Joseph Bologne
Joseph Bologne (1871-1959) est un homme politique belge francophone, socialiste, qui a été bourgmestre (maire) de Liège durant la première partie de la Seconde Guerre mondiale et qui a fourni des noms de Belges communistes et réfractaires aux occupants allemands.
Sommaire
Biographie
Joseph Bologne est bourgmestre (maire) de Liège du 9 avril 1940 au 9 novembre 1942, date à laquelle il est démis de ses fonctions suite à la création par les occupants allemands du Grand Liège auquel il est hostile. Membre du Parti socialiste et très anti-communiste, Joseph Bologne donne, durant l'occupation allemande, la liste des communistes liégeois ainsi que leurs adresses privées aux autorités allemandes. Les lieux de réunion et les cafés que les communistes fréquentent sont également fournis. Durant le conflit, la police de Liège donne également aux autorités d'occupation des listes de Juifs [1]. À la fin de la guerre, Joseph Bologne désire redevenir bourgmestre de Liège. La Résistance s'y oppose catégoriquement. Joseph Bologne ne peut revenir en politique.
Exclu fin 1944 de la Fédération liégeoise du parti socialiste, il reste cependant administrateur à « La Maison liégeoise », à la Société du Port de Liège, à la Société mutuelle des administrations publiques (S.M.A.P), ...
Jugé en première instance, le procureur général réclame contre lui une peine de 10 ans de travaux forcés. Un non-lieu est cependant prononcé car il est établi que Joseph Bologne a agi sous la contrainte, et non dans une intention méchante. Le jugement est confirmé le 12 octobre 1946 au degré d'appel.
Extraits d'ouvrages sur le sujet
« L'homme incontestablement le plus détesté des communistes liégeois, c'est le bourgmestre socialiste Joseph Bologne. [...] Les socialistes, il est vrai,offrent une certaine prise : ils sont nombreux dans la presse censurée (Hubermont, Lhoest,...) ; certains d'entre eux, et aussi des trotskistes (Nisolle...) s'engageront bientôt dans la Légion wallonie, et De Man a "trahi". Mais pourquoi toujours en revenir à ce cas particulier de De Man, alors que c'est tout son parti qui a trahi la classe ouvrière ? (De Strijd, le 15 mars 1941). Le comble, c'est que De Man se vante d'avoir, grâce à l'UTMI, obtenu l'augmentation des salaires de 8 % ; comme si on ne savait pas que, ce maigre début de succès, ce sont les communistes qui l'ont arraché en animant des grèves ! (Drapeau rouge, juin 1941). »(WILLEQUET Jacques, La Belgique sous la botte, résistances et collaboration 1940-45, Editions universitaires, Paris, 1986, p.203-204.)
« Parmi les personnes renseignées par Bologne, quarante-sept subirent une privation de liberté de plus d'un mois et de nombreuses autres connurent pendant plusieurs années le régime des prisons et des camps de concentration allemands. Seize personnes énumérées par Bologne décédèrent au cours de leur captivité, la plupart dans des bagnes allemands. » (DE BRUYNE Eddy, Entre Collaboration et Kollaboration. Particularismes, reflets et aspects en région liégeoise et ailleurs, Les Éditions de la Province de Liège, Liège, 2017, p. 27-28.)
Sources
- DE BRUYNE Eddy, Entre Collaboration et Kollaboration. Particularismes, reflets et aspects en région liégeoise et ailleurs. Les Éditions de la Province de Liège, Liège, 2017, p.22, 24, 25, 26, 28, 38.
- GOTOVITCH José et GERARD-LIBOIS Jules, L’an 40 : la Belgique occupée,CRISP, Bruxelles, 1971.
- PIRLOT Jules, Julien Lahaut vivant, Editions du Cerisier, Cuesmes, 2010.
- ROZENBLUM Thierry, « Une cité si ardente. L'administration communale de Liège et la persécution des Juifs, 1940-1942. », in : Revue d’Histoire de la Shoah 2003/3 (n° 179), pages 9 à 73.
- WILLEQUET Jacques, La Belgique sous la botte, résistances et collaboration 1940-45, Editions universitaires, Paris, 1986.
Varia
Refus d'une interpellation citoyenne sur le sujet
Au début de l'année 2018, un citoyen liégeois, désirant interpeller les autorités communales de Liège sur ce sujet, se voit refuser, sous des prétextes douteux, son intervention.