Vladimir Ilitch Lénine

Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, né le 10 avril 1870 (22 avril dans le calendrier grégorien) à Simbirsk (aujourd'hui Oulianovsk) et mort le 21 janvier 1924 à Vichnie Gorki (aujourd'hui Gorki Leninskie), était un militant, théoricien et dirigeant du communisme marxiste.

Biographie

Vladimir Ilitch Lénine naît le 10 avril 1870, à Simbirsk, sur la Volga, dans un milieu parfaitement conformiste.

Le père de Lénine, Ilya-Nikolaevitch Oulianov, après avoir été professeur de mathématiques et de physique, était devenu Directeur de l'enseignement primaire du gouvernement de Simbirsk, (Oulianovsk), et en même temps Conseiller d'Etat en service actif : titre qui s'accompagnait pour lui et ses enfants de la noblesse héréditaire. Commandeur de l'Ordre de Saint Vladimir, le père de Lénine à qui l'on donnait de l'Exellence, portait avec élégance sur son uniforme les épaulettes à grosses torsades, car, selon le protocole tsariste, il se situait au même rang que les Généraux de Brigade. La mère de Lénine qui reste un mystère dans la littérature soviétique officielle ne l'est plus aujourd'hui. Elle s'appelait Maria-Alexandrovna Blank, femme d'une grande culture, polyglotte et musicienne. Son père Alexandre Blank, donc le grand-père maternel de Lénine, était médecin et grand propriétaire dans la province de Kazan. Il avait épousé une Allemande de la colonie de la Volga et c'est pourquoi leur fille, la mère de Lénine, fut élevée dans la meilleure tradition protestante.

Vladimir -Illitch Oulianov dit Lénine suivra d'abord les cours du Collège de Simbirsk, où il a comme directeur F. Kerensky, père d'Alexandre qui, chef du gouvernement provisoire en 1917, sera son plus mortel ennemi. Le 8 mai 1887, Alexandre, frère aîné de Lénine, étudiant, est pendu pour avoir participé à un attentat contre le tsar Alexandre III. Ce malheur endurcit Lénine qui, quelques mois plus tard, s'inscrit à l'Université de Kazan d'où, à la suite de manifestations étudiantes, il sera envoyé en résidence forcée vers le Nord. Exil austère s'il en est, mais qu'utilisera Lénine pour y étudier le Capital et devenir marxiste à vie. Du cercle socialiste de Kazan où il s'est inscrit en 1890, jusqu'à sa mort en janvier 1924 il restera fidèle à cet engagement.

Autorisé à suivre des cours de Droit à Saint-Pétersbourg, capitale de la Russie tsariste, Lénine adhère à l'un des groupes de la « Libération du travail » créé par Gueorguei - Valentinovitch Plekhanov, initiateur du marxisme en Russie. L'année 1892 voit Lénine secrétaire d'un avocat à Samara qu'il quittera en automne 1893. Lénine se fait alors inscrire au Barreau de Saint-Pétersbourg tout en ne cessant de fonder et d'animer des sections socilaistes illégales. Si l'avocat n'a pas de clientèle, il a néanmoins trouvé rapidement une audience nationale.

En 1894 Lénine devient révolutionnaire professionnel, c'est-à-dire fonctionnaire rétribué de la social-démocratie russe. Arrêté le 9 décembre 1895, il passera 14 mois en prison et, au terme de sa peine, le tsar le relègue en Sibérie orientale qu'il quittera le 11 février 1900. Entre temps, le 10 juin 1898 Lénine épouse celle qui sera sa secrétaire en même temps que sa femme - Nadejda-Konstantinovna Kroupskaia - représentante typique de l'intelligentsia féminine et dont le père et la mère sont de noble naissance.

Redevenu libre, Lénine part à Munich et y fonde le journal Iskra (L'étincelle) dont le premier numéro paraît le 24 décembre 1900, portant en épigraphe la réponse des révolutionnaires décembristes au poète Pouchkine : << De l'étincelle jaillira la flamme ». Il fait pénétrer clandestinement le journal en Russie : l'Iskra servira ainsi de lien aux groupes socialistes jusqu'alors isolés.

Après des ennuis avec les autorités bavaroises, Lénine transfère l'Iskra à Londres. Là, il va se lier avec Plekhanov pour combattre les économistes ou, selon lui, les marxistes dégénérés : << Ah ! ah ! mes gaillards, si vous vous obstinez à ne regarder que le derrière du prolétariat, vous paierez cher cette triste manie ».

Après divers séjours à Munich, Leipzig, Londres, on retrouve Lénine en mars 1902 à Munich où paraît : Que faire ?, petit livre sans doute, mais d'une immense portée. En quelque sorte la charte du parti. Lénine résume les deux tâches de la social-démocratie : mettre au point une théorie révolutionnaire qui soit un « guide pour l'action » et - créer et développer une organisation de révolutionnaires professionnels, très centralisée et très disciplinée. En bref, il interprète le marxisme en y ajoutant ce qui ne s'y trouve pas, c'est-à-dire des principes d'action révolutionnaires. Deux brochures le confirment : Un pas en avant, deux en arrière, publié en 1904 et Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution, qui voit le jour en 1905 : ainsi se trouve définie douze ans avant, la tactique de la conquête du pouvoir.

Dès 1904, alors à Genève, Lénine y fonde le périodique Vpered (En avant) qui voit le jour le 4 janvier 1905, année des événements tragiques de Port-Arthur. Les désastres de la guerre russo-japonaise ont retenti sur la situation intérieure du gouvernement déjà miné par le mécontentement général. Partout éclatent des émeutes paysannes. A Saint-Pétersbourg, c'est le fameux dimanche rouge. Ouvriers et petites gens sont dispersés sous les feux de salve de la troupe. Mais des troubles incessants se développent et vont se traduire, en octobre 1905 par la grève générale, à Moscou. Le 13, un Comité (ou Soviet) des députés ouvriers, le premier, se forme à Saint-Pétersbourg sous la direction de Trotski, opposé à Lénine. Environ 2.000 châteaux brûlent sur toute l'étendue de la Russie. Le 17 octobre, le tsar cède et accorde une Constitution et une Douma (parlement). Les jours passant, Nicolas II se reprend et commencent alors, avec le ministre Stolypine, de longues années de répression policière. Fin 1907, Lénine quitte la Finlande où il s'était rapidement réfugié. Il ne reviendra en Russie que dix ans plus tard pour y faire quelque bruit!

Lénine vient vivre à Paris. Après être descendu à l'Hôtel des Gobelins, 57, bd St-Marcel, puis, de décembre 1908 à juillet 1909 au 24 rue Beaunier, la maison est toujours là, plus cossue que les autres. Lénine déménage pour le 4 de la rue Marie-Rose, où il restera 3 ans, donc jusqu'à la fin de son séjour en France, qu'il quitte alors pour Cracovie. A Paris, Lénine se rend fréquemment à l'imprimerie bolchevique, 110, avenue d'Orléans, où se trouvait en permanence Zinoviev, qui ne la quittait que pour l'Agence Z du Crédit Lyonnais, au 19 de la même avenue et qui gérait le compte Lénine, le premier trésor de guerre bolchevik. De longues maturations après ses multiples séances aux bibliothèques européennes, va sortir Matérialisme et empiriocriticisme, ouvrage philosophique destiné à répondre aux conceptions différentes d'autres marxistes.

Le 5 mai 1912, ses partisans réussissent à faire paraître à St-Pétersbourg le premier numéro de la Pravda (Vérité). Au Congrès de la IIe Internationale à Stuttgart, avec sa commère Rosa Luxembourg, Lénine fait traduire une motion disposant qu'en cas de guerre impérialiste les socialistes doivent travailler pour la transformer en guerre civile révolutionnaire. Les socialistes d'Europe condamnent cette attitude, mais Lénine va lutter à contre-courant. Mais, en août 1914, au lieu de célébrer à Vienne comme ils l'avaient préparé le cinquantenaire de la création de l'Internationale, ses plus fameux chefs se solidarisent avec les gouvernements bourgeois...

Le 23 août 1914, les Oulianov sont de nouveau à Berne.

Fin février 1917, en moins de cent heures, à Petrograd, le tsarisme est balayé. C'est la dernière révolution du XIXe siècle. Lénine revient en Russie après un exil de dix ans.

Quand il arrive en Gare de Petrograd en avril 1917, Lénine salue le président du Comité exécutif par un « Vive la révolution socialiste mondiale » qui glace les porteurs de bouquets. Au siège du Comité central bolchevik, il expose ses Thèses d'avril et développe un plan d'action très adapté à la psychologie populaire, qui inquiète ses lieutenants : << Le pouvoir aux soviets », << Ne laissez pas prolonger la guerre ». « Il est fini » disent de lui les politiques.

Il n'empêche cependant que, le 2 mai 1917, Milioukov, ministre des Affaires étrangères, le plus jusqu'au-boutiste des politiciens russes est contraint de démissionner. Le 10 juin, 400.000 manifestants se rassemblent pour protester contre l'offensive en Galicie que vient de déclencher Kerensky, ministre de la Guerre. Le 5 juillet, se déroule une démonstration qui tourne à l'émeute. Le gouvernement s'affole et finalement fait tout ce qu'il fallait pour que la situation se retourne en faveur des Bolcheviks.

Lénine précipitamment réfugié en Finlande harcèle de messages, de lettres, de missions, le comité central bolchevik pour qu'il prépare et exécute l'insurrection armée contre le gouvernement provisoire. Malgré de nombreux hésitants, le comité central arrête les mesures nécessaires. En quelques heures l'appareil de l'Etat tombe aux mains des Bolcheviks.

Pour expliquer le succès de Lénine, il faut tenir compte en premier lieu de l'application quasi surhumaine, et exclusive de toute autre préoccupation, à une tâche révolutionnaire. La carrière de Lénine est toujours d'un intérêt actuel car elle montre comment on prépare, on exécute, on utilise une révolution et elle explique comment une majorité béatement confiante dans la solidité des institutions est à la merci d'une minorité agissante et fortement organisée.

Postérité

• Le Musée Lénine, qui a fonctionné depuis 1946 à Tempere en Finlande, a fermé ses portes le 3 novembre 2024.

Bibliographie

• Robert-Jean Bradout, Les Baïonnettes du Kremlin, Ed. St-Just.
• Gérard Walter, Lénine, Paris, Julliard, 1950, 543 p.; rééd. Marabout.