Giacomo Leopardi

De Metapedia
Aller à : navigation, rechercher

Giacomo Leopardi, né le 29 juin 1798 à Recanati (États pontificaux) et mort le 14 juin 1837 à Naples (Royaume des Deux Siciles), est un écrivain, poète et philosophe italien, souvent considéré comme le deuxième plus célèbre et influent écrivain italien après Dante Alighieri.

Giacomoleopardi.jpg

La qualité lyrique de sa poésie lui a donné une influence internationale sur les générations suivantes. Sa méditation métaphysique et lyrique sur le tragique de l’existence en fait un précurseur de Schopenhauer, de Nietzsche et de Cioran.

Biographie

Fils aîné du comte Monaldo Leopardi et de la marquise Adélaïde Antici, Giacomo Leopardi est issu d’une famille noble de province. Son éducation est rigide et religieuse, sa santé très délicate (il est bossu) ; sa vie à Recanati est monotone. Le jeune Leopardi mène une vie solitaire dans la bibliothèque paternelle dont il dévore les ouvrages, tout en souhaitant constamment que la mort le délivre : « Je suis mûr pour la mort. »

Il est perçu dans le monde littéraire comme « poète du pessimisme », comme l’illustre le célèbre vers d’Alfred de Musset : « Sombre amant de la mort, pauvre Leopardi ». Ses ouvrages en prose traduisent également cet état d’âme : Petites Œuvres morales (Operette morali, 1826-1827), Les Cent Onze Pensées (Cento undici pensieri, posthume, 1845) et son énorme journal philosophique, le Zibaldone, paru de façon posthume en 1900.

Leopardi s’adonne à la philologie dès l’âge de quinze ans. À seize ans, il annote La Vie de Plotin par Porphyre de Tyr et écrit un essai sur Les erreurs populaires des anciens.

À vingt ans, il écrit Premier Amour à la suite d’une désillusion amoureuse. Sa disgrâce physique et sa pauvreté affectent sa vie.

Durant cette même période, il fait la connaissance de Pietro Giordani ; mais les espoirs déçus que cette amitié suscite précipitent sa rupture avec la foi religieuse. Giordani, moine émancipé, n’a pas perçu le besoin de Leopardi d’avoir un ami qui le sorte de sa solitude. La foi de Leopardi chavire, ses opinions philosophiques changent radicalement, ce qui l’oppose à son père, lui-même écrivain. La maison familiale, qu’il ne parvient pas à quitter, lui devient insupportable (« abborrito e inabitabile Recanati »).

Dans une lettre du 6 mars 1820, Leopardi relate un rêve à Giordani : « Ces luttes de l’esprit et de l’âme, ce moment précis où la crise éclate dans toute son intensité et l’on s’aperçoit tout à coup que l’on vient de franchir la limite cruciale entre la foi et le doute… »

C’est une conception identique de la vie qui émerge, au même moment, chez Leopardi confiné dans sa petite ville de Recanati et chez le philosophe allemand Schopenhauer. Ces deux hommes ne se sont jamais rencontrés ni écrit, et Leopardi n’a pas lu le livre de Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation. Leopardi résume sa philosophie du pessimisme dans le concept d’« infelicità ». Leopardi n’écrit pas pour propager ses idées ; il chante en poète son mal de vivre et en tire une vision de la condition humaine. Il ne veut pas adhérer à l’école des lyriques et des désespérés qui l’ont réclamé pour leur frère. Il ne veut pas du désespoir intellectuel et garde sa liberté de pensée.

Il voyage beaucoup mais ses ressources financières sont faibles. Au mois d’octobre 1822, sur les instances de quelques amis, il quitte Recanati pour Rome. Il rencontre des amis — Barthold Georg Niebuhr, ministre de Prusse à la cour pontificale, Alessandro Manzoni, le baron Christian Cari Josias Bunsen (1791-1860), diplomate, archéologue et historien, successeur de Niebuhr comme ministre de Prusse, Johann Gothard Reinhold (1771-1838), ministre de Hollande, bibliothécaire d’Angelo Mai — et se fait des ennemis — le bibliothécaire Guglielmo Manzi. Il ne trouve pas de situation stable, refuse d’entrer en prélature et ne se résout pas à un emprunt qui aurait amélioré sa condition. Il ne demande rien à son père qui ne lui propose aucune aide financière. Tout juste Leopardi opte-t-il pour du travail d’édition et se voit-il chargé de dresser le catalogue des manuscrits grecs de la bibliothèque Barberine. Les quelques voyages hors de la maison familiale seront brefs, à Bologne, Pise ou Florence. Ses lectures sont impressionnantes, tant par l’étendue et la variété que par sa capacité de pénétration.

Son patriotisme apparaît dans ses poèmes À l’Italie, Sur le monument de Dante (1818) ou À Angelo Mai (1822). Il est fasciné par la gloire passée de l’Italie mais, après Dante, Le Tasse et Alfieri, ne lui voit plus aucun avenir et condamne la France pour avoir envoyé à la mort les légions italiennes durant la campagne de Russie. Dante a préféré l’enfer à la Terre, et Leopardi lui-même, dans le poème Paralipomènes de la Batrachomyomachia, décrit de façon sarcastique sa propre descente aux enfers.

Brutus le Jeune (1821) est une illustration du pessimisme de Leopardi ; Brutus était le dernier des anciens sages et il ne reste après lui aucune noble espérance. Leopardi s’oppose aux romantiques dans son Discours sur la poésie romantique (1818) et découvre un an plus tard la philosophie sensualiste du Siècle des Lumières qui influencera considérablement son œuvre. Il chante le néant de l’homme face à la nature avec Le Genêt ou la Fleur du désert, et son désespoir dans La Vie solitaire (1821), L’Infini (1819) et À Sylvie (1828) .

Leopardi écrit : « Les œuvres de génie ont le pouvoir de représenter crûment le néant des choses, de montrer clairement et de faire ressentir l’inévitable malheur de la vie, d’exprimer les plus terribles désespoirs, et d’être néanmoins une consolation pour une âme supérieure accablée, privée d’illusions, en proie au néant, à l’ennui et au découragement ou exposée aux peines les plus amères et les plus mortifères. En effet, les œuvres de génie consolent toujours, raniment l’enthousiasme et, en évoquant et représentant la mort, elles rendent momentanément à l’âme cette vie qu’elle avait perdue. »

Citations

« Voici deux vérités que les hommes en général n’admettent jamais : l’une qu’ils ne savent rien, l’autre qu’ils ne sont rien. »

« Les hommes rougissent, non des injures qui viennent d’eux, mais de celles qu’ils reçoivent. »

« Tu reconnaîtras la loyauté chez autrui en ce qui, te fréquentant, il ne te laissera pas espérer de bons services, ni surtout en craindre de mauvais. »

« Les faibles vivent suivant le bon plaisir du monde, et les forts, selon le leur. »

« La patience est la plus héroïque des vertus, précisément parce qu’elle n’a pas la moindre apparence d’héroïsme. »

Œuvres

  • Canti (Chants).
  • L'infinito (L'Infini)
  • Operette morali (Petites œuvres morales).
  • Zibaldone di pensieri.
  • Discorso di un italiano intorno alla poesia romantica.
  • Discorso sopra lo stato presente dei costumi degli italiani.
  • Pensieri (Pensées).
  • Epistolario (Bollati Boringhieri, Turin, 1998).

Textes traduits en français

  • Opuscules et pensées, traduit de l'italien et précédé d'une préface par Auguste Dapples, Éd. Jean-Baptiste Baillière|Germer Baillière, coll. «Bibliothèque de philosophie contemporaine», 1880.
  • Chants/Canti, trad. et prés. par Michel Orcel, Aubier, Paris, 1995 ; puis GF Flammarion, Paris, 2005.
  • Dix petites pièces philosophiques, trad. et prés. par Michel Orcel, Le temps qu'il fait, Cognac, 1985, rééd. 2009.
  • Petites Œuvres morales, traduit par Joël Gayraud, présenté par Giorgio Colli, Paris, Allia, 1992; réédition augmentée de Huit petites œuvres morales inédites, traduites par Eva Cantavenera, Paris, Allia, 2007.
  • Du "Zibaldone". 133 fragments trad. et prés. par Michel Orcel,le Temps qu'il fait, Cognac, 1987.
  • Zibaldone, trad. et prés. par Bertrand Schefer, Allia, Paris, 2003.
  • Correspondance générale, trad. par Monique Baccelli et introd. par Antonio Prete, Allia, Paris, 2007.
  • Lettres en français, prés. et ann. par Michel Orcel, ARCADES AMBO éd., Paris, 2015
  • Discours sur l’état présent des mœurs des Italiens, trad. par Michel Orcel, prés. et annoté par M. Rigoni, 2e éd., revue et corrigée, version numérique, ARCADES AMBO, 2015 (cette édition se substitue à l'édition Allia, Paris, 1993, retirée du commerce.)
  • Discours sur l'état présent des mœurs en Italie, trad. de Y. Hersant, notes de M. Dondero, intro. de N. Bellucci, Les Belles Lettres, Bibliothèque italienne, Paris, 2003.
  • Chansons / Canzoni, selon l'éd. bolonaise de 1824 avec les Observations de l'auteur, trad. CIRCE sous la direction de Jean-Charles Vegliante, bilingue : Paris, Le Lavoir Saint-Martin, 2014.
  • Keats et Leopardi. Quelques traductions nouvelles, par Yves Bonnefoy, Mercure de France, Paris, 2000.
  • Mémoires de ma vie, traduit, présenté et commenté par Joël Gayraud, Paris, José Corti, 1999.
  • Discours d'un Italien sur la poésie romantique, traduit par Denis Authier, présenté par Bruno Pinchard, Paris, Allia, 1995.
  • Théorie des arts et des lettres, traduit, présenté et commenté par Joël Gayraud, Paris, Allia, 1996.
  • Copernic (dialogue), traduit par Michel Orcel, Arcades ambo éd., Paris, 2015
  • Éloge des oiseaux, traduit et présenté par Joël Gayraud, Paris, Mille et une nuits, 1995.
  • Pensées, présenté et traduit par Giuseppe Ungaretti, Le temps qu'il fait, Cognac, 1982.
  • Pensées, traduit par Joël Gayraud, éd. commentée par Cesare Galimberti, Paris, Allia, 1994.
  • Journal du premier amour, trad. et prés. par Joël Gayraud, Allia, Paris, 1994.
  • La Théorie du plaisir, trad. par Joël Gayraud, présenté et commenté par Giorgio Panizza, préface d'Adriano Tilgher, Paris, Allia, 1994.
  • Le Massacre des illusions, trad. par Joël Gayraud, présenté et commenté par Mario-Andrea Rigoni, Paris, Allia, 1993.
  • Lettre inédite de Giacomo Leopardi à Charlotte Bonaparte, présentée par Giorgio Panizza (trad. Joël Gayraud), Paris, Allia, 1996.
  • Philosophie pratique, textes choisis présentés par René de Ceccatty, Paris, Payot-Rivages, 1998.
  • Poésies, édition bilingue avec deux illustrations de F. Desmoulin, trad. par Eugène Carré, Paris, Charpentier et Cie, 1887
  • Huit Petites Œuvres morales inédites, Paris, Allia, 1999, 112 p.
  • Adieu ma chère pillule, Paris, Allia, 1999, 64 p.
  • Tout est rien, Paris, Allia, 1998, 288 p.
  • La Batrachomyomachie, Paris, Allia, 1998, 80 p.
  • Palinodie, Paris, Allia, 1997, 48 p.