreprise, un mouvement politique pour combattre », certainement pas.
La seule période où Larry Thorne a plutôt bien gagné sa vie, c’est entre 1951 et 1953, lorsqu’il était clandestin à New York et employé « au noir » dans le bâtiment !
Thorne était viscéralement anticommuniste (comme son père et la plupart des Finlandais) depuis son plus jeune âge et avait fait partie de la fameuse Suojeluskunta (la « Garde Blanche », une redoutable force d’appoint civile paramilitaire) où il avait déjà démontré, à 16 ans, des dispositions combatives que l’on peut qualifier d’exceptionnelles.
Tous les témoignages concordent : Thorne était un « guerrier-né », une authentique « bête de guerre », doté d’une force, d’une intrépidité et d’une endurance peu commune, et il n’était heureux et dans son élément que lorsqu’il combattait les Rouges. D’ailleurs, les périodes d’inaction ne lui réussissaient absolument pas : il s’alcoolisait énormément, devenait totalement incontrôlable et finissait presque toujours par se battre, souvent contre plusieurs adversaires à la fois et pour des raisons futiles. Dans ces moments-là, il fallait mieux l’avoir comme copain... et encore !
  • Son passé dans la Waffen SS a-t-il été un obstacle à son incorporation dans l’US Army ? A-t-il été le seul dans ce cas ? Ou y en a-t-il d’autres, à l’exemple de nombreux Français du Front de l’Est engagés ensuite en Indochine ?
PLB : C’est en juin 1950, au tout début de la guerre de Corée, que le Congrès américain adopta la loi « Lodge Philbin » destinée à « pourvoir à l’enrôlement d’étrangers dans l’armée régulière » des Etats-Unis. Une sorte de Légion Etrangère sauce US...
Le but initial était en réalité de recruter d’anciens ressortissants du bloc soviétique (Finlande incluse) pour les « réinfiltrer » ensuite derrière le rideau de fer. Parmi les premiers à être recrutés se trouvèrent effectivement plusieurs des compatriotes (et camarades de combat) de Thorne, les vétérans de l’ancien colonel Alpo Marttinen, les fameux « Marttinen’s Men », employés par l’US Army en tant qu’instructeurs des « techniques de guerre d’hiver ».
En pleine guerre froide, autant dire que le passé « légèrement sulfureux » de Thorne ne pesa pas lourd face à ses exploits durant la guerre de Finlande (1941-1944) pour lesquels il avait reçu, entre autres, la prestigieuse Croix de Mannerheim (n° 144), et l’US Army avait bien conscience que ce serait une aberration de se passer de l’expertise de ce gars-là, même si sa conduite brindezingue lors des permissions s’avérait... problématique. En 1957, à Bad Tölz, lorsque le chef du 10e Special Forces Group Airborne lui confiera l’instruction des nouvelles recrues, Thorne assurera, excusez du peu, les cours de tactique commando, close combat, ski, survie en montagne, plongée, et explosifs ! Des « spécialités » dont il était devenu l’expert incontestable justement grâce à ses deux stages au sein des Waffen-SS...

Bibliographie

en anglais

  • H.A. Gill, The soldiers under three Flags, Pathfinder publishing, 1998.
  • J. Michael Cleverley, Born a Soldier: The Times and Life of Larry A Thorne, BookSurge Publishing , 2008, 372 p.

en français

  • Paul-Louis Beaujour, Larry Thorne, terreur des Rouges, Éditions Déterna, Collection « Documents pour l'Histoire », 2024, 230 p.