Hypatie

De Metapedia
Aller à : navigation, rechercher

Hypatie d'Alexandrie, née entre 355 et 370 et assassinée par des chrétiens fanatiques en 415, est une philosophe néoplatonicienne, poétesse, astronome et mathématicienne grecque d'Alexandrie.

Hypatie2.jpg

Hypatie d'Alexandrie, dernier feu de l'Antiquité

Hypatie naît vers 370 après J.C. dans la ville égyptienne d'Alexandrie évoluant alors sous un "dominion" culturel romain très marqué. Centre de la vie intellectuelle , Alexandrie est aussi le siège de la célèbre bibliothèque rendant encore accessibles les sommes de connaissances traditionnelles héritées des Grecs. On y étudie, parmi tant d'autres, les illustres Platon et Ptolémée.

Mens sana in corpore sano

Fille de Théon , illustre professeur de philosophie, Hypatie est éduquée dans le respect de la tradition des Humanités grecques et latines. Elle étudie à ses côtés avec un grand intérêt les différentes formes de la Tradition, reprises et magnifiées par les religions. Reconnue très tôt pour la qualité de ses analyses philosophiques mêlant connaissances mathématiques , théories astronomiques et prévisions astrales, elle ne tarde pas à supplanter son père. Malgré un penchant manifesté pour les sciences exactes, Hypatie choisit la philosophie , domaine privilégié où, selon elle, sont cristallisées toutes les connaissances. Forte de son éducation, elle hérite également de son père le goût des disciplines physiques et sportives. Femme accomplie très jeune dans l'art d'utiliser habilement le discours, elle se révèle une oratrice hors-pair. A la manière d'un explorateur, elle examine les théories antiques, et les confronte à sa propre expérience. Très libre , Hypatie s'autorise la torture de tout concept, la remise en question de chaque aspect des travaux de ses prédécesseurs, sans qu'aucun dogme ne vienne entraver une recherche authentique de la vérité.

Très vite, elle devient apte à l'enseignement des mathématiques et de la géométrie. Sa réputation rayonne à présent bien au-delà de l'Egypte : de toutes les villes du bassin méditerranéen accourent des curieux ayant eu vent de son verbe éclatant. Célèbre pour ses commentaires scientifiques , elle rédige des essais sur l'Arithmétique de Diophante et critique les travaux astronomiques de Ptolémée. Eminemment appréciés par les lettrés de son temps, ces écrits ont malheureusement été perdus. Par l'intermédiaire d'une correspondance entre Hypatie et Synésius s'entretenant de la construction d'un astrolabe et d'un hydroscope, nous retrouvons la trace ponctuelle de ces connaissances. Ces lettres, détaillées à l'extrême serviront plus tard de support aux investigations du Moyen -Age, principalement au sujet des sections coniques d'Apollonius. Douée d'une logique peu commune, notre scientifique est , également à l'origine des développements sur les théories de l'hyperbole , des paraboles et des ellipses, clés de la géométrie aérienne actuelle.

L'École d'Athènes, Raphaël, 1508-1512. Détail - Au centre, un personnage aux allures féminines, peut-être Hypatie.

Pendant de la perfection physique , la grande santé philosophique d'Hypatie attire à elle l'amour et l'admiration des foules. Son charisme ensorceleur ne rend pas indifférent l'empereur Arcadius, lui-même pris au piège de notre démiurge. Séductrice solaire, elle choisit néanmoins d'épouser la sagesse en la personne d'un pair, le philosophe Isodorus.

Couvre-feu sur l'Occident

Mais nous sommes en 412 après J.C. Le Christianisme porté par le fanatisme de ses prosélytes venus d'Orient aborde la brillante Alexandrie avec la même arrogance masquée d'humilité qui fit plier autrefois la naïve Rome , ville ouverte à tous les vents ... Le tournant amorcé par l'Histoire vient de clore un cycle pour deux mille ans, et l'Age d'Or de l'Antiquité jette ses derniers feux. Amie d'Oreste , alors gouverneur de la Cité, Hypatie assiste au soulèvement de bandes armées disparates qui sèment le trouble à travers le pays au nom de Chrestos. Parmi les principaux agitateurs se trouve Cyril -le futur Saint Cyril- qui devient le patriarche de la Cité au terme d'une bataille idéologique menée tambour battant contre l'autorité civile. Les révolutionnaires s'emparent ainsi du pouvoir spirituel et temporel et confisquent la liberté de penser: Cyril affiche désormais clairement ses intentions de gouvernement qui dépassent toute conjecture politique. Appelant aux bas instincts d'une populace inculte, Cyril excite l'ego de ces nouveaux "fils de Dieu", pauvres et esclaves en rébellion contre les élites de leur temps. Comme la plupart des conspirateurs, il renverse l'ordre traditionnel en instaurant l'inculture comme foi suprême ... Et le Savoir devint folie ! En agissant de la sorte, le patriarche s'assure la stabilité dans la durée. Voici venir le temps du dogme étriqué , du contrôle absolu des esprits, de la furie nivellatrice, du règne des médiocres menés par l'effroi.

Prise dans l'étau entre Dieu et Diable, Alexandrie régresse désormais au stade d'une dualité binaire inconnue des polythéistes jusque-là. S'efforçant toujours plus d'effacer le souvenir des cimes spirituelles de l'Antiquité, l'imposteur Cyril s'improvise exégète de la dictature nouvelle et achoppe alors sur Hypatie, dissidente hérétique. Au diable donc la philosophie ! La connaissance ayant jadis fait déchoir Eve du paradis hébraïque, la philosophe paiera les frais de cette ancêtre mythique . La connaissance, voilà l'ennemie du règne de Cyril !

Victime de la tyrannie des masses

Toutefois, Hypatie continue à professer librement l'amour du Beau, de l'Art et de la Connaissance au-delà de la perception physique. Or, menaçant la diffusion des nouvelles lois chrétiennes, l'enseignement hérité des Grecs constitue désormais un blasphème à l'encontre des textes bibliques. Cyril exalte alors contre elle les foudres ecclésiastiques . Une rumeur savamment orchestrée par ce dernier accuse Hypatie de mener un groupe séditieux de païens contre l'autorité de Dieu ...

Sur la fin tragique de la mathématicienne , massacrée par l'ignorance des sectaires et des doctes péremptoires, l'Histoire est unanime. En revanche , trois versions de sa mort se disputent la vérité. Pour la première , c'est Pierre le prêcheur, qui, à la tête d'une foule hystérique , l'assassine sauvagement. Selon la deuxième , un moine entre par effraction dans son domicile et la tue à coups de tessons de poterie. Enfin, la troisième version indique qu'après son enlèvement par des moines Nitrians (les Jésuites de l'époque ?), Hypatie meurt lacérée à l'aide de coquillages au sein du Caesarium , aux environs de 415 après J.C.

Il faudra attendre que se décillent les yeux de l'Occident pour redécouvrir l'œuvre majeure d'Hypatie d'Alexandrie, qui n'est autre que notre propre héritage grec, pillé, détourné, vidé de son message traditionnel par une poignée de "bolcheviques antiques". Le fruit de son travail longtemps occulté, nous est finalement transmis , partiel , à travers ses lettres. Des philosophes comme Descartes , Newton et Leibniz se sont référés à ses travaux. Reconnue avec vingt siècles de retard comme la dernière patronne des sciences exactes de l'Antiquité, elle demeure dans notre souvenir comme la première militante des libertés , en lutte contre l'oppression monothéiste, et victime de sa barbarie[1].

Notes et références

  1. Sigrid Helia, « Femmes d'exception : Hypatie, dernier feu de l'Antiquité », in: Réfléchir et agir, no 15, été 2003, p. 60-61.