Venceslas de Luxembourg
Venceslas Ier de Luxembourg (également appelé Wenceslas de Bohême dans les chroniques) est né à Prague le 25 février 1337 et mort au château de Luxembourg le 8 décembre 1383. Il est inhumé dans un tombeau au milieu du chœur de l'ancienne église de l’abbaye d’Orval.
La Benessii de Weitmil Chronicon cite Wenceslao filio Regis Boemiæ ultimo genito. Venceslas succède au Luxembourg en vertu de conventions de famille conclues par Jean l'aveugle avec ses fils du premier lit. Il est en 1353 le treizième dynaste et en même temps le dixième et dernier comte de Luxembourg, depuis que les fiefs sont devenus héréditaires. Il devient le premier duc de Luxembourg, le 13 mars 1354, et le reste jusqu'à son décès en 1383. Venceslas est duc de Brabant et de Limbourg de 1355 à 1383, marquis d'Anvers et seigneur de Malines. Sur certaines de ses pièces de monnaie il se dit Romanorum et Bohemiœ rex. Il est le seul fils du second mariage du roi de Bohême Jean de Luxembourg (1296-1346) avec Beatrix de Bourbon (1318-1383). Venceslas, par sa mère arrière-petite-fille de saint Louis (1214-1270), est un cousin du roi de France Philippe VI (1293-1350). Son demi-frère, qui est l’un de ses aînés, est Charles IV (1316-1378), empereur du Saint Empire Romain Germanique. C'est Charles qui fait de son frère un comte de Luxembourg, et de ce comté un duché en 1354. Il le nomme aussi gouverneur d'Alsace (1367-1377) et vicaire impérial de 1366 à 1372.
Ce prince est aussi un grand poète et un mécène, ainsi qu'un chevalier qui excelle dans les tournois. C'est aussi un prince qui joue un rôle diplomatique important, en défendant les intérêts de sa famille au nord-ouest de l'Empire. Il introduit la culture de la cour de France dans ses châteaux et est un partisan des papes d'Avignon.
Venceslas décède sans laisser de postérité de sa femme, Jeanne de Brabant, mais trois fils naturels, qui sont chevaliers et seigneurs et portent le blason des ducs de Brabant.
Après son mariage en tête de ses actes publics, on lit les titres suivants : Wenchelaus Dei gratia dux et pour sa femme Jonanna eadem gratia ducissa Luxemburgice, Lolkaringiœ, Brabantiœ et Limburgiœ, ac Sacri Imperii marchionum. Cet intitulé correspond aux deux sceaux dont les actes sont munis.
Sommaire
Sa famille
Venceslas Ier de Luxembourg est le troisième fils de Jean de Luxembourg (1296-1346), dit l'Aveugle, roi de Bohême en 1310, comte de Luxembourg en 1313, roi titulaire de Pologne. Ce fidèle allié de la France, qui est l'archétype du roi-chevalier, meurt au cours de la bataille de Crécy, le 26 août 1346. Son père est le fils aîné de l'empereur germanique Henri VII (1275-1313) et son épouse Marguerite de Brabant (1275-1311).
Sa mère est la deuxième épouse de Jean de Luxembourg, Beatrix, fille de Louis, comte de Clerrnont, seigneur de Bourbon. Le contrat de mariage est du mois de décembre 1334. Il est ratifié au mois d'août 1355 par Charles, marquis de Moravie, fils aîné du roi Jean, et au mois de mai 1356 par les Etats du pays de Luxembourg. Son grand-père maternel, Louis (1279-1342), comte de Clermont est le fils de Robert, comte de Clermont et le petit-fils de saint Louis (1214-1270). La mère de Louis, Beatrix de Bourgogne, est l’héritière de Bourbon et une petite-fille de Hugues IV, duc de Bourgogne.
Après le décès du roi Jean, sa mère Béatrix épouse Eudes, seigneur de Gransey.
Son frère aîné Charles est élu roi des Romains en 1346 et lui confie le comté de Luxembourg en 1352. Deux ans plus tard, le 13 mars 1354, il érige le Luxembourg en duché.
Son autre frère, Jean-Henri de Luxembourg(1322-1375) est comte de Tyrol de 1335 à 1341 et margrave de Moravie à partir de 1349 jusqu'à sa mort.
La régence (1346-1354)
Venceslas est le premier prince régnant de son nom dans le Luxembourg, du fait de ses origines přemyslides et pour faire plaisir aux bourgeois de Prague, ville où il naît en 1337. Son père le désigne pour lui succéder au comté de Luxembourg et à ceux de La Roche, Durbuy et de Mark Arlon. Pour des raisons politiques, son père le fiance le 13 décembre 1337 à Marguerite de Lorraine, fille de Ferry, duc de Lorraine, et sa femme Elisabeth von Habsburg, mais ce projet échoue. Le contrat est rompu le 3 juillet 1346.
Ce prince a neuf ans d'âge à la mort de son père. Il est par conséquent déclaré inhabile à gouverner un pays aussi étendu que le Luxembourg d'alors. C’est pour ce motif que son frère aîné se charge de la régence.
Charles de Bohême a des dettes personnelles considérables qu'il a contractées pour se faire élire Empereur, parce que c'est la mode alors d'acheter en quelque façon les votes des électeurs. Il amortit ces dettes, en partie au moins, en engageant ou plutôt en vendant à son oncle Baudouin, archevêque-électeur de Trêves, plusieurs villes du Luxembourg, situées sur les confins de l'Electorat. Une chartre que nous avons sous les yeux nous apprend cependant que quelque temps après cette vente l'archevêque consent à ne la considérer que comme conditionnellement conclue, c'est-à-dire avec grâce de rachat. Le jeune Wenceslas va profiter de cette déclaration en remboursant plus tard à son oncle les sommes prêtées, et les villes vendues vont rentrer sous la domination de leur seigneur primitif et naturel.
Charles de Bohême et de Luxembourg n’abandonne qu'à contre-cœur cette régence.
Son mariage (mars 1352)
Son mariage est négocié par le roi de France, Philippe de Valois, et par la veuve de Jean l'Aveugle, Béatrix de Bourbon. Il va faire entrer le duché de Brabant dans la maison de Luxembourg. Béatrix choisit pour son fils une fiancée, Jeanne de Brabant, qui a quinze ans de plus que son futur mari. Ses fiançailles ont lieu en 1347. Venceslas a 10 ans. En mars 1352, il épouse Jeanne (1322-1406), fille de Jean III, duc de Brabant et de Limbourg, et de Marie d'Évreux.
Au moment où Jean III incline vers la tombe, il cherche en vain autour de lui des héritiers auxquels il puisse léguer la glorieuse épée du vainqueur de Woeringen. Ses fils lui ont été enlevés à la fleur de l'âge, et les trois filles qui lui restent ont épousé des étrangers.
• Jeanne, l'aînée est mariée à Venceslas;
• Marguerite, à Louis de Mâle, comte de Flandre,
• et Marie à Renaud, duc de Gueldre.
Comme, d'après un diplôme de l'empereur Philippe, de l'an 1204, les femmes sont reconnues aptes à succéder au duché de Brabant, la succession de Jean III appartient à Jeanne, sa fille aînée, et à son époux Venceslas. Cependant, pour éviter toute contestation à cet égard, le duc Jean III, qui connaît le caractère de ses trois gendres, a, en son vivant, convoqué à Louvain une assemblée des communes du pays. Les sept chefs-villes (Louvain, Bruxelles, Anvers, Bois-le-Duc, Tirlemont, Nivelles et Leau), et trente-sept autres petites communes, tant du Brabant que du Limbourg, y envoient leurs députés, qui déclarent solennellement, le 8 mars 1355, que la souveraineté tout entière doit appartenir à Jeanne et à son époux Venceslas, déjà comte de Luxembourg. Quant aux deux autres princesses, filles du duc Jean, ils consentent à ce qu'on puisse leur accorder un apanage convenable. Cette déclaration, conforme d'ailleurs au testament du duc, est ratifiée par l'empereur Charles IV, frère de Venceslas. Avec son épouse ils établissent leur cour à Bruxelles.
Une guerre fratricide
Nommé duc de Luxembourg en 1354, par son frère Charles IV, Venceslas réunit le Luxembourg au Brabant en 1355. Jeanne et Venceslas se rendent à Louvain au commencement de leur règne. Ils y sont inaugurés le 3 janvier 1356, et prêtent serment d'observer et de faire observer la constitution du pays, qui s'était successivement formée des actes et des privilèges que les ducs avaient accordés à leurs sujets. C'est pour la première fois que le pacte inaugural ou constitution brabançonne qui, à chaque avènement, est rédigée, augmentée ou modifiée selon les besoins et les circonstances, et dont les souverains doivent jurer l'observation, nous apparaît sous le nom de Joyeuse-Entrée.
À la mort du duc Jean III de Brabant, Louis de Mâle, comte de Flandre, réclame à ses successeurs Jeanne de Brabant et Wenceslas le paiement de la dot de sa femme et exige en outre la somme de 86500 réaux d'or, dont le feu duc de Brabant s'était reconnu redevable envers Louis de Crécy, pour la cession que celui-ci avait faite de sa part de la ville de Malines. Venceslas diffère l'accomplissement de ses obligations. La duchesse Jeanne a, à l'exclusion de ses deux sœurs, les comtesses de Flandre et de Gueldre, appelé à sa succession , pour le cas où elle viendrait à mourir sans postérité, l'empereur Charles IV, frère de son mari. C'est là enfreindre toutes les lois du pays relatives à l'ordre de successibilité.
Aussi le comte de Flandre fait-il alliance avec les Liégeois et avec Guillaume Ier, comte de Namur. Arès s'être assuré de la ville de Malines, il pénètre dans le Brabant où tous ses pas sont marqués par le ravage et l'incendie. Il parvient jusqu'aux portes de Bruxelles, tandis que Wenceslas est réfugié à Maestricht. Le duc s'endort au sein des plaisirs et reste dans l'inaction. Les habitants de Bruxelles, renforcés par quelques milices envoyées de Louvain, décident cependant de repousser l'agression de Louis II. Ils s'avancent hardiment à sa rencontre, et la bataille s'engage à Scheut, près d'Anderlecht, le 17 août 1356. Les vainqueurs entrent dans la ville de Bruxelles et s'en rendent maîtres avec tant de célérité que la duchesse Jeanne a beaucoup de peine à se sauver. La prise de la capitale entraîne la soumission de presque toutes les villes du pays. Louis exige le serment de fidélité et prend solennellement le titre de duc de Brabant et de marquis du saint empire.
Pendant ce temps, la fortune ne favorise pas moins les armes de ses alliés. Les troupes de l'évêque de Liège et de Guillaume, comte de Namur, sous la conduite de Lambert d'Oupey, maréchal de Liége, et de Jacques Chabot, s'avancent du côté de Landen, où elles rencontrent et battent une autre armée brabançonne, se préparant à attaquer le comté de Namur.
Tout semble donc perdu et désespéré pour Venceslas. Mais c’est le peuple qui se dresse face aux Flamands. Un jeune gentilhomme de Bruxelles, Evrard T'Serclaes, jure de périr ou de délivrer sa patrie. T'Serclaes, qui se trouve à Maestricht auprès de Venceslas, part avec une poignée de braves, et s'approche secrètement de la capitale, où les Flamands vivent dans la plus grande sécurité. Dans la nuit du 24 octobre 1356, T'Serclaes pénètre témérairement dans la capitale aux cris de : "Brabant au grand duc!" Renforcé par ses parents et ses amis, il vole aussitôt à l'hôtel de ville, déchire l'orgueilleuse bannière de Flandre et arbore l'étendard brabançon. Le beffroi tonne : toute la bourgeoisie court aux armes et vient se ranger sous les enseignes de T'Serclaes. Il attaque ensuite les Flamands, les pousse de rue en rue et les chasse enfin de la ville après en avoir fait un grand carnage. Le peuple de Louvain et des autres communes suivirent bientôt l'exemple des Bruxellois. Partout l'ennemi est expulsé ; de sorte que le comte de Flandre se trouve dépossédé du Brabant presque aussi vite qu'il l'avait conquis, après l'avoir occupé environ deux mois. Le duc et la duchesse, instruits de cette brusque révolution, se rendent aussitôt à Bruxelles où ils font une entrée solennelle. Evrard T'Serclaes est créé chevalier et comblé d'honneurs, en récompense du service qu'il vient de rendre.
Les hostilités cependant continuent entre les deux beaux-frères. Les Brabançons, vaincus à Zantvliet, où ils font le premier usage des bombes, sont vainqueurs dans un autre combat où ils sont encore commandés par le comte de Berg. Mais tous ces résultats peu décisifs engagent enfin les parties belligérantes à conclure une paix générale. Par le honteux traité d'Ath, Venceslas consent à céder à son beau-frère non seulement la ville de Malines, mais aussi celle d'Anvers. Venceslas laisse à son rival le titre de duc de Brabant, que celui-ci porte pendant toute sa vie.
C'est sous le règne de ce prince qu'est acquis le comté de Chiny pour 16.000 florins d’or en 1364. Venceslas ajoute le titre à ceux qu'il porte déjà. Il dispose qu'après lui les Pays Duché de Luxembourg et Comté de Chiny adviendraient à son neveu, Wenceslas II, fils de son frère Charles.
Nouvelles révoltes
Quelque temps après le honteux traité d'Ath, qui abaisse le duc de Brabant aux yeux de ses sujets, les dissensions entre la noblesse et le peuple recommencent à Bruxelles et à Louvain avec plus de fureur encore qu'auparavant. Fatigués de la domination tyrannique des grandes familles patriciennes, les artisans et les marchands demandent à grands cris que la moitié des magistrats soient choisis dans la classe plébéienne. Le duc tolère ces mouvements populaires, qui sont cruellement réprimés à Bruxelles par une noblesse impitoyable. Mais à Louvain, la sédition excitée par Couterel prend un caractère beaucoup plus effrayant. D'accord avec Venceslas, Couterel se répand en invectives contre les mauvais traitements des nobles. Le peuple court assiéger l'hôtel de ville et fait des prisonniers. Pour échapper à une mort certaine, les prisonniers, qui sont au nombre de 148, sont obligés de s'expatrier et de payer une rançon considérable. Venceslas la partage avec Couterel qui règne en maître absolu sur Louvain.
En 1371, surestimant la puissance de ses armées, Venceslas décide d'attaquer le duché de Juliers, mais il est battu à plate couture à la bataille de Baesweiler, car Édouard, duc de Gueldre, vient au secours de l'ennemi. Il perd une partie de ses troupes et de sa noblesse dans cette bataille. Il est fait prisonnier et n'est libéré que onze mois plus tard. La pression fiscale pour payer la rançon suscite de nouveaux troubles.
La poésie d'un prince
Venceslas et Jeanne résident à la cour de Bruxelles. Ils introduisent la culture de la cour de France dans ses châteaux. L’existence du couple est une suite de fêtes, de banquets, de chasses et de tournois. Venceslas et Jeanne reçoivent de nombreuses visites, jouent aux cartes et aux dés, assistent à des spectacles de jongleurs, mais savent aussi apprécier l'art des trouvères et aident financièrement des artistes et des chroniqueurs de leur temps, dont Jean Froissart. Parmi les autres personnalités qui rehaussent l'éclat de leur cour figurent, entre autres, le poète courtois Eustache Deschamps, le musicien Guillaume de Machaut et probablement aussi le poète anglais Geoffrey Chaucer. Cette attitude avenante du duc de Luxembourg vis-à-vis des artistes est sans doute due au fait que Venceslas est l'un des leurs.
Certains chroniqueurs l’admirent, mais d’autres constatent que son règne permet aux Flamands de dominer les Pays-Bas. Beau, courtois et généreux, il aimait le tournoi,la danse et le plaisir du bien-être, et sa générosité envers lui-même a attiré beaucoup de chevaliers et autres nobles personnes..., nous dit Froissart. Une autre chronique le voit prince très noble et généreux, qui, cependant, n'était pas plus heureux dans ses activités....
Depuis la redécouverte du manuscrit de Méliador en 1893, ce roman arthurien de Jean Froissart (1337-1405), chroniqueur du Moyen-âge, a bien du mal à surmonter les préjugés de la critique, car il idéalise le monde chevaleresque et est là pour mettre en valeur les poésies de Wenceslas de Brabant (1337-1383). Celui-ci est le mécène de Froissart depuis 1366.
Peter Dembowski commence à réhabiliter le roman en 1983 avec la publication de Jean Froissart and His Méliador, context, craft, and sense, et plus récemment ce texte curieux a commencé à recevoir de la critique l'attention qu'il mérite. Il révèle l'existence, au XIVe siècle, d'un prince qui est poète de langue française et dont l'art égale celui des troubadours.
L’historien de la Littérature Auguste Longnon se montre assez critique vis-à-vis de ce texte comme ses contemporains :
La lecture de « Méliador » donne exactement l'impression d'être un de ces romans de chevalerie qui troublèrent la cervelle de Don Quichotte. (...) On ne voit d'un bout à l'autre de l'ouvrage que des chevaliers rêvant de la conquête d'une princesse qui les appellera à partager son trône. Toujours prêts à défendre l'innocence opprimée en la personne d'une jeune et belle héritière, ils se montrent après leur victoire d'un absolu désintéressement et n'imposent jamais au vaincu qu'un seul engagement, celui de ne plus combattre avant d'avoir fait à la cour du roi Artus le récit public de sa défaite ....
Gustav Francl traduit les 78 poèmes de Venceslas en tchèque. Venceslas de Luxembourg y apparaît comme un auteur d'une grande élégance, qui encense et idéalise par ses vers la dame de son cœur. La femme qui est l'objet de cette poésie rimée, rythmée et chantante est une idole insaisissable, pure, presque sacrée. Telle une madone sur son autel, elle répand la lumière et enchante par sa beauté. Ce texte est écrit en français car c’est à l’époque la langue des poètes.
Venceslas de Luxembourg ou La poésie d'un prince (émission sur Radio Prague)
Sa succession
Comme beaucoup de souverains de son temps, le duc défend la religion chrétienne. Venceslas fait brûler, le 23 mai 1370, à Bruxelles, six Juifs sur le bûcher. On les accuse d’avoir percé à coups de couteau des hosties consacrées et de s’être emparés d’une chapelle de sainte Catherine, dans le centre de la ville. En 1375 le duc Wenceslas et son épouse, la duchesse Jeanne de Brabant, institutionnalisent les Lignages de Bruxelles.
En 1378 Venceslas, qui n'a point d'enfants, règle les affaires de sa succession. Aussi, le duc établit dans son testament qu'après sa mort, le Luxembourg et toutes ses dépendances retourneront à l'empereur et à son fils Wenceslas de Bohême, et resteront à cette couronne aussi longtemps qu'elle se trouvera dans la maison de Luxembourg. Ce testament est confirmé par les villes et par les barons du pays. L'empereur meurt dans le cours de la même année.
En 1383 Venceslas, malade, s'installe à Luxembourg où il meurt en décembre de la même année. Son épouse Jeanne reste à Bruxelles. Sachant que ses jours sont comptés, Venceslas demande qu'après sa mort son cœur soit envoyé à Jeanne en tant que preuve de la fidélité de son amour. C'est le dernier geste chevaleresque de ce prince poète. Venceslas meurt de la peste ou de la lèpre à Luxembourg en 1383. Il est inhumé dans un mausolée situé au milieu du chœur de l'église abbatiale des Cisterciens d’Orval.
Sa mort rompt l'union des deux duchés, et le Brabant continue à être gouverné par Jeanne de Brabant. La duchesse Jeanne survit à Wenceslas jusqu'au 1er décembre 1406. Elle fait avant sa mort une abdication en 1404, en faveur de sa nièce Marguerite de Bourgogne. A sa mort, son petit-neveu, Antoine de Brabant (1384-1415), lui succède comme duc de Brabant, du Limbourg et seigneur d'Anvers.
Wenceslas II de Bohême, après avoir confirmé les franchises et les libertés des villes, engage, en 1388, les seigneuries du Luxembourg à Josse, marquis de Moravie, qui lui-même les sous-engage, en 1402, à Louis d'Orléans avec le titre de mambour. Wenceslas meurt en 1411, peu de temps après son élection comme roi des Romains par une partie des princes de l'Empire.
Selon la Foundation for Medieval Genealogy, Venceslas a quatre fils bâtards:
- Gilles, bâtard de Luxembourg (1374/1404), seigneur de la Tour-devant-Virton et de Saulmoury, du fait de sa femme, gouverneur d'Aspremont. Il est le second mari (1374/76) de Clémence de Luxembourg, veuve de Josse d'Aspremont, seigneur de Saulmoury et de la Tour-devant-Virton, fille de Raoul bâtard de Luxembourg et sa femme Sophie du Chasteler.
- Guillaume, bâtard de Luxembourg, bailli de Hannut en 1405.
- Jean, bâtard de Luxembourg, se marie avant le 7 mars 1405 à Marie Mennens.
- Charles, bâtard de Luxembourg, se marie après 1411 à Johanna van der Spout, fille de Bernardus van der Spout et sa femme Margareta van der Hulpen, bâtarde de Brabant.
Mais il a aussi un autre fils naturel (Bulletin de la Société royale belge de géographie, Volume 19, La Société, 1895, p. 304):
- Godefroid de Brabant, qui obtient du comté de Namur le château de La Respaille, sauf le bois, mais héritablement. Guillaume II de Namur lui concède La Raspaille le 13 juin 1403, à charge de la tenir en fief, de payer au domaine une rente annuelle de 18 muids d'avoine et de recevoir et nourrir le louvetier du comte avec ses serviteurs et ses chiens pendant les chasses au loup. Ce fief consistait en 18 bonniers de terres, 3 de closières, 3 bonniers et demi d'étang et de prés, 2 bonniers et demi de maison et dépendances. Il en paie déjà le cens en 1395. On le voit parfois cité parmi les hommes de fief du comte. Il est mentionné comme écuyer en la mairie d'Incourt. Il s'inscrit dans la bourgeoisie de Bruxelles en 1408. Etant bailli de la terre de Walhain, il arrête arbitrairement un jeune homme à Thorembais et doit comparaître devant les échevins de Louvain qui, en 1422, le condamnent à un pèlerinage à Rome et le déclarent inapte à occuper des fonctions. Outre la Raspaille, il tient encore le bois de 18 à 19 bonniers y attenant, ainsi que le château de Beaufaux près de Gembloux avec les viviers et héritages en dépendant. En 1395, il relève un plein fief de 7 bonniers gisant à Borlez, tenu de l'abbaye de Stavelot. Le 26 février 1427, le chapitre de Saint Jean l'Evangéliste de Liège lui redonne en bail pour une durée de 14 ans tous les biens et grosses dîmes du chapitre en la paroisse de Rosières-Saint-Symphorien (limitrophe de Perwez). Godefroid ayant demandé une diminution du loyer pour l'année 1426 à cause des guerres, un nouvel accord est conclu le 4 janvier 1428, en garantie duquel Godefroid avec son fils Jehan donnent hypothèque sur tous leurs biens, en date du 10 avril 1429. Il est marié à Marguerite de Froidmont et a une nombreuse descendance.
Bibliographie
Jörg K. Hoensch: Die Luxemburger - Eine spätmittelalterliche Dynastie gesamteuropäischer Bedeutung 1308–1437, Verlag W. Kohlhammer, Stuttgart 2000.
Frantisek Kavka: Am Hofe Karls IV, Edition Leipzig, 1. Auflage 1989.
Jirí Louda and Michael MacLagan, Lines of Succession: Heraldry of the Royal Families of Europe, 2nd edition (London, U.K.: Little, Brown and Company, 1999), table 87. Hereinafter cited as Lines of Succession.
John Morby, Dynasties of the World: a chronological and genealogical handbook (Oxford, Oxfordshire, U.K.: Oxford University Press, 1989), page 92. Hereinafter cited as Dynasties of the World.
Ferdinand Seibt: Karl IV, Ein Kaiser in Europa 1346 bis 1378, Deutscher Taschenbuch Verlag GmbH & Co. KG, München 5, Auflage Dezember 1994.
W. T. Waugh: Germania: Carlo IV, in «Storia del mondo medievale», vol. VI, 1999, pp. 401-422.
Article sur Venceslas de la Foundation for Medieval Genealogy