Abbé Perrot

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L'abbé Perrot (huile de Yves Floc'h)

L'abbé Yann-Vari Perrot est un militant culturel breton assassiné par un terroriste communiste. Il est le repreneur de la revue Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne) et organisateur des Bleun-Brug.

Jeunes années



Né à Kéramazé-Plouarzel en 1877 de parents agriculteurs parlant le breton, Jean-Marie Perrot montre son attachement à la langue bretonne tout le long de ses études. En 1889, à la fin de ses études à l'Institut des Frères des Écoles de Guingamp, il manifeste son souhait d'être prêtre. Séminariste à Pont-Croix, il passe ensuite une année à Brest au sein du 19e régiment d’infanterie, puis à Quimper où il anime des cours de breton, et est ordonné prêtre en 1903 le jour de la sainte Anne.

1904-1914



En 1904, il devient vicaire à Saint-Vougay, où il entreprend la création d’un patronage Paotred Sant-Nouga où il forme la jeunesse au travers de cercles d’études, d’une chorale et d’une troupe de théâtre. Il illustre brillamment son idéal. Foi et Bretagne guideront toute son œuvre et son existence. « Ce serait crime de vouloir dissocier ces deux mots ! » Il fonde le Bleun-Brug (« Fleur de Bruyère », symbole de la ténacité bretonne) en 1905, association visant à défendre la foi, la langue et les traditions bretonnes au sein des populations rurales de la Basse-Bretagne. L'association s'exprime à travers une fête annuelle, Gouelioù ar Bleun Brug (fêtes du B.B.), où théâtre breton, chants traditionnels et conférences sont au programme.

Il écrit une magnifique Vie des Saints, best-seller des foyers bretons et devient en 1911 directeur de la revue Feiz ha Breiz (fondée en 1899) qu’il animera jusqu’à sa mort.

La grande Guerre



Nommé vicaire à Saint-Thégonnec au mois de mars 1914, il est mobilisé à Lesneven le 5 août mais il demande à partir pour le front comme volontaire au Groupe des Brancardiers Divisionnaires. Il se retrouve sur le front où il assiste impuissant au massacre de 250 000 Bretons. Il y rédige son testament affirmant sa volonté de voir son pays à nouveau maître chez lui. Il est décoré de la Croix de Guerre pour actes de bravoure.

1920-1930



De 1920 à 1930, il est vicaire de Plouguerneau où il trouve un terrain favorable à son sacerdoce et à son activité bretonne : théâtre, cercle d’études, patronage, Bleun-Brug, Feiz ha Breiz. Il défend avec fougue son idéal, n’hésitant pas à traiter d’agent d’expansion française religieux, enseignants et prêtres qui interdisent le breton à l’école. Monseigneur Duparc, évêque de Quimper, lui reproche ses idées séparatistes. Perrot s’en défend farouchement. Le Bleun-Brug influencé par Breiz Atao et les revendications des minorités européennes risque de basculer dans le combat politique. Sous la menace de la dissolution du mouvement par l’évêque, Perrot doit rebrousser chemin et se cantonner désormais au domaine culturel et religieux. Il gardera néanmoins de la sympathie pour certains nationalistes, prêtant le flanc aux estocades de l’évêque.

1930-1943



En 1930, il est muté à Scrignac par sa hiérarchie épiscopale qui désapprouve son engagement politique au-delà du plan culturel. Il a quitté le pré pour la lande. Sanction disciplinaire ? Il y restera 13 ans, record jamais battu dans ce secteur de la Montagne Rouge. « Je ne lèverai pas le petit doigt pour qu’on me change de place ». Il s’acharne à gagner les âmes à Dieu. « Ils ne viennent pas à l’Eglise ? Allons à eux, jouons la Passion à l’extérieur ! » Le public suit. Il réhabilite les vieilles chapelles et reconstruit Koat-Keo. Il remet le pardon en vigueur. Biniou et bombarde précèdent la procession, les vêpres sont suivies de danses. « Scandale ! » pour l’évêché. « Œuvre salutaire ! » réplique l’abbé Perrot. "La musique leur a fait quitter leurs travaux et les danses les ont gardés jusqu’à 7 heures. Labour sul, labour nul !"

L’évêque interdit la mixité dans les troupes de théâtre. « Je ne veux pas favoriser la pédérastie, Monseigneur » répond Perrot. Il poursuit son action bretonne, voyage au Pays de Galles, donne un lustre inégalé au Bleun-Brug qui chante les grandes heures de l’Histoire de Bretagne. Prenant position pour les nationalistes, il reçoit quelques coups de crosse de l’évêché. Tolérant dans bien des domaines, il n’admet pas la laïcisation du mouvement breton. Foi et Bretagne doivent marcher main dans la main !

La guerre le voit participer au Comité consultatif de Bretagne qui obtient quelques résultats dans le domaine culturel. Le 8 juillet 1941, il fait partie de la commission d'écrivains qui adopte une orthographe unifiée du breton (peurunvan).

Il est assassiné en revenant de dire la messe à Toull-ar-Groaz le jour de la saint Corentin, le 12 décembre 1943, par Jean Thépaut, membre de l'Organisation spéciale du PCF à Scaër, sur des soupçons de collaboration avec l'occupant et de délation [1]. Il avait reçu des menaces et s’était préparé à la mort, sans dette et sans péché. « Vous verrez, un jour on me trouvera mort en revenant de l’une ou l’autre de mes chapelles ... » aimait-il à répéter.

Il apparaît plutôt, au vu des différents témoignages des contemporains du personnage, que Jean-Marie Perrot, prêtre catholique dans une paroisse réputée pour son anticléricalisme extrêmement violent, militant breton de longue date pendant une période troublée propre aux amalgames, et ayant toujours offert son soutien de principe à toutes les tendances bretonnes (extrémistes de droite, comme Lainé, ou militants de gauche, comme Sohier), ait été en fin de compte victime de l'exacerbation des haines qui culminèrent, en Bretagne comme en France, en 1943-44.

Son décès causa une grande émotion dans le mouvement breton, et un groupe armé breton similaire à la Milice française fut créé par Célestin Lainé pour lutter contre la résistance; il fut nommé en son honneur la Bezenn Perrot.

Notes


  1. Il y avait chez lui des officiers allemands, ce qui est tout à fait logique puisque le presbytère avait été réquisitionné par les Allemands pour y installer la Kommandantur. Kristian Hamon in Le Bezen Perrot. 1944 : des nationalistes bretons sous l’uniforme allemand, Yoran Embanner, 2004, cite un exemple d'une de ces lettres de délation de ses paroissiens, mais cet exemple ne désigne pas l'abbé Perrot lui-même.

Liens externes


Une biographie détaillée Le site de Feiz ha Breizh