Henri Martin

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Le docteur Henri Martin
Henri Martin, alias Le Bib, alias Félix Martin, (1895-1969), complotiste français.

Biographie

Henri Martin est volontaire en 1914. Après la guerre il devient médecin spécialiste des voies respiratoires à la Salpêtrière et aux enfants malades à Paris.

Parallèlement à son activité professionnelle il a un engagement politique important.

Adhérent dès avant 1914 à l’Action française, ami d'Henri Lagrange, il reprochait dans les années 1920 à la Fédération nationale des Camelots du roi de faire perdre aux Camelots leur énergie pour des "amusettes", alors qu'il aurait fallu les organiser en révolutionnaires professionnels pour organiser un coup de force.

Espérant être nommé à la tête de la Fédération pour y organiser la préparation militaire des Camelots, il vit ses espors déçus et il fut exclu de l'Action française en 1930. Il reçut alors le soutien politique du duc de Guise.

Il est de ceux qui fondent, avec Eugène Deloncle, le Comité secret d’action révolutionnaire ou Cagoule contre le gouvernement de Léon Blum accusé de faire le lit du communisme et de la révolution soviétique. Le but de ce groupe est de prendre le pouvoir par la conspiration et la force pour s’opposer au "complot communiste international" et d'établir un régime militaire. Il bénéfice du soutien financier de riches industriels dont Jacques Lemaigre-Dubreuil, patron des huiles Lesieur.

La Cagoule est organisée en "bureaux" sur le modèle militaire . Deloncle dirige le premier. Le docteur Martin est le responsable du second bureau, celui des renseignements. Georges Cachier et Jean Moreau de la Meuse sont respectivement à la tête des troisième et quatrième bureaux (opération, et matériel et recrutement).

La Cagoule disposait de nombreux stocks d’armes. Après qu’elle eut perpétué plusieurs attentats à la bombe et assassinats dont celui des frères Rosselli en juin 1937, Marx Dormoy, ministre de l’Intérieur, dénonça le complot contre la république. Des arrestations furent opérées dans toute la France et des caches d’armes furent mises au jour. Lorsque le 4 décembre 1937, la police investit le domicile du docteur Martin au 12 de la rue de Bucarest à Paris, le Bib avait disparu et brûlé tous ses papiers…

Échappant à la rafle il fuit en Italie, à San Rémo. En 1940, le ministre de la guerre Édouard Daladier ayant passé l’éponge, il rentre en France pour prendre du service et se trouve capitaine médecin à l’hôpital de Bicêtre. Il dénonce alors la Synarchie comme responsable de la défaite de 1940, qui aurait été voulue par les Généraux français pour permettre à la Banque Worms de s'emparer du pouvoir. Violemment anti–allemand, dès les premiers jours de Vichy il est à la base des fameux Groupes de protection qui provoqueront le départ de Laval et l’opposition intérieure à la politique de collaboration. Arrêté le 24 mars 1942 par la Police de Vichy, il est interné à Evaux-les-Bains avec Roger Stéphane qui l'évoque dans son livre: Chaque homme est lié au monde (Le Sagittaire 1946). S'étant évadé, il rejoint le maquis et participera à la "libération" de Lyon . Il finira la guerre dans la 7e Armée américaine.

Au grand procès de la Cagoule fin 1948, le docteur Martin, qui est en fuite, est condamné à une peine de déportation. Pendant presque dix ans on ne parlera plus de lui, puis soudainement il est arrêté le 4 juin 1957 à la gare Saint-Lazare pour activités clandestines liées à l’agitation en Algérie. Il est assez vite mis en liberté provisoire le 29 novembre de la même année car, surveillé par la police depuis longtemps, il est considéré plus comme un malade qui joue au conspirateur que comme un individu dangereux pour l’ordre public.

En janvier 1960, il est pourtant inculpé pour complot contre le général De Gaulle au moment de l’affaire des barricades d’Alger, car on estimait que les insurgés pouvaient avoir des complices en métropole. Il est libéré en août mais en avril 1961 on le retrouve dans l’affaire du "putsch des généraux".

Le 1er octobre 1963, la cour de Sûreté de l’État condamne par défaut le docteur Martin à dix ans de détention pour être coupable d’avoir, depuis moins de 10 ans, eu la résolution de commettre des attentats pour changer le régime constitutionnel et inciter les citoyens à s’armer contre l’autorité de l’État.

Le docteur Martin était le beau-père d'un autre complotiste célèbre : Pierre de Villemarest.

Témoignage

Extrait d'un l’article de François Brigneau publié dans L’Aurore du 1er octobre 1963 :

"Curieuse figure en vérité que celle de ce personnage. Dans le tumulte du 6 février 1934 et de la grande peur du bolchevisme qui précède l’arrivée au pouvoir de Léon Blum et du front populaire, le docteur Martin qui a la passion du renseignement, dirige un pseudo service secret où tout voisine : les affabulateurs, les poètes, les agents doubles, et les gens bien informés. Les rapports émanant de cette armée ténébreuse lui permettent de constituer des fiches et des dossiers qu’il met à la disposition d’un major de Polytechnique, Eugène Deloncle, chef de la Cagoule.

Tous deux ont la passion du complot, la manie de la conjuration. Ils croient que l’évolution du monde s’explique par l’action de petites puissances organisées et cohérentes et qu’il suffit de détruire les individus pour arriver à imposer le régime qu’ils espèrent. Il y a en eux un mélange de naïveté et de grandeur, de sacrifices véritables et d’affabulation permanente. Le docteur Martin a tendance à voir les choses et les êtres comme il voudrait qu’ils soient. Tout cela se passe dans un climat rocambolesque où l’action militaire la plus sérieuse se mêle à des actions d’énergumènes. Il est persuadé de l’efficacité du terrorisme individuel et pour cela il préconise l’emploi de bactéries que l’on versera dans le café des ennemis de la patrie ou l’utilisation de la seringue chargée de poison foudroyant qu’il faudra piquer dans le flanc d’un adversaire".

Bibliographie

Pierre Péan, Le Mystérieux Docteur Martin, 1895-1969, Fayard, 1993.