Octobre 4
1946 : Les Etats-Unis, par la voix de leur président Harry Truman, font pression sur la Grande-Bretagne travailliste, dirigée par Clement Attlee, pour que celui-ci autorise à nouveau l’immigration juive en Palestine. Les Britanniques, détenteurs du mandat sur cette région auparavant ottomane, cherchaient à se ménager leurs alliés traditionnels de la région, les Hachémites, hissés après l’aventure de Lawrence d’Arabie, sur le trône de la Transjordanie. Le risque était gros pour les Américains, qui venaient de forger l’accord qui les liaient à l’Arabie Saoudite d’Ibn Séoud. Ce dernier protestera vivement dès le 17 octobre 1946, accusant Washington de ne tenir aucune de ses promesses aux peuples arabes. Mais Ibn Séoud ne franchira pas le pas : il ne rompra pas avec les Américains. La situation restera floue : les Britanniques continueront à soutenir les Hachémites de « Transjordanie », dont l’armée bédouine, bien entraînée, sera commandée par le Général britannique Glubb, dit « Glubb Pacha », un excellent officier, qui résistera aux soldats sionistes en 1948, et conquerra la Cisjordanie, ne lâchant ailleurs que très peu de terrain. Les Hachémites étant toutefois les ennemis héréditaires des wahhabites du Nejd arabique, le monarque saoudien Ibn Séoud ne prendra pas leur défense ni ne soutiendra leurs intérêts en Palestine. Mais l’aigreur demeurera en Arabie Saoudite : elle est à la lointaine origine de la déchirure actuelle, où une partie de l’élite saoudienne a fini par abandonner le principe de l’alliance inconditionnelle avec les États-Unis et l’Occident.