Karl Anton Rohan

Karl Anton von Rohan, né le 9 janvier 1898 à Loosdorf et mort le 17 mars 1975 à Salzbourg, est un prince, écrivain et militant politique autrichien.

Il représente un conservatisme catholique dynamique, partisan d'une Europe fédérée des nations chrétiennes.

Biographie

Karl Anton von Rohan provient d'une vieille famille de l'aristocratie européenne, attestée en Bretagne depuis le XIe siècle. La branche dont il est issu est établie en Basse-Autriche, dans la région de Loosdorf.

De 1916 à 1918, il sert dans l'armée impériale au cours de la Première guerre mondiale.

Pour une « Internationale conservatrice »

Dès le début des années 1920, il s'efforcer de créer un vaste réseau de coordination des différentes forces chrétiennes et conservatrices en Europe. En 1922, il crée à Vienne un Kulturbund. En 1924, il fonde une structure qui a vocation à s'étendre au niveau européen, la Verband für kulturelle Zusammenarbeit (Fédération pour une collaboration culturelle), qui prend l'année suivante le nom d'Europäischer Kulturbund (Front culturel européen). L'association organise à Vienne et à Paris plusieurs conférences internationales, auxquelles participent des personnalités venues de toute l'Europe. Parmi elles, on peut notamment citer le physicien Max Planck, l'écrivain français Paul Claudel, le psychologue Jean Piaget, le géopoliticien Karl Haushofer, l'évêque Alois Hudal, Hugo von Hofmannsthal, Paul Valéry, Max Beckmann, Carl Schmitt, Julius Evola et le Suisse Gonzague de Reynold.

Il publie aussi de 1925 à 1936 une Europäische Revue, qui plaide en faveur d'une Europe chrétienne et aristocratique, en opposition à la Pan-Europe rationnaliste et anti-traditionnelle de Nikolaus Coudenhove-Kalergi. De même, contrairement à celui-ci, l'idée de von Rohan est de préparer un climat spirituel commun aux Européens, avant d'envisager des pas concrets vers une union politique.

La revue va accueillir de grandes plumes de toute l'Europe, comme Carl Schmitt, Julius Evola, Thomas Mann, Ernest Hemingway, Carl Gustav Jung, Benedetto Croce, Montherlant, Leopold Ziegler, Rabindranath Tagore, Luigi Pirandello, Paul Valéry, Hugo von Hofmannsthal, Gustav Stresemann, Giovanni Colonna di Cesarò, Karlfried von Dürckheim et Hans Blüher. Malgré leurs profondes divergences, la revue publie même des échanges avec Coudenhove-Kalergi.

Von Rohan et le national-socialisme

Dans les années 1930, von Rohan, tout comme son ami l'évêque Alois Hudal, va s'activer pour un rapprochement entre les forces chrétiennes et le national-socialisme. En 1936, il abandonne la direction de sa revue, suite aux nombreux différents qui opposent alors les gouvernements autrichien et allemand. La revue continuera toutefois de paraître jusqu'en 1943.

D'abord partisan d'une Autriche national-socialiste indépendante au sein d'une fédération européenne des nations chrétiennes, von Rohan soutient avec enthousiasme l'Anschluss en 1938. Il adhère le 1 mai 1938 à la NSDAP. Il est en revanche inquiet quant à la possibilité de l'éclatement d'un nouveau conflit mondial, ce qu'il exprime dans un livre qui paraît la même année, Schicksalsstunde Europas.

Pendant le conflit, il sert dans les services de renseignement.

Après la Deuxième guerre mondiale

Après la guerre, il collabore aux revues Die Neue Ordnung, un bimensuel allemand de tendance chrétienne-conservatrice fondé en 1947, et Die Aula, le mensuel de la Droite autrichienne fondée en 1951.

Publications

• Umbruch der Zeit 1923-1930, Berlin, 1930.
• Schicksalsstunde Europas, Graz, 1937.
• Heimat Europa. Erinnerungen und Erfahrungen, Düsseldorf, 1954.
• Die Deutschen und die Welt. Wie sehen die anderen Völker die Deutschen?, Eckartschriften cahier 32, Österreichische Landsmannschaft, Wien, 1969.

Citations

« Être conservateur signifie bien plus qu'un programme. C'est une posture. Être conservateur signifie être libre, être intérieurement libre, sûr de soi et proche de la réalité ».