Ante Pavelic

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Ante Pavelic, né à Bradina, en Bosnie-Herzégovine, le 14 juillet 1889 et décédé à Madrid, le 28 décembre 1959, est un homme politique croate, fondateur du mouvement nationaliste des Oustachis (Ustaše, « insurgé, rebelle »).

Ante Pavelic saluant

En avril 1941, il devient le chef, le Poglavnik, de l'État indépendant de Croatie (Nezavisna Drzava Hrvatska, NDH). Allié fidèle de l'Axe jusqu'à la fin de la Deuxième guerre mondiale, il s'exile après la défaite.


Son avant-guerre

Jeune auxiliaire oustachi.

Les alliés favorisent la création, en 1918, d'un royaume des Slaves du sud qui réunit sous la domination serbe des peuples qui se détestent depuis des siècles. L'empire austro-hongrois réussissait à unir des populations de langues, cultures et religions différentes, mais le roi serbe n'a pas les talents d'un Habsbourg. Au projet fédéraliste d'inspiration germanique, proposé par les minorités slovènes et les Croates, s'oppose le projet jacobin inspiré par Paris. Il est défendu surtout par les Serbes, qui ne sont qu'une minorité parmi d'autres.

Ante Pavelić est né à Bradina, Condominium austro-hongrois de Bosnie-Herzégovine, le 14 juillet 1889 dans une famille catholique. En 1922 il épouse Maria Lovrenčević avec laquelle il aura trois enfants. Son père, Martin Lovrenčević, membre important du Parti Croate du Droit est un journaliste renommé.

Après des études de droit à Zagreb, Ante Pavelic s'engage en politique dans le Parti croate du droit, un mouvement nationaliste opposé à la monarchie du Royaume de Yougoslavie et partisan de l'indépendance de la Croatie.

Élu conseiller municipal de Zagreb puis député (1927), il est contraint à l'exil en 1929 par l'avènement du roi Alexandre Ier, lequel met en place une dictature pro-serbe. A la fin de la même année, il est condamné à mort par contumace par un tribunal serbe.

Pavelić se réfugie d’abord à Vienne, où il prend contact avec des officiers autrichiens anti-yougoslaves. À Rome, où il réside ensuite, il fonde un nouveau parti nationaliste, en collaboration avec les membres de la faction dure du Parti Croate du Droit, exilés comme lui. Ce sera le Parti des oustachis (de ustaš, « insurgé, rebelle »). Le groupe a d'abord des activités terroristes : il assassine en 1934 Alexandre Ier, en voyage à Marseille. Soutenu par le fascisme italien, il prend de l'ampleur et implante des camps d'entraînement en Hongrie.

L'indépendance de la Croatie

Le temps des victoires

Bloc philatélique rendant hommage à la légion croate combattant en URSS.

Le 6 avril 1941, la Yougoslavie est envahie par les forces de l'Axe. Les Croates en profitent pour proclamer leur indépendance. Adolf Hitler grâce à sa victoire rapide, qui coûte à la Wehrmacht 153 morts, détruit l'ancien royaume. Il annexe le nord de la Slovénie. Les Italiens récupèrent les anciennes possessions de la République de Venise et le Monténégro. La Hongrie et la Bulgarie participent au dépeçage. Même les musulmans de Bosnie-Herzégovine, du Kosovo et les Albanais, par haine des Serbes, et sur ordre du Grand Mufti de Jérusalem, accueillent les Allemands comme des libérateurs.

Pavelic devient le dirigeant de l'État indépendant de Croatie, allié à l'Allemagne et à l'Italie, dont il copie les institutions. En 1941-début 1942 cette collaboration reste néanmoins limitée, et les partisans royalistes serbes (Tchetniks) ou les communistes ne sont eux aussi que très minoritaires. La Croatie envoie plusieurs milliers d’hommes sur le front de l’Est.

Bloc de timbres croates commémorant la création de la 1ère division de Waffen SS croate.

Mais les massacres commencent. Pendant plus de trois années une abominable guerre civile va faire 1.706.000 victimes dans ce pays qui compte 15.000.000 d'habitants. L'armée du NDH combat avec les forces de l'Axe, contre le mouvement des résistants de Tito (les partisans communistes) et les Tchetniks (résistants royalistes).

En représailles aux crimes des partisans, les Croates exécutent par dizaines de milliers les Serbes, les Juifs, les Tsiganes et les anti-fascistes au camp de Jasenovac et les femmes et enfants à Stara Gradiška. Pendant ce temps les musulmans du Kosovo exterminent les paysans serbes qu'ils remplacent par des colons albanais.

En 1944, lorsque le conflit prend enfin un tour définitivement défavorable pour le IIIe Reich, des membres du gouvernement croate et des généraux vont essayer de changer de camp.

L'heure de la défaite

Jeune couple certainement liquidé par les titistes en 1945.

Les conjurés veulent imiter l'action de certains fascistes et des royalistes en Italie en 1943, d'Horty et de ses proches en Hongrie en juin 1944, des royalistes de Roumanie et de Bulgarie en août 1944. Mais ces hommes ne sont pas vraiment des nazis, même avant cette date. Le roi de Bulgarie a même fait échec à la solution finale. Deux ministres, Mladen Lorkovic et Ante Vokic, Stijepo Peric, les généraux Ivan Prpic et Tomislav Sertic, tentent en vain de convaincre les Anglo-Saxons de débarquer en Dalmatie. Ils ont, paraît-il, les avis favorables du général Henry Maitland Wilson, chef des opérations en Méditerranée, du général Ira C. Eakeret, du roi George VI. En lisant To War With Whitacker, the Wartime Diaries of the Countess of Ranfurly, on découvre qu'Henry Maitland Wilson a effectivement comme idée à cette époque d'attaquer le IIIe Reich par la Dalmatie, puis le Danube.

Les conspirateurs sont dénoncés aux Allemands, probablement par les Soviétiques. Ils sont arrêtés, selon Le Nouvel ordre européen nazi: la collaboration dans l'Europe allemande (1938-1945), d'Yves Durand (Complexe, 1990), en août 1944, mais il ne seront exécutés que peu avant la chute du gouvernement oustachi pour ne pas faire d'eux des martyrs.

A cette époque, alors que les divisions roumaines, hongroises ou italiennes sont de piètres auxiliaires pour les Allemands - quand ils ne les combattent pas -, la valeur et le fanatisme des soldats et miliciens croates peuvent surprendre. Mais ils luttent contre les Titistes et donc pour sauver leurs vies et celles de leurs proches.

Croates fuyant Zagreg en mai 1945.

Les Oustachis se battent bien et les 800.000 partisans progressent lentement. Le 20 octobre 1944, lorsque les communistes entrent à Belgrade, le territoire croate n'est que très peu envahi. Ils émettent des timbres, forment de nouvelles divisions.

En mars 1945, le gouvernement, même si ses troupes résistent, comprend néanmoins que toute défense prolongée est impossible, car la Croatie dépend du Reich pour les munitions.

Le 19 avril 1945, les alliés occidentaux ne sont pas encore à Trieste et en Carinthie. Mais l'idée chemine dans la tête d'une partie des populations du nord des Balkans d'aller se réfugier en Italie. Le gouvernement et l’état-major croate décident alors d'abandonner Zagreb et le sud de la Croatie aux partisans.

Après la Seconde guerre mondiale

Milliers de cadavres principalement d'oustachis dans une grotte de Slovénie.

Pendant que ses partisans sont massacrés dans les foibe yougoslaves et lors des massacres de Bleiburg, Pavelic doit de nouveau s'exiler. Il se réfugie d'abord en Autriche, puis à Rome. Le Vatican fait passer les dirigeants oustachis en secret de Rome à Buenos Aires, où il reçoit la protection de Juan Perón. Des filières d’exfiltrations sont mises en place par le franciscain Krunoslav Draganovic.


En 1957, alors qu'il vit dans la clandestinité en Argentine, Pavelic fait l'objet de deux tentatives d'assassinat, commanditées par les services secrets yougoslaves. De plus, il est forcé une nouvelle fois de changer de nation d'exil pour éviter l'extradition. Il se réfugie en Espagne, où il meurt en 1959, des suites des blessures reçues lors du dernier attentat. Il est enterré à Madrid. Le pape Jean XXIII prononce personnellement une bénédiction à son égard.

Varia

Rumeur

Nombreux sont les amateurs de littérature qui connaissent la célèbre scène du roman autobiographique Kaputt, au cours de laquelle l'auteur, Curzio Malaparte (1898-1957), découvre sur le bureau d'Ante Pavelic une bourriche de 20 kg d'yeux humains offerts par ses « fidèles Oustachis ». L'image est atroce et sert depuis soixante-dix ans de prétexte à tous ceux qui cherchent à présenter le Poglavnik comme un monstre et ses partisans comme des scélérats[1].

Il est attesté que l'auteur de Kaputt (1944) a effectivement rencontré Pavelic en mai 1941, puisque cette entrevue a même été filmée. Le décor des prises de vues ne révèle rien d'étrange ou d'anormal. Peu après, Malaparte publie un portrait particulièrement flatteur de Pavelic dans la revue italienne Documento, où il loue son humanité. Il est donc plus que probable que l'anecdote de la bourriche d'yeux humains a été inventée de toutes pièces par Malaparte, un « roi du retournement de veste », passant d'un instant à l'autre d'un « fascisme de gauche » à l'antifascisme et au soutien au Parti communiste italien[2][3].

Bibliographie

  • Christophe Dolbeau, Véridique histoire des Oustachis : croquemitaines de légende mais authentiques patriotes, Saint-Genis-Laval, Akribeia, 2015, 418 p.

Notes et références

  1. Christophe Dolbeau, Véridique histoire des Oustachis : croquemitaines de légende mais authentiques patriotes, Saint-Genis-Laval, Akribeia, 2015, 418 p., p. 63-64.
  2. Curzio Malaparte est devenu un ami de Palmiro Togliatti dès 1945 et n'a cessé de réitérer sa demande d'adhésion au Parti communiste jusqu'à sa mort en 1957. Dans la préface à l'édition française de son livre La Peau (Denoël, Paris, 1949), il se flatte d'être « parmi tous les écrivains européens contemporains, l'écrivain le plus haï par les fascistes et le plus interdit dans les pays sans liberté  ».
  3. Philippe Baillet, De la confrérie des Bons Aryens à la nef des fous : pour dire adieu à la droite radicale française, Saint-Genis-Laval, Éditions Akribeia, 2018, 200 p., p. 152-154.