Louis Cuignet

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Louis Cuignet

Louis, Benjamin, Cornil, Cuignet, (né le 13 décembre 1857 à Bergues (Nord) - décédé le 8 juillet 1936 à Boulogne-Billancourt), officier d’infanterie, anti-dreyfusard actif et cadre nationaliste. Son nom est parfois orthographié Guignet.

Le militaire

Engagé volontaire au 43e régiment d’infanterie le 25 juillet 1877, caporal en janvier 1878, il suivit, en octobre 1878, les cours de l’École spéciale militaire. Sergent en 1879, sous-lieutenant en octobre 1880, lieutenant en juillet 1885, il entra à l’École supérieure de guerre dont il sortit breveté d’État-Major (mention Bien) en 1887. Il fut ensuite successivement stagiaire à l’État-Major du 19e corps d’armée (novembre 1887), officier d’ordonnance du général commandant la 23e division d’infanterie (juin 1889), affecté au 78e régiment d’infanterie (juillet 1889), nommé capitaine en décembre 1890, hors cadre comme officier d’ordonnance du général commandant la 72e brigade d’infanterie (janvier 1893) puis affecté au 4e bureau de l’État-Major (février 1893).

L'anti-dreyfusard

Le 10 juillet 1898, nommé officier d’ordonnance du ministre de la Guerre Cavaignac, il fut chargé de reprendre le dossier secret. Le 13 août, il découvrit que la pièce que le ministre avait lue à tribune de la Chambre, le 7 juillet précédent, était un faux, œuvre du lieutenant-colonel Henry, et en fit part à ses supérieurs et à Cavaignac qui recevra à la fin du mois les aveux du faussaire. Cependant, cette découverte des manœuvres d’Henry n’ébranla pas sa conviction en la culpabilité de Dreyfus. Interrogé par Le Matin du 4 septembre, il déclara : « (...) je vous affirme que rien, rien, entendez-vous ? ne permet d’élever le moindre doute sur la culpabilité du condamné. Je suis encore tout bouleversé de l’affreuse découverte à laquelle j’ai été mêlé et qui vient d’avoir un si douloureux retentissement ; je sais à quelles appréciations exagérées elle a donné naissance ; (...) je vous donne ma parole d’honneur, cependant, que ma conviction n’a pas été ébranlée. Ce que j’ai vu m’a suffi ». C’est encore ce qu’il affirma lors de l’enquête de la Cour de cassation, le 30 décembre 1898. S’il remplit bien le rôle qui était le sien, chargé par son nouveau ministre, Freycinet, de présenter le dossier secret, il vint surtout affirmer sa conviction en la culpabilité de Dreyfus.

Il accusa, peu après, le président Loew de transmettre aux partisans du capitaine, Joseph Reinach, Ludovic Trarieux et le lieutenant-colonel Picquart, et à l’ambassadeur d’Italie, le comte Tornielli, le secret des dépositions. De même, il accusa le ministre des Affaires étrangères Delcassé d’avoir tenté de le suborner et, surtout, d’avoir falsifié une pièce, la « dépêche Panizzardi ». Ayant fourni sur le sujet la matière d’un article au Petit Journal, le commandant (depuis le 3 avril) Cuignet fut mis par le nouveau ministre de la Guerre, Krantz, successeur de Freycinet, en non-activité par retrait d’emploi le 12 mai 1899. C’est à partir de ce moment qu’il devint un des héros et un des martyrs de l’antidreyfusisme, « notre Picquart à nous », (Gyp, La Liberté, 21 mai 1899).

A Rennes, Cuignet vint témoigner des « manières investigatrices, indiscrètes du capitaine Dreyfus lorsqu’il était à l’État-major de l’armée » et affirma sa certitude en sa culpabilité, certitude qu’il faisait reposer sur les aveux, l’étude du bordereau, l’examen du dossier secret, la démonstration de Bertillon et les « moyens employés par les partisans de Dreyfus pour arriver à la réhabilitation ».

Les 17 et 18 décembre 1900, à l’occasion de la discussion à la Chambre sur la loi d’amnistie, Joseph Lasies, député nationaliste du Gers, porta le débat sur la question du « faux Delcassé ». Profitant de l’occasion, Cuignet écrivit, directement, au Président du Conseil et au nouveau ministre de la Guerre, le général André, pour préciser les accusations qu’avait formulées Lasies. Appelé par le ministre à s’expliquer sur le sujet et plus particulièrement sur la communication de ses lettres à la presse nationaliste, Cuignet refusa de répondre aux questions. André demanda donc une enquête en vue d’obtenir sa mise en réforme par mesure de discipline. Cuignet exigea le versement aux débats des extraits du dossier secret (ce qui lui fut refusé) et la comparution de dix-huit témoins parmi lesquels Krantz, Cavaignac, Chanoine, Zurlinden, Roget, de Freycinet, de Galliffet, Lasies, etc. Presque tous vinrent témoigner de la bonne moralité et des excellents états de service de Cuignet qui, par quatre voix contre une, fut jugé comme ne devant pas être mis en réforme. Il ne fut donc condamné qu'à 60 jours d’arrêt de forteresse pour manquement à la discipline.

En février 1902, Cuignet écrivit, en passant cette fois par la voie hiérarchique, une nouvelle lettre au ministre André pour renouveler ses accusations contre Loew, Trarieux et Delcassé. André le convoqua pour tenter de le suborner et de l’intimider. Peu après, informé par l’ancien ministre de la Guerre Galliffet – qui lui témoignait estime et sympathie –, il fit parvenir à la presse nationaliste, en avril 1902, le texte de la lettre dite « du ministère de l’Étranger » dont Jules Lemaitre fit une affiche, prouvant la collusion à Rennes du gouvernement et des partisans de Dreyfus, affiche qui provoqua un grand scandale.

Quelques jours après cet épisode, dont il ne révélera les dessous et la responsabilité qui y fut la sienne que bien plus tard, il fut rappelé en activité (pour ne pas dépasser la période de trois ans qui exigeait la réunion d’une commission d’enquête) et affecté au 108e régiment d’infanterie (11 mai 1902).

Après la reprise de l’Affaire, Cuignet, qui avait demandé « dans l’intérêt de la vérité à être entendu », connaissant des « faits qui tendent à confirmer la culpabilité du condamné » (lettre publiée dans L’Action française, 15 mars 1904), fut appelé à déposer devant la Cour de cassation. Là, au cours de deux séances très tendues au cours desquelles il eut de nombreux affrontements avec le procureur général et quelques conseillers, Cuignet, après avoir affirmé l’authenticité des pièces dont un expert avait prouvé la falsification, réitéra ses accusations contre Delcassé. Quelques jours plus tard, après avoir pris connaissance de la déposition de l’officier d’ordonnance d’André, le lieutenant-colonel Bourdeaux, il écrivit à nouveau au ministre pour l’informer qu’il avait l’intention de poursuivre Bourdeaux pour faux témoignage. André riposta en tentant de le faire passer pour fou et en demandant « à le faire visiter et contre-visiter au point de vue mental ». L'affaire fut portée à la tribune de la Chambre, déclenchant ainsi un véritable tollé. Cuignet ne se vit infliger qu'une mise aux arrêts de rigueur pour avoir adressé une pétition à la Chambre. Dans cette pétition, il attaquait André, évoquant « les falsifications dont le dossier secret a été l’objet depuis qu’il est entre ses mains ». A la fin de janvier 1906, le député nationaliste du Gers Lasies écrivit, dans L’Éclair, une lettre ouverte au Président du Conseil pour, à son tour, accuser André d’avoir falsifié une des pièces du dossier secret soumise à la Cour. Il y citait une lettre de Cuignet datant de la fin de 1904, qui fondait son accusation, lettre dans laquelle Cuignet affirmait que « M. le général André a sciemment induit en erreur la justice, en basant sa demande de révision d’un procès criminel sur le mensonge et sur le faux » et que c’était pour « couvrir le faux que le général André a essayé de faire interner un officier français dans un asile d’aliénés » (27 janvier). Le 1er février, Cuignet écrivit à son tour au Garde des Sceaux pour porter plainte en faux contre le général André (lettre qu’il donnera à la presse nationaliste ; voir par exemple L’Éclair du 8 février). Le 9 février 1906, il fut mis en non activité par retrait d’emploi après avoir été frappé de trente nouveaux jours d’arrêt de rigueur.

Cuignet, après avoir été le 2 mars suivant une nouvelle fois défendu à la Chambre par Lasies qui tenta de jeter le discrédit sur la Cour de cassation, devint collaborateur de L’Éclair dans lequel il publia quelques papiers isolés et deux séries d’articles, en mars et juin 1906, occasion de revenir longuement sur ses accusations contre Delcassé, André, Loew et Trarieux. Dans sa série publiée en mars (les 6, 7 et 8), Cuignet expliqua longuement la nature de l’accusation qu’il avait portée contre le général André. Il l’accusait d’avoir écrit de sa main une date sur une pièce du dossier secret pour innocenter Dreyfus.

Le militant nationaliste

En février 1907, après un discours de Louis Cuignet dans une réunion nationaliste (organisée par la Ligue d’Action française pour célébrer le douzième anniversaire de la dégradation de Dreyfus), le général Gény, commandant le département de la Seine, écrivit au Gouverneur militaire de Paris, le général Dalstein, pour lui signaler que ce nouvel éclat méritait « une punition sévère ». Le général Dalstein prévint le ministre, le général Picquart, pour lui suggérer de mettre Cuignet en retraite. Ce n’est cependant qu'un an plus tard, le 15 février 1908, que Cuignet fut définitivement rayé des cadres. Il collabora alors régulièrement aux manifestations organisées par L’Action française (il prit la parole, par exemple, le 20 décembre 1906 pour le douzième anniversaire du premier procès de Dreyfus ; le 29 juin 1907 à l’occasion de la remise solennelle, salle Wagram, de la médaille en l’honneur de Mercier ; le 17 mars 1911 où il parle salle Wagram sur le thème : «Le Juif sera vaincu », etc.) et devint bientôt collaborateur de son journal.

Par la suite, il inspira largement Dutrait-Crozon, fut membre de la Ligue française antimaçonnique et dirigea, de 1910 à 1912, La Revue antimaçonnique.

Mobilisé le 11 septembre 1914, il fut fait prisonnier le 21 et fut rapatrié en novembre 1917. Il fut rayé des cadres le 16 avril 1918.

A la fin de sa vie, Cuignet aida Henriette Dardenne pour le livre qu’elle préparait sur l’Affaire Dryfus, il mit à sa disposition les notes et la documentation qu’il avait conservées, et relit une partie de son manuscrit dont quelques pages sont entièrement de sa main.

Oeuvres

  • Louis Cuignet, Le Dossier Trarieux-Tornielli-Reinach, Paris, la Ligue Française Antimaçonnique/Société Anonyme d’Édition Belleville, 1911.
  • Louis Cuignet, préface au volume de Jean Roget, L’Affaire Dreyfus. Ce que tout Français doit en connaître. Paris, Librairie de l’Action française, 1925.