Albert Leo Schlageter

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Albert Leo Schlageter
Épinglette commémorant Albert Leo Schlageter
Épinglette commémorant Albert Leo Schlageter
Épinglette commémorant Albert Leo Schlageter
Visuel commémorant Albert Leo Schlageter
Visuel commémorant Albert Leo Schlageter
Visuel commémorant Albert Leo Schlageter
Couverture d'un livre consacré à Albert Leo Schlageter
L'Albert Leo Schlageter
Les antifas n'oublient pas... Affiche anti-Schlageter de 2008
Albert Leo Schlageter, né le 12 août 1894 à Schönau im Schwarzwald (Bade) et mort le 26 mai 1923 sur la plaine de Golzheimer près de Düsseldorf sous la République de Weimar, est un combattant allemand des Freikorps, exécuté pour fait de résistance.



Biographie

Albert Leo Schlageter fut le sixième enfant d'une fratrie de onze, dans une famille d'agriculteurs catholiques de Schönau im Schwarzwald. Il fréquenta l'école de Schönau, puis le lycée Berthold à Fribourg-en-Brisgau, où il fut hébergé au foyer épiscopal des séminaristes. Il se destinait alors à la prêtrise. Des problèmes de santé le conduisirent à changer de voie et à rejoindre, en 1913, le lycée Heinrich-Suso de Constance.

Après le déclenchement de la première guerre mondiale il passa en 1914 un baccalauréat simplifié (Notabitur), et s'engagea dans l'armée. Parallèlement, il s'inscrivit à partir du semestre d'hiver 1915-1916 comme étudiant en théologie à l'université Albert-Ludwig à Fribourg. Il fut envoyé sur le front occidental comme soldat dans une unité de communication. Il y participa à plusieurs batailles, en 1915 en Champagne et dans les Flandres, en 1916 à Verdun et dans la Somme. Il fut blessé deux fois, et promu sous-officier en avril 1916, puis lieutenant un an plus tard. Il fut décoré de la Croix de fer de seconde classe, puis en 1918 de celle de première classe pour des patrouilles à haut risque. Il fut démobilisé à la fin de février 1919.

Le 10 janvier 1919, Albert Leo Schlageter changea de domaine d'études, et s'inscrivit à Fribourg comme étudiant en économie politique. Le même mois, il devint membre d'un groupe catholique d'étudiants, la KDStV Falkenstein de Fribourg-en-Brisgau, qui faisait partie de la Fédération des associations étudiantes catholiques allemandes (Cartellverband der katholischen deutschen Studentenverbindungen).

Dès mars 1919, Albert Leo Schlageter entra dans le Freikorps du capitaine Walter Eberhard Freiherr von Medem, et participa comme chef de batterie aux combats de la Baltique, prenant part en particulier à la conquête de Riga en mai 1919. En juin il se joignit au Freikorps de Petersdorff, avec lequel il retourna en Allemagne en décembre 1919.

A partir de 1920, Albert Leo Schlageter appartint avec le Freikorps de Petersdorff à la Brigade de marine de Loewenfeld, qui prit part au putsch de Kapp à Breslau et à l'écrasement des soulèvements marxistes dans la Ruhr. Albert Leo Schlageter participa, entre autres, aux combats de rue à Bottrop. Après la dissolution forcée de la brigade, fin mai 1920, il travailla, comme beaucoup de ses anciens membres, comme ouvrier agricole dans des domaines de l'Allemagne orientale, jusqu'à ce qu'il devienne, début 1921, en Haute-Silésie un agent de l'Organisation Heinz, sorte de police secrète clandestine, soutenue par les autorités du Reich et dirigée par Karl Guido Oskar Hauenstein. Parmi ses coups de main, il participa, en février 1921, à l'évasion des prisonniers de la prison de la Commission alliée à Cosel. Après le vote du 21 mars en Haute-Silésie, il retourne dans sa région natale, jusqu'à ce qu'il revienne en Silésie en mai pour combattre le 3e soulèvement polonais avec le Freikorps Hauenstein (Sturmbatallion Heinz).

Après le partage de la Haute-Silésie, en octobre 1921, Albert Leo Schlageter se rendit à Dantzig, et y tenta sans succès de se faire employer par le service d'information polonais, afin de l'espionner. En 1922 il travailla à Berlin comme vendeur dans une compagnie d'import-export.

Avec l'occupation de la Ruhr, Albert Leo Schlageter travailla à nouveau, en 1923, pour l'Organisation Heinz, protégée par le Ministère de la Défense. Comme chef de groupe, il dirigeait un commando de choc qui opposait une résistance active aux troupes d'occupation françaises à Essen. Son groupe y surveillait le service d'espionnage français. Pour empêcher le départ du charbon vers la France, Schlageter et ses hommes menèrent des attaques à l'explosif en mars 1923 à la gare d'Essen et sur un pont de la ligne ferroviaire Düsseldorf–Duisbourg, près de Kalkum.

Le 7 avril 1923, du fait d'une trahison, Albert Leo Schlageter fut arrêté à l'hôtel Union à Essen, dans lequel il résidait sous son propre nom malgré un avis de recherche.

Son procès commença le 8 mai devant un tribunal militaire français. Le 9 mai 1923, Albert Leo Schlageter fut condamné à mort pour espionnage et sabotage. Une procédure d'appel échoua le 18 mai, et Schlageter refusa un recours en grâce. Dans une lettre d'adieu à un camarade, August Jürgens, il écrit: « Je suis paisible et calme, même si c'est dur d'être jugé comme malfaiteur, alors qu'on a seulement voulu le bien. Mais c'est bien la destinée humaine. Oublie la vie et pardonne aux accusateurs et aux juges. J'ai fait les deux. »

Le 26 mai au matin, il fut fusillé sur la lande de Golzheim près de Düsseldorf, et inhumé le même jour au cimetière Nord de Düsseldorf. Sur le souhait de sa famille, son corps fut exhumé le 8 juin et enterré le 10 à Schönau, ce qui occasionna de grandes manifestations populaires.

Presque immédiatement après la mort de Schlageter, Rudolf Höss assassina son dénonciateur, Walther Kadow, avec l'aide de Martin Bormann. Höss fut condamné à 10 ans de prison, mais fut amnistié quatre ans plus tard ; Bormann ne fut sanctionné que par une peine d'un an d'emprisonnement.

La célébration du souvenir

Après son exécution, Albert Leo Schlageter devient un héros, un martyr et une figure de référence pour une grande partie de la population allemande.

Une société fut formée afin d'ériger un monument en son honneur. En 1923, dans le contexte de sa réorientation "nationale", le Parti communiste d'Allemagne tenta de profiter de la mythologie émergente autour de Schlageter en faisant circuler un discours de Karl Radek, du 20 juin 1923, qui le dépeignait comme un individu honnête, mais dévoyé, un « courageux contre-révolutionnaire ». Le but poursuivi était de rallier au PCA les nationalistes en désignant comme les vrais ennemis du travailleur allemand les capitalistes de l'Entente.

Mais c'est surtout le NSDAP qui exploita le martyre de Schlageter. La société pour son mémorial réussit, en 1931, à faire ériger un monument près du lieu de son exécution : réalisé par l'architecte Clemens Holzmeister, il consistait en une croix d'acier géante de 27 mètres de haut sous laquelle se trouvait un sarcophage de pierre. Plus d'une centaine d'autres monuments en hommage à Schlageter furent créés à cette période, dont 21 subsistent encore actuellement.

Après 1933, Schlageter devint l'un des principaux héros du régime national-socialiste et fut inscrit dans la liste officielle des Martyrs du Mouvement. L'auteur Hanns Johst écrivit la pièce de théâtre Schlageter (1933), un drame héroïque sur sa vie. Dédiée à Adolf Hitler, elle fut présentée pour le premier anniversaire de sa venue au pouvoir.

Le nom de Schlageter fut donné à plusieurs institutions, entre autres à des escadrilles de chasse de la Luftwaffe, et à un vaisseau, le Albert Leo Schlageter. Deux groupes SA portèrent aussi ce nom, le SA-Standarte 39 Schlageter à Düsseldorf et le SA-Standarte 142 Albert Leo Schlageter à Lörrach. En outre, une île sur le fleuve Böhme près de Soltau en Basse-Saxe fut nommée Schlageterinsel. Diverses écoles adoptèrent aussi son patronyme, ainsi que plusieurs confréries étudiantes, comme les Blauen Sänger à Göttingen.

Après la guerre, le principal Mémorial Schlageter fut détruit par les forces alliées d'occupation au cours de la procédure de dénazification.

Texte à l'appui

Le discours de Radek

Durant tout le discours de la camarade Zetkine sur les contradictions du fascisme, j'étais obsédé par le nom de Schlageter et par son sort tragique. Nous voulons penser ici à lui, au moment où nous prenons politiquement une position concernant le fascisme.

Le destin de ce martyr du nationalisme allemand ne doit pas être tu ni être seulement honoré d'un mot dit en passant. Il a beaucoup à nous apprendre, à nous et au peuple allemand.

Nous ne sommes pas des romantiques sentimentaux qui oublient la haine devant un cadavre, ou des diplomates qui disent : devant une tombe il faut louer ou se taire.

Schlageter, le courageux soldat de la contre-révolution, mérite de nous, soldats de la révolution, un hommage sincère. Son camarade d'idées Freska a publié en 1920 un roman dans lequel il décrit la vie d'un officier tombé dans la lutte contre les spartakistes intitulé Le Pèlerin du néant.

Si ceux des fascistes allemands qui veulent loyalement servir leur peuple ne comprennent pas le sens de la destinée de Schlageter, celui-ci est bien mort en vain et ils peuvent écrire sur sa tombe « Le Pèlerin du Néant »...

(...)

Schlageter est parti de la Baltique pour la Ruhr. Non pas en 1923 mais déjà en 1920. Savez-vous ce que cela signifie? Qu'il a pris part aux attaques du capital allemand contre les ouvriers de la Ruhr, il a combattu dans les rangs des troupes qui devaient faire se soumettre les mineurs aux rois du fer et du charbon.

Les troupes de Watters dans lesquelles il a combattu ont tiré avec les mêmes balles de plomb que celles avec lesquelles le général Degoutte a écrasé les travailleurs de la Ruhr. Il n'y a pas de raisons de penser que Schlageter a aidé pour des raisons égoïstes à écraser les mineurs affamés. La voie du danger mortel qu'il a prise montre et parle pour lui, montre qu'il était convaincu qu'il servait le peuple allemand.

Mais Schlageter pensait qu'il servait de la meilleure manière le peuple s'il aide à rétablir la domination des classes qui ont jusque-là dirigé le peuple allemand et amené celui-ci à ce malheur sans nom. Schlageter voyait dans la classe ouvrière la plèbe qui doit être gouvernée.

Et il était certainement de l'avis du comte Reventlow qui a tranquillement affirmé que toute lutte contre l'Entente est impossible tant que l'ennemi intérieur n'est pas écrasé. Et l'ennemi intérieur, pour Schlageter, était la classe ouvrière révolutionnaire.

Le Parti Communiste d'Allemagne doit dire ouvertement aux masses nationalistes petites-bourgeoises: celui qui, en étant au service des trafiquants, des spéculateurs, des maîtres de l'acier et du charbon, tente de réduire en esclavage le peuple allemand, de l'amener dans l'aventure, rencontrera la résistance des ouvriers communistes allemands. Ceux-ci répondront à la violence par la violence. Celui qui par incompréhension se lie à la soldatesque du capital, nous le combattrons par tous les moyens. Mais nous pensons que la grande majorité des masses ressentant les choses de manière nationale n'appartiennent pas au camp du capital, mais au camp du travail. Nous voulons trouver et nous trouverons une voie vers ces masses.

Nous ferons tout pour que les hommes comme Schlageter qui étaient prêts à aller à la mort pour une cause commune ne deviennent pas des pèlerins du néant, mais des pèlerins d'un avenir meilleur pour toute l'humanité, que leur sang chaud et altruiste ne coule pas pour les profits des barons du charbon et de l'acier, mais pour la cause du grand peuple travailleur allemand, qui est une composante de la famille des peuples luttant pour leur libération.

Sources

Ouvrages

  • Jean-Numa Ducange, Quand la gauche pensait la nation. Nationalités et socialismes à la Belle époque, Fayard, Paris, 2021.
  • MARCHAL Michel, 1934 - 1940 Hergé et Tintin : L'histoire des histoires, éditions Noctambules, 2017, p. 224.
  • Robert Steuckers, La Révolution conservatrice allemande - Biographies de ses principaux acteurs et textes choisis, tome I, éditions du Lore, 2014, 348 p.

Articles