Camp de Drancy

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Le camp d’internement de Drancy est un camp, situé au nord-est de Paris (alors dans le département de la Seine, aujourd'hui dans celui de la Seine-Saint-Denis), où furent rassemblés les juifs vivant en France avant leur déportation depuis la gare du Bourget (1942-1943) et de la gare de Bobigny (1943-1944), puis après 1944, les Français accusés de collaboration dont Sacha Guitry et Mary Marquet.

Les lieux

Le camp d'internement de Drancy a été installé en octobre 1939, dans un vaste bâtiment en U du quartier d'habitation HBM, dite la « cité de la Muette », conçu par les architectes Marcel Lods et Eugène Beaudouin. Celle-ci, construite entre 1931 et 1934, comportait en outre, cinq tours de quinze étages chacune, ainsi que plusieurs bâtiments sous forme de barres implantées en peigne, composées de trois et quatre étages.

L'édifice dans lequel le camp fut établi était en cours de construction (seul le gros œuvre était achevé). Comportant quatre étages, il était bâti autour d'une cour d'environ 200 mètres de long et 40 mètres de large. La forme du bâtiment, surnommé le « Fer à cheval », se prêta facilement à sa transformation en camp d'internement : des miradors furent installés aux quatre coins de la bâtisse, dès lors entourée de barbelés, tandis que le sol de la vaste cour fut tapissé de mâchefer.

Le bâtiment en U et les tours, ainsi que certains terrains attenants, furent réquisitionnés par l'Armée allemande le 14 juin 1940, afin de servir de lieu d'internement pour des prisonniers de guerre français, puis pour des civils yougoslaves et grecs, et enfin pour des prisonniers de guerre britanniques. À partir de 1942 y transitèrent des juifs arrêtés partout dans l’Hexagone.

Cette cité, qui porte toujours ce nom, a retrouvé sa vocation d’habitat social en 1948. Aujourd’hui, elle reste habitée. La cour est occupée par une pelouse et par deux monuments commémoratifs installés dans les années soixante-dix : une sculpture et un wagon ayant servi à la déportation. La construction de ce Mémorial a d’ailleurs suscité localement des critiques, ayant été réalisée près de quartiers sensibles où l’antisémitisme est encore vivace.

Les faits

Du 20 au 24 août 1941, une grande rafle eut lieu à Paris. Elle fut d'abord menée, le 20 août, dans le 11e arrondissement, puis étendue, le 21, aux 10e, 18e, 19e et 20e arrondissements. Le 22, s'ajoutèrent les 3e, 4e et 12e arrondissements et le 23, les 1er, 5e, 6e, 9e, 13e et 17e. Elle continua le 24 août. Lors de cette rafle, la police française, collaborant avec la Feldgendarmerie allemande, arrêta tous les juifs – hommes exclusivement – français et étrangers de 18 à 50 ans. 4 232 personnes (sur les 5 784 personnes que prévoyaient les listes) furent arrêtées et emprisonnées à Drancy.

En novembre 1941, 1200 internés malades furent libérés. Mais, le 14 décembre 1941, 47 internés de Drancy, considérés comme des otages, furent emmenés au Mont-Valérien où ils furent fusillés le lendemain.

À partir de 1942, Drancy passa du statut de camp d'internement à celui de camp de transit, et constitua la dernière étape avant la déportation vers les camps de concentration. Ainsi, de 1942 à 1944, 62 convois partirent de Drancy vers les camps de concentration en Allemagne. En période de pointe, le camp a connu le départ de deux ou trois convois par semaine. Sur 76 000 hommes, femmes et enfants juifs déportés de France, 67 000 le furent à partir de Drancy.

Les 42 convois de déportation de Drancy partis du 27 mars 1942 au 23 juin 1943 sont partis de la gare du Bourget-Drancy (réseau Nord). Les 20 convois de déportation de Drancy partis du 18 juillet 1943 au 17 août 1944 sont partis de la gare de Bobigny (Grande Ceinture). Selon le décompte de Serge Klarsfeld et des FFDJF (Fils et filles des déportés juifs de France), 40 450 déportés sont partis de la gare du Bourget-Drancy et 22 450 de la gare de Bobigny.

58 de ces convois sont partis vers Auschwitz-Birkenau, deux vers Majdanek, deux pour Sobibor et un pour Kaunas et Tallinn. 47 convois transportaient mille personnes, 9 plus de mille (dont 3 transportant 1 500 personnes) et 7 moins de mille, dont le dernier.

Jusqu'en juillet 1943, ces convois étaient escortés de militaires allemands et de gendarmes français. Par la suite, des policiers sont venus spécialement d'Allemagne.

Le dernier convoi fut organisé le 17 août 1944. Le lendemain, 18 août 1944, 1 467 prisonniers furent libérés après l'arrivée du consul de Suède Raoul Nordling et de membres de la Croix-Rouge.

L'organisation

Le camp de Drancy comprenait plusieurs annexes parisiennes : le camp Austerlitz, au 43 quai de la Gare, près de l'actuelle Bibliothèque nationale de France, ouvert en novembre 1943, faisait travailler 400 juifs « conjoints d'aryens » ou « demi-juifs », c'est-à-dire juifs par une seule branche de la famille (la mère ou le père) ; le camp Lévitan, dans le magasin de ce nom, près de la gare de l'Est, était un centre de tri de bagages employant 200 internés ; le camp Bassano, près des Champs-Élysées (2 rue de Bassano), transformé en un atelier de coutures de vêtements haut-de-gamme et de tenues de gradés SS. Maurice Rajsfus, auteur de l'ouvrage Drancy un camp de concentration très ordinaire, y ajoute : le local UGIF ; les deux hospices de la rue de Picpus et de la rue Lamblardie ; l'hôpital Rothschild fut un lieu d'internement provisoire où on envoyait les malades du camp de Drancy.

La gestion du camp

Le 27 août 1941, à l'issue d'une réunion entre représentants des autorités d'occupation et des autorités françaises, le camp fut placé sous la responsabilité du préfet de police. Ce dernier avait sous ses ordres la gendarmerie et les services du ravitaillement de la préfecture de la Seine. Le chef de camp était un commissaire de police. En réalité, le camp était « sous l'autorité directe des Allemands qui prononcent les internements et les libérations, et règlent par des instructions précises son régime intérieur », indique en mai 1942 une note de l'inspecteur général de la Santé et de l'Assistance Eugène Aujaleu. Pendant ses trois années d'existence, le camp de Drancy a donc été sous les directions successives de trois officiers SS : Theodor Dannecker jusqu'en juillet 1942, Heinz Röthke jusqu'en juin 1943 et Aloïs Brunner à partir de juillet 1943.

Parallèlement à cela, les juifs emprisonnés s'organiseront, élimineront les autorités françaises et s'empareront des leviers de commande internes du camp de Drancy ; ils traiteront directement avec les AA (autorités allemandes) et il s'ensuivra une étonnante collaboration dont Aloïs Brunner, en particulier, ne pourra que se féliciter.

Drancy comptera successivement sept commandants juifs : le tricoteur Asken, qui sera libéré en novembre 1942 avec les grands malades ; Max Blanor ; François Montel ; Georges Kohn, de mai 1942 à juin 1943 ; Robert Félix Blum ; Georges Schmidt ; Oscar Reich et Emmanuel Langberg. Le Bureau des effectifs est juif ; il établit notamment les listes de déportation. Le personnel juif se répartit en une trentaine de services. Une police juive et un tribunal juif s'installent. Une prison est sous la garde et la responsabilité de juifs. Le 24 octobre 1942 sont créés les M.S., c'est-à-dire les membres du service de surveillance. Les cadres juifs portent un brassard blanc et les policiers juifs un brassard rouge ; trois brigades sont formées avec, pour chacune, un brigadier et sept hommes. Ces autorités juives peuvent au besoin faire appel aux gendarmes français qui, eux, gardent l'enceinte du camp. Des juifs sont, par d'autres juifs, mis à l'amende ou tondus à la suite d'une décision ­ affichée ­ du tribunal juif présidé par Pierre Masse et Paul Léon. Ils peuvent être inscrits sur la prochaine liste de déportés. Les juifs eux-mêmes en viennent à parler de "Milice sémitique" ou de "Gestapolack". Quand Robert Félix Blum constituera son directoire, on pourra dire : "Le ministère Blum II est constitué" par allusion au ministère constitué par Léon Blum en 1936. Les permissions ou les libérations peuvent dépendre du CDP (Chef de la police juive). On crée des "missionnaires", c'est-à-dire un corps de juifs chargés d'aller trouver, à l'extérieur du camp, les familles d'internés et de les convaincre d¹aller rejoindre volontairement les internés à Drancy ; ces "missionnaires" sont aussi appelés familièrement des "rabatteurs" ou des "piqueurs". René Bousquet, responsable de la police de Vichy, apprend la nouvelle et s'indigne auprès d'Oberg de pareilles méthodes.

Procès des gendarmes

À la Libération, des rescapés de Drancy portent plainte contre les gendarmes français accusés d'être les complices des nazis. Une instruction pour intelligence avec l'ennemi est ouverte contre 15 gendarmes, dont 10 sont renvoyés devant la Cour de justice de la Seine, inculpés d'atteinte à la sûreté extérieure de l'État. Tous sont laissés en liberté avant le procès, et trois prennent la fuite. Les sept autres plaident l'obéissance aux ordres reçus, malgré de nombreux témoignages de brutalité par des rescapés.

Le 22 mars 1947, la Cour de justice rend son arrêt : si tous les gendarmes sont reconnus coupables d'actes de nature à nuire à la Défense nationale, la Cour considère cependant qu'ils se sont réhabilités par « des actes de participation active, efficace et soutenue à la Résistance contre l'ennemi ». Seuls deux sont condamnés à de la prison ferme – deux ans – et à la dégradation nationale pour cinq ans. Ils sont graciés et relevés de l'indignité nationale au bout d'un an.