Irv Rubin
Irv Rubin (12 avril 1945 à Montréal-11 novembre 2002 à Los Angeles) fut le principal dirigeant de la Ligue de défense juive aux États-Unis, de 1985 à 2002.
Jeunesse et militantisme
Né au Québec, Irv Rubin déménagea en 1961 à Granada Hills, dans le sud de la Californie, avec ses parents et sa sœur. Il acquit la nationalité américaine et s’engagea dans l’US Air Force en 1966 où il atteignit le grade de sergent. Il rejoignit en 1971 la Jewish Defense League (JDL - Ligue de défense Juive) de Meir Kahane.
En 1972, Irv Rubin fut arrêté pour une tentative de meurtre contre un prétendu chef nazi à El Monte (Californie) après que quelqu’un lui eut tiré trois fois dessus. Les charges furent ensuite abandonnées. Irv se rendit alors en Israël et participa à la Guerre du Kippour en 1973 en servant dans la Défense passive israélienne (Israeli Civil Defense Corps).
A la fin des années 1970, Irv Rubin offrit une récompense à quiconque tuerait un membre du Parti nazi américain. « Nous offrons les 500 $ actuellement dans ma main à quiconque de la communauté tuera, mutilera ou blessera grièvement un membre du Parti nazi américain ». Il fut inculpé d’incitation au meurtre mais acquitté en 1981.
Il devint le successeur de Meir Kahane en 1984 après que Kahane eut fait son alyah en Israël où il fonda le Kach.
Dirigeant de la Jewish Defense League
La LDJ fut sans aucun doute responsable de l’incendie volontaire de l’Institute for Historical Review le 4 juillet 1984, qui brûla pour 400.000 dollars de livres, et Irv Rubin félicita les auteurs de ce grand autodafé et de ces actes terroristes.
Il apparut sur le devant de la scène de 1985 et devint célèbre pour son apologie des meurtres et des attentats. Après qu’une bombe incendiaire eut détruit la maison de l’historien révisionniste George Ashley, Irv Rubin déclara : « C’est vraiment dommage que Mr Ashley n’ait pas été tué dans l’explosion », et: « J’applaudis ceux qui font de telles actions. Je pense que ces gens sont les Justes de ce monde. » Plus tard dans l’année, Alex Odah, le porte-parole local du Comité américano-arabe contre les discriminations (American Arab Anti Discrimination Committee), organisation pro-palestinienne, fut assassiné par une lettre piégée qui explosa dans son bureau à Santa Ana. Rubin qui était le principal suspect déclara à la presse : « Je ne verse aucune larme sur M. Odeh. Il a eu exactement ce qu’il méritait ». A partir de ce jour, les sionistes modérés prirent leurs distances avec Irv Rubin et la LDJ et ne voulurent plus être associés avec lui et avec ses exploits.
Le FBI s’avéra incapable de prouver les charges contre la LDJ ou Irv Rubin et leur rôle dans le meurtre d’Odeh, car les suspects présumés dans cette affaire avaient fui en Israël. En 1987, il fut révélé qu’Israël entravait l'enquêtes du FBI. Floyd Clarke, directeur-adjoint du FBI, déclara dans une note interne que les suspects principaux s’étaient enfuis en Israël et vivaient à Kiryat Arba, en Cisjordanie.
Quand le révisionniste juif David Cole produisit au début des années 90 un court-métrage sur Auschwitz, Lla LDJ demanda qu'on lui livre Cole mort ou vif, encourageant la violence physique contre lui et offrant une récompense pour son adresse personnelle et ses habitudes. L’intention criminelle était évidente.
Cacher la vérité sur la LDJ et ses objectifs réels devint de plus en plus impossible quand le 25 février 1994, un membre de la LDJ et du parti Kach nommé Baruch Goldstein ouvrit le feu sur des musulmans palestiniens prosternés lors de la prière au Caveau des Patriarches, la mosquée de la ville d’Hébron, massacrant de sang-froid 29 fidèles et en blessant grièvement 125 autres. La LDJ revendiqua fièrement: « Nous n’avons nullement honte de dire que Goldstein était un membre à part entière de la Ligue de défense juive ».
Aux Etats-Unis, ce n’était un secret pour personne que le FBI avait déclaré la LDJ impliquée dans des attentats à la bombe et des actions terroristes de l’Atlantique au Pacifique, et Rubin suivait son bonhomme de chemin en dépassant les quarante arrestations pour des motifs variés.
Tout en étant actif au sein de la LDJ, Irv Rubin ne cessa jamais, jusqu'en 2000, d'être un membre actif du Parti républicain. En 2000, cependant, il adhéra au Parti libertarien et, en juin 2001, il projeta de se présenter au poste de gouverneur de Californie, mais il se heurta à une forte hostilité au sein des libertariens, même juifs.
La fin d'un terroriste
En décembre 2001, Irv Rubin et son adjoint Earl Krugel furent inculpés pour avoir planifié des attentats contre des biens privés et des bâtiments gouvernementaux: ils avaient été pris en flagrant délit de planification d’attentat à la bombe contre la mosquée Fahd à Culver City (Californie) et contre le bureau du député américain Darrell Issa, descendant de chrétiens libanais.
Rubin, âgé de 56 ans, risquait une double condamnation à perpétuité plus 75 ans et Krugel, 59 ans, une double condamnation à perpétuité plus 95 ans; les preuves étaient accablantes pour eux deux: elles incluaient la découverte de 2,5 kilos de puissant explosif, de charges explosives, de tuyaux métalliques, d'embouts, de fusils, de pistolets et même d'une mitrailleuse Sten 9 mm Mark V. Tous deux furent inculpés de complot et d’incendie criminel et d’avoir projeté de fabriquer et poser des bombes.
Le directeur régional de l’ADL (Anti Defamation League) David A. Lehrer fit la déclaration suivante pour limiter les dégâts : « Si les accusations actuelles contre la LDJ sont avérées, l’ADL condamne avec horreur ce projet terroriste en gestation visant à attaquer des habitants de Los Angeles. Cet incident est un exemple supplémentaire révélant comment des organisations prônant la haine basculent dans la violence. Nous félicitons le travail diligent du FBI et du Procureur de la République qui conduisit l’arrestation. Nous avons une totale confiance : cette affaire sera instruite méticuleusement et les terroristes traduits en justice ».
Le 11 novembre 2002, alors qu’il était incarcéré à la prison fédérale du comté de Los Angeles en attendant son procès, Rubin se trancha la gorge avec un rasoir de sécurité fourni par la prison et tomba d’un balcon haut de 6-7 mètres. L’incident se produisit un lundi à l’aube, juste avant que Rubin ne soit auditionné par un tribunal d’instance américain. Plus tard dans l’après-midi, l’avocat de la défense Peter Morris déclara qu’il était en état de mort cérébrale et placé en survie artificielle au Centre Médical “USC” du comté de Los Angeles (University of Southern California).
Le second de Rubin à la LDJ, Earl Krugel, plaida coupable pour les accusations d’organisation de complot le 4 février 2003. Il fut condamné à 20 ans de prison, après le rejet d’une demande de clémence posée par la défense suite à sa dénonciation de ceux qui furent impliqués dans l’attentat à la bombe contre Alex Odeh.
Le 4 novembre 2005, trois jours après la sentence, il fut tué par un codétenu après avoir été transféré à la Federal Correction Institution de Phoenix. Krugel eut le crâne fracassé dans le préau de la prison par un autre détenu avec un bloc de béton, le tuant sur le coup.
