Foibe yougoslaves

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Cette affiche est italienne, mais les victimes des foibe sont le plus souvent des Slaves.

Les foibe (pluriel de foiba, terme frioulan dérivé du latin fovea = fosse, cavité) sont des cavités, de grandes crevasses naturelles, des grottes, d'origine karstique (en terrain calcaire), qui s'ouvrent par des avens aux parois verticales. On en trouve dans toutes les régions calcaires de Croatie, de Slovénie et de l'Italie du nord-est. En Croatie et en Slovénie on compte plusieurs centaines de grottes verticales (grands abysses karstiques) profondes de 50 à 1.600 m, dont plusieurs ont été utilisées pour l’extermination des populations indésirables de souche non-balkanique.

Ces gouffres furent au cours des siècles utilisés pour éliminer les cadavres d'animaux et aussi pour y cacher les victimes de nombreux massacres. Elles servirent en particulier vers la fin de la deuxième guerre mondiale lors de l'occupation yougoslave (titiste) des régions du nord-est de l'Italie, et furent le théâtre d'éliminations massives de Croates dans tout le pays. Des milliers de personnes y ont été assassinées, le triste record étant détenu par la terrible Foiba de Yazovka près de Zagreb avec ses dix mille victimes.

Winston Chrurchill dans son histoire de La deuxième guerre mondiale, en douze volumes, ne parla pas des victimes yougoslaves. Il condamna vivement ce qu'il appelle le meurtre de Mussolini, se soucia des agissements des titistes à Trieste. Il parle à Truman de leur attitude arrogante et brutale. Churchill s’inquiéta seulement pour la minorité italienne massacrée par les guerilleros de Tito. Sur place, les titistes jetèrent surtout des slaves dans les foibe.

Les historiens commencent à parler des massacres de Bleiburg et des foibe , mais ils ne sont qu'un des crimes de Tito. La liste est longue et la liberté étant revenue elle s'allonge régulièrement :

  • Massacre de Široki Brijeg
  • 12.000 Slovènes désarmés
  • Le massacre de la Backa (plusieurs dizaines de milliers de civils hongrois)
  • Massacre de Porzus (résistants italiens non communistes)
  • Les 400.000 hommes du groupe d'armées Löhr durent se rendre aux partisans de Tito qui exercèrent sur eux de cruelles représailles, écrit Raymond Cartier, dans son étude sur La seconde guerre mondiale.
  • Le massacre de la minorité allemande de Yougoslavie (l'équivalent de nos Alsaciens-Lorrains), notamment les Donauschwaben (environ 500.000 personnes).
  • Le sort des prisonniers italiens, bulgares et hongrois.
  • Le sort des populations civiles et des prisonniers musulmans de Yougoslavie (Albanais, Kosovars, Bosniaques... ).
  • L'extermination presque totale de certaines minorités (Tchakaviens, Kaykaviens... ) vivant dans les Balkans bien avant l'arrivée des Slaves.

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Localisation

Les gouffres karstiques verticaux se trouvent presque partout dans les régions où dominent les calcaires épais. Par exemple dans les Alpes, en Espagne, dans le Taurus (en Turquie) etc. Pourtant, c'est surtout en ex-Yougoslavie que ces gouffres verticaux ont été intensément utilisés pour des massacres génocidaires. Les plus connus ayant rempli cette fonction se trouvent dans la province de Trieste et dans certaines zones de Slovénie (ayant appartenu autrefois à la région italienne de Vénétie julienne). Les Foibe à ossuaires sont encore plus nombreuses dans certaines zones de l'Istrie et de la Dalmatie ; les plus grandes, situées en Croatie centrale, étaient encore tout récemment ignorées du fait de tabous politiques et idéologiques.

Technique des massacres

Technique de massacre.

Les foibe furent, au cours des siècles, depuis les invasions turques, le théâtre de nombreuses tragédies, en particulier vers la fin de la deuxième guerre mondiale. Ce fut le moyen le plus usité et typiquement titiste pour se débarrasser des corps rapidement. Les prisonniers étaient amenés de préférence la nuit, près d'un foïba. Ils étaient tués d'une balle dans la nuque et leurs corps précipités dans l'abîme.

Concernant les Italiens tués en Istrie, le nombre de morts fut relativement "modéré", s'élevant à quelques dizaines de morts pour chaque foiba.

En Dalmatie et Croatie centrale, ce furent de véritables orgies nécrophiles et sadiques, incluant castrations et amputation des seins, assassinats rituels, lancement des corps dans une foiba, recouvrement de ceux-ci de chaux vive, puis effacement des traces par des amoncellements de pierres, parfois au moyen d'explosifs, voire par le remplissage méthodique des foibe, devenues ossuaires, par des dépôts d'ordures, afin de provoquer la disparition de tout corpus delicti.

Pendant la deuxième guerre mondiale

Des milliers de personnes, d'abord des Italiens puis des Croates, 17.000 individus au total, furent précipitées dans ces gouffres, mortes ou vivantes, essentiellement par les partisans communistes du maréchal Tito, à partir du 8 septembre 1943, date de la retraite des armées régulières italiennes, après la signature de l'armistice consécutif au renversement de Benito Mussolini. Très vite, les Allemands reconquirent les zones prises par les Yougoslaves et occupèrent toute la région, ce qui interrompit, un temps, les massacres.

En Istrie, ces massacres connurent leur apogée local en mai et juin 1945, lors de l'arrivée presque conjointe des Yougoslaves et des Alliés à Trieste. Ils se poursuivirent jusqu'en 1947 quand le traité de paix de Paris mit fin aux hostilités mais provoqua le départ de nombreux habitants de la région pour l'Italie. Les massacres des Croates en Croatie et en Dalmatie atteignirent leur apogée en 1946-47, et ce fut Staline qui ordonna leur arrêt en 1948.

Massacres des foibe

Les victimes sont souvent des femmes et des enfants.

Les massacres des foibe connurent, dans l'immédiat après-guerre, trois périodes distinctes :

  • 1. Durant la guerre: Les premières furent le résultat d'une insurrection populaire des minorités slaves (slovène et croate surtout), contre les Italiens et en particulier contre ceux qui avaient appartenu au régime fasciste désormais vaincu, ou qui l'avaient soutenu, dans une sorte de « réparation » des avanies subies pendant les décennies précédentes. Ces foibe, que certains considèrent comme « explicables », furent l'expression de la colère des Slaves et firent un nombre limité de victimes (quelques centaines). La thèse d'une vraie jacquerie est cependant redimensionnée par des historiens comme Gianni Oliva (Foibe, Oscar Mondadori, 2003).
  • 2. Istrie après la guerre : Les secondes, qui ne doivent absolument pas être confondues avec les premières, furent une opération délibérée géostratégique de nettoyage politique (voire ethnique), voulue par le maréchal Tito pour assurer par la terreur sa domination sur la Vénétie julienne et l'Istrie (et donc sur la population italienne), mais aussi pour se débarrasser d'opposants politiques y compris croates et slovènes. Privées de toute sorte de « justification » morale ou sociale, les foibe de Tito virent la mise en œuvre d'un nettoyage ethnique et outre des Italiens, qu'il s'agisse d'innocents ou d'ex-fascistes, périrent aussi de nombreux partisans croates opposés à la Yougoslavie de Tito. Ces foibe entraient dans un plan général visant à annexer, pour étendre le territoire yougoslave, toutes les zones peuplées en majorité d'Italiens mais où existait une quelconque minorité linguistique slave, y compris l'Istrie, mais aussi le Frioul jusqu'au Tagliamento. C'est pourquoi Trieste fut occupée avant Zagreb ou Ljubljana — les ordres stratégiques reçus par la IVe armée yougoslave étaient clairs : arriver coûte que coûte avant les Alliés à Trieste — les Néo-Zélandais (2e division) n'entreront à Trieste que le lendemain.
  • 3. Dalmatie après la guerre: Les Alliés n'étaient pas intéressés par les massacres internes se prolongeant en Yougoslavie. Ainsi les camps pour les juifs, tsiganes et autres non-Croates établis par Ante Pavelic, l'allié de Hitler, ne furent nullement fermés ni abandonnés à l'arrivée des partisans yougoslaves de Tito: le camp de Jasenovac et d'autres continuèrent à fonctionner de 1945 à 1948, changeant seulement de "clientèle" : après la guerre y furent enfermés, torturés et massacrés, par les communistes yougoslaves des milliers de Croates (ils sont maintenant cyniquement comptabilisés comme victimes du fasciste A. Pavelic). Les massacres des foibe d'Istrie se continuèrent plus à l'est, en Dalmatie et en Croatie centrale, faisant encore bien plus de victimes chez les Croates que chez les Italiens. Les massacres d'après-guerre eurent lieu surtout dans les îles de Krk, Goli, Pasman, Zirje, Brac, Korcula, Daksa et aussi dans les foibe des montagnes littorales de Biokovo, etc. Tous ces massacres des camps et des foibe en Croatie centrale et en Dalmatie furent enfin brusquement interrompus en 1948, sur l'ordre de J.V. Staline à Tito (tandis que les Alliés démocratiques occidentaux restaient silencieux).

Exemples les mieux étudiés

Voici 3 exemples des foibe ossuaires d'après-guerre les mieux connues en Croatie :

  • Foiba de Yazovka. L'exemple le plus terrible au monde est fourni par cette foiba ossuaire située sur la montagne de Zumberak, à l'ouest de Zagreb. Durant un demi-siècle, le fait est resté tabou et ce n'est qu'après l'effondrement de la Yougoslavie, en 1991, que les spéléologues ont étudié cette foiba de 43 m de profondeur. D'après les découvertes, les documents subsistant et les témoins vivants, on y a trouvé entre 9 000 et 12 000 cadavres qui avaient été recouverts de chaux vive. La majorité est constituée de Croates de Zagreb, y compris de nombreux patients des hôpitaux de Zagreb en 1945-1946, de nombreux invalides de guerre amputés avec leurs prothèses et béquilles, plusieurs femmes, des écoliers de 15 à 17 ans, quelques soldats allemands, etc. Un enfant de 10 ans qui avait réussi à s'enfuir constitue le principal témoin. La principale ordonnatrice yougoslave de ce massacre était Milka Kufrin, sous les ordres du maire yougoslave de Zagreb, Veceslav Holjevac (dont la fille Tatjana Holjevac est maintenant maire-adjoint de Zagreb, ce qui interdit toute recherche sur le sujet).
  • Foiba de Kricavno (= la Criante). Profonde de 85 m, elle se situe entre les ports de Vrbnik et de Baska, sur l'île de Krk (Veglia) dans le nord-est de l'Adriatique. Dans cette foiba particulièrement sinistre, les partisans yougoslaves perpétrèrent le massacre du groupe ethnique des néo-Liburnes, dont les ancêtres vivaient là depuis trois millénaires (du XIIe siècle av. J.-C. à 1945-1946); seulement douze vieillards, décédés dans les années 1990, survécurent à ce massacre. Ces Liburnes constituaient la majorité des 350 victimes comprenant des bergers, des pêcheurs, des femmes, deux écoliers et quelques Italiens. Les vieillards Liburnes, égorgés et jetés dans la foiba , crièrent dans leur langue néo-liburne qui mourait avec eux : "Ela Tyache, elaa Stomoryna !" ("Au secours Dieu! Au secours Sainte Marie!"). Leurs cadavres furent ensuite recouverts par de nombreuses pierres et aussi par des ordures abondantes pour entraîner une putréfaction rapide. Les études récentes de cette foiba ont été interrompues par l'"académicien" (ex-communiste) Petar Strcic originaire de cette île et probablement impliqué dans cet événement.
  • Foiba de Gradina. Elle est située sur la pente sud de l'île de Zirje (Zuri), près du port de Sibenik en Dalmatie centrale. Dans le fond de cette foiba se trouve l'unique source d'eau potable de toute l'île ; mais en 1945-1946, les partisans yougoslaves y ont tué et jeté 65 victimes comprenant des Croates, des Italiens et des Allemands ramenés du littoral dalmate. Depuis, les insulaires refusent de boire cette eau ayant baigné les cadavres, et s'abreuvent d'eau de pluie.
  • Foibe de Korcula (Curzola). Il s'agit d'une grande île du sud-est de l'Adriatique, contenant une douzaine de vastes foibe utilisées par les partisans yougoslaves pour y massacrer plusieurs milliers de leurs "ennemis", surtout Croates et quelques Italiens. C'est le lieu de naissance du professeur Zvonimir Separovic dont les deux parents y furent massacrés. Dans les années 1990, devenu ministre du gouvernement croate, il a mené une étude approfondie sur ces massacres de Korcula, mais sans succès à cause du tabou, de la disparition des documents et de l'omerta imposée. Après l'avènement en 1999 d'un régime de gauche en Croatie, ces études ont été arrêtées et une loi "foibiste" interdisant l'exploration de toutes les foibe de Croatie a même été promulguée. Z.Separovic est actuellement le président de la Société victimologique de Croatie.

Liste des foibe

Dans la liste suivante sont énumérées les foibe yougoslaves contenant des squelettes humains de la deuxième guerre mondiale, dont seule une petite partie a été identifiée.

Dalmatie et Croatie

Dans ces foibe des îles adriatiques et de Croatie centrale vers la fin de la guerre (1945-1947) furent massacrés surtout des Croates (nombreux civils, femmes et enfants) par l'armée communiste yougoslave de Tito, pour réduire le territoire ethnique des Croates et étendre celui des Serbes ; les victimes étrangères (Italiens, Allemands et autres) y sont minoritaires. Ces foibe sont les plus densément remplies de cadavres, contenant de 350 à 12.000 squelettes :

  • Ile dalmate de Brac : une douzaine de foibe, contenant environ 4.000 squelettes, pour la plupart de Croates.
  • La foïba de Korcula (= Curzola). C'est le lieu de naissance du professeur Zvonimir Separovic dont les deux parents y furent massacrés. Dans les années 1990, devenu ministre du gouvernement croate, il a mené une étude approfondie sur ces massacres de Korcula, mais depuis l'avènement en 1999 d'un régime de gauche en Croatie, ses recherches sont interdites. Zvonimir Separovic est actuellement le président de la Société victimologique de Croatie. On parle de 3.000 squelettes, surtout des Croates.
  • La foïba de Gradina est située sur l'île de Zirje (= Zuri), près du port de Sibenik en Dalmatie centrale. Dans le fond de cette foïba se trouve l'unique source d'eau potable de toute l'île. Les partisans yougoslaves y jetèrent 65 victimes croates, italiennes et des allemandes ramenées du littoral dalmate. Depuis, les insulaires refusent de boire cette eau ayant baigné les cadavres, et s'abreuvent d'eau de pluie
  • Les victimes de la foïba de Kricavno, située entre Vrbnik et Baska, sur l'île de Krk (= Veglia) dans le nord-est de la côte, ne furent pas des réfugiés ou des prisonniers venant ou allant à Bleiburg, mais environ 350 civils, dont des femmes et deux enfants, surtout des néo-Liburnes et aussi quelques Italiens.
  • Foiba de Stenjevcica dans la banlieue de Zagreb : plusieurs centaines de Croates et quelques Allemands (nombre non précisé).
  • La foïba de Jazovka est un ossuaire situé dans la montagne de Zumberak, à l'ouest de Zagreb. Découverte, après l'effondrement de la Yougoslavie, en 1990, cette foiba de 43 m de profondeur renferme entre 9.000 et 12.000 cadavres recouverts de chaux vive. La plupart sont des blessés, des invalides de guerre, des infirmières, d'autres membres du personnel hospitalier et des écoliers de 15 à 17 ans..., nous dit Gregor Dallas dans 1945: The War That Never Ended, (Yale University Press, 2006). Les bourreaux ne sont pas Serbes mais des communistes croates, selon John Prcela et Stanko Guldescu, Operation slaughterhouse (Édition 2, Dorrance Pub. Co., 1995). Ces bouchers vont rejoindre l'OZNA, une police n'interrogeant ses prisonniers qu'en les torturant.

Istrie et Slovénie

À Ljubljana, la capitale de la Slovénie, les prisonniers furent d’abord dirigés sur le camp de Šentvid. Affamés, brutalisés, ils sont attachés avec du fil de fer barbelé, avant d’être acheminés vers Toško Celo, Topolo, Sveta Katarina, Sveta Marijeta, Škofja Loka et Podutik. Les partisans les tuèrent à la mitrailleuse et les jetèrent dans des foïbe. On parle de 25.000 morts, car outre les supposés collaborateurs, les réactionnaires furent accusés d'avoir empoisonné les puits autour de Podutik, ce qui est d'ailleurs en partie vrai. Leurs corps en putréfaction contaminaient les nappes d'eau, selon Corsellis John, Marcus Ferrar, Slovenia 1945: memories of death and survival after World War II, (IB Tauris, 2005).

Image du massacre des Italiens vivant en Dalmatie et en Istrie.

Dans des foibe plus occidentales, la plupart des victimes furent des Italiens massacrés par l'armée yougoslave de Tito. Ces foibe ne sont remplies "que" de quelques dizaines ou centaines de cadavres :

  • Foibaci
  • Foiba de Rasp
  • Foiba de Basovizza (monument national italien)
  • Foiba de Monrupino à Trieste (monument national italien)
  • Foiba de Barban
  • Foiba de Beca
  • Foiba Bertarelli (à Buzet)
  • Foiba de Brestovica
  • Foiba de Campagna (à Trieste)
  • Foibe de Koper (Capodistria)
  • Foiba de Casserova
  • Foibe de Castelnuovo d'Istria
  • Foiba de Cernizza
  • Foiba de Cernovica (à Pazin)
  • Foiba de Kocevje
  • Foiba de Corgnale
  • Foiba de Cregli
  • Foiba de Drenchia
  • Mine de Bauxite de Gallignana
  • Foiba de Gargaro(Gorizia)
  • Foiba de Gimino
  • Foiba de Gropada
  • Foiba de Iadruichi
  • Foiba de Jurani
  • Mine de bauxite à Lindar
  • Foiba d' Obrovo
  • Foiba d' Odolina
  • Foiba d' Opicina
  • Foiba d' Orle
  • Foiba de Podubbo
  • Foiba de Pucioiba de Roc
  • Foiba de San Lorenzo di Basovizza
  • Foiba de San Salvaro
  • Foiba de Scadaicina
  • Abisso de Semez
  • Foiba de Semi (Istrie)
  • Abisso de Semich
  • Foiba de Sepec (à Roc)
  • Foiba de Sezana
  • Foiba de Surani
  • Foiba de Terli
  • Foiba de Treghelizza
  • Foiba de Vescovado
  • Foiba de Vifia Orizi
  • Foiba de Vines
  • Foiba de Zavni (à Trnovski Gozd - Slovénie)

Aujourd'hui

Actuellement, les passionnés de spéléologie qui veulent explorer des grottes en Slovénie doivent d'abord faire une demande officielle pour obtenir un permis du ministère slovène de l'Intérieur, tandis qu'en Croatie toute exploration des foibe ossuaires est pratiquement interdite. Malgré ces limitations, chaque année de nouvelles foibe contenant des restes humains sont découvertes dans des lieux isolés ou dans des terrains privés.

Une journée du souvenir (giornata del ricordo), « en mémoire des victimes des foibe et de l'exode des Istriens, des habitants de Fiume et des Dalmates », pour commémorer ces massacres, a été instituée en Italie en 2004 par une loi votée à l'initiative du gouvernement de Silvio Berlusconi — sous la pression notamment de l'Alleanza nazionale de Gianfranco Fini. Elle se célèbre le 10 février, date du Traité de Paris (1947) qui mit fin aux massacres en Istrie et donna l'essentiel de cette province à la Yougoslavie. La première commémoration a eu lieu le 10 février 2005.

Déclaration italienne et réaction croate

Affiche italienne contemporaine (mai 2008) demandant que la vérité soit faite sur les Foibe.

« Nous ne devons pas taire, en assumant la responsabilité d'avoir nié ou tendu à ignorer la vérité en raison de préjugés idéologiques et aveuglement politique, le drame du peuple juliano-dalmate. Ce fut une tragédie cachée en raison de calculs diplomatiques et de convenances internationales. Aujourd'hui qu'en Italie nous avons enfin mis un terme à un silence sans justification et que nous nous sommes engagés en Europe à reconnaître la Slovénie comme un partenaire amical et la Croatie comme un nouveau candidat à l'entrée dans l'Union européenne, nous devons toutefois répéter avec force que partout, au sein du peuple italien comme dans les rapports entre les peuples, une part de la réconciliation que nous souhaitons fermement se situe dans la vérité. C'est ce qui dans la "Journée du souvenir" est justement un engagement solennel de rétablissement de la vérité », a déclaré Giorgio Napolitano, président italien, un ancien communiste, le 10 février 2007, lors de la journée du Souvenir en Italie.

Suite à cette déclaration, le président croate Stjepan Mesić répliqua en se déclarant « consterné » par cette déclaration « dans laquelle il est impossible de ne pas apercevoir des éléments de racisme affirmé, de révisionnisme historique et de revanchisme politique ». Il se dit également « désagréablement surpris par le contenu et par le ton » de cette déclaration italienne. Après une semaine de polémiques, les Italiens et les Croates parviennent à une position commune et la réaction croate sus-mentionnée fut, en quelque sorte, mise de côté. (cf. La Repubblica et Corriere della sera).

Il Cuore nel Pozzo (= Le cœur dans la fosse = en croate Jami u Srce et en slovène Breznu v Srce) est un téléfilm de la RAI, qui se concentre sur l'évasion d'un groupe d'enfants prisonnier des partisans de Tito au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. À cette époque les Italiens, comme les Allemands et les Hongrois, furent victimes d'une épuration ethnique. Il Pozzo est une foïba...

Le bilan

Monument aux victimes du communisme à Zagreb.

Le 23 avril 1948, dans un discours, Harry Truman (le président de États-Unis) déclare : On me dit que Tito a assassiné plus de 400.000 opposants en Yougoslavie avant de se s'y établir comme un dictateur. On évalue les pertes sur la frontière à 200.000 ou 300.000 morts, selon l’Institut Croate Latino-Américain de Culture et le Committee for Investigation of the Bleiburg Tragedy (Cleveland) et l’Institut Croate Latino-Américain de Culture. 200.000 semble en effet un chiffre fort plausible.

Néanmoins ce sujet, longtemps resté tabou en Italie et en Croatie, l'est encore. Le nombre total des victimes en Istrie, quelle que soit leur nationalité, est estimé actuellement à environ 17.000 personnes (au maximum), mais ce chiffre correspond à l'ensemble des victimes, civiles et militaires, sur toute l'étendue du territoire de l'Istrie et des zones voisines : le chiffre moyen de 12 à 15.000 victimes a été avancé, tandis que certains auteurs réduisent ce chiffre à 4 ou 5.000 victimes. Dans les autres foibe de Dalmatie et de Croatie centrale, on doit ajouter encore au moins 18.000 à 20.000 squelettes et probablement plus de 40.000: ainsi le nombre total des victimes italiennes, croates et autres, des foibe yougoslaves serait de 50.000 à 60.000. Les autres résultats sont les suivants :

  • 1° Au moins trois quarts des Italiens qui vivaient à l'est de l'Adriatique ont été soit "enfoibés", soit exilés en Italie à cause de la terreur yougoslave "antifasciste".
  • 2° En outre, la moitié des Tchakaviens, c'est-à-dire des Croates autochtones maritimes de Dalmatie, avaient disparu après la deuxième guerre, soit dans les foibe dalmates, soit en exil : avant cette guerre ces Croates autochtones Tchakaviens constituaient 21 % de la population croate, contre 12% aujourd'hui. Presque toute la Dalmatie continentale actuellement est totalement "purifiée" des Italiens et aussi des Croates autochtones Tchakaviens et désormais, les locuteurs serbo-croates yougoslaves (Vlachs) y prédominent très largement. Il y a donc eu en Dalmatie un double génocide : anti-tchakavien et anti-italien, pour y permettre l'expansion des Serbes.
  • 3° Un troisième génocide partiel a été perpétré dans l'archipel de Kvarner (Quarnero) : après cette guerre avaient disparu les 350 locuteurs néo-liburniens exterminés par les "antifascistes" yougoslaves, dont la plupart étaient des bergers, des pêcheurs et des femmes, massacrés dans la foiba de Kricavno à Krk.
  • 4° Quelques bourreaux lettrés des foibe se sont aussitôt mués en "académiciens", et les survivants sont maintenant membres de l'Académie croate des sciences et arts.
  • 5° Plusieurs bourreaux analphabètes des foibe ont été proclamés héros nationaux yougoslaves. Alors qu'en Slovénie les assassins des foibe sont au moins connus, nommés et écartés du pouvoir, en Croatie ceux-ci (ou leurs descendants) sont encore au cœur du pouvoir, occupant d'importantes positions sociales et politiques, par exemple :
- Plusieurs sont encore membres de l'Académie croate.
- Le président croate fut entouré de plusieurs collaborateurs et conseillers de ce type.
- Le maire-adjoint de Zagreb, la capitale croate, fut la fille de Vjeceslav Holjevac, le maire yougoslave de Zagreb mêlé aux massacres des foibe voisines de Yazovka, de Stenjevcica, etc.
- La télévision croate officielle qui façonne l'opinion publique fut elle aussi contrôlée par de tels "foibistes" ou leurs descendants.
- La Wikipédia croate est elle aussi contrôlée par des descendants de "foibistes" (y compris plusieurs administrateurs décisifs).
- Plusieurs grands journaux de Croatie sont eux aussi contrôlés par des descendants de "foibistes", etc.

Conclusions

L’armée yougoslave, après la deuxième guerre mondiale, a occupé vers l’ouest d'autres pays d'Europe centrale non encore slavisés, y compris le nord-ouest de la Croatie, l’Istrie péninsulaire et les îles adriatiques. En 1945-1947, ces envahisseurs slaves y ont saccagé et exproprié la plupart des familles non-slaves. De nombreuses personnes y ont ensuite été massacrées, surtout les locuteurs de langues romanes, germaniques et aussi beaucoup de Croates (tchakaviens et kaykaviens), qui furent précipités encore vivants dans les foïbe.

Dans la Yougoslavie communiste (1945-1990), ces foïbe ossuaires étaient un tabou intouchable et leur mention publique valait la prison ou la “disparition” dans une telle foïba. Maintenant dans la Croatie moderne, on ne punit plus directement une mention publique des foïbe ossuaires, mais la "cosa nostra" balkanique de ces bourreaux, de leurs descendants et collaborateurs dans des positions éminentes, y est encore assez puissante pour empêcher toute mention publique de ces foïbe.

La plupart de ces "bourreaux des cavernes" dans l'ex-Yougoslavie étaient glorifiés comme des héros nationaux et le sont maintenant encore. Après le démembrement de la Yougoslavie, ces "bourreaux des cavernes" se sont camouflés en “antifascistes libéraux” pour maintenir leurs positions éminentes et leur intouchabilité. Par contre, les descendants survivants des victimes et leurs enfants en Yougoslavie ont connu durant cinq décennies un destin sombre et douloureux, étant partout traités en citoyens de seconde zone et contraints, pour certains, d'émigrer outre-mer pour échapper à cette discrimination et mener une vie normale. Même aujourd’hui, dans la Croatie moderne, leurs propriétés confisquées ne leur ont jamais été restituées et des lois scélérates en garantissent la possession pour toujours aux familles des "bourreaux des cavernes".

De nos jours, presque une centaine d'autres foibe ossuaires sont encore intactes le long de l’Adriatique orientale, une loi croate récente interdisant leur exploration vu leurs "conditions inaccessibles" - pour assurer un sommeil tranquille aux "bourreaux de cavernes" et à leurs descendants.

Un prêtre italien victime des foibe reconnu martyr

Francesco Bonifacio (1912-1946), prêtre antifasciste, exécuté par les titistes et jeté dans une foïba, béatifié en 2008.

L'agence de presse catholique Zénit a annoncé le mercredi 9 juillet 2008 qu'un prêtre italien, Francesco Giovanni Bonifacio, venait d'être reconnu martyr par le pape Benoît XVI, ce qui ouvrait la voie à sa béatification.

Il a été assassiné à l'âge de 34 ans, lors des « foibe », à Villa Gardossi en 1946. On l'appelait déjà de son vivant, en raison de sa générosité, « el santin ». Et sa cause de béatification a été lancée dès 1957 par l'évêque de Trieste, Mgr Antonio Santin. Le pape a signé le décret de la Congrégation des causes des saints, le 3 juillet dernier, reconnaissant son martyre, ce qui dispense, pour la béatification, de la reconnaissance d'un autre « miracle » dû à son intercession.

L'agence de presse précise : « Rappelons que « foibe » est le pluriel de « foiba », un terme de la région italienne du Frioul, signifiant « fosse », « cavité ». En l'occurrence, il désigne des cavités et des crevasses naturelles, des grottes, ouvertes sur l'extérieur par des gouffres verticaux, qui atteignent parfois 200 m de profondeur. Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale lors de l'occupation de la ville de Trieste et des régions du nord-est de l'Italie par la Yougoslavie de Tito, des milliers de personnes (entre quatre mille et vingt mille selon les historiens) ont été assassinées et jetées dans ces fosses, parfois vivantes. On a parlé de « purification ethnique ». A cette époque de terreur, quelque 350.000 Italiens durent abandonner l'Istrie, la ville de Fiume, et la Dalmatie. Pasteur zélé, le P. Francesco rassemblait les fidèles victimes de la persécution, spécialement les jeunes, fondant l'Action catholique locale, dans l'actuelle Croatie. Il visitait les familles, les malades, aidait les pauvres. Et il fut victime d'intimidations. Il revenait à Grisignana, le 11 septembre 1946, lorsqu'il fut arrêté par deux hommes de la Garde populaire, formée d'Italiens; des témoins les virent disparaître dans les bois.

Son frère partit à sa recherche et fut emprisonné, sous prétexte qu'il colportait des mensonges. Le reste resta inconnu jusqu'à ce qu'un auteur dramatique réussisse à retrouver l'un des gardes qui avaient arrêté le P. Bonifacio. Il raconta que le prêtre avait été emmené en voiture, battu, dévêtu, frappé au visage avec une pierre, et achevé de deux coups de couteau, avant d'être jeté dans une foiba. On n'a jamais retrouvé son corps. Il était né en 1912 à Pirano, deuxième de sept enfants, et il avait été ordonné prêtre en 1936 en la cathédrale de Trieste. Ce n'est qu'en 2004 que la loi du 30 mars a institué en Italie, à l'instigation du président Giorgio Napolitano, le « Jour de la Mémoire », pour honorer les victimes de cette tragédie des « foibe ». Une cinquantaine de prêtres catholiques auraient alors été assassinés par les troupes de Tito. »

Sources

  • Giancarlo Marinaldi, La morte è nelle foibe, Cappelli, Bologna 1949
  • Luigi Papo, L'ultima bandiera. Storia del reggimento Istria, L'Arena di Pola, Gorizia 1986
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