Capitaine Stéphane

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Le capitaine Stéphane
Etienne Poitau, dit le « capitaine Stéphane » (1919-1952), était un alpiniste et Résistant du Dauphiné, dans la région de Grenoble, fondateur de la compagnie Stéphane des FFI.

Biographie

Etienne Poitau est né le 23 octobre 1919 à Montceau-les-Mines dans une famille très chrétienne. Dès son plus jeune âge, il a une foi très vive. Il est un des benjamins de sa promotion de Saint-Cyr. Attiré par le milieu montagnard, il choisit le 159e R.I.A. à Briançon, qu'il rejoint comme Sous-Lieutenant, mais il passe au régiment de formation dérivé du 15/9, le 140e R.I.A. Le 10 mai 1940, le régiment est dirigé vers la Somme ; engagé à partir du 18 mai, Poitau va donner la pleine mesure de ses qualités de chef, de son autorité et de son sang-froid. Le 2 juin, il prend la tête d'une compagnie dont le capitaine a été tué au combat.

Après la débâcle, il intègre sur sa demande la Légion étrangère au Maroc. Il va y découvrir le scoutisme, faire sa promesse le 1er février 1941, et créer une troupe : la 3ème Mekhnès. Il répond ainsi à un appel, ou plutôt à une volonté : celle de servir. De retour en France, il se retrouve instructeur à l'école de Billom, rôle qui prendra pour lui une dimension chrétienne avec son engagement scout. Il restera toute sa vie imprégné de l'idéal scout, et prendra comme devise « Être une grande flamme rayonnante ». Mais le scoutisme lui apporte plus qu'un idéal, il lui offre un mode de vie. On a dit de lui : « Pour lui s'occuper des jeunes, c'est poursuivre, d'une autre façon, son métier d'officier qu'il considère, en plus de son aspect militaire, comme une œuvre d'éducation de la jeunesse française désorientée par la défaite. »

Il est en permission en France lorsque les Allemands envahissent le zone Sud le 11 novembre 1942. Il rejoint le maquis en Auvergne, puis dans le massif de Belledonne. Peu de temps après, il cherche un territoire, et des hommes pour mener des actions de résistance à sa façon, c'est-à-dire de façon professionnelle, ne menant ses hommes au combat qu'après un entraînement intensif, et cherchant avant toute chose à préserver le sang de ses hommes. Il écrira : « La vie, pour moi, c'est comme une grande course en montagne : joie de l'effort, de la lutte et, sitôt au sommet, terminé. Entreprendre, foncer, s'entêter malgré tout, faire marcher à force : parfait ! » « J'ai tout quitté pour mes compagnons : la famille, l'amour, la vie tranquille. Si les Allemands me prennent vivant, je serai fusillé. Et fusillé dans le dos comme les officiers de l'armée secrète. J'avais rêvé de tomber comme le Saint-Cyrien de 1914, avec le casoar et les gants blancs. Mon Dieu, donnez-moi le courage de tenir. »

En octobre 1943, il met en place dans les montagnes du Dauphiné une Compagnie Franche sous le nom de Capitaine Stéphane, avec des jeunes réfractaires du Service du Travail Obligatoire, des alpinistes membres de l'organisation « Jeunesse et Montagne » et de nombreux isolés. Le mouvement devient la « compagnie Stéphane », dont l'insigne est une étoile verte. Elle compte jusqu'à 136 hommes répartis en 9 groupes.

Portant à son paroxysme la célèbre formule « la sueur épargne le sang », Stéphane impose à son unité un entraînement intensif et un train d'enfer entre les différentes opérations qu'il mène. Multipliant les coups de main et les embuscades, la compagnie compte à son actif pas moins de 69 actions de guerre entre le 4 juin et le 24 août 1944. Le fonctionnement de cette compagnie sera fortement inspiré de ce qu'il a lu comme écrits de Baden Powell, avec notamment, un système semblable au système des patrouilles (ses maquisards portaient aussi des shorts en toile beige…).

A la différence de presque tous les autres groupes de résistance du Dauphiné, il change constamment de lieu de campement, ne campe jamais près des villages pour éviter qu'ils ne pâtissent des représailles, et demande à ses hommes une vigilance constante pendant tout de même près de deux ans. Très pieux, la Messe sera célébrée tous les dimanches dans sa compagnie, même si son unité est composée de personnes de toutes origines. Il laisse à ses hommes le souvenir d'un homme rempli d'humanité, le modèle parfait du chef. Respectueux de la vie, il essayera de sauver la vie de miliciens qu'il avait capturés mais un tribunal les fusillera à la Libération.

Après la libération de la ville de Grenoble, le 29 août 1944, la compagnie Stéphane, devenue le 1er bataillon de marche FFI, fournit le noyau du bataillon Belledonne à partir duquel sera reconstitué le 15e Bataillon de Chasseurs Alpins qui participe à la campagne de Maurienne durant l'hiver 1944-1945.

Au lendemain de la victoire, son esprit indépendant et anticonformiste s'accommode mal de la vie de garnison retrouvée. Il se marie le 28 décembre 1945, puis il est muté dans les TAP au 18e BIP où il commande une compagnie. Affecté comme instructeur à l'ESMIA à Coëtquidan, il suit peu après un stage à l'Ecole d'État-Major, où il présente une étude qui fera date intitulée Guérilla en Montagne, largement inspirée des écrits de Baden Powell.

Il est désigné début 1952 pour servir en Extrême-Orient. A peine débarqué à Saïgon, il est acheminé sur Hanoï et affecté à l'encadrement des Forces Supplétives du Nord-Vietnam, où il se fait remarquer par la qualité de ses résultats. Il est mortellement blessé au cours d'une embuscade sur la route de Hanoï à Bac Ninh le 4 avril 1952 et meurt le lendemain à l'hôpital de Lanessan à Hanoï.

L'aumônier de la compagnie, le père Carlier, dira de lui après sa mort :

« Stéphane était un croyant. Non pas un croyant au sens où on l'entend trop souvent : celui dont la foi ne serait, à tout prendre, qu'un pur symbole ou simplement le disciple d'une idéologie abstraite, sans lien avec la vie. Mais, au sens plein du mot, le croyant qui vit sa foi et ne la sépare jamais de l'action. »

Parmi les objets envoyés à sa famille après son décès, il y avait un petit dizainier scout qu'il portait dans la poche de son uniforme le jour de l'embuscade. Le capitaine est inscrit au Mémorial National des Scouts Morts pour la France, à Riaumont. Chevalier de la Légion d'honneur, médaillé de la Résistance, il était titulaire de cinq citations, dont trois à l'ordre de l'armée. Son nom a été donnée à la promotion 1992-1995 de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr.