Parti nationaliste italien

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Luigi Federzoni, fondateur et principal dirigeant du Parti nationaliste italien
Le Parti nationaliste italien regroupa de 1910 à 1923, les nationalistes et monarchistes italiens qui rejoignirent le Parti national fasciste après la Marche sur Rome.

Origines

En 1910, eut lieu, à Florence, une recomposition du nationalisme italien avec la création de l'Association nationaliste italienne dans laquelle se retrouvèrent des hommes appartenant à toutes les versions du nationalisme italien qui seront par la suite définitivement réunies par le fascisme : nationalistes de la gauche historique crispienne, nationalistes de la droite historique et nationalistes catholiques rédigèrent ensemble une sorte de programme commun. Comme l’a expliqué Maurizio Scaglione dans Le Nationalisme dans la critique historique, de nombreux débats accompagnèrent le passage du stade de l'association à celui du parti. Ce fut Luigi Federzoni - future personnalité de premier plan du fascisme, président du Sénat, de 1929 à 1939, puis président de l'Académie italienne – qui unifia tous les nationalistes autour de son journal L’Idée nationale, et par deux autres congrès : l’un à Rome en 1912, qui soutint l'interventionnisme italien en Libye, l’autre à Milan en 1914.

Autour de lui se groupèrent des individus - dont certains avaient collaboré à des journaux comme Il Regno (Le Royaume) ou La Voce (La Voix) - comme Verga, De Amicis, Rapisardi, De Sanctis, D’Annunzio, Pascoli, Pirandello, Borgese, Marinetti, Gentile ou Croce, qui furent largement impliqués dans le nouveau projet national qui attaqua, critiqua et finalement démolit le vieux monde du positivisme, de la démocratie et du socialisme matérialiste. Mais le problème était pour eux de passer du négatif (critique de la vieille culture libérale-bourgeoise et socialiste-matérialiste du dix-neuvième siècle) à la détermination positive d’objectifs, de méthodes et d’instruments. Et c’est, précisément, la convocation du congrès de Florence et la création de l'Association nationaliste italienne qui amorce une série d'explosions en chaîne qui semblent devoir désintégrer l'unité de l'élite du XXe siècle italien intellectuel.

Dans le cadre de ce congrès on assista par contre au début de la conjonction des différents nationalismes et finalement à leur réunion dans le fascisme. Parmi les partisans de cette conjonction nous trouvons Enrico Corradini et surtout ceux qui se retrouvaient autour du journal L’Idée nationale précité, c'est-à-dire Federzoni, Maraviglia, Coppola, Davanzati, auxquels s'ajoutera, en 1914, Alfredo Rocco. Tous prônaient l'union entre les « élites de classe » : les élites prolétarienne, bourgeoise et aristocratique.

On assista ainsi à une volonté de régénération de toute la classe bourgeoise dont la première tâche politique fut de tenter de remplacer les vieilles élites bourgeoises décadentes par de nouvelles élites bourgeoises « régénérées », aptes à s'opposer fièrement au marxisme. Pour opérer une telle « régénération », la bourgeoisie devait se montrer en mesure d’agir, non plus en défense de ses intérêts de classe, mais comme élément de pointe de l'entière collectivité nationale en tant que classe dirigeant l'économie de la nation. Le problème social dont était porteur le prolétariat devait, lui, être résolu grâce à l'action de la nouvelle bourgeoisie « nationale » en utilisant les armes de l'expansionnisme colonial et de l'impérialisme : l'acquisition de nouveaux « espaces » déterminant les conditions de la croissance économique d'un prolétariat libéré du mensonge marxiste. De cette vision des choses dérivait la suprématie accordée à la politique étrangère sur la politique intérieure et le souhait d'un État fort et discipliné, qui trouvait ses symboles unificateurs dans la monarchie et dans l’armée.

Un nouveau nationalisme

La définition de l’appareil idéologique de l’ANI l’amena à dépasser le patriotisme italien traditionnel et à reléguer aux oubliettes de vieux thèmes du Risorgimento comme l’anticléricalisme et le libéralisme économique. En second lieu, mais en même temps, l’association née en 1910 comme la « maison commune » du nouveau nationalisme sentit l’urgence de se transformer en un véritable parti politique, avec un appareil central, de se donner une stratégie plus précise et d’adopter une tactique précise. Ce parti, organisé et avec une doctrine politique et économique claire, opta pour la constitution d'un « front national » composé des nationalistes, de libéraux-nationaux et de catholiques modérés, un front en mesure, d'un côté, de désarticuler le système en place et, de l'autre, d'opposer une digue solide à l'avance des forces marxistes. Sur ce chemin, il perdit, à la fin de 1911, Sighele qui contestait le rôle, de plus en plus important, joué dans la doctrine nationaliste par l'irrédentisme. Le quittèrent aussi Arcari et Rivalta, ainsi que ceux qui, lors du second congrès, à Rome en décembre 1912, s'opposèrent à l'abandon de l'anticléricalisme, à la transformation de l'association en un véritable parti politique et à la stratégie de front national avec la droite libéral-nationale et clérico-modérée. En 1914, le quitteront, finalement, les éléments encore attachés à la vieille tradition libérale. Cependant, cette redéfinition idéologique et cette stratégie politique permirent à l’ANI, surtout dans la période qui précéda la guerre, d'obtenir quelques succès, aux élections générales de 1913 et aux élections municipales de 1914.

Le nationalisme italien pourra se vanter, dès 1914, d'avoir produit une doctrine politique achevée et cohérente et d'avoir développé une stratégie politique qui l'avait mené à envoyer, en 1913, ses premiers députés à la Chambre où ils devinrent un élément important du jeu politique comme le démontrera la bataille interventionniste de 1914-15.

Rapports avec le fascisme

Après la victoire de 1918, le Parti nationaliste se dota d’une branche militaire : les Chemises bleues (couleur de la Maison royale), dont trente mille participèrent à la Marche sur Rome. Leur devise était « Toujours prêts » et leur hymne Flamme bleue dont le refrain proclamait : « Nous jurâmes avec une vive joie de combattre et de mourir pour le bleu de la Savoie, pour l'Italie et pour le Roi. »

L'historiographie n'a jamais fourni une interprétation vraiment exhaustive sur le sujet des rapports entre ce nationalisme pré-fasciste et le fascisme lui-même. En réalité le fascisme hérita de tous les thèmes du nationalisme corradinien et federzonien de l'avant-guerre.

Selon Gentile, cependant ceci ne se produisit qu’à travers une « purification totale » du nationalisme, sur le plan politique, car le nationalisme du Parti nationaliste était encore imparfait et contaminé par le libéralisme. Le véritable point de contact entre le nationalisme et le fascisme, concluait le philosophe, c'était « l’idée d'État national », élément qui permettra, en 1923, la fusion. Mais l’idée de la Nation était différente : c’était un fait préexistant pour les nationalistes, une construction spirituelle pour les fascistes. Donc pendant la lutte interventionniste durant la Grande Guerre, qui rapprocha les nationalistes et les mussoliniens, le hiatus restait important entre l'idée mussolinienne de guerre révolutionnaire et celle nationaliste de guerre impérialiste.

Il y eut des « problèmes », parfois aigus, dans les rapports entre le fascisme et le nationalisme, jusqu'en 1921. À cette date, le mouvement mussolinien était, maintenant, en forte croissance, et il s'imposa comme le seul sujet apte à arrêter, sur les places et dans les rues italiennes, l'avance des forces subversives qui auraient voulu importer en Italie la terreur bolchevique. Avec les élections qui amèneront en Parlement trente-cinq députés fascistes élus dans les Blocs nationaux et le congrès Fasciste de l'Augusteo, de novembre 1921, se réalisa l’alliance définitive du fascisme avec le Parti nationaliste dirigé par Federzoni.

Le problème d'une fusion entre les deux mouvements se posa alors. Elle fut proposée par Cesare De Vecchi au cours d'un entretien accordé à L'Idée nationale le 16 novembre 1921. Federzoni répondit en soulignant que « Primo : les nationalistes sont fermement monarchistes tandis que les fascistes sont encore agnostiques sur ce point ; secundo : malgré ses mérites extraordinaires, le fascisme n'a pas encore acquis une vraie consistance et un caractère organique de parti politique et il ne pourra le faire qu'en s’identifiant avec notre nationalisme. » Un autre représentant nationaliste, le professeur sicilien Francesco Hercule, toujours en 1921, dans son article intitulé Contre une fusion précipitée, remarqua les dangers qui existaient dans l’absence chez les fascistes d’« une conception éthique et intégrale de la vie. » Du côté fasciste, le 2 février 1922, dans un article publié dans Il Popolo d’Italia intitulé Pour nous entendre, Dino Grandi répondit à Federzoni et à Hercule, en renversant les thèses : ce n'était pas le fascisme qui devait s'identifier avec le nationalisme, mais, au contraire, c’était lui qui devait venir sur les positions du fascisme.

Quant à l'attitude de Mussolini vis-à-vis de l’ANI, à l’origine il sera circonspect face aux thèses de Grandi qu’il acceptera ensuite. À l’approche de la Marche sur Rome, l'union des mouvements s’accéléra. Federzoni, parlant au théâtre lyrique de Milan le 15 octobre 1922, insista sur l'importance « absolue et indispensable » de la défense de la monarchie, et sur la nécessité d'un gouvernement suivant « une ligne réactionnaire qui pouvait être révolutionnaire ». Peu après, au Théâtre Saint Carlo de Naples, Mussolini tint un discours analogue en confirmant sa « fidélité absolue et son dévouement à la Maison de Savoie ». Le même jour, à Milan, avec un sens de l'opportunité non fortuit, se tenait une réunion des « Toujours prêts » de Bologne, Turin, Gênes et Milan, pour décider de l'attitude à adopter si les fascistes passaient à l'action. Les Chemises bleues décidèrent « de se tenir aux côtés des Chemises noires. » Avec la Marche sur Rome du 28 octobre 1922, où les Chemises noires et les Chemises bleues réalisèrent ensemble la Révolution, les dernières formalités de fusion furent terminées et, en 1923, les Chemises bleues confluaient dans les Chemises noires et dans la Milizia Volontaria per la Sicurezza Nazionale avec comme tâche précise la défense « du régime fasciste indissolublement lié à la Maison de Savoie ».