Guerre des Boers

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La Guerre des Boers désigne une série de deux conflits survenus en Afrique du Sud à la fin du XIXe siècle. Ils ont opposés les Britanniques aux Boers, terme désignant les habitants des deux républiques boers alors indépendantes :

  • la première guerre des Boers  : du 16 décembre 1880 au 23 mars 1881 ;
  • la seconde guerre des Boers : du 11 octobre 1899 au 31 mai 1902.

À la fin du deuxième conflit, avec d'importantes concessions, les deux républiques boers, l'État libre d'Orange et la République sud-africaine du Transvaal, perdent leur indépendance et sont intégrées à l'Empire britannique jusqu'à la création en 1910 de l'Union d'Afrique du Sud.

Histoire

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Contexte

La guerre des Boers de 1899 -1902 aura été plus que la première des confrontations militaires majeures du 20e siècle. Opposant comme elle l’a fait la puissance d’un Empire britannique qui ceignait alors le monde et qui était en plus soutenu par la finance internationale à un petit pays de pionniers farouchement indépendants de fermiers, ranchers ou marchands qui vivaient dans le sud de l’Afrique par la Bible et le fusil, son héritage continue de résonner aujourd’hui. Les Boers ont eu recours à la guerre irrégulière, ce à quoi les Britanniques ont répliqué en parquant des centaines de milliers de femmes et d’enfants dans des camps de concentration.

Les ancêtres des Boers, Hollandais, Huguenots ou Allemands, ont commencé à coloniser la région du Cap en 1652. Après plusieurs tentatives, les Anglais parvenaient en 1814 à en prendre le contrôle. Refusant de se soumettre au joug colonial, 10 000 Boers partaient du Cap lors du Grand Trek de 1835 – 1842. Les trekkers marchant vers le nord, d’abord vers le Natal, puis vers les hautes terres de l’intérieur, créant deux républiques indépendantes, l’État libre d’Orange et la République d’Afrique du Sud (le Transvaal). Les Boers (« fermiers » en hollandais) ont travaillé dur pour se faire une nouvelle vie, mais ils ont aussi dû se battre pour protéger leurs jeunes républiques des empiètements britanniques et des attaques indigènes.

Leur grande figure, c’était Paul Kruger, un homme imposant, passionné et animé d’une grande foi, vénéré par tout son peuple qui l’appelait affectueusement « Oom Paul », l’Oncle Paul. Né en 1825 d’une famille relativement aisée de colons du Cap, il était enfant au moment du Grand Trek. Marié à 17 ans, veuf à 21, de nouveau marié deux fois, il sera père de 16 enfants. Avec à peine quelques mois passés à l’école, ses lectures se limitaient quasi exclusivement à la Bible. C’était un grand chasseur, un cavalier hors pair, un plongeur et un nageur accompli.

Sa vie durant, Kruger a eu maintes fois l’occasion de démontrer son courage et ses capacités militaires lors d’innombrables escarmouches. Il combat pour la première fois à 14 ans lors d’un raid commando contre les régiments de Matabele, c’est aussi à cet âge qu’il a son premier lion au fusil. Tout jeune homme, il participe à deux grandes batailles contre des indigènes.

Il est élu à quatre reprises Président de la République du Transvaal. Son courage et sa foi ont grandement contribué à maintenir le moral de son peuple pendant les dures années de guerre. Un observateur contemporain le décrivait comme « un orateur inné au ton direct, peu soucieux de mesure et de développement logique, mais passionné et convaincant et d’une gravité sans affection »

De l’Or et des Diamants

La découverte d’or à Witwatersrand au Transvaal en 1886 a mis un terme à la tranquillité des Boers en faisant planer une menace mortelle sur les aspirations à rester une république indépendante de la jeune nation. Comme un aimant, les mines d’or du pays faisaient affluer des vagues d’aventuriers et de spéculateurs que les Boers appelaient « uitlanders » (les étrangers). En 1896, la population de Johannesburg était passée à plus de cent mille et des 50 000 blancs, seuls 6 205 étaient des citoyens du pays.

Comme c’est souvent le cas en histoire, des aspects importants du conflit entre les Anglais et les Boers n’ont été mis en lumière que bien après la cessation des hostilités. Dans une étude maîtresse de 1979, The Boer War, l’historien britannique Thomas Pakenham révèle toute une série de détails jusque-là inconnus sur la collusion entre les administrateurs coloniaux britanniques et les financiers Juifs qui ont fait plonger l’Afrique du Sud dans la guerre. Parmi les gens qui sont partis s’agglutiner en Afrique du Sud en quête de profit, on trouvait Cecil Rhodes, le célèbre capitaliste et visionnaire de l’Empire britannique avec à sa suite, une brochette de Juifs ambitieux : ensemble, ils ont joué un rôle décisif en fomentant la guerre des Boers.

Barney Barnato (né Barnett Isaacs), un parvenu de l’East End de Londres, tout dans le cliquant, était l’un des premiers nombreux Juifs à jouer un rôle majeur dans les affaires sud-africaines. Par des manœuvres habiles et audacieuses, il se retrouvait en 1887 à la tête d’un vaste empire financier dans l’or et le diamant en Afrique du Sud. En 1888, il s’associait à son principal rival, Cecil Rhodes, qui était soutenu par la branche européenne des Rothschild à la tête de l’empire De Beer, lequel contrôlait toute la production de diamant d’Afrique du Sud, soit 90% de la production mondiale, ainsi qu’une part confortable de la production mondiale de l’or.

Au cours du vingtième siècle, le cartel diamantaire De Beers est tombé aux mains d’une dynastie juive d’Allemagne, les Oppenheimer, qui contrôlait également sa société jumelle dans l’exploitation des mines d’or, la Anglo-American Corporation. Avec son quasi-monopole dans l’extraction et la distribution de diamant et son emprise sur une grande partie de la production mondiale de l’or, la richissime famille était à la tête d’un empire financier d’une importance mondiale sans équivalent. Elle avait aussi la mainmise sur les journaux les plus influents d’Afrique du Sud, le poids des Oppenheimer dans le pays était tel qu’il rivalisait avec celui du gouvernement.

En 1890, le plus puissant établissement financier d’Afrique du Sud, Wernher, Beit & Co., était contrôlé et dirigé par un spéculateur Juif d’Allemagne : Alfred Beit. Rhodes se reposait largement sur le soutien de Beit dont les liens étroits avec les Rothschild et la Dresdner Bank permettaient à l’ambitieux sujet de Sa Majesté britannique de faire des acquisitions et de consolider son vaste empire financier.

Comme le note Pakenham, les « alliés de l’ombre » d’Alfred Milner, le haut-commissaire britannique pour l’Afrique du Sud, était les « punaises dorées de Londres » — tout spécialement les financiers de la plus grande de toutes les compagnies minières, la Rand mining houses de Wernher-Beit ». Pakenham poursuit : Alfred Beit c’était un géant – un géant qui parcourait le marché mondial de l’or comme un gnome : il était court, replet, chauve avec des grands yeux clairs et brillants avec la manie de triturer nerveusement sa moustache grisonnante.

Beit et Lionel Phillips, un Juif millionnaire qui vivait à Londres, contrôlaient à eux deux le plus grand syndicat minier d’Afrique du Sud la H. Eckstein & Co. Des six plus grandes compagnies de prospection minières, quatre étaient contrôlées par des Juifs.

Courant de l’année 1894, Beit et Phillips conspiraient dans le dos des Anglais et des Boers pour « améliorer » le Volksraad, le parlement du Transvaal, en faisant circuler des dizaines de milliers de livres de pot-de-vin. Il y a même eu un cas pour lequel Beit et Phillips ont arrosé pour 25 000 livres pour dénouer en leur faveur un vote important à l’assemblée.

Le Raid Jameson

Le 29 décembre 1895 [été austral] une bande de 500 aventuriers britanniques ont tenté un coup de force « non officiel » pour prendre les rênes de la république des Boers. Rhodes, qui à l’époque était également le Premier ministre de la colonie anglaise du Cap, en était l’organisateur et Alfred Beit le financier à hauteur de 200 000 livres. Phillips s’était aussi joint à la conspiration. Le plan prévoyait que les raideurs, dirigés par Sir Leander Starr Jameson, un ami proche de Rhodes, fondraient par surprise du plus proche territoire britannique sur Johannesburg pour « prendre la défense des « migrants » britanniques, lesquels, suivant une entente secrète, devaient simultanément prendre le contrôle de la ville au nom des « étrangers opprimés » et se proclamer le nouveau gouvernement du Transvaal. Dans une lettre écrite quatre mois avant le raid, Rhodes confiait à Beit : « Johannesburg est prête … [C’est] la grande idée qui rendra l’Angleterre maîtresse de l’Afrique, qui lui offrira en fait le continent entier ».

Rhodes, Beit et Jameson comptaient en secret sur le soutien à Londres du nouveau secrétaire aux Colonies, Joseph Chamberlain (père du futur Premier ministre, Neville Chamberlain). Lors de sa prise de fonctions dans le cabinet du Premier ministre Salisbury, Chamberlain proclama fièrement ses sentiments ultra-impérialistes : « Je crois dans l’Empire Britannique, je crois dans la race britannique, je pense que c’est la plus grande race dirigeante que le monde ait jamais connue ». Clandestinement, Chamberlain fournit aux conspirateurs les fusils et mis à leur disposition une base départ pour leur attaque.

Après que 21 hommes aient perdu la vie dans la tentative de coup d’État, Jameson et ses compagnons furent fait prisonniers et jugés. À Johannesburg, les autorités du Transvaal arrêtèrent Phillips pour sa participation à l’organisation du raid, on avait retrouvé des lettres incriminantes de sa correspondance entre lui et ses acolytes dans la conjuration, Beit et Rhodes, lesquels l’ont encouragé à reconnaître sa culpabilité. Le tribunal du Transvaal a prononcé une peine clémente de 15 mois d’emprisonnement à l’encontre de Jameson. Phillips, lui, était condamné à mort, mais voyait sa peine rapidement commuée en une amende de 25 000 livres. (Le financier sera par la suite, à son retour en Grande-Bretagne, fait chevalier pour les services rendus à l’Empire, et durant la Première Guerre mondiale, se verra octroyer un poste très bien placé au ministère des munitions).

S’il s’est soldé par un fiasco, le raid de Jameson n’en avait pas moins convaincu les Boers que les Anglais étaient déterminés, même au prix de pertes humaines, à les déposséder de leur liberté si chèrement acquise. Le sang versé du raid avorté avait aussi scellé l’alliance de la finance juive et de l’impérialisme britannique.

Jan Christiann Smuts, le brillant jeune chef Boer qui deviendra un jour le Premier ministre de l’Union africaine, revenant sur cet épisode, dira : « Le raid Jameson était la véritable déclaration de guerre entre les Anglais et les Boers … et ceci en dépit de la trêve de quatre ans qui s’ensuivit … [les] agresseurs ont consolidé leur alliance …. les défenseurs de leur côté, se sont résignés dans un silence lugubre à faire face à l’inévitable ».

Préparatifs de guerre

Nullement découragé par le fiasco du raid Jameson, Milner, le haut-commissaire britannique s’attelait déjà, avec le soutien décisif des « parasites dorés », à fomenter une guerre grandeur nature pour faire enfin tomber les terres des Boers dans l’escarcelle de l’Empire. Tout en affectant pour la galerie de « négocier » avec le président Kruger au sujet du statut des « uitlanders, » Milner confiait en secret son intention de « posséder » les Boers. Lors de leurs rencontres de mai – juin 1899, il exigea de Kruger « une voix immédiate » pour le flot d’étrangers qui s’était déversé dans la république du Transvaal ces dernières années, demande qui a aussitôt eu pour effet de faire capoter les pourparlers, Kruger, exaspéré, lâchant « C’est notre pays que vous voulez ».

Mais même alors que les « négociations » se déroulaient, Wernher, Beit & Co. finançait déjà en sous-main une armée de 1 500 « outlanders », un effectif qui allait bientôt passer à 10 000. Comme le note Thomas Pakenham: « Les punaises dorés, contrairement à ce qu’avaient d’abord pensé les historiens, étaient bien les partenaires actifs de Milner, prenant pleinement part à la préparation de la guerre ».

Horatio Herbert Kitchener, l’illustre seigneur de la guerre qui commandait les forces britanniques d’Afrique du Sud de 1900 à 1902, reconnut par la suite en privé qu’un des facteurs majeurs de la guerre était que les Boers « craignaient de tomber entre les mains de certains Juifs qui exerçaient incontestablement déjà une grande influence dans la région ».

Pour les dirigeants Britanniques, placer la République Boers sous le joug impérial semblait parfaitement logique, pour ainsi dire, aller de soi. Sur l’état d’esprit qui prévalait à Londres, Pakenham écrivait :

« L’indépendance de la république Boer, regorgeant d’or et qui laissait entendre le cliquetis des fusils importés, était comme un défi au statut de puissance suprême de l’Angleterre. La suprématie britannique n’était pas un concept officiel du droit international, mais pour la plupart des Anglais, c’était en pratique le cas … L’indépendance des Boers apparaissait plus qu’absurde, c’était une dangereuse menace pour la paix dans le monde … La solution ne pouvait être autre que d’emballer toute l’Afrique du Sud dans l’Union Jack en en faisant un dominion britannique …»

La plupart des grands journaux d’Angleterre poussaient à la guerre. C’était tout particulièrement vrai des titres aux mains des Juifs, tel le Daily Telegraph l’organe conservateur de référence qui appartenait à Lord Burnham (né Edward Levy), ou encore le Daily News des Oppenheim, l’Evening News des Mark et la St. James Gazette de Steinkopf.

Se faisant le porte-parole du consensus officiel à Londres, le 26 août 1899, Chamberlain prononçait un discours sans équivoque contre les Boers, suivi deux jours plus tard par l’envoi d’une dépêche comminatoire à Kruger dans laquelle il demandait ni plus ni moins aux Boers de renoncer à leur souveraineté. En vue d’une guerre, le gouvernement de Salisbury décidait le 8 septembre d’envoyer 10 000 hommes en renfort en Afrique du Sud. Lorsque les dirigeants Boers ont appris peu de temps après que les Anglais étaient en train de constituer une force de 47 000 hommes pour envahir leurs pays, les deux républiques ont conjointement commencé à mettre leurs propres troupes en ordre de bataille.

Avec la guerre désormais imminente, la patience des Boers épuisée, Kruger et son gouvernement lançaient le 9 octobre 1899 un ultimatum qui valait déclaration de guerre, par laquelle il exigeait le retrait immédiat des forces britanniques et un arbitrage pour tous les points en désaccord. Deux jours plus tard, la Grande-Bretagne laissant filer le délai d’expiration, la guerre était lancée.

Une guerre populaire

Les Boers étaient des citoyens – soldats. Légalement, tous les hommes entre 16 et 60 ans étaient susceptibles de partir à la guerre. Au Transvaal, chaque homme, même dans les villes, était tenu d’avoir un fusil et des munitions. Lors d’une parade militaire à Pretoria, la capitale du Transvaal, qui s’est déroulée le 10 octobre 1899 en l’honneur du 74e anniversaire de Kruger, les éleveurs du bushveld, les fonctionnaires et les avocats des villes, tous harnachés pour le combat, ont défilé à cheval ou à pied devant leur chef. Ils avaient à leurs côtés des volontaires étrangers qui avaient embrassé la cause des Boers, des milliers de Hollandais et d’Allemands, un contingent d’une centaine d’Irlandais (dont le tout jeune John MacBride qui sera exécuté 17 ans plus tard pour son rôle dans le soulèvement de Dublin durant les fêtes de Pâques).

Même en sachant qu’ils s’apprêtaient à affronter la plus grande puissance impériale au monde, qu’ils étaient largement en infériorité numérique, les Boers étaient confiants et déterminés, ils avaient le moral : ils se battaient pour leur pays, leur liberté et leur mode de vie, en outre, ils avaient l’avantage de se battre sur leur terrain. Comme l’historien britannique Phillip Knightley l’écrivait :

« Ni tout à fait un civil ni tout à fait un soldat, le Boer, alternant les activités agricoles et les attaques contre les Anglais, légèrement armé d’un fusil à répétition d’une grande précision, mobile, capable de subsister de longues périodes sur quelques lanières de viande séchées et un peu d’eau, tirant parti du soutien clandestin de ses compatriotes, n’ayant pas peur de décrocher lorsque le combat n’était pas en sa faveur, choisissant le lieu et le moment de son attaque, était un adversaire des plus redoutables pour n’importe quelle armée régulière, quelle que soit sa puissance. »

Les Boers étaient en outre chevaleresques. Quelques années plus tard, quand les passions étaient quelque peu retombées, le Times de Londres, dans son histoire de la guerre, concédait :

« Quand le vent était en leur faveur, à chacune de leurs victoires, les Boers se comportaient avec la même générosité … Exultants, ils n’étaient pas insultants. Ils se préoccupaient d’apporter de l’eau et des couvertures aux prisonniers et les traitaient avec respect. »

Malgré quelques succès initiaux impressionnants des Boers, les Anglais en supériorité numérique n’ont pas tardé à prendre l’avantage. Mais même la perte de leurs principales villes et voies de chemin de fer n’ont pas forcé les Boers à la capitulation. Leurs « commandos » qui se battaient à un contre quatre mais qui disposaient du soutien de la population, optaient pour une campagne de guérilla contre les envahisseurs. Les prenant par surprise, ils empêchaient d’avoir un contrôle total du peuple et du pays.

Sur son cheval, le « commando » Boer n’avait rien du soldat type, portant en général une longue barbe, il portait ses vêtements des champs et son chapeau à larges rebords avec, pendues sur ses épaules, ses cartouchières de chaque côté.

« Méthodes de Barbare »

Lord Kitchener, le nouveau commandant en chef britannique, avait recours à des techniques de « nettoyage » pour parachever une guerre que beaucoup en Angleterre considéraient comme déjà gagnée. Menant une guerre sans merci à tout un peuple, il ordonna à ses troupes de liquider les troupeaux et les récoltes, d’incendier les fermes et de parquer les femmes et les enfants dans des « camps de réfugiés ». Les rapports sur ces sinistres centres d’internement qu’on n’allait pas tarder à appeler « camps de concentration » ont choqué tout l’Occident. Le nouveau style de guerre adopté par l’Angleterre a été résumé dans un rapport de janvier 1902 par Jan Smuts, le général Boer et futur Premier ministre d’Afrique du Sud qui avait alors 31 ans :

« Lord Kitchener a lancé dans les deux républiques [Boers] une politique d’une horreur et d’une barbarie incroyable, violant les règles les plus élémentaires du droit de la guerre.

Presque toutes les fermes et les villages ont été incendiés les récoltes anéanties, les troupeaux saisis par l’ennemi abattus.

Le principe de base derrière les tactiques de Lord Kitchener est de l’emporter non par des opérations directes contre les commandos, mais par une pression indirecte sur des femmes et des enfants sans défenses.

… Cette violation de toutes les règles du droit international est vraiment typique d’une puissance qui s’érige par ailleurs en juge souverain du comportement des autres nations.»

Exécution de prisonniers

John Dillon, un nationaliste irlandais, député au parlement, dénonçait la politique britannique d’exécution des prisonniers de guerre Boers. Le 26 février 1901, il rendait publique une lettre d’un officier britannique sur place :

« Les ordres de Lord Kitchener sur le district sont de détruire toutes les réserves de vivre et de fourrage, de saisir partout les chevaux et tout le bétail, de ne rien laisser à manger aux habitants. De plus, on a passé le mot de ne pas faire de prisonniers, c’est-à-dire que tous les hommes pris à combattre devaient être abattus. Cet ordre m’a été personnellement confirmé par un général, l’un des plus hauts placés d’Afrique du Sud il n’y a donc aucune ambigüité à son sujet. Les instructions des colonnes encerclant De Wet au nord de l’Orange [un cours d’eau] sont claires : tuer tous les hommes pour qu’ils ne puissent plus rien raconter. On a également permis aux soldats de se livrer à volonté au pillage des maisons, que leurs propriétaires soient ou non des combattants.»

Dillon faisait état d’une autre lettre, celle d’un soldat publiée par le Liverpool Courier : « Lord Kitchener a donné l’ordre à chaque homme de ne pas ramener de prisonnier Boer, si un soldat en ramenait un, il devrait partager sa ration avec lui ». Dillon citait une troisième lettre d’un soldat affecté au Royal Welsh Regiment et publiée par le Wolverhampton Express and Star : « On ne fait plus de prisonniers … Comme il restait encore quelques blessés chez les Boers, nous les avons mis dans le moulin et tout le monde a été tué ».

Le 20 janvier 1902, de nouveau John Dillon faisait part de son indignation à la chambre des Communes contre « la grossière violation par l’Angleterre des usages les mieux établis de la guerre moderne qui interdisent de dévaster le pays ennemi et de détruire les réserves alimentaires au point de réduire la population civile à la famine ». « Qu’auraient dit les gens civilisés », demandait Dillon, « si l’Allemagne dans sa progression vers Paris [en 1870] avait rendu tout le pays à l’état sauvage et regroupé les femmes et les enfants par milliers dans des camps ? Toute l’Europe civilisée se serait portée à son secours ».

Armer les indigènes

Au mépris des sensibilités raciales de l’époque, le général Kitchener faisait distribuer aux noirs des fusils pour qu’ils attaquent les Boers blancs. C’est ainsi plus de 10 000 noirs qui auront été équipés – dans le plus grand secret pour ne pas effaroucher l’opinion publique, surtout à domicile. Il se trouve que les indigènes ne se sont pas révélés être de très bons combattants, ils se sont surtout fait remarquer par leurs exactions dans les campagnes, c’est ainsi que le sort des femmes et des enfants sans défense qui avaient réussi à échapper à l’enfer des camps aura finalement été bien pire dans nombre de cas. Dans son rapport de janvier 1902, le général Smuts décrivait la manière dont les Anglais recrutaient les noirs :

« Dans la colonie du Cap, on avait expliqué aux noirs non civilisés que si les Boers l’emportaient, l’esclavage serait de retour. On leur avait promis les propriétés et les fermes des Boers s’ils se joignaient aux Anglais, que les Boers devraient travailler pour les noirs et qu’ils pourraient épouser des blanches. »

« Armer les noirs », disait Smuts, « c’était le plus grand crime jamais commis contre la race blanche en Afrique du Sud ». Jan Kemp, un chef des commandos Boers, déplorait de même une guerre conduite « en contravention de toute règle civilisée du fait du comportement des Cafres ». Armer les noirs aura été le procédé le plus déloyal et la raison principale mise en avant par les chefs Boers pour finalement abandonner le combat.

« … Les tribus Cafres de l’intérieur ou celles extérieures aux frontières des deux républiques sont pour la plupart armées et prennent part à la guerre contre nous. Par toutes sortes d’exactions et de meurtres, elles ont créé une situation intenable dans beaucoup de nos districts. »

Camps de concentration

Les centres d’internement britanniques d’Afrique du Sud ont rapidement été connus sous le nom de camp de concentration, un terme adapté de l’espagnol campos de concentración mis en place pour la première fois à Cuba contre les insurgés par les autorités espagnoles.

Une passionaria anglaise de 41 ans, célibataire, Emily Hobhouse, s’est rendue en Afrique du Sud pour voir ces camps, puis, fort de cette connaissance de première main, a alerté le monde de leurs horreurs. Elle parlait de détenus « … dépourvus de vêtement … de la malnutrition … des enfants malades … couchés à même le sol … de la mortalité effrayante ». Elle rapportait aussi avoir vu des camions sans bâche pleins de femmes et d’enfants exposés à la pluie glaciale des plaines, parfois laissés sur le bord des voies ferrées pendant des jours sans nourriture ni abris. « Dans certains camps », disait Hobhouse au public de ses conférences et aux lecteurs des journaux à son retour en Angleterre, « deux, parfois trois familles vivent entassées à dix ou douze sous une même tente ». La plupart doivent dormir à même le sol. « Ces gens n’oublieront jamais ce qu’on leur a fait ». « Les enfants étaient les plus touchés, ils dépérissaient dans la chaleur intenable du fait de carences alimentaires criantes … laisser ces enfants dans ces camps ne signifiait rien d’autre que de les condamner à mort ».

Dans un rapport pour le Parlement, Hobhouse décrivait les conditions d’un camp qu’elle avait visité :

… Un bébé de six mois agonisant sur les genoux de sa mère, dans la tente suivante, un enfant convalescent après une rougeole, renvoyé de l’hôpital avait d’être capable de marcher, étendu sur le sol pâle comme un linge. Puis une fille de 21 ans agonisant dans un brancard son père à genoux penché sur elle tandis que sa femme gardait un enfant de six ans également en train de mourir et un de cinq qui commençait à s’affaisser : ce couple avait déjà perdu trois enfants.

Hobhouse pouvait constater que pas une des épreuves qu’elles subissaient ne parvenait à ébranler la détermination des épouses des Boers, même pas de voir leurs enfants affamés mourir devant elles. « Jamais », disait-elle, « on ne les entendait exprimer le souhait que leurs maris abandonnent le combat, elles pensaient qu’il fallait aller jusqu’au bout ».

Des épidémies mortelles – typhoïde, dysenterie, et pour les enfants, la rougeole – éclataient dans les camps et se propageaient rapidement. En l’espace de trois semaines, une épidémie au camp de Brandfort tuait presque un dixième de la population internée. Dans le camp de Mafeking, à un moment donné, il y a eu presque 400 morts par mois, la plupart causés par la typhoïde, ce qui revenait à une mortalité annuelle de 173 pour cent.

En tout, les Anglais ont placé 116 572 Boers dans leurs camps – soit environ un quart de la population – principalement des femmes et des enfants. Après la guerre, un rapport officiel concluait que 27 927 Boers étaient morts dans les camps, victimes de maladies, de sous-alimentation et d’exposition aux intempéries. 26 251 étaient des femmes ou des enfants, 22 074 des enfants de moins de 16 ans. Des 115 000 noirs qui avaient également été internés, la plupart, des employés de Boers aisés, on estime que 12 000 sont également morts.

Après s’être entretenu avec Hobhouse, Sir Henry Campbell-Bannerman, le chef du Parti libéral d’opposition (et futur Premier ministre) déclarait en public : « Quand est-ce qu’une guerre n’est plus une guerre ? Quand elle est menée avec des méthodes barbares en Afrique du Sud ». L’expression « méthodes barbares » est restée et a été largement reprise, provoquant à la fois éloges chaleureux et condamnations offusquées.

La plupart des Anglais qui soutenaient la politique de guerre ne voulaient pas entendre ce genre de propos. Se faisant l’écho d’une opinion largement en faveur de la guerre, le Times de Londres plaçait en une la remarque de Campbell-Bannerman, la qualifiant d’irresponsable, voire, de subversive. La logique de l’influent journal ne faisait que refléter l’attitude qui prévalait : « mon pays bien ou mal ». « Lorsqu’un pays est engagé dans un combat qui met en jeu sa position dans le monde », disait le Times à ses lecteurs, « il est du devoir de chaque citoyen, quelles que soient ses positions dans les débats politiques, de s’abstenir a minima d’entraver la politique de son pays si vraiment il ne lui est pas possible de la soutenir ».

David Lloyd George, un membre du parlement qui sera Premier ministre durant la Première Guerre mondiale, accusait le gouvernement de poursuivre « une politique d’extermination » contre les femmes et les enfants. Certes, précisait-il, ce n’est pas l’objectif direct de la politique, mais c’est son effet. « … Cette guerre est un outrage commis au nom de la liberté » s’indignait-il, se disant en outre préoccupé des répercussions que pourraient avoir ces atrocités sur les intérêts à long terme de l’Angleterre :

Lorsque des enfants sont traités de cette manière et qu’ils meurent, nous alimentons les plus profondes rancœurs contre la domination britannique en Afrique …. On se rappellera toujours comment cette domination a commencé, par quelle méthode elle a été possible.

Lors d’un discours au parlement, le 18 février 1901, David Lloyd George citait la lettre d’un officier britannique : « On allait de vallée en vallée, enlevant le bétail, incendiant et pillant laissant derrière nous les femmes et les enfants en pleurs devant les ruines de ce qui fut des fermes splendides. Et Lloyd George de commenter : « Ce n’est pas une guerre contre les hommes, mais contre les femmes et les enfants ».

« La conscience de l’Angleterre » faisait remarquer Thomas Pakenham « était tiraillée par l’holocauste des camps tout comme plus tard celle de l’Amérique par l’holocauste du Vietnam ». C’est en grande partie suite à l’émotion de l’opinion publique anglaise face aux conditions dans les camps – dont le mérite revient en grande partie à Emily Hobhouse – que des mesures ont fini par être prises pour réduire drastiquement la mortalité.

Propagande

Dans cette guerre comme dans tant d’autres, les agents de la propagande s’en sont donné à cœur joie pour déverser un flot de mensonges malveillants sur le public pour obtenir qu’il soutienne l’agression et les tueries. Les journaux anglais, les hommes d’Église et les correspondants de guerre ont inventé des centaines d’atrocités factices dépeignant les Boers en brutes sans scrupules qui frappaient en traître. Cela allait des innombrables histoires de civils probritanniques massacrés par des soldats Boers et inversement, des soldats britanniques massacrés par des civiles Boers, en passant par l’exécution par les Boers de leurs propres compagnons qui voulaient se rendre. « Il n’y avait virtuellement aucune limite à de telles inventions » notait historien Phillip Knightley.

Le summum, c’était cette séquence des « actualités » largement diffusée qui faisait voir des Boers en train d’attaquer une tente de la Croix-rouge avec des docteurs et des infirmières de l’armée anglaise en train de soigner les blessés : en réalité, les prises de vues ont été tournées avec des acteurs à Hampstead Heath, une banlieue de Londres.

Exposer les fauteurs de guerre au grand jour

Aux États-Unis comme dans la plupart des pays européens, le public portait un vif intérêt à cette guerre, ses sympathies allant généralement aux Boers. Les gouvernements en revanche, redoutant de défier l’Angleterre, s’affichaient probritanniques, ou à tout le moins, se réfugiaient derrière une prudente neutralité.

William Jennings Bryan et Andrew Carnegie étaient à l’instar de beaucoup d’Américains, troublés par le parallèle frappant entre les politiques américaine et britannique du moment : tout comme les Anglais étaient en train de soumettre militairement les Boers en Afrique australe, les troupes américaines réprimaient sans ménagement l’insurrection des indigènes indépendantistes dans les Philippines qu’ils venaient d’acquérir. Se faisant l’interprète du sentiment général, Mark Twain déclarait : « Je pense que l’Angleterre a péché en se lançant dans une guerre en Afrique australe qui n’était pas indispensable, tout comme nous avons nous-mêmes péché en nous engageant dans une guerre du même genre aux Philippines ». En dépit de ce sentiment général, le président McKinley et son administration, ainsi que le journal chauvinard de William Randolph Hearst se sont rangés du côté anglais.

Mais même en Angleterre, il y avait une opposition conséquente à la guerre. À la chambre des communes, le député libéral Philip Stanhope (fait Baron Weardale) présentait une résolution en réprobation de la campagne en cours contre les Boers, remontant aux origines du conflit, elle disait :

En conséquence, une ligue sud-africaine a été formée [probritannique] et Mr. Rhodes et ses associés – généralement d’origine juive allemande — ont pu se procurer à foison les fonds pour leur propagande. Par le biais de la ligue, en Afrique australe britannique comme ici en Angleterre, ils ont empoisonné les sources de l’information du public. Le milieu de la presse de Londres a été généreusement arrosé dans le but d’échauffer petit à petit l’opinion publique, ce qui fait que maintenant, au lieu de traiter du sujet dans un esprit réellement britannique, nous le traitons d’une manière que les générations futures condamneront…

L’opposition à la guerre venait principalement de la gauche. La Social Democratic Federation (SDF), emmené par Henry M. Hyndman, n’y allait pas avec le dos de la cuillère. Justice, l’hebdomadaire de la SDF, avait prévenu ses lecteurs dès 1896 que « Beit, Barnato et leurs acolytes Juifs » entendaient constituer « un empire Anglo-hébraïque en Afrique, s’étirant de l’Égypte au Cap, dans le but de gonfler leurs « exubérantes fortunes ». Depuis1890, la SDF n’avait de cesse de mettre en garde contre « l’influence délétère du capitalisme juif sur la presse londonienne ». Lorsque la guerre éclata en 1899, Justice déclarait que les « seigneurs sémitiques de la presse » avaient pleinement réussi leur œuvre de propagande en entraînant l’Angleterre dans une criminelle guerre d’agression.

L’opposition à la guerre n’était pas moins forte au sein des mouvements ouvriers. En septembre 1900, le Trades Union Congress passait une résolution condamnant la guerre des Boers, vue comme « devant permettre aux apatrides Juifs de s’accaparer les mines d’or d’Afrique du Sud ».

Personne à la chambre des Communes ne s’est élevé avec plus de véhémence contre la guerre que John Burns, le député travailliste de Battersea. Cet ancien de la SDF s’était acquis une notoriété nationale en prenant la défense du travailleur britannique lors d’une grève des dockers de 1889. « de quelque côté qu’on se tourne,» déclarait Burns devant la chambre le 6 février 1900, «on tombe sur un financier Juif qui gère, dirige, inspire les officines qui ont conduit à cette guerre ».

« La trace du serpent financier dans cette guerre est visible du début à la fin ». « L’armée britannique », ajoutait Burns, « a toujours été le Galahad de l’Histoire [chevalier de la légende d’Arthur, fils de Lancelot, qui décroche le Saint Graal], mais en Afrique, elle s’est faite «le janissaire des Juifs ».

Burns était un combattant de légende du travailleur britannique, le champion infatigable des réformes sociales, du droit des femmes et de l’amélioration des services sociaux. Même Cecil Rhodes en parlait comme « le plus éloquent orateur de la démocratie anglaise ». Ce n’était pas seulement le rôle des Juifs dans le capitalisme qui inquiétait le plus Burns, dans son journal personnel, il avait une fois noté que la fin de l’Angleterre ne tenait qu’à une après-midi chez les Juifs de l’Est de Londres ».

Les députés nationalistes irlandais au Parlement avaient bien sûr leurs propres raisons de sympathiser avec les Boers, pour eux, ils étaient, comme les Irlandais, des victimes de l’oppression et de la duplicité britannique. L’un d’eux, Michael Davitt, a même été jusqu’à abandonner son siège à la chambre des Commune en « signe de réprobation personnelle et politique pour protester contre une guerre que j’estime être la plus grande infamie du dix-neuvième siècle ».

L’une des personnalités les plus influentes à faire campagne contre le « dessein judéo-impérialiste » en Afrique australe, John A. Hobson (1858-1940), était un éminent économiste et un journaliste de premier plan. En 1899 le Manchester Guardian l’envoyait en Afrique du Sud pour glaner pour ses lecteurs des informations de première main. Après une enquête qui a duré trois mois, Hobson était convaincu que c’est essentiellement un petit groupe de « seigneurs Juifs » qui était à l’origine du conflit.

Dans un article du Guardian envoyé de Johannesburg quelques semaines à peine avant l’éclatement du conflit il déclarait aux lecteurs du grand quotidien libéral :

À Johannesburg la population des Boers n’est qu’une poignée, cinq mille personnes peut-être, des fonctionnaires et leur famille, le reste se divise en parts égales entre des colons blancs, principalement de Grande-Bretagne, et des Cafres qui comme dans toute l’Afrique sous domination blanche sous les coupeurs de bois et les porteurs d’eau.

La ville par presque tous ses aspects transpire l’influence britannique, c’est indéniable, on se croirait en Angleterre, en Angleterre, mais avec une différence de taille dont on ne tarde pas à se rendre compte : le facteur juif. Si on jette un œil au dernier recensement, on voit que les Juifs à Johannesburg sont moins de sept mille, c’est déjà plus que les Boers, et pourtant, ce chiffre ne donne encore qu’une idée trompeuse de leur prédominance – qui se dément dès qu’on se promène un tant soit peu dans les rues. Partout les devantures des commerces et des saloons, les enseignes des entreprises, les perrons des hôtels particuliers suffisent à convaincre de la forte présence du peuple élu. Si un doute pouvait subsister, il serait vite balayé par un petit tour dans le quartier de la bourse, «between the chains», là où se traite le commerce de l’or et des diamants.

Pour autant qu’on considère la puissance et les chiffres, Johannesburg est pour l’essentiel une ville juive. Les Juifs, pour la plupart, s’affichent en sujet britannique mais en fait, il s’agit souvent de Juifs en provenance d’Allemagne et de Russie qui n’ont fait qu’un bref crochet par l’Angleterre. Tout de même, les plus puissants d’entre eux, financièrement ou commercialement sont bien des Juifs «Anglais» qui ont d’ailleurs, dans la plus pure tradition parasitaire, anglicisé leur patronyme. Je souligne ce fait, car même si chacun sait que les Juifs sont puissants, leur force réelle ici est tout à fait sous-estimée. Même si les chiffres peuvent être trompeurs, il n’est pas inutile de mentionner que l’annuaire de Johannesburg compte 68 Cohen, contre 21 Jonese et 53 Brown.

Les Juifs ne se donnent pas la peine de prendre part à l’activisme des Uitlanders, ils laissent ce genre de basse besogne à d’autres, mais comme la moitié des terres et les neuf dixièmes des richesses du Transvaal sont entre leurs mains, ce sont eux qui seront les grands bénéficiaires d’une réorganisation politique en Afrique australe.

Dans son livre qui a eu un grand retentissement l’année de sa publication en 1900, The War in South Africa, Hobson sermonnait ses compatriotes :

Nous nous battons pour permettre à une petite oligarchie internationale de propriétaires miniers et de spéculateurs de prendre le pouvoir à Pretoria. Les Anglais feraient bien de se rendre compte que les destinées politiques et économiques de l’Afrique australe sont, et selon toute vraisemblance, resteront, entre les mains d’hommes qui sont pour la plupart d’origine étrangère, dont les affaires sont financières, et dont les intérêts ne sont pas principalement anglais.

Les cercles anti-impérialistes et ouvriers ont fait un triomphe au livre. À son propos, l’hebdomadaire Labour Leader l’organe officieux de l’Independent Labour Party notait : « L’impérialisme moderne est réellement dirigé par une demi-douzaine d’établissements financiers, dont plusieurs, juifs, pour qui la politique n’est qu’un empêcheur de vendre et d’acheter en rond des titres ». Dans un essai paru en janvier 1900, Labour Leader, l’éditeur et député J. Keir Hardie disait à ses lecteurs :

Cette guerre est une guerre capitaliste, financée par des capitalistes, promue par une presse dévoyée aux mains des capitalistes, et déclarée par des hommes politiques sans scrupules eux-mêmes de simples outils du capitalisme … En tant que socialistes, nos sympathies vont aux Boers dont le gouvernement, de forme réellement démocratique, est insupportable aux tyrans.

La Défaite

Tandis que l’année 1900 tirait à sa fin, les forces britanniques s’étaient rendues maîtresses des principales villes Boers, dont les deux capitales, ainsi que des principales voies de chemin de fer. Paul Kruger, l’homme qui avait personnifié la résistance du peuple aux étrangers, avait été contraint à l’exil. À la fin de 1901, les forces Boers étaient réduites à 25 000 hommes, éparpillés dans des unités commandos sans coordination. Les défenseurs aux abois n’avaient plus que l’ombre d’un gouvernement central.

Au printemps 1902, avec leurs deux pays presque entièrement occupés par l’ennemi, les derniers combattants menacés d’annihilation à un contre six, les Boers demandent la paix. Le 31 mai 1902, leurs chefs concluent 33 mois d’un combat héroïque contre des forces largement supérieures en signant un traité qui reconnaissait le roi Edward VII comme leur souverain. Le président Kruger apprit la reddition alors qu’il vivait en exil en Europe, loin de sa patrie chérie. Après avoir consacré sa vie au rêve d’une république populaire blanche indépendante, il s’éteint en Suisse en 1904, aveugle et brisé.

Conclusion

Au début des hostilités en octobre 1899, les Anglais espéraient tranquillement terminer la campagne par une victoire à Noël. Ce sera en fait la guerre la plus longue, la plus coûteuse, la plus sanglante, la plus humiliante aussi, de toutes les guerres menées par l’Angleterre entre 1815 et 1914. Tout en ayant mobilisé une force cinq fois supérieure en nombre à celle des Boers, il aura fallu presque trois années à la plus grande puissance impériale du monde pour venir à bout d’un petit peuple d’à peine un demi-million d’âmes.

L’Angleterre avait ainsi déployé 336 000 soldats de métropole et 83 000 coloniaux – 448 000 au total [autant que toute la population Boer]. 22 000 d’entre eux ont trouvé leur tombe en Afrique du Sud, dont 14 000 en ayant succombé aux maladies. De leur côté, les deux républiques Boers alignaient en tout et pour tout 87 300 hommes, y compris les 2 120 volontaires étrangers et les 13 300 Boers du Cap et du Natal sous contrôle britannique. En plus des 7 000 Boers qui ont perdu la vie au combat, 28 000 environ sont morts dans les camps de concentration des Anglais, pratiquement tous, des femmes et des enfants.

Le coût économique était tout aussi effrayant. En application de la politique de terre brûlée de Kitchener, les troupes britanniques ont semé la dévastation dans les aires rurales des Boers, en particulier dans l’État libre d’Orange. En dehors des plus grandes villes, c’est tout juste s’il restait quelques bâtiments intacts, des troupeaux d’avant-guerre, il ne subsistait guère plus d’un dixième en chevaux, vaches et autres animaux d’élevage. Dans la plupart des terres Boers, rien en deux ans n’avait été ni semé ni récolté.

Même aux standards de l’époque (et a fortiori à ceux d’aujourd’hui), les politiciens et chef militaires britanniques se sont livrés à d’horribles crimes de guerre et crimes contre l’humanité à l’encontre des Boers – des crimes pour lesquels, personne n’a jamais été poursuivi. Le général Kitchener, pour commencer, n’a jamais été puni pour avoir eu recours à des méthodes pourtant qualifiées de barbares par un futur Premier ministre. Au contraire, ayant terminé sa mission en Afrique du Sud, il a été fait vicomte et maréchal, puis, lorsque la Première Guerre mondiale éclatait, a été nommé Secrétaire à la Guerre. À sa mort en 1916, on ne se souviendra pas de lui comme d’un criminel, mais comme d’une figure personnifiant la vertu et la droiture britannique.

En un sens, le conflit était moins une guerre qu’une campagne militaire contre des civils. Le nombre de femmes et d’enfants Boers qui sont morts dans les camps était quatre fois supérieur à celui des combattants Boers (toutes causes confondues). En fait, plus d’enfants de moins de 16 ans sont morts dans les camps anglais que d’hommes sont morts au combat des deux côtés.

L’avidité sans bornes des « punaises dorées » juives rejoignait les objectifs de grandeur impériale du secrétaire aux colonies Joseph Chamberlain, les rêves d’or et de diamants du baron Cecil Rhodes, et les ambitions politiques d’Alfred Milner. Sur l’autel de leur cupidité et de leur ambition, ils ont sacrifié la vie de quelque 30 000 personnes qui ne désiraient rien d’autre que de vivre libres, et celle de 22 000 jeunes hommes de métropole et des dominions.

À la racine, on trouve des dirigeants britanniques prêts à sacrifier la vie de nombre de leurs propres fils et à tuer des hommes, des femmes et des enfants d’un pays aux antipodes, tout ça pour ajouter richesse et pouvoir à un Empire planétaire déjà immensément riche et puissant. En vérité, dans tout le vingtième siècle, on aurait peine à trouver une guerre aussi parfaitement évitable et grossière dans ses motivations que celle de 1899 – 1902 en Afrique australe.

Bibliographie

  • Mark Weber, « The Boer War Remembered », in : The Journal of Historical Review, May-June 1999 (Vol. 18, No. 3), pages 14-27.[1]

Notes et références

  1. La présente entrée est en grande partie reprise de cet article.