Jürgen Spanuth

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Jürgen Georg Ferdinand Spanuth, dit Jürgen Spanuth, né le 5 septembre 1907 à Leoben (Autriche) et décédé le 17 octobre 1998, est un archéologue autrichien.

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Formé à la fois comme archéologue et comme pasteur protestant, il entreprend des recherches sur les origines protohistoriques des Philistins. Ses travaux vont l'amener à élaborer une thèse qui situe l'Atlantide dans la Mer du Nord, autour de l'île de Heligoland.

Biographie

Théologien et archéologue de formation universitaire, il sera, de 1933 à 1978, le pasteur évangélique du bourg de Bordelum dans le Slesvig-Holstein, Land nord-allemand qui deviendra sa patrie d’adoption. Archéologue, il adhère à la société d’études fondée par le Baron Bolko von Richthofen, la « Gesellschaft für Vor- und Frühgeschichte », qui s’intéresse principalement à l’origine des peuples germaniques et à l’archéologie des populations préhistoriques et protohistoriques autochtones de l’Allemagne et de ses régions limitrophes. Son statut de prêtre protestant l’amène tout naturellement à lire la Bible avec grande attention, à s’intéresser au passé protohistorique et antique de la « Terre Sainte », du Levant en général, et aux influences culturelles exercées par les Philistins et les Phéniciens dans la région.

Pendant l’été 1953, Spanuth commence à explorer les fonds de la mer du Nord, notamment le Steingrund (littéralement : le fond pierreux) à l’est d’Héligoland. Pendant la première guerre mondiale, un navire de guerre allemand s’était échoué sur ce fond, entraînant l’activité de plongeurs qui y découvrent des pierres taillées : Spanuth pensait qu’il s’agissait de bâtiments ou de palais représentatifs de cette civilisation du bronze nordique qu’il croyait détruite par un cataclysme cosmique. La publication des résultats de ces recherches très difficiles à parfaire enclenche une polémique entre archéologues, où Spanuth doit faire face à une opposition entêtée, rejetant ses hypothèses sans réellement les examiner. A la suite de ces débats aigres-doux, un archéologue toutefois rappelle que l’on avait aussi pris Schliemann pour un fou, alors que cet amateur a redécouvert la Troie des récits homériques.

L'île de Heligoland, ultime terre émergée de l'Atlantide, selon Spanuth

La thèse de l'Atlantide septentrionale

Spanuth a voulu énoncer une théorie nouvelle sur l’Atlantide, au-delà du port atlantique et ibérique de Tartessos, des Canaries et de l’Egée en évoquant une cité en mer du Nord, s’étendant à son époque de gloire autour de l’île résiduaire d’Héligoland, vestige d’un espace insulaire jadis beaucoup plus vaste, fleuron de l’Age du Bronze nordique et lié commercialement à la Méditerranée et à l’Egypte par le trafic de l’ambre, lequel aurait été l’orichalque mythique de l’Atlantide de Platon.

Pour Spanuth, les bouleversements et les vagues migratoires de grande ampleur de la protohistoire de l’Europe et du Levant, sont dues à deux catastrophes naturelles majeures : la chute d’une comète au large du Slesvig-Holstein, entre l’île d’Heligoland et l’embouchure de la rivière locale, l’Eider. L’île d’Heligoland aurait été le centre d’une civilisation du bronze nordique, enrichie par le commerce de l’ambre et de l’étain. Ensuite, l’explosion du volcan de Santorin qui aurait détruit les résidus de la civilisation mycénienne. Cette double catastrophe naturelle en entraînera d’autres comme des famines et des sécheresses, empêchant le déploiement futur des cultures propres aux populations locales vivant sur les territoires innervés par la civilisation du bronze nordique et en Europe centrale, où les mines de cuivre de l’Autriche actuelle avaient permis l’éclosion d’une société protohistorique prospère. Ces catastrophes de la période qui va de 1250 à 1170 avant l’ère chrétienne semblent attestées, tant par les nombreuses allusions dans les récits mythologiques que par les sciences archéologiques.

Selon Spanuth, les peuples de la région ravagée vont dès lors s’ébranler en direction de la Grèce et de la Méditerranée, en empruntant justement les routes de l’ambre partant des côtes de la mer du Nord et surtout de la Baltique, qui avait fait leur richesse. En arrivant en Grèce, pense Spanuth et ses fidèles, ils arrachent ce territoire à l’orientalisation qui l’affectait. La Grèce cesse alors d’être mycénienne, car les migrants doriens ravagent le territoire et s’y installent. L’archéologie, sur ce point comme sur d’autres, ne lui a pas donné raison : cette installation se serait opérée plus tard. Les Doriens n’auraient fait que traverser la Grèce, sans exercer trop de ravages, pour marcher sur l’Egypte. Battus par le Pharaon, ils seraient revenus plus tard, sur l’espace mycénien détruit par d’autres catastrophes. Spanuth parle alors de « retour des Héraclides », thème auquel il a consacré un ouvrage qui complète et corrige ses thèses premières. Par voie de conséquence, la chute de la comète dans le nord de l’Europe est quasi contemporaine d’une autre catastrophe, survenue dans l’Egée, à savoir l’éruption du volcan de Santorin. C’est elle qui provoque la disparition de la civilisation mycénienne et son remplacement ultérieur, par les débris des Doriens ou Héraclides, repoussés par les armées du Pharaon. Cependant le choc entre l’Egypte, les peuples de la mer et les autres peuples arrivés d’Europe aurait été tel que l’empire des Pharaons en fut sérieusement ébranlé, entraînant la fuite hors d’Egypte des Israélites qui se heurteront alors aux Philistins, issus de ces mêmes peuples d’origine européenne, sur le territoire actuellement palestinien, appelé alors « Pays de Canaan ».

Réception

Spanuth est essentiellement, pour la communauté scientifique, non le théoricien d’une Atlantide héligolandaise, car on considère sa thèse comme une fantaisie personnelle et comme une sollicitation outrancière des faits archéologiques, mais l’archéologue qui a exploré les mondes philistin et phénicien. Il est en effet l’auteur de deux volumes, dont la qualité du travail est reconnue par la communauté scientifique, l’un sur les Philistins, l’autre sur les Phéniciens. Pour Spanuth, l’invasion des peuples de la mer, dont les Philistins, a été dûment planifiée puisqu’elle s’attaque à l’Egypte de Ramses III par trois côtés à la fois : par l’Ouest libyen, par l’Est, le Sinaï, et par le Nord, le delta du Nil.

L’archéologie actuelle (Gisela Graichen, Alexander Hesse, Hans-Peter Duerr, Barry Cunliffe) confirme, non pas directement les thèses de Spanuth mais toutes les hypothèses qui suggéraient un degré de culture assez élevé en Europe centrale et dans les régions plus septentrionales du Mecklembourg, de la Poméranie, des terres situées à l’embouchure de la Vistule et des côtes s’étendant de ce fleuve, aujourd’hui polonais, jusqu’aux littoraux de tous les Pays Baltes. Si Heligoland n'est peut-être pas une survivance d'un légendaire royaume atlante, elle a probablement joué un rôle clef et servi de dépôt insulaire, dans la circulation des richesses en provenance de la frange atlantique, d’une part, et des Balkans, tremplins vers l’Egypte et le Levant, d’autre part.

Publications

Originaux

  • Eine Ehrenrettung Platons, Schriftenreihe der Deutschen Akademie für Bildung und Kultur in München, Heft 39, Deutschen Akademie für Bildung und Kultur Verlag, Munich, 1992.
  • Die Rückkehr der Herakliden. Das Erbe der Atlanter. Der Norden als Ursprung der griechischen Kultur, Veröffentlichungen aus Hochschule, Wissenschaft und Forschung, Band 13, Grabert Verlag, Tübingen 1989.
  • Die Phönizier. Ein Nordmeervolk im Libanon, Zeller Verlag, Osnabrück 1985.
  • Die Philister. Das unbekannte Volk. Lehrmeister und Widersacher der Israeliten, Zeller Verlag, Osnabrück, 1980.
  • Die Atlanter. Volk aus dem Bernsteinland, Grabert Verlag, Tübingen, 1976.
  • Atlantis. Heimat, Reich und Schicksal der Germanen, Veröffentlichungen aus Hochschule, Wissenschaft und Forschung, Band 4, Grabert Verlag, Tübingen. 1965
  • ...und doch: Atlantis enträtselt! Eine Entgegnung, Union Deutsche Verlags-Gesellschaft, Stuttgart, 1955.
  • Das enträtselte Atlantis, Union Deutsche Verlags-Gesellschaft, Stuttgart, 1953.
  • Nordfrieslands Bekehrung zum Christentum, Der Heliand, Band 61, Evangelischer Bund, Berlin, 1939.
  • « Stollberg. Ein altes friesisches Zentralheiligtum' », in: Jahrbuch des Heimatbundes Nordfriesland, Band 25, 1938, p. 95–154.

Traductions françaises

  • L'Atlantide retrouvée ?, Plon, 1954, 242 p.
  • L'énigme de l'Atlantide, Ed. de "La Vie Claire", 1971.
  • Le secret de l'Atlantide. L'empire englouti de la mer du Nord, éditions Copernic, 1977, 355 p.; rééd. Editions d’Heligoland, 2011; rééd. L'esprit Viking édition, 2019; rééd. Libellio, 2020.

Bibliographie

  • « Entretien — Jürgen Spanuth répond aux questions de Nouvelle École », in : Nouvelle École, no 14, janvier-février 1971, p. 75-88.
  • Robert Steuckers, Jürgen Spanuth, son Atlantide septentrionale et les peuples de la Mer : [1]