Roger Degueldre

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Roger Degueldre
Roger Degueldre, ou Roger Hercule Gustave Degueldre (Louvroil le 19 mai 1925 - fort d'Ivry-sur-Seine le 6 juillet 1962), était un lieutenant du 1er REP (régiment étranger de parachutistes), qui fut le créateur des Commandos Delta de l'Organisation armée secrète (OAS). Il fut assassiné par le pouvoir gaulliste.

Biographie

Né le 19 mai 1925 à Louvroil (Nord) dans une famille ouvrière, d'un père cheminot et d'une mère au foyer, il fuit, avec sa famille, l'occupation allemande en 1940 pour se réfugier dans le sud de la France. En 1942, le jeune Roger Degueldre remonte dans le Nord de la France pour entrer clandestinement dans la zone occupée, et s’engager dans le maquis, auprès des partisans communistes, dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), aux côtés de Roger Pannequin, le « commandant Marc ». Il s'engage dans la 10e Division d'infanterie motorisée qui participe à la réduction de la poche de Colmar en janvier 1945. A la "libération", il s'engage au sein de la Légion étrangère. Il prend du galon par ses mérites en Indochine française (il est décoré de la Médaille militaire pour acte de courage pour avoir porté secours au capitaine de Blignières et au sous-lieutenant Boutot sous le feu de l'ennemi) puis en Algérie (pendant la semaine des barricades à Alger en janvier 1960, il est présent avec son régiment, toujours fidèle au gouvernement français).

Engagé dans la défense de l'Algérie française, il est alors soupçonné d’avoir participé au complot avorté de décembre 1960 contre le général De Gaulle peu après sa visite à Alger. Il est alors muté au 4e Régiment étranger de parachutistes. Niant les faits, convaincu de la nécessité de la lutte armée, il passe alors dans la clandestinité le 11 décembre 1960.

Il crée alors et dirige les Commandos Delta, troupes de choc de l'Organisation armée secrète (OAS).

Le 7 avril 1962, il est arrêté et traduit en justice. Condamné à mort le 28 juin 1962 par la Cour de sûreté de l'État, Roger Degueldre est fusillé au fort d'Ivry-sur-Seine le 6 juillet 1962. Une balle seulement sur les onze du peloton d'exécution l'atteint. Le sous-officier chargé de lui donner le coup de grâce s'y reprend à six fois. Sa condamnation le prive de ses prérogatives en matière de décorations (Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieures, Chevalier de la Légion d'honneur)

Témoignage

"Roger Degueldre, je t'ai bien connu. Tu as été le Légionnaire que j'admirais, tu as cru constamment servir la bonne cause, tu as lutté toujours contre le même ennemi, tu as cru, toi aussi, en la parole donnée, tu l'as payé de ta vie, je te salue, Roger et te garde toute mon estime et mon amitié."

Lieutenant Raymond Lescastreyres, (source)
Roger Degueldre

In memoriam

Requiem pour Delta

Tandis que les pieds-noirs fuient leur terre natale, que les harkis agonisent et que les métropolitains s'apprêtent, indifférents, à partir en vacances, un officier de l'armée française attend de passer devant ses juges. Depuis qu'il a pris les armes dans les maquis FTP à moins de vingt ans, l'odeur de la mort lui est familière. Mourir ne lui fait pas peur. Même si les balles sont françaises. Le lieutenant Roger Degueldre va entrer dans la légende.

Pendant un an, les commandos Delta de l'OAS ont fait trembler le pouvoir gaulliste. Attentats. Démonstrations de force. Ils n'ont reculé devant aucun moyen pour éviter le parjure et la honte de l'abandon. A leur tête, un homme aussi dur avec lui-même qu'implacable avec les autres : le lieutenant Roger Degueldre. Poursuivi par toutes les polices, il est finalement arrêté le 8 avril 1962. Le mois de juin arrive. La juridiction d'exception également. Le général Larminat, gaulliste historique, doit la présider. Le sort en décide autrement. Hospitalisé à la hâte, l'officier se retrouve dans une chambre voisine de celle du général Ginestet, grièvement blessé à Oran. Ce dernier lui décrit les horreurs de l'indépendance. Le général Larminat ne supporte pas le récit. Ancien de l'armée coloniale, il met fin à ses jours. A un ami, il déclare : « Je ne serai pas le Fouquier-Tinville de la Ve République. Je me tuerai ce soir. » Qu'importe ! Il est remplacé par le général Gardet. La justice expéditive ne va pas s'arrêter sur un cas de conscience.

Ses avocats posent la robe

La défense de Degueldre est assurée par Jean-Louis Tixier-Vignancour et sa consœur, Denise Macaigne. Sachant que leur client est déjà condamné, ils demandent un renvoi en déposant une requête en suspicion légitime contre les membres de la cour militaire. Aucune autorité judiciaire ne la reçoit. Le procès doit aller vite. Deux raisons l'imposent. Comme la cour de justice juge sans voie de recours, elle est contraire au droit français. Elle peut donc être déclarée illégale à tout moment. Par ailleurs, au moment où s'ouvre le procès, l'Algérie française n'a plus que six jours à vivre. Il convient de la condamner définitivement en fusillant celui qui a été son défenseur le plus résolu.

Lorsque le procès s'ouvre, Tixier-Vignancour et Denise Macaigne se présentent en civil. Leur robe d'avocat est restée au vestiaire. Tixier s'en explique en rappelant la déclaration du bâtonnier Edmond Rousse en 1871 : « Nous avons décidé d'être présents devant les tribunaux de la Commune, mais non pas en tant qu'avocats. Nous avons donc laissé à la porte, pour ne pas les avilir, les insignes de notre ordre. Un avocat général est en uniforme, les avocats sont sans robe, nous voici donc à égalité. »

En fait de procès, celui de Degueldre n'en est qu'une parodie. L'instruction a été inexistante. Il n'y a aucun témoin à décharge. Comprenant qu'il est déjà condamné à mort avant même d'être jugé, l'officier refuse de répondre à la moindre question. Il reste muet, assis les bras croisés, comme si ce procès n'était pas le sien. Tout va très vite. Les dépositions des témoins à charge durent treize minutes. Le réquisitoire du procureur, qui réclame la peine de mort, ne dépasse pas les quinze minutes. Seuls les avocats, parce qu'ils sont la défense et donc la vie, ne renoncent pas. Denise Macaigne souligne le passé exceptionnel de Degueldre. Tixier rappelle que le général Salan ayant été épargné, aucun de ses subordonnés ne peut être exécuté. Les membres de la Cour se retirent. Il leur faut moins de quarante minutes pour répondre aux 55 questions et rapporter l'arrêt de la condamnation à mort. Delta reste de marbre. Il décroche sa double rangée de décorations et les tend à sa femme. Dans la salle, une voix s'écrie : « Soyez courageux! » Le condamné à mort répond : « C'est pour ça que je suis là. »

Tout semble fini. Degueldre sait qu'il va bientôt retrouver Claude Piegts et Albert Dovecar dans le carré des suppliciés. Pourtant, Denise Macaigne accomplit l'ultime démarche de l'avocat du condamné à mort en présentant un recours en grâce au chef de l'État. Elle y va seule, De Gaulle refusant de recevoir Tixier. Le chef de l'État écoute l'avocate. Sans rien dire. Sans lui poser la moindre question. Tout est effectivement terminé.

Mort sans avoir vu son fils

Le 6 juillet, Jean-Louis Tixier-Vignancour et Denise Macaigne arrivent à Fresnes en même temps que l'avocat général Gerthoffer et l'aumônier de la prison. A 2 h 30, les deux avocats et le magistrat pénètrent dans la cellule du condamné à mort qui dort paisiblement. Ses yeux s'ouvrent dans la nuit. Sans prononcer le moindre mot, il revêt sa tenue léopard, avec l'insigne de parachutiste, la seule décoration qui lui reste, et se coiffe soigneusement de son béret vert du 1er régiment étranger de parachutistes. Avant de quitter sa cellule, il prononce, en guise d'adieu, ses dernières paroles : « Je suis fier de mourir pour tenir le serment qu'a fait tout officier ayant servi en Algérie. Dites aux Algériens que, si je ne suis pas de leur race, n'étant pas né sur leur sol, je les ai beaucoup aimés et je les aime toujours. » Se tournant vers le procureur Gerthoffer, il déclare : « Je ne vous garde pas rancune, mais je vous plains. »

Il est à peine quatre heures. Le fourgon qui emporte Delta, encadré de quinze motocyclistes, quitte la prison de Fresnes. Le cortège est fermé par huit véhicules de la préfecture de police et quinze autres de l'administration. Le convoi arrive au fort d'Ivry. Dix minutes plus tard, Delta est attaché au poteau. Il crie « Vive la France » et entonne La Marseillaise. La salve retentit. Delta s'effondre, sans cesser de serrer un petit drapeau tricolore. Dans la poche de sa vareuse, une photo montrant le visage d'un petit garçon répondant au nom de Philippe. Son fils qu'il n'a jamais vu.

A trois reprises, l'adjudant tente le coup de grâce

Un sous-officier s'approche. Il tire. C'est le coup de grâce. Le peloton s'en va. Tixier s'approche à son tour. Il s'aperçoit que Degueldre respire encore. L'adjudant revient. Pressant la gâchette, il donne un second coup de grâce. Degueldre respire toujours. Son regard est déformé par la souffrance. Sept minutes s'écoulent. Un médecin accourt enfin. L'adjudant revient à la charge. A trois reprises, il tente le coup de grâce. A chaque fois, les coups ratent. Il court chercher un second revolver. Onze minutes après la salve du peloton, le coup de grâce définitif est donné. Le soleil va bientôt se lever. La voix de Delta résonne toujours : « Je ne vous garde pas rancune, je vous plains. »

Thierry Normand, Minute n°2320 (du 08 au 15 Août 2007).
La tombe du martyr

Épisode de l'exécution

Le lieutenant Roger Degueldre se présente devant son peloton d'exécution en tenue "cam", drapeau tricolore sur la poitrine. Autour du cou, un foulard de la Légion. Dans une poche, la photo d'un bébé, son fils qu'il n'a jamais vu. Il se tourne vers son avocat : "Dites que je suis mort pour la France...". Il refuse alors qu'on lui bande les yeux. Lié au poteau, il crie : "Messieurs, vive la France !" et entonne La Marseillaise. Émus par son courage, les soldats hésitent à tirer. La première salve ne fait que le blesser. Une seule balle sur les douze tirées l'atteint. Au ventre ? au bras ? les témoignages divergent.

L'adjudant chargé du coup de grâce se précipite, pour accomplir sa sinistre besogne, et constate que le condamné est toujours en vie. Sa tâche n'est plus d'achever un moribond, mais de tuer de sang-froid un vivant... ce n'est plus pareil. Sa main tremble et décharge l'arme à côté. Dans l'assistance c'est la stupéfaction. Le Procureur en est agacé. Mécontent, il fait signe à l'adjudant de se hâter. Degueldre, recroquevillé, souffre. L'adjudant, toujours tremblant, pointe une nouvelle fois son arme vers la tête de l'officier, ferme les yeux et appuie sur la détente. Rien ! L'arme est enrayée ! Une rumeur monte de l'assistance, Degueldre tourne son regard vers son exécuteur comme pour l'interroger. Aucune haine dans les yeux, juste de l'incompréhension.

Exaspéré par cette situation, unique dans les annales d'une exécution, le Procureur ordonne qu'une autre arme de poing soit apportée. Personne parmi les militaires présents n'en possède une. Il faut courir en chercher une ! Degueldre est toujours vivant, conscient. Tous les juristes s'accordent à dire que la sentence ayant été exécutée, quand le condamné est encore en vie, il faut le détacher et lui porter les soins nécessaires. Mais là, les ordres sont formels, il FAUT tuer Degueldre.

Pétrifié par la scène, glacé d'effroi, le défenseur du condamné demeure inerte. Il est pourtant le seul à pouvoir changer le cours des évènements. Degueldre le regarde... On remet enfin un pistolet à l'adjudant qui est pâle comme un linge, écœuré par cette boucherie, mais servile aux injonctions. Un nouveau coup de feu claque, mais pas au-dessus de l'oreille comme le stipule le règlement, mais dans...l'omoplate ! Sous l'effet de la douleur, le supplicié ouvre grand les yeux vers le ciel. Peut-être perçoit-il alors la fin de son calvaire. Une autre détonation, Roger Degueldre entre dans l'éternité...

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