Patrice Lumumba

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Patrice Lumumba
Patrice Lumumba (1925-1961) est un nationaliste panafricain et l'une des principales figures de l'indépendance du Congo.

Biographie

Le désir de changer (1925-1958)

Patrice Émery Lumumba est né le 2 juillet 1925 au village de Onalua (territoire de Katako-Kombe dans le district du Sankuru, au nord du Kasaï) au Congo Belge (aujourd'hui République démocratique du Congo). Issu d'une famille catholique pratiquante appartenant à une ethnie minoritaire, le clan Tetela (les Batetela si on adopte le pluriel en langue bantoue), il est le cadet d'une famille de quatre enfants vivant pauvrement de revenus agricoles amputés par les impôts de l'administration coloniale. Son père souhaitant le voir devenir instituteur, il fréquente l'école des Pères catholiques, seule opportunité alors de se scolariser [1], puis à 13 ans poursuit sa scolarité dans un établissement tenu par des Suédois protestants à Wembo-Nyama. Deux ans après, il quitte cette école pour étudier indépendamment, dévorant Rousseau, Molière, Hugo, se plongeant dans des manuels d’histoire pour étudier plus en profondeur la Révolution française, l’histoire d’Haïti, des États-Unis et de la Russie. De 1943 à 1945, il travaille comme employé de bureau dans une société minière de la province du Sud-Kivu. Il découvre ainsi que les matières premières de son pays jouent un rôle capital dans l’économie mondiale, mais aussi que l’administration coloniale cache aux Congolais ce potentiel présent dans les frontières - par ailleurs arbitraires - du pays.

Il entreprend ensuite des études d'infirmier puis s'engage comme commissaire aux écritures avant de reprendre ses études à l'école des PTT de Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa), capitale du pays. Devenu comptable aux chèques postaux à Stanleyville (aujourd'hui Kisangani). Il est déjà un de ceux qu’on appelle les « évolués », une minorité d’individus ayant bénéficié d’une éducation "moderne" et intellectuellement privilégiés. En septembre 1954, il reçoit sa carte d’« immatriculé », gage de respectabilité civile attribué chichement par l’administration coloniale. En 1955, Lumumba, qui écrit depuis 1951 dans divers journaux, crée une association, l’APIC (Association du personnel indigène de la colonie), profitant du relatif espace de liberté laissée par l’administration coloniale dans le domaine associatif, qui est apolitique.

En juin 1955, Lumumba a l’occasion de s’entretenir avec le roi Baudouin en voyage au Congo sur la situation des Congolais et de la communauté belge. À cette période le ministre du Congo est le libéral Auguste Buisseret, membre du parti libéral belge qui veut créer un enseignement public, ce qui plaît à Lumumba ainsi qu'à d’autres notables noirs qui se retrouvent dans la section congolaise du parti libéral belge. Ceux-ci se rendent à Bruxelles sur invitation du Premier ministre en 1956 pour y rencontrer des libéraux.

De retour de voyage, il est condamné à un an de prison pour détournement de fonds du bureau de poste. Il écrit alors Le Congo est-il une terre d'avenir ?, où il développe ses idées sur le nationalisme et l'indépendance nationale. À sa sortie de prison, il est engagé comme directeur commercial par la brasserie Polar, ce qui lui permettra de se livrer par la suite à l'agitation politique où ses talents d'orateur et de tribun populaire feront merveille. Le gouvernement belge prend quelques mesures de libéralisation : syndicats et partis politiques vont être autorisés en vue des élections municipales qui doivent avoir lieu en 1957. Les partis politiques congolais sont parrainés par ceux de Belgique et Lumumba est d’abord inclus dans l’amicale libérale.

La lutte pour l'indépendance (1958-1960)

En 1958, à l'occasion de l’exposition universelle, des Congolais sont invités en Belgique. Mécontents de l'image peu flatteuse du peuple congolais véhiculée par l'exposition, Lumumba et quelques compagnons politiques nouent des contacts avec les cercles anti-colonialistes belges et en profitent pour se documenter [2]. C’est sans doute à cette période que la pensée politique de Lumumba prend sa forme définitive. Rentré au pays, Lumumba crée avec Cyrille Adoula le 5 octobre 1958 le premier mouvement national à base non ethnique, le Mouvement National Congolais (MNC), qui prône un Congo uni, laïc et indépendant.

Persuadé d'être appelé à un destin national, il puise son inspiration politique autant aux sources ancestrales - n'est-il pas de la tribu de Ngongo Leteta qui dirigea la résistance à la conquête arabe en 1880 ? - qu'auprès des socialistes libéraux. En fait, il est beaucoup plus à l'aise pour dénoncer les méfaits du colonialisme et galvaniser les populations sur le slogan d'indépendance que pour présenter un programme politique et économique clairement défini ; leader volontariste, il déclare : « Le Congo m'a fait, je ferai le Congo ».

En décembre de la même année, en tant que chef du MNC, il participe à la conférence d’Accra [3] au Ghana et découvre le panafricanisme auprès de Kwame N'krumah. Fin décembre, lors d’un meeting rassemblant plus de 10.000 personnes, Lumumba rend compte de la conférence d’Accra et met en évidence la revendication de l’indépendance pleine et entière : « L'indépendance n'est pas un cadeau de la Belgique mais un droit fondamental du peuple congolais ». Il entame alors une grande campagne sur ce thème à travers le Congo où les troubles ne cessent de se multiplier.

En octobre 1959, le MNC organise une réunion unitaire à Stanleyville avec d’autres partis qui sont d’accord pour réclamer l’indépendance immédiate et inconditionnelle. Le public s'enflamme et les forces de l’ordre doivent intervenir: elles tirent dans la foule, faisant 30 morts. Deux jours plus tard, Lumumba est arrêté pour subversion, en l'occurrence avoir appelé à la désobéissance civile et au boycott des élections organisées par le pouvoir colonial tant qu’une décision n’est pas prise pour la formation d’un gouvernement congolais.

Le procès se déroule du 18 au 21 janvier 1960 ; Lumumba est condamné à 6 mois de prison. Entre-temps, à la table ronde de Bruxelles, les autres chefs de partis congolais exigent sa présence pour discuter du futur gouvernement congolais. Ce dernier arrive à Bruxelles le 26. À la table ronde, la date de l’indépendance est fixée au 30 juin et les Congolais sont les premiers surpris de ce succès qu’ils n’attendaient pas. Le MNC-Lumumba, issu de la scission du MNC [4], obtient de très bons résultats aux élections organisées en mai : un quart des voix. Lumumba devient, le 23 juin, Premier ministre et est chargé de former le gouvernement congolais dont Joseph Kasavubu obtiendra un peu plus tard la présidence (fonction surtout symbolique).

Naissance d'une nation (été 1960)

Photo officielle (1960)
Le 30 juin, lors de la cérémonie de proclamation de l’indépendance au palais de la Nation à Léopoldville, il prononce un discours virulent présentant cette journée comme marquant la fin de l'exploitation et de la discrimination. Se déclarant prêt à accepter l’assistance de nombreux pays étrangers, même les pays socialistes, dont la collaboration serait loyale (sans ingérence donc), Lumumba en appelle à la libération aussi bien économique que politique de son pays, début d'une ère nouvelle de paix, de justice sociale et de libertés. Au lieu de s'adresser au roi belge présent à la cérémonie, Lumumba commence son allocution par une salutation aux « Congolais et Congolaises, combattants de l'indépendance, aujourd'hui victorieux ». Il dénonce aussi les abus de la politique coloniale belge depuis 1885 : il rappelle ce que fut « l'humiliant esclavage » imposé par ce Léopold II dont Baudouin vient sur un ton paternaliste de glorifier le génie : « Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Nous avons connu que la loi n'était jamais la même selon qu'il s'agissait d'un Blanc ou d'un Noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres ». Patrice Lumumba est salué finalement par une véritable ovation. Pour les notabilités belges, depuis le roi Baudouin, livide, jusqu'au Premier ministre Gaston Eyskens, en passant par le général Janssens, commandant en chef de la Force publique, l'affront est peut-être de ceux qu'on ne pardonne pas.

Néanmoins, en attendant la formation des premières promotions d'officiers congolais, une grande partie des cadres de l'armée restent belges et les soldats congolais de la Force publique se révoltent à Léopoldville, tuant les officiers blancs et violant leurs épouses. Le 5 juillet, suite à cette mutinerie, Lumumba décrète l'africanisation de l'armée et double même la solde des soldats, ce qui amène à rendre impossible tout contrôle du gouvernement congolais par l’ex-puissance coloniale et provoque le départ précipité de tous les fonctionnaires belges, et par là même augmente le risque de voir le pays plonger dans le chaos. La Belgique répond par l'envoi de troupes pour protéger ses ressortissants au Katanga (région minière) et soutient la sécession de cette région menée par Moïse Kapenda Tschombé. L'enjeu est de taille : cette province, la plus riche du Congo, produit 2/3 des revenus du pays (et l’Union Minière du Haut Katanga, contrôlée par des entreprises américaines, britanniques et belges produit 60 % de l’uranium mondial, 73% du cobalt, 10% du cuivre...). Lumumba, craignant la balkanisation du Congo, demande l’intervention de l’ONU qui envoie des troupes partout excepté au Katanga et refuse de s’opposer à "l’indépendance" du Katanga dont elle n’ignore pas l’illégalité.

Un homme à abattre

Peu après sa capture
Le 5 septembre 1960, Joseph Kasa-Vubu, hostile à Lumumba, le démet de ses fonctions ainsi que les autres ministres nationalistes. Lumumba est néanmoins confirmé dans son statut par la Chambre et le Sénat congolais qui révoquent le président. Mi-septembre, suite à un coup d'État, Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir, crée le Collège des Commissaires généraux et assigne à résidence les dirigeants congolais. Lumumba est mis en résidence surveillée le 10 octobre. Le 27 novembre, Lumumba s'échappe de la capitale afin de gagner Stanleyville où Antoine Gigenza mène la lutte de ses partisans.

Alors qu'il passe la Sankuru à Mweka, il est rattrapé le 1er décembre par les troupes de Mobutu, frappé et molesté en présence de troupes ghanéennes de l’ONU, qui restent impassibles sur ordre de leurs supérieurs. Le 3 décembre, il est incarcéré au camp Hardy de Thysville en compagnie de ses adjoints Maurice M'polo et Joseph Okito. Le 17 janvier 1961, les trois hommes sont transférés par avion à Élisabethville (auj. Lubumbashi) au Katanga et livrés aux autorités locales. Ils sont ensuite conduits sous escorte militaire dans une discrète petite maison à Mwadingusha où ils seront ligotés, humiliés et torturés. Le soir même, ils sont abattus par des militaires katangais sous le commandement d’un officier de nationalité belge (comme tous les officiers katangais). Le lendemain, une opération sera menée par des agents secrets belges pour faire disparaître dans l'acide les restes des victimes découpées auparavant en morceaux. Leurs dépouilles ne seront donc jamais retrouvées. La mort de Lumumba ne fut rendue publique qu'un mois après, en février 1961, car les risques d'émeutes avaient été écartés dans l'est du pays.

Postérité

Au Congo

Après l’assassinat odieux de Lumumba et les massacres des patriotes nationalistes-lumumbistes, Pierre Mulele, ancien ministre de l'Éducation sous Lumumba, part en Chine Populaire suivre une formation politique et militaire sur l’insurrection armée paysanne. Il déclenche le 1er janvier 1964, dans le Kwilu, la plus grande lutte armée populaire contre le néocolonialisme au Congo et libère plus de 60 % du pays. L’armée de l’OTAN composée de soldats américains, belges, anglais, des milliers des mercenaires recrutés dans tous les pays occidentaux et sud-africains avec des moyens militaires sophistiqués et une force aérienne conséquente, interviennent le 24 novembre 1964 contre la révolution muleliste en massacrant des centaines de milliers de civils congolais, récupérant ainsi l'ensemble du territoire.

Comble de l’ironie ou du cynisme, Mobutu lui-même consacre Lumumba « héros national » en 1966 et finit par construire un mémorial en l’honneur de sa victime. Le retour d'Égypte de sa femme Pauline et de ses enfants fut considéré comme un événement national. Le jour de sa mort, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa.

Lumumba incarne encore de nos jours une vision unitaire du Congo, un rêve de grandeur réunissant aspirations profondes et légitimes de chaque ethnie congolaise et justice sociale.

Un personnage symbolique

Assassiné à 36 ans, Lumumba, après deux ans de militantisme infatigable, n'aura passé que deux mois au pouvoir. Durant sa courte vie et encore sa plus courte « carrière » politique, Lumumba aura condensé tout le tragique du nationalisme africain : la prise de conscience de l'oppression coloniale dans ses aspects les plus brutaux (ceux de l'administration belge) ; la volonté d'indépendance, exprimée dans un défi sans concession ; le refus de tous les particularismes régionaux ou tribaux ; la méfiance à l'égard d'une « bourgeoisie nationale » trop prompte à se substituer au colonisateur ; le rêve d'une Afrique unie solidaire des autres mouvements de libération du Tiers Monde ; enfin, la coalition contre lui des petits traîtres locaux ainsi que des grands intérêts privés et publics étrangers.

Patrice Lumumba est depuis lors un symbole de l’anti-impérialisme reconnu à travers l’Afrique et le reste du Tiers monde. Comme bien d’autres héros de la lutte pour l’indépendance africaine avant et après lui, la posture et le discours nationaliste de Lumumba ainsi que son amour et ses ambitions pour son pays et son peuple, l’auront perdu.

AMALGA


Restes de brouillon en attente de traitement

C'est ainsi que LUMUMBA préconise la préparation de l'élite à assurer la gestion des affaires publiques, à pousuivre le processus de démocratisation, et à sortir du néocolonialisme par la non-violence.

La révolte de l'armée conduit à la fuite des belges en direction de leur pays, laissant le gouvernement Lumumba,impuissant à gouverner., la crise congolaise était ouverte.

A la mi juillet LUMUMBA et KAZA-VUBU,se tournèrent vers les Nations-Unies, suivi d'une expédition des casques bleus, qui refusèrent d'intervenir contre la sécession katangaise ;la province du Katanga avait en éffet déclaré son indépendance.Ces évènements, devaient conduire LUMUMBA à rompre les relations diplomatiques avec la Belgique.

Après un voyage aux Etats Unis et au Canada,pour une troisième résolution du Conseil de sécurité concernant le Congo, LUMUMBA somma les Nations unies de faire cesser la sécession du Katanga. En septembre 1960,il sera révoqué par KASA-VUBU,mais l'homme politique restera néanmoins en fonction.

A la faveur d'un changement à la tête du pouvoir au Congo, LUMUMBA sera arrêté et exécuté au Katanga le 17 Janvier 1961, un puissant symbole anticolonialiste venait de disparaître, alors que la sécession du Katanga prendra fin en janvier 1963.


D'autres politiciens recevant le ministership principal en raison d'obtenir une seule pluralité auraient peut-être accepté qu'ils n'aient pas eu un mandat et aient travaillé pour établir le consensus. Mais le compromis et la modération n'étaient pas une partie de la nature de Lumumba. Sien était plus d'une personnalité léniniste. Quand Lumumba ne pouvait pas induire la force d'U.N. pour envahir et capturer la commande de Katanga il a réclamé soviétique facilitent. D'autres politiciens congolais ont identifié ce que signifierait l'introduction des forces soviétiques dans l'imbroglio du Congo. Quand Kasavubu l'a écarté car le premier ministre il était la bonne chose à faire, mais la nature de Lumumba donné il a provoqué une crise constitutionnelle en essayant de mettre le feu à Kasavubu et quand cela a échoué il a essayé d'installer un gouvernement alternatif dans Stanleyville (Kisangani). Lumumba dont l'une idée fixe était l'entretien d'un gouvernement centraliste unitaire avait coupé le territoire de non-sécessionniste du pays en deux parts.

Antoine Gizenga, après avoir été écarté par le Président Kasavubu en tant que vice-premier ministre, Léopoldville gauche (Kinshasa) en novembre 1960 pour créer un gouvernement alternatif dans l'est dans Stanleyville (Kisangani) et Lumumba l'a bientôt joint. La nature exacte de ce qui s'est produite après est incertaine. Lumumba a été arrêté ou enlevé dans Stanleyville et transporté à Katanga où il a été tué autrefois en janvier de 1961. Moïse Tshombe est habituellement blâmé de l'exécution de Lumumba mais cela n'a été jamais établi.

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Quelques jours après avoir obtenu, le 30 juin 1960, son indépendance de la Belgique, le pays longtemps appelé Congo Belge et destiné à devenir le Zaïre fut livré au chaos, déchiré par des conflits entre différents individus, tribus et groupes politiques pour établir leur domination ou leur indépendance.

Lumumba commença par décréter l'africanisation de l'armée et doubla la solde des soldats, ce qui rendait impossible le contrôle du gouvernement congolais par l’ex-puissance coloniale. La Belgique, qui voulait protéger ses investissements massifs dans les minerais répond par l'envoi de troupes pour protéger ses ressortissants au Katanga (la région minière) et soutient la sécession de cette région menée par Moïse Kapenda Tshombé.

Le 11 juillet, la province de Katanga, qui abrite le gros des gisements de cuivre, de cobalt, d’uranium, d’or et d’autres minerais du Congo, annonça en effet qu’elle faisait sécession. La Belgique apporta donc son soutien à l’indépendance du Katanga, prévoyant les avantages qui en découleraient : ses investissements seraient à l’abri dans un pays minuscule, qui ne devrait ni rendre de comptes, ni payer de taxes au gouvernement central de Léopoldville. De plus, le leader du Katanga, Moise Tshombe faisait preuve d’un intérêt tout particulier pour les investissements des Belges.

Les États-Unis, de leur côté, conscients des vastes richesses mises en jeu, et obsédés, comme d’habitude, par la lutte contre le « communisme » entreprirent également de contrôler la situation politique sur place. Le directeur de la CIA, Allen Dulles prédit « une prise de contrôle communiste aux conséquences désastreuses […] pour les intérêts du monde libre » et débloqua un fond d’urgence de 100 000 dollars pour remplacer le gouvernement de Patrice Lumumba par un « groupe pro-occidental ». Le président Eisenhower décréta qu’il serait « très difficile, sinon impossible de négocier avec Lumumba », et que ce dernier représentait « une menace pour la paix et la sécurité dans le monde ». Rien que ça ! Un ancien petit employé des postes de la jungle congolaise à la tête d’un pays exsangue représentait donc une grave menace pour un pays comme les États-Unis qui détenait pourtant le pouvoir d’anéantir, en quelques heures, toute velléité de rébellion dans la plupart des régions du monde.

Bien évidemment, une vaste campagne de presse menée aux États-Unis vint appuyer cette idée que les soviétiques par l’entremise de Lumumba étaient sur le point de mettre la main sur le Congo et que le monde entier courait un grave danger. Il faut dire que c’étaient surtout les intérêts financiers au Katanga de certains hauts fonctionnaires de l’administration américaine qui couraient alors un grave danger.

Les États-Unis soutinrent donc l’intervention militaire belge au Katanga au nom de la paix et de la stabilité du monde. Seulement, l’intervention des Belges fut particulièrement violente et meurtrière, ce qui amena l’ONU, notamment sous la pression de nombreux pays du bloc afro-asiatique, d’exiger le retrait des belges et leur remplacement par les forces de l’ONU. Cependant, on vous le donne en mille, les responsables de l’opération des Nations Unies au Congo étaient tous américains. Il faut dire que Lumumba n’avait pas non plus les faveurs de l’ONU dont il avait ouvertement critiqué la politique par trop pro-occidentale.

Ainsi, malgré les demandes répétées de Lumumba, les forces de l’ONU ne firent rien pour arranger la situation sur place. Lumumba demanda l’intervention de l’ONU qui envoya des troupes partout sauf au Katanga, et refusa de s’opposer à "l’indépendance" du Katanga dont elle n’ignorait pas l’illégalité. Les combats meurtriers continuèrent donc et le gouvernement de Lumumba dû même faire face à un second soulèvement dans une autre province du pays. Dans ce climat de confusion et de chaos, le président du Congo, Joseph Kasavubu décida de congédier Lumumba. Il faut dire que la CIA faisait, à coup de billets verts, un travail de persuasion remarquable auprès des politiques congolais. Seulement ce travail devait avoir ses limites puisque Lumumba, s’il n’avait plus les faveurs du président désormais entretenu par la CIA, bénéficiait du soutien affirmé du parlement congolais encore majoritairement indépendant. Lumumba fut tout de même démis de ses fonctions et sans pouvoir officiel continua malgré tout la résistance avec le soutien de nombreux congolais. Le parlement fut tout près de voter sa restitution lorsque Mobutu, numéro un de l’armée, prit le pouvoir au cours d’un putsch conçu par les Américains et assigna à résidence les dirigeants congolais.

Pendant cette période confuse où Lumumba n’avait plus réellement de pouvoir, « la CIA et les hauts responsables de l’administration américaine ont continué à le considérer comme une menace ». On disait que « son talent et son dynamisme seuls lui ont permis de rétablir sa position à chaque fois qu’elle semblait ruinée », que « c’était un orateur envoûtant, capable de convaincre les foules massives de passer à l’action », que « si on lui permettait de parler à un bataillon de l’armée congolaise, il en ferait ce qu’il voudrait au bout de cinq minutes ». (Rapport pour le sénat américain de la Commission d’Etude sur les opérations gouvernementales liées aux activités , 20 novembre 1975)

Fin septembre, un scientifique de la CIA, le Dr Sidney Gottlieb, arriva au Congo avec une « substance biologique mortelle » destinée à tuer Lumumba. Le virus censé engendrer une maladie mortelle indigène au Congo, voyagea dans la valise diplomatique. L’évolution des évènements au Congo voulut que le virus ne fût jamais utilisé, car le bureau congolais de la CIA ne put recruter un « agent de confiance dans l’entourage de Lumumba » avant la péremption de la substance biologique.

Pendant quelque temps, Lumumba fut protégé contre Mobutu par l’ONU, qui se voyait contrainte, compte tenu de l’intense pression internationale, de prendre quelques distances avec Washington. Ainsi, en octobre, son lieu de résidence est encerclé et il est maintenu en résidence surveillée. Mais fin novembre, craignant pour sa vie, il essaye de s’enfuir afin de gagner Stanleyville alors aux mains de ses partisans. Il ne réussit pas et est rattrapé par les soldats de Mobutu, frappé et molesté en présence de troupes ghanéennes de l’ONU, qui restent impassibles sur ordre de leurs supérieurs. Le 1er décembre, il est donc arrêté et emmené par les troupes de Mobutu. Un câble de la CIA, daté du 28 novembre, indique que l’Agence a participé à la chasse à l’homme. Le câble évoque la collaboration du bureau local de la CIA avec le gouvernement congolais pour installer des barrages routiers, et la mobilisation de troupes pour bloquer un itinéraire qui aurait pu permettre à Lumumba de s’échapper.


Plusieurs de ses partisans seront exécutés dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires, ou mercenaires belges. Tshombé lance alors la rumeur selon laquelle Lumumba aurait été assassiné par des villageois. Ceci déclenche une insurrection parmi la population paysanne, qui prend les armes sous la direction de Pierre Mulele au cri de « A Lumumba » ou « Mulele Mai » : les paysans conquièrent près de 70 % du Congo avant d’être écrasés par l’armée de Mobutu.

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  • Notes
  1. Jusqu’en 1954 (année de la fondation d'un réseau d'enseignement laïque et de la première université) la Belgique coloniale n’a que peu développé le système d’éducation, entièrement confié aux missions religieuses, l'école ne donne qu’une éducation rudimentaire et vise plus à former des ouvriers ou des clercs.
  2. Cf. Archives du PCB.
  3. Organisée par N'krumah, Premier ministre du Ghana, et l’intellectuel antillais George Padmore, la 7e conférence panafricaine en 1958 à Accra, capitale du Ghana devenu indépendant l'année d'avant, est également la première conférence des États Indépendants d'Afrique. En plus de revendiquer l’indépendance immédiate de l’Afrique, cette réunion prône la formation d’une identité supranationale (les « États-Unis d’Afrique ») qui permettrait au continent de devenir l’une des plus grandes forces du monde, et la mise en place d'une « politique africaine commune ».
  4. Fin 1959, en pleine fièvre de l'indépendantisme, le MNC, traversé de querelles internes, notamment sur la nature du gouvernement à venir (centralisé ou fédéral), se sépare entre partisans de Lumumba et ceux d'Albert Kalonji.

Citation

  • « Un jour, l’histoire aura son mot à dire, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseigne à l’ONU, à Washington, Paris ou Bruxelles, mais l’histoire qu’on enseignera dans les pays libérés du colonialisme et de ses marionnettes. L’Afrique écrira sa propre histoire. Une histoire faite de gloire et de dignité ».

Bibliographie

  • La pensée politique de Patrice Lumumba, textes et documents recueillis et présentés par Jean Van Lierde, Paris-Bruxelles, éd. Présence africaine, 1963.
  • Patrice Lumumba. La dimension d'un tribun non-violent, J. Van Lierde, Bruxelles, MIR-IRG, 1988.
  • Vie et mort de Lumumba, P. de Vos, Calmann-Levy, 1961.
  • « Patrice Lumumba », Revue Europe n° 393, 1962.
  • Lumumba, un crime d’État, C. Braeckman, éd. Aden, 2002.
  • Les guerres scélérates, W. Blum, Parangon, 2004.

Chez L'Harmattan

Liens externes

Sur l’assassinat de Patrice Lumumba

Ressources audiovisuelles